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News débat et opinion Non, le Free to Play n'est pas le cancer du jeu vidéo
Profil de Julien Rateau aka « Silent_Jay » ,  Jeuxvideo.com
Julien Rateau aka « Silent_Jay » - Journaliste & Référent Culture Geek
Je suis le fruit d’une culture populaire qui a pris son essor dans les années 90 et qui s’est imposée au fil des décennies comme la culture dominante. Jeux vidéo, cinéma, mangas, animes, comics, BD, littérature, séries… je suis avide d’apprendre et d'explorer les imaginaires qui s’offrent à moi, peu importe le média.

« Le cancer du jeu vidéo » est devenu une expression galvaudée ne servant qu'à exprimer un mécontentement voire un ras-le-bol face à certains faits ou décisions impactant à plus ou moins grande échelle le marché du jeu vidéo. Jeux mobiles, DLC, achats intégrés, éditeurs, campagne marketing… chacun cherche avant tout un bouc émissaire, une manière d'extérioriser une colère désireuse de se faire entendre. Et le Free to play est au centre des discussions et autres débats enflammés depuis une dizaine d'années après l'avènement des jeux vidéo sur Facebook et désormais sur mobiles.

Non, le Free to Play n'est pas le cancer du jeu vidéo
Débat et opinion

Cet article entrant dans la rubrique « Débat et opinion », il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de Jeuxvideo.com.

Un concept aussi vieux que le jeu vidéo

Non, le Free to Play n'est pas le cancer du jeu vidéo
Doom (1993)

Cette propension des joueurs à rechercher la gratuité à tout prix ne date pas d'hier et les développeurs et exploitants l'ont bien compris. Depuis les premiers balbutiements vidéoludiques, studios et éditeurs ont tenté de s'éloigner des voies traditionnelles du commerce afin de se démarquer de la concurrence ou encore par noblesse de conviction. Ce fut le cas de Tom Hall Programmer(s), John Carmack et John Romero, les pionniers d'id Software avec Doom sorti en décembre 1993. A la différence des autres jeux, ce FPS fut distribué de manière « épisodique » via Shareware. Cette méthode popularisa ainsi une pratique consistant à encourager utilisateurs et firmes à distribuer le jeu sans aucune charge à reverser aux ayants droits dans le seul but de partager auprès du plus grand nombre cette expérience viscérale et sanglante.

Non, le Free to Play n'est pas le cancer du jeu vidéo
Démo de Resident Evil 7 (2016)

Et les manières légales ou non de se procurer une dose quotidienne de jeu vidéo n'ont pas attendu l'avènement d'Internet pour se frayer un chemin dans le cœur avide des joueurs. Les démos permirent à des milliers de lecteurs de magasines de découvrir des centaines de titres moyennant quelques deniers, une pratique ayant connu ses heures de gloire à l'époque des PlayStation et PlayStation 2 avant de connaître une traversé du désert bien que ces amuse-gueules soient de retour depuis quelques années sous diverses formes. Bêta ouverte ou fermée à l'image d'Overwatch, démos de P.T et Resident Evil 7… la sortie du jeu dans sa version définitive n'est désormais qu'une consécration permettant aux fans acquis de parcourir sans retenue ce nouvel univers.

Non, le Free to Play n'est pas le cancer du jeu vidéo
Le "ninja" du piratage

Fléau des éditeurs et trou béant dans leurs résultats financiers, le piratage a fait et fera encore couler beaucoup d'encre. Cette pratique pointée du doigt aura permis à des centaines de milliers de joueurs de découvrir un titre avant de se laisser séduire par la proposition et dans une moindre mesure de passer à la caisse. Et ces solutions « sous le manteau » répondent également aux frissons rétro parcourant le jeu vidéo. Les émulateurs invitent les joueurs à combler leur manque de culture en ayant accès à la ludothèque des machines ayant fait du jeu vidéo un art à part entière et l'Abandonware surfe sur cette vague nostalgique en réhabilitant ces titres sur les machines actuelles afin de conserver notre patrimoine numérique intacte. Sans oublier les jeux Flash tels que Yeti Sport et The Unfair Platformer, des titres qui nous auront occupés des dizaines d'heures durant, et ce pour pas un rond.

Le jeu vidéo pour tous

Non, le Free to Play n'est pas le cancer du jeu vidéo
Facebook ou la ruée vers l'Or

Il est coutume d'entendre s'élever sur les forums une lancinante complainte prenant à partie le prix exorbitant d'une édition collector, d'une console ou encore d'un goodies, voire même d'un jeu. 50 puis 60 et désormais 70€, les prix s'envolent et avec eux nos économies. Et pourtant une alternative existe bel et bien : le conspué Free to play. Le principe est on ne peut plus simple. Un titre F2P donne accès à une partie conséquente de son contenu et de ses fonctionnalités gratuitement dans l'espoir de faire un retour sur investissement via des microtransactions.

Et tous les types de jeu furent impactés par l'avènement d'un modèle économique coïncidant avec l'intérêt grandissant du public pour les jeux Facebook. Les ersatz Free to play furent légion. Des éditeurs tels que Aeria Games se sont ainsi spécialisés dans ce « business model » offrant aux joueurs une expérience certes limitée, mais gratuite et donc au final des heures de jeu en perspective à condition de ne pas s'offusquer des contraintes inhérentes à sa nature de Free to play.

Et cette volonté d'ouvrir les portes du jeu vidéo à tout à chacun est louable. La montée en puissance du marché Mobile combinée à la sortie de la Wii et l'avènement du Free to play apporta du sang neuf sur un marché cantonné aux « gamers ». Accéder à un jeu et pouvoir le juger sur pièce avant de débourser le moindre centime était un doux rêve il y a encore quelques années et la concrétisation de cette chimère ouvrit les yeux de nombreux joueurs potentiels souhaitant découvrir le monde du jeu vidéo.

