En mai 2014, un vent d'espoir soufflait lorsque le Net découvrait que Night Dive, coutumier de la réédition de vieux titres, avait déposé la marque No One Lives Forever, laissant penser que le jeu de 2000 et son excellente suite de 2002 pourraient profiter d'un dépoussiérage et d'une nouvelle sortie digitale. Un espoir qu'il faut à présent enterrer, Night Dive ayant jeté l'éponge après s'être heurté à un mur de paperasse et même à quelques menaces. Pour ceux qui n'ont pas eu la joie de connaître No One Lives Forever et No One Lives Forever 2 : Le C.R.I.M.E. Est Eternel, on les résumera en les qualifiant d'excellents FPS, parodies des films d'espionnage profitant d'un gameplay solide et surtout d'une écriture imparable.

Ce sont deux membres de Night Dive, Stephen Kick et Larry Kuperman qui font le récit de leurs mésaventures à Kotaku, expliquant pourquoi leur tentative a finalement échoué. En quelques mots, on peut synthétiser les choses de la manière suivante : personne ne sait qui détient vraiment les droits de la licence et personne n'a vraiment envie de chercher à le savoir, pour autant pas question de laisser qui que ce soit s'en servir. Lorsque Night Dive a cherché à savoir qui détenait quelle partie de No One Lives Forever, la compagnie s'est trouvée face à 3 acteurs, le développeur Monolith n'étant pas l'un d'eux. Warner Bros, à qui appartient Monolith désormais, possédait le moteur et le code du jeu, le LithTech. Lors des premières prises de contact, Warner a cependant indiqué à Night Dive qu'Activision pourrait bien avoir quelques droits sur la licence puisque cette dernière a été éditée par Fox Interactive, filiale de Vivendi avec qui Activision avait fusionné.

A ce stade, le récit devient particulièrement tortueux et on recommande aux plus curieux de lire l'article de Kotaku dans son intégralité mais le premier obstacle auquel Night Dive s'est heurté a tout de la parodie de la complexité administrative : ni Activision ni Warner pas plus que la Fox n'ont pu dire s'ils possédaient ou non des droits sur NOLF pour la bonne et simple raison qu'à l'époque, il n'existait pas de copie numérique des documents et qu'il fallait donc plonger dans les cartons d'archives pour retrouver un contrat sur papier.

C'est d'ailleurs à ce moment que Night Dive, constatant que le nom No One Lives Forever était libre, a décidé de le déposer "au cas où", tout en poursuivant ses négociations avec Warner afin d'établir un deal potentiel incluant un premier versement puis un pourcentage des revenus perçus sur la réédition des jeux. Quelques mois plus tard, Warner, toujours sans vraiment savoir quelle était l'étendue de ses droits, a malgré tout décidé de les faire valoir, imposant à Night Dive de ne rien faire ou de prendre le risque d'actions en justice s'il s'avérait que la société était bien en possession d'un acte de propriété. Mais après l'envoi de ce courrier plutôt menaçant, l'un des avocats de Warner a toutefois proposé de creuser la question d'un accord de licence... question qui fut finalement enterrée.

In fine, l'imbroglio juridico-administratif a eu raison de la bonne volonté de Night Dive qui a donc jeté l'éponge en décembre dernier, ne sachant toujours pas qui détient réellement le code ni même la licence de No One Lives Forever. Tout ceci est fort regrettable car le studio avait déjà entrepris une part du travail de restauration des deux titres, lifting graphique, correction de bugs, portage sur les OS récents et intégration à Steam.