Là où bon nombre d'adaptations de licences cinématographiques ont tendance à sombrer dans les affres de la médiocrité, il en est pourtant quelques-unes qui nous ont laissé de très bons souvenirs.
Et parmi les plus anciennes, ceux qui possédaient une NES au début des années 90 n'ont certainement pas oublié un certain Little Nemo : The Dream Master.
Ce petit jeu de plates-formes, développé par Capcom en 1990 sous le titre original Nemo : Pajama Hero, a su miser sur des idées de gameplay novatrices pour se démarquer habilement de ses concurrents tout en conservant l'esprit naïf et enchanteur du long métrage qui l'a inspiré. Les compositions sont signées Junko Tamiya (Bionic Commando, Strider).
Aujourd'hui encore, nombreux sont les nostalgiques qui aimeraient le redécouvrir en HD, à l'instar d'un DuckTales Remastered ou d'un Castle of Illusion starring Mickey Mouse. On peut toujours rêver !
Le jeu Little Nemo : The Dream Master est une adaptation du long métrage d'animation Little Nemo Adventures in Slumberland, sorti en 1989 et réalisé par Masami Hata et William T. Hurtz. Plusieurs scénaristes sont intervenus durant sa création, parmi lesquels un certain Jean "Moebius" Giraud. Le film raconte l'aventure extraordinaire et onirique d'un petit garçon baptisé Nemo qui explore le royaume des rêves en pyjama à bord de son lit en compagnie de son écureuil volant Icarius. Mais pour devenir l'héritier du trône de Slumberland, il va lui falloir s'aventurer au pays des cauchemars et sauver le roi Morphée à l'aide du sceptre magique que ce dernier lui a confié.
N'oublions pas que Little Nemo in Slumberland est, à l'origine, une bande dessinée, et plus exactement un comic strip créé par Winsor McCay en 1905 pour un hebdomadaire américain. Mondialement reconnue, cette oeuvre fut publiée jusqu'en 1914 et a influencé de nombreux dessinateurs de talent, comme Moebius et Miyazaki. Ses histoires relatent les aventures surréalistes du petit Nemo alors qu'il voyage à l'intérieur de son subconscient dans les contrées de Slumberland. Chaque nuit, ses rêves l'entraînent vers des destinations fantaisistes à la rencontre de personnages tous plus improbables les uns que les autres.
Nemo : imagination, bonbons et pyjama
Little Nemo : The Dream Master sort donc sur NES en 1990 au Japon et aux Etats-Unis, puis l'année suivante en Europe. Pour les plus curieux, voici la publicité qui avait été diffusée à l'époque sur les chaînes américaines.
Bien que le scénario soit extrêmement lacunaire, on y retrouve tout de même les grandes lignes de la trame du long métrage d'animation. Garçon rêveur et plein d'imagination, Nemo bascule chaque nuit dans son inconscient, explorant ses rêves comme s'il était le héros de Slumberland. Envoyé là-bas pour devenir le compagnon de jeu officiel de la princesse Camille, Nemo devra finalement sauver le roi Morphée en s'aventurant au pays des cauchemars.
Qu'ils se déroulent à Slumberland ou dans les contrées cauchemardesques, tous les niveaux du jeu abritent leur lot de créatures sournoises qui poseront quelques problèmes à notre héros en pyjama. Il faut en effet attendre le huitième rêve pour que le sceptre de Nemo retrouve son pouvoir et lui permette d'éliminer ses ennemis ou d'attaquer à distance. Jusqu'à ce stade du jeu, le petit garçon peut seulement paralyser ses adversaires en leur projetant des bonbons ou les éviter. Mais comme à Slumberland tout est possible, Nemo dispose tout de même d'un autre atout dans sa manche : les transformations.
Transformations animales insolites
Accessibles via des animaux postés à différents endroits des niveaux, ces transformations confèrent à Nemo des pouvoirs étonnants et surtout indispensables pour progresser. Concrètement, une fois ces animaux identifiés (on peut les prendre pour des ennemis potentiels même s'ils sont immobiles), il suffit de leur lancer trois bonbons pour qu'ils s'endorment. Nemo peut alors se jeter dessus pour prendre leur apparence tout en copiant leurs capacités.
Intervenant chacune plusieurs fois sur l'ensemble du jeu, ces transformations viennent ainsi pimenter agréablement le gameplay. En grenouille, Nemo peut faire des bonds et atteindre les hauteurs. En taupe, il peut creuser des galeries dans la terre. En lézard, il est capable de se faufiler dans les interstices et de s'accrocher aux parois. Sous les traits d'un gorille, il grimpe aux arbres et cogne les monstres de toutes ses forces. En guêpe, il devient apte à voler et à projeter des dards empoisonnés. Sous forme de bernard-l'hermite, il donne des coups de pinces et plonge pour s'enfoncer dans le sable. Capable de nager en poisson, il peut enfin grimper aux murs et donner des coups de marteau lorsqu'il revêt l'apparence d'une souris. Notez que la taille de la jauge de vie varie sensiblement d'une transformation à une autre.
Perdre ses habitudes
Envoyés sur les ennemis, les bonbons ne font que les paralyser et le joueur doit donc apprendre à perdre ses habitudes s'il veut avoir une chance de survivre. Car ici, pas question de sauter sur la tête des ennemis pour les pulvériser, le plus sage reste encore de les éviter. Car avec seulement trois slots d'énergie et 3 vies en début de partie, le challenge est au rendez-vous, d'autant que certains pièges sont mortels. On trouve d'ailleurs deux stages qui défilent suivant un scrolling imposé et dans lesquels l'exploration laisse place aux réflexes. Car la majorité des niveaux se présente de façon totalement non linéaire, tout l'intérêt étant d'alterner les transformations pour explorer chacun des recoins de l'environnement. On peut en effet y trouver l'une des précieuses clefs requises pour déverrouiller la porte de chaque fin de stage, et s'il en manque une seule, on est bon pour revenir en arrière afin de la récupérer. Des sucreries et autres 1up plus ou moins bien cachés sont également éparpillés dans le jeu, et c'est assurément l'aspect "ouvert" des niveaux qui rend le jeu si plaisant à parcourir.
A partir du huitième rêve, Nemo s'aventure dans le pays des cauchemars et il n'est alors plus question de se transformer ni de récupérer des clefs. Son sceptre ayant retrouvé ses pleins pouvoirs, Nemo peut désormais éliminer ses adversaires en leur tapant dessus et envoyer des projectiles magiques pour affaiblir les boss. Absents jusque-là, les boss entrent en scène à ce moment précis du jeu, même si l'on n'en dénombre que trois au total. Outre le roi pingouin et la raie manta, le jeune garçon doit surtout défier le roi des cauchemars en personne sur ses propres terres. Le sceptre peut d'ailleurs être chargé ou non afin d'envoyer des projectiles rapides ou puissants selon la priorité du moment. Plaisant et varié jusqu'au bout, Little Nemo : The Dream Master reste l'un des softs de plates-formes les plus réussis de la NES. En voilà un aperçu en vidéo si vous étiez passé à côté de cette très bonne surprise à l'époque.
Sachez pour finir qu'il n'existe qu'une seule autre adaptation de Little Nemo en jeu vidéo. Elle a vu le jour fin 1990 en arcade sous le titre Nemo et est également signée Capcom. Les deux softs n'ont rien à voir entre eux, l'opus arcade privilégiant l'action à la plate-forme sans aucune transformation, avec possibilité de jouer à deux, comme vous pouvez le constater sur cette vidéo :