Il aurait été cavalier de penser que Vincent Bolloré, à la tête de Vivendi, allait cesser de grignoter peu à peu Ubisoft. Effectivement, pas plus tard que la semaine dernière, le géant avait annoncé être entré au capital d'Ubisoft à hauteur de 6.6%, ramassant au passage 6.2% de Gameloft, société jumelle à Ubisoft et focalisée sur le jeu mobile. Nous apprenons aujourd'hui que Vivendi vient de monter significativement au capital des deux entités.
Ainsi, Vivendi a déclaré avoir porté sa participation au capital des deux sociétés à 10.39% pour Ubisoft et à 10.20% pour Gameloft. Le groupe a commenté d'ailleurs les sommes et le procédé de cet investissement :
L'acquisition sur le marché de ces titres pour un montant total respectivement de 244 millions d'euros et 34,41 millions d'euros a été financée à l'aide de la trésorerie.
Les choses pourraient toutefois ne pas s'arrêter là, puisque le groupe français à également déclaré ne pas exclure d'augmenter sa participation dans ces deux entreprises à l'avenir "en fonction des conditions du marché"... Difficile quoi qu'il en soit de ne pas voir dans ces investissements agressifs la volonté de Vivendi de se payer ni plus ni moins l'éditeur français.
Si pour l'heure, les frères Guillemot, fondateurs d'Ubisoft il y a de cela 30 ans et toujours à la tête de la société gardent toujours la main sur l'avenir de leur bébé devenu très grand, il pourrait s'avérer très compliqué d'arrêter l'ogre Vivendi et son porte-feuille bien garni. Effectivement, si Vincent Bolloré entend continuer à investir de la sorte, il serait fort probable qu'il atterisse à la tête d'Ubisoft, alors libre d'y adapter sa propre politique.
La nouvelle porte malheureusement un coup à Ubisoft, dont l'actuel président a pourtant récemment cherché à rassurer les employés, fatalement inquiets de voir un tel investisseur envahir leur capital. Au-delà du fait qu'Yves Guillemot déclarait que l'éditeur allait "(se) battre pour préserver (son) indépendance", l'homme avait également exprimé ses craintes dans le cas d'un changement de direction. Selon lui, le risque d'un rachat serait d'être "dirigé par des personnes qui ne comprennent pas notre expertise et ce qu'il faut pour réussir dans cette industrie"
Quid de l'avenir ?
Il faut reconnaître qu'en cas d'une officialisation de Vivendi à la direction de d'Ubisoft, il se pourrait que l'éditeur change sa politique. Si l'on connaît essentiellement l'entreprise pour ses plus grosses productions, les AAA étant nombreux sous son égide, elle a également amorcé il y a peu des développement plus modestes, étant désireuse de laisser les talents qui la composent exprimer librement leur créativité. Certes moins rentables mais ayant pour la plupart au moins obtenu un succés d'estime à défaut d'être des monstres commerciaux, les Child of Light, Grow Home et autres Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre pourraient tout à fait ne plus avoir d'équivalent à l'avenir, si Vivendi entend dans une logique de profit proposer des jeux majoritairement mainstream.
Par le passé, Vivendi avait déjà fait l'acquisition d'Activision Blizzard. Quelques temps plus tard, l'entreprise était parvenue à racheter son indépendance à la société française pour la modique somme de 6.2 milliards d'euros. Reste à savoir désormais si Ubisoft, aura les épaules assez solides pour préserver son indépendance.