L'E3 2015 a sonné les hostilités pour chacun des éditeurs présents à Los Angeles, peu avant eux, ce lundi 15 juin, Bethesda, Microsoft et EA avaient présenté leurs catalogues de jeux pour l'année fiscale en cours. Le plus Français des studios internationaux entre dans la danse de la folle nuit américaine, Ubisoft monte au créneau avec la gouaille typique d'Aisha Tyler. La meneuse de revue entre sur scène et le ton est donné. Ubisoft délivre sa conférence, compacte et rytmée, avec son savoir-faire appris sur le tas. Une conférence qui parle aux gamers de tout poil, un récital haut en couleur avec des surprises plein les escarcelles, histoire de ne pas trahir ceux qui les attendaient au tournant.
South Park, le Retour
En matière de présentation et de communication, l'éditeur français reste vertical. Les annonces sont précises, alternant aux trailers de présentation, les séquences de jeux in-game. Le ton est très vite donné avec South Park : The Fractured But Whole . Le facétieux Cartman débarque sur le grand écran de la salle dans laquelle Ubisoft a placé aux premiers rangs ses plus proches collaborateurs. This is family. Grimés en super-héros tout droit sortis d'un nanar indien, les héros du célèbre dessin animé américain n'ont plus qu'à dérouler leur stock de blagues pour plier les débats. L'éditeur rappelle en voix off la popularité de son RPG et annonce que ce dernier sera développé par Ubisoft San Francisco. Après une fin d'année en demi-teinte, la faute à quelques manqués avec un Assassin's Creed guillotiné à l'autel des attentes techniques, Aisha ironise : « Nous avons vécu un épisode douloureux, sur un jeu online on appellerait presque ça du teabagging ». Ubisoft relativise via l'emblème récurrent de ses conférences depuis quelques années désormais. Et ça marche, les excuses sont presque acceptées.
For Honor, combats en multi chez les chevaliers
Yves Guillemot monte alors sur scène, et avec son accent frenchie typique, il fait monter un peu plus la pression à son auditoire, dans la langue de Shakespeare s'il vous plaît. « Je suis heureux de vous présenter une nouvelle IP ». A l'écran, un heaume, des cottes de mailles rouillées et des épées s'animent dans des décors naturels et des châteaux assiégés à la catapulte. For Honor, le nom de la licence est lâché. Si la CG est de toute beauté, Jason Vandenberghe d'Ubisoft Montréal, en maître de cérémonie, va plus loin en proposant au public de découvrir du gameplay de son nouveau titre. L'ex-développeur de Red Steel 2 et Far Cry 3 décrit la nature de son soft. Sorte de beat them all ultra punitif, jouable online et en coop jusqu'à 8 joueurs (4 joueurs par équipe), For Honor propose aux utilisateurs d'investir la cour d'un château (pour l'occasion) et d'y combattre pour sa (sur)vie. En plus des joueurs présents sur la carte, une horde de PNJ s'animent un peu partout dans la zone. Une fois les vrais joueurs repérés, des phases de duels ultra brutaux où parades et esquives singularisent la létalité des coups portés prennent place. For Honor est une sorte de Bushido Blade à la sauce moderne. Une faiblesse dans la passe d'arme, un mouvement approximatif et une épée peut vous fendre le crâne. En deux coups, un duel peut être perdu, l'équipe en surnombre s'offre une option sur la victoire finale.
Si tout de suite les observateurs remarquent que la qualité graphique du jeu est loin de ce qui avait été montré pendant le trailer, Ubisoft, de son côté, a certainement digéré les remarques des joueurs et professionnels du secteur qui ironisent sur les vidéos aux rendus aguicheurs, que de plus en plus d'éditeurs utilisent pour présenter leurs jeux. Préférant la vérité de l'in-game, aux faux-semblants de la démonstration par l'excès de zèle, For Honor s'offre une démo en direct sur PlayStation 4. Ubisoft alternera ainsi les présentations de ses softs entre in-game et trailers soignés. Pour ses productions AAA, ses jeux phares, l'éditeur français essaiera de jouer au maximum la transparence. Après cette seconde surprise, The Crew Wild Run, sorte de DLC typé Motorstorm du jeu de course d'Ivory Tower et Trial Fusion Awesome Level Max se dévoile en trailer.
The Division, chacun pour soi
L'autre gros morceau de la conférence arrive un peu plus loin. The Division ouvre sa focale sur un Times Square abandonné balayé par les bourrasques et la neige. Une unité composée de trois joueurs patrouille dans les rues de Big Apple, direction la Dark Zone pour l'extraction du groupe. Arrivé sur le lieu dit, un hélicoptère attend les joueurs participant à la session et là, étonnement. Au moment de monter dans l'aéronef les coups de feu retentissent, au sol gisent les cadavres des joueurs plombés. Sournoisement, certains embarquent le stuff des agonisants, tandis que le dernier joueur, en retrait, se joue de tout le monde en liquidant ceux qui auraient pu penser que le jeu était coopératif. Surprise, The Division ajoutera une tension à son gameplay que peu auraient imaginé. Quelques minutes plus tard, c'est annoncé, le blockbuster se trouve une date de sortie : le 8 mars 2016 sur consoles current-gen et PC.
De Just Dance à Ghost Recon
Après ces grappes d'annonces ciblées, Ubisoft n'oublie pas son public traditionnel sur PC, Anno 2205 et Trackmania Turbo sont annoncés dans la foulée. Et pour ne pas oublier le grand public et son VRP numéro 1, le président Barack Obama, Just Dance 2016 se fraie un passage sur la scène. Jason Derulo viendra pousser la chansonnette devant un public semblant apprécier les oscillations de tons de la conférence. Entre le casual et le hardcore, Ubisoft parle de jeux vidéo et rien d'autre. Le nouveau Just Dance proposera un Service Streaming dit Unlimited et une application Smartphone permettant d'embarquer le jeu presque n'importe où. « Nomad Dance », le nouveau Just Dance ?
Ce sont ensuite des jeux déjà connus des joueurs qui viennent s'ajouter à la longue liste des jeux présentés à la conférence. Rainbow Six Siege démontre son potentiel martial, avec un ajout que beaucoup espéraient, un mode solo jouable en coop vient parfaire le tableau du FPS tactique tant attendu par ses féroces défenseurs. Assassin's Creed Syndicate s'offre quant à lui un nouveau trailer dans un Londres à vapeur, l'occasion d'y voir le nouvel assassin jouant de la chaîne pour pendre ses proies. Avec fierté, le jeu est annoncé comme jouable sur le showfloor du salon. Efficace. Yves Guillemot remonte sur scène, Ubisoft sert sa dernière balle en guise de dessert, comme pour clore le bal. Ghost Recon Wildlands débarque de nulle part. Développé par Ubisoft Paris, l'open world dédie son univers martial aux juntes militaires et à la violence du monde des narcotrafiquants. La boucle est bouclée, Ubisoft aura commencé sa conférence par une surprise pour la finir de la même manière.
Au jeu des chaises musicales, Ubisoft part avec un avantage sur certains de ses concurrents directs, l'éditeur connaît la musique. Mieux, en matière de rythme, les natifs de Montreuil récitent leurs gammes. Souvent dans l’œil du cyclone, quand les critiques fusent à chaque annonce du nouvel épisode annuel d'Assassin's Creed, l'éditeur français trouve toujours la parade pour éviter de glisser dans l'attendu. Orienté gamer, avec un discours clair et précis, Ubisoft s'en sort avec les honneurs.