Un équilibre dans la force

Non, le Free to Play n'est pas le cancer du jeu vidéo
Clash Royale (2016)

Confondre Free to Play et Pay to Win (Payer pour gagner) est monnaie courante. Et cet amalgame est tenace malgré les réussites d'un modèle économique en perpétuelle évolution. Par essence, le F2P se repose sur les achats intégrés et donc la décision ou non de dépenser. La formule consiste à attiser l'envie du joueur et dans une moindre mesure sa frustration dans le but de le faire acheter et ainsi d'exploiter les éternelles faiblesses de l'Homme. Nous ne pouvons imputer à un jeu notre manque de consistance face à nos propres désirs de collection et de compétition. Car ces achats répondent à un unique besoin, celui de la reconnaissance. Débloquer une unité rare dans Clash Royale, posséder 100% des cartes du deck Shaman dans HearthStone : Heroes of Warcraft, être dans le top 10 France sur Clash of Clans ou encore affubler son personnage d'un chapeau de toute beauté dans Team Fortress 2… il s'agit avant tout d'objectifs imposés par le joueur lui-même et non un prérequis du jeu. Cette envie de performer ou de connaître un titre dans les moindres recoins est à imputer aux joueurs et non aux développeurs.

Non, le Free to Play n'est pas le cancer du jeu vidéo
League of Legends (2009)

Il faut tout de même reconnaître l'équilibre précaire sur lequel repose un Free to play : convenir à la fois aux joueurs ayant et n'ayant pas payé. Dans un jeu où la dimension multijoueur prédomine, le simple acte d'acheter vous octroie de nouvelles options, de nouvelles opportunités et par conséquent un avantage certain sur vos adversaires. League of Legends a su tordre cette contrainte en orientant ses microtransactions vers le cosmétique tout en poussant les fans de MOBA à jouer des heures durant afin de débloquer leurs héros favoris, l'alternative étant de passer à la caisse. Et World of Tanks a fructifié ce concept. Accessible à tous, le titre phare de l'éditeur Wargaming se veut accessible en quelques clics, poussant le tankiste à l'achat par désir de posséder le nouveau char d'assaut.

Non, le Free to Play n'est pas le cancer du jeu vidéo
Path of Exile (2009)

De plus, sans cesse mis à jour avec de nouveaux contenus et un rééquilibrage des forces en présence, un titre change bien trop souvent de chemise et oblige le joueur à adapter son approche en conséquence à chaque nouvelle update majeure. Et Path of Exile, un Hack'n slash développé par Grinding Gear Games, a su faire des limites du Free to play une véritable force en profitant de sa nature versatile pour alimenter sa vision de l'Action RPG. Loot en pagaille, système de craft riche et complexe nourri par les mises à jour… Path of Exile n'est pas pour autant tombé dans les abysses du titre freemium laissant le joueur progresser contre une poignée d'euros sonnants et trébuchants. L'aventure se veut fluide tout comme la montée en puissance de vos avatars. La preuve, si besoin il y avait, de l'intérêt de ce modèle économique : tant que les joueurs vagabonderont en terres de Wraeclast.

Le Free to Play n'est pas par essence déséquilibré. Seule son application au cœur du game design fait d'un jeu une excellente alternative au premium ou une purge Pay to Win mettant à mal votre patience.

Vivre de sa passion

Non, le Free to Play n'est pas le cancer du jeu vidéo
The Walking Dead : Michonne (2016)

« Toute peine mérite salaire » et il en va de même dans le jeu vidéo. La majorité des joueurs ayant pris le pli d'attendre une baisse significative du prix de vente avant de se procurer un jeu, les développeurs se sont tournés vers des modèles économiques alternatifs. Aventure épisodique, Early Access ne sont que le sommet visible de l'iceberg. Afin de toucher une population toujours plus grande, le Free to play s'est imposé sans difficulté. La multitude des projets oblige les éditeurs à se démarquer soit par la qualité de leur titre, soit par une campagne marketing bien pensée et pourtant le prix du jeu restera un mirador pour bon nombre d'entre nous.

Non, le Free to Play n'est pas le cancer du jeu vidéo
HearthStone (2014)

Par la réussite des œuvres citées précédemment, les studios ont enfin perçu le potentiel de la générosité. Offrir une partie de son jeu en échange d'une fidélité temporaire n'est en aucun cas anodin. Après avoir passé des dizaines d'heures sur un jeu, le joueur devenu fan se sentira enclin à rémunérer les créatifs que ce soit par reconnaissance ou récompense permettant de poursuivre par la même occasion l'évolution de l'univers tant apprécié et donc la poursuite de son périple. Il s'agit avant tout d'un cercle vertueux dans lequel développeurs et joueurs dansent à l'unisson afin d'alimenter leur passion respective.

Il est aisé de taper de concert sur la tête de Turc sans jamais prendre de recul sur nos actes et nos pensées primaires. Au même titre que le motion gaming ou la Réalité virtuelle, le Free to play est une évolution logique sur le marché du jeu vidéo. Je pousserais même le vice en considérant cette évolution comme inévitable. Le jeu vidéo se doit d'être universel et donc toucher l'ensemble des populations et pour se faire, la gratuité est une arme de destruction massive. Le 10ème art est désormais à portée de tous. Que ce soit par la plate-forme ou le modèle économique, le jeu vidéo ose et s'émancipe.

Commentaires
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Pseudo supprimé
Niveau 10
le 09 oct. 2016 à 19:44

Un cancer à 100% ainsi que les sites de jeux vidéo vendus sur l'autel du dieu "Pognon".

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Commentaire édité 09 oct. 2016, 19:44 par pseudo supprimé
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