"Encore un jeu obscur", êtes-vous en train de vous dire ? Alors sachez que le nom complet du jeu n'est autre que The Fortress of Fear : Wizards & Warriors Chapter X. Vous l'avez compris, ce titre dont vous ignoriez peut-être l'existence fait bien partie de la grande saga des Wizards & Warriors, et on y retrouve donc le chevalier Kuros luttant vaillamment contre le terrible sorcier Malkil. Cet épisode exclusif à la Gameboy monochrome est sorti en 1989, et il faisait office de très bon jeu d'action/aventure.

Dans cette aventure, Kuros doit arpenter courageusement les tréfonds d'une forteresse grouillant de créatures maléfiques, la forteresse de la peur, dans le but de sauver sa princesse (si je me souviens bien du simple écran de fin qui servait de conclusion au jeu) et de vaincre "The Evil Malkil". A l'inverse de la plupart des autres épisodes de la série Wizards & Warriors, The Fortress of Fear proposait un level design plutôt linéaire, et non pas labyrinthique ou construit tout en hauteur. Ici, les accès sont beaucoup plus rares, et il s'agit principalement de surmonter les obstacles pour arriver au bout du niveau en un seul morceau. Seule l'infiltration dans le coeur même de la forteresse, vers la fin du jeu, faisait intervenir des allers-retours d'un escalier à un autre où il était bien difficile de se repérer.

J'aime à penser que The Fortress of Fear est l'exemple parfait du jeu progressif. Non pas qu'il faille connaître par coeur l'emplacement de tous les pièges du jeu pour avancer, quoique, mais avec seulement trois vies offertes au départ, il fallait réellement persévérer encore et toujours afin d'espérer aller chaque fois un peu plus loin. L'envie de découvrir les particularités des niveaux suivants n'était pas pour rien dans l'intérêt du jeu, et je me rappelle avoir mis des années avant de réussir à le terminer.

Ne disposant pas pour autant d'une difficulté insurmontable, The Fortress of Fear parvient pourtant à surprendre continuellement le joueur constamment sur ses gardes. Pour se débarrasser des monstres de la forteresse, Kuros disposait seulement de trois techniques d'épées pour frapper vers le haut, droit devant lui ou en position accroupie. Les sauts étaient nombreux mais d'autant plus délicats à réaliser que le personnage avait beaucoup de mal à se réceptionner, ce qui obligeait le joueur à faire preuve d'une extrême précision. Le chevalier perdait d'ailleurs tous ses objets en cas de décès, obligeant le joueur à repartir chercher les précieuses clés pour ouvrir tel ou tel coffre. Ceux-ci pouvaient renfermer bien des merveilles, comme des gemmes, des potions d'invisibilité, de saut ou des boucliers.

Ceux qui ont fini l'aventure se souviennent certainement des moments forts du jeu, comme l'entrée dans le château, le passage des douves avec les serpents géants et les boulets de canon, la forteresse des squelettes, la progression en haut des remparts avec un fond sonore inoubliable, ou encore l'impitoyable galerie des archers. Impossible d'oublier les musiques qui agrémentent le soft, celles-ci bénéficiant de thèmes souvent enjoués dignes de troubadours. Et pourtant ce n'est que de la Gameboy ! Quant aux bruitages, ils étaient tellement éloignés de ce qu'ils étaient censés représenter qu'ils en devenaient réellement amusants, pour ne pas dire uniques. Bien que linéaire, The Fortress of Fear recelait aussi bon nombre de passages secrets à dénicher souvent en sautant au-dessus des murs, avec moult bonus à la clé. Pas très nombreux, les boss étaient généralement redoutables mais jamais imbattables à cause de leur schéma de mouvements fixes. La progression renvoyait presque parfois à un conte ou une histoire, via le découpage en chapitres, et l'on pouvait en fin de partie inscrire son nom sur le parchemin de l'honneur. Un moyen facile de démarrer avec trois vies en plus en inscrivant les caractères W, Coeur, W, et qui donnait une chance supplémentaire de voir la fin de cette aventure faisant incontestablement honneur à la série des Wizards & Warriors.

Romendil