Tout aura commencé en 2002 à Leipzig avec la Games Convention, un salon du jeu vidéo ouvert au public qui, face à un succès retentissant fut forcé d’évoluer en 2009. Devant l’affluence massive des joueurs et des professionnels venus d’Allemagne mais des quatre coins du globe, l’évènement déménage à Cologne pour agrandir sa surface d’accueil et ses ambitions. Il se renomme gamescom et sera ni plus ni moins que le plus grand salon au monde de divertissement interactif avec plus de 700 exposants répartis sur les quelques 180 000 m² du Koelnmesse, le parc des expositions de la ville. Avec plus de 335 000 visiteurs en 2015, le pari est réussi, Cologne, siège de nombreux médias allemands et bastion de l'événementiel du pays, dispose de toutes les infrastructures nécessaires pour accueillir à la fois un vaste public de joueurs et de professionnels du jeu vidéo.

Pendant 5 jours, le salon vivra au rythme des présentations, des conférences et des démos, écrasé sous une marrée humaine de visiteurs impatients d’approcher pour la première fois des jeux pour la plupart déjà présentés quelques semaines auparavant lors de l’E3. Car sa date est aussi tout le paradoxe du salon. Tenu un mois après la grande messe Californienne, l'évènement pourrait souffrir de cette proximité temporelle. Or il parvient chaque année à faire déplacer les foules et à susciter l’intérêt, on fait le point sur son état en 2015 et sur ce qu’il nous réserve.

Microsoft, Nintendo et Sony sont sur un bateau...

Coup de tonnerre début mai 2015, Sony annonce zapper sa désormais habituelle conférence de la gamescom pour la reporter à une date ultérieure jugée plus propice à des annonces plus velues. L’évènement a été choisi, sa ville aussi, ce sera la Paris Games Week de fin octobre. Une première pour le salon parisien qui s’apprête donc cette année à connaître une mise en lumière internationale éminemment plus forte qu’au cours de ses cinq années d’existence. Sony explique ses motivations en ces termes :

Nous pensons que PlayStation et l'industrie en général pourront profiter de cet événement majeur propice aux annonces et prenant place plus tard dans l'année, durant la période la plus importante de l'année pour le jeu vidéo.

Et par période importante, comprenez bien évidement les fêtes de fin d’année, moment où les ventes décollent de façon assez prodigieuse dans le secteur des loisirs. Néanmoins, le constructeur conserve un stand sur le salon allemand cette année, un espace de jeu où le public pourra poser les mains sur de nombreux titres présentés à la presse lors de l’E3 dernier : Street Fighter V, Until Dawn, Star Wars : Battlefront ou encore Call of Duty : Black Ops III. Pour ce qui est des productions dont la sortie est plus éloignée dans le temps, nous pensons ici à Uncharted 4 : A Thief's End ou encore Horizon : Zero Dawn, il faudra se contenter de présentations plus contrôlées, sans gameplay possible pour les joueurs. Sony adopte en ce sens une position identique à celle de Nintendo cette année en réduisant sa présence à un “simple” stand dédié aux jeux. Il marque ainsi sa rupture avec un évènement qu’il ne faut certes pas négliger, mais qu’il considère désormais trop coincé entre d’autres salons, E3 en tête, mais aussi Tokyo Game Show et PGW. Peut-on y voir une porte ouverte pour Microsoft ?

Si Street Figther V sera jouable, Uncharted 4 se contentera d'une présentation

Frileux il y a quelques années de cela à l’idée de tenir de véritables conférences riches en annonces lors du salon allemand, Microsoft a adopté une stratégie différente dès 2014. Désormais, le géant américain profite de la gamescom pour communiquer sur un panel moins varié que durant l’E3, mais de façon plus longue et approfondie. Et si l’année dernière le constructeur lâchait une poignée d’informations pour Quantum Break, le prochain titre de Remedy, c’est lors de la conférence de ce mardi 4 août à 16h00 que le titre aura le droit à son grand show avec, on l’espère sincèrement, l’annonce d’une date de sortie.

Même traitement de faveur pour Crackdown et ses super flics ou pour le titre d’Hideki Kamiya, Scalebound, qui fera son retour avec le plein d’infos sur scène. D’aucuns diront qu’il suffit de retirer deux ou trois jeux du catalogue des annonces de l’E3 pour les réserver bien au chaud pour la gamescom. Ce serait oublier que ces quelques semaines supplémentaires d’attente sont probablement mises à profit pour peaufiner les versions présentées au public. Bref, tous les regards seront tournés vers Microsoft cette année, avec la dernière conférence constructeur encore présente sur le salon.

■ Retrouvez les jeux présentés par Microsoft lors de la Gamescom 2015

Nintendo de son côté n’aura pour le moment jamais tenu de conférence lors de la gamescom, ce qui ne signifie pas pour autant que le constructeur japonais boude l’évènement, loin de là ! Comme à son habitude sur les salons, Big N organisera sur son stand une série d’évènements recentrés autour d’un concept cher à la marque : jouer ensemble. Les joueurs ayant fait le déplacement jusqu’à Cologne pourront par exemple participer à un immense flashmob Mario où tous les participants seront déguisés en plombier à moustache pour tenter de gagner des goodies de la marque. On notera aussi l’organisation d’un évènement dédié à la chasse regroupant 200 joueurs sur Monster Hunter 4 Ultimate le 8 août à 16h00.

Mario Kart 8, Super Smash Bros et le plus récent Splatoon seront aussi mis à l’honneur avec un défilé continu de compétitions en public et à l’ambiance survoltée. Du côté des jeux mis en avant, sont annoncés des présentations de StarFox Zero, Super Mario Maker ou encore Mario Tennis Ultra Smash sur Wii U, du The Legend of Zelda : Tri Force Heroes ou du Chibi-Robo! : Zip Lash sur 3DS. Pas de nouvelles par contre du prochain Zelda Wii U, tout du moins rien n’a été officialisé publiquement, on compte donc sur les différents Stream Twitch du constructeur pour nous étonner.

■ Retrouvez les jeux présentés par Nintendo lors de la gamescom 2015

Les éditeurs tiers aussi ne s'y trompent pas, le rendez-vous allemand est une date à ne pas louper. L'occasion de présenter au public les futurs jeux de leur catalogue. Cette année, Electronic Arts, Square Enix, Activision, 2K Games, Ubisoft, Konami et Bethesda seront présents avec leurs stands dans le salon.

Comme vous pouvez le constater, si la vision de la Gamescom a évolué du côté de chez Sony, le panel des constructeurs s’accorde tout de même sur un point, il serait absurde de ne pas profiter du plus grand évènement public sur le jeu vidéo au monde. Car n’oubliez pas qu’au delà de la marée humaine de visiteurs évoluant dans les allés du salon, ce sont aussi quelques 6000 journalistes venus de 61 pays et plus de 30 000 professionnels du secteur qui participent aussi aux cinq jours de cette grande messe vidéoludique. Articles et reportages sont autant de retombées bénéfiques (ou non dans certains cas) que les constructeurs et éditeurs ne peuvent pas bouder tant la communication autour d’un jeu est essentielle aujourd’hui.

C'est toute la ville de Cologne qui se met aux couleurs du jeu vidéo

La Gamescom dynamise aussi toute la ville de Cologne. Au delà des boutiques et des activités proposées au sein des quatre immenses hall du Koelnmesse, la ville entière se met aux couleurs du salon, prête à accueillir un flot de plus de 120 000 touristes aux besoins particulièrement lucratifs pour les commerçants du coin, hôtels et restaurants ne désemplissent pas pendant ces cinq jours. Tout cela fait de la gamescom un évènement unique dans le secteur, proche de l’E3, mais pourtant incontournable pour les acteurs de l’industrie.

Bienvenue au pays du PC

On l’entend dire souvent, l’E3 est un salon pour “consoleux”, la gamescom, pour PCistes. Si la chose caricature un brin la réalité, force est de constater que de par sa localisation, le salon allemand a bel et bien le PC dans ses gènes. Et pour cause, l’Allemagne est le premier marché européen en matière de jeu vidéo et sa culture est particulièrement marquée par l’emprunte de l’ordinateur personnel en tant que machine de jeu. Le joueur d’outre-Rhin des années 90 n’aura pas connu le même engouement que par chez nous en matière de jeux d’arcades et de consoles. Non pas que le pays y soit insensible, les chiffres de vente des machines de salon nous prouvent le contraire, mais le PC reste indissociable du marché du jeu au pays de la bière et de la saucisse.

Le PC est roi ici

RPG, jeux en ligne et de Stratégie sont d’ailleurs les genres rois ici et la gamescom leur fait chaque année une place d’honneur. Preuve en est avec pour cette édition la révélation d’une nouvelle séquence de gameplay pour Fallout 4 (déjà vue et évoquée dans cet article), la présence de nombreux MMORPG comme Guild Wars 2, Blade & Soul, Devilian, Neverwinter ou bien, et c’est peut être l’exemple le plus parlant de mon raisonnement, la conférence tenue par Blizzard le 6 août à 18h au cours de laquelle le géant californien lèvera le rideau sur la sixième extension de World of Warcraft, un symbole fort pour la place du PC sur le marché allemand alors que l’on rappelle que la BlizzCon se déroule quelques mois plus tard en novembre.

Sur place lors de la gamescom, on aperçoit autant de combos clavier-souris que de manettes sur les stands, on croise à chaque recoin des allées bondées des boutiques de vente de matos, des moddeurs de boîtiers, des distributions de claviers, de cartes graphiques parfois aussi, la ferveur PC se fait ressentir à tous les instants.

La gamescom reste à l’heure actuelle le seul salon au monde parvenant à mélanger de façon aussi éclectique les cultures de gamers venus de tous les horizons. Face à un E3 fermé au public, un Tokyo Game Show perdant en impact d’année en année et à une Paris Games Week aux ambitions grandissantes, le salon allemand joue la carte de l’évènement certes moins riche en annonces tonitruantes que l’E3, mais bien plus orienté vers le jeu clavier ou manette en main exposé à un public de plus en plus nombreux chaque année.