Fort du succès rencontré par Wolfenstein 3D, la brillante équipe d'Id Software n'allait pas rester les bras croisés à bouffer des chips en codant des robots capables de commander les pizzas à leur place comme des geeks de bas étage. Id se met à bosser sur Doom, le vrai premier FPS qui fera vite oublier Wolfenstein. Doom profite d'un nouveau moteur 3D bien plus performant qui autorise toutes les folies en matière de design et incorpore des textures bien plus riches. C'est avec Doom que l'on réalisera que le précédent titre d'Id n'était qu'une série de couloirs sans intérêt. Cette fois, on ajoute l'ambiance et la déambulation tordue. Là où Wolfenstein n'offrait qu'une grande platitude, Doom est plein de reliefs. Figure en vogue, le Space Marine que vous êtes évolue sur Mars, au sein d'une base spatiale dans laquelle une porte de l'enfer s'est ouverte. Seul survivant de la catastrophe, vous allez devoir faire votre possible pour vous sortir de là en un seul morceau. Vous le voyez, le principe demeure inchangé, survivre et tirer sur tout ce qui bouge. A vous de dégotter des armes de plus en plus puissantes et de liquider à coups de BFG les Beholders et autres Imps, créatures putrides de l'enfer. Vos ex-frères d'armes eux-aussi devront subir ce triste sort, zombifiés qu'ils sont.
Doom est un pas en avant conséquent vis à vis de son grand frère. Outre le challenge de tir pur et dur, le titre assure la révolution du level design. Les niveaux sont tortueux et les angles bien plus fourbes, les salles sont plus complexes et pleines de planques idéales que les monstres utilisent pour se dissimuler et mieux vous surprendre lors de votre passage. Folie ultime, non content de se montrer plus complexe sur un plan horizontal, le level design de Doom prend également de la hauteur et s'offre un plan vertical. On voit apparaître des escaliers et des ascenseurs !
Mais l'autre innovation de taille qui va poser la dernière pierre d'angle au genre du FPS : l'ambiance. Ambiance qui passe par l'aspect technique du nouveau moteur John Carmack, grâce auquel le joueur passe de l'obscurité à la lumière, du couloir étriqué à la salle trop grande pour être honnête. Mais aussi par un design lugubre. Bien décidé à ne pas se laisser marcher sur les pieds par les grenouilles de bénitiers qui les avaient déjà alpagués sur Wolfenstein, Id joue à fond la carte du gore afin de plonger le joueur dans un trip qui se veut terrifiant. Les symboles satanistes sont donc légions dans le jeu et la violence est plus que jamais de rigueur. Les créatures maléfiques profitent d'un character design abouti qui, couplé à leur férocité, suffit à faire trembler le joueur dès qu'il ouvre une porte. Bien évidemment, le sang gicle régulièrement. Pourtant l'un des points clefs de cette ambiance, peut-être plus encore que l'aspect graphique, réside dans la bande-son. Id fait partie des premiers à avoir compris que pour faire peur, il n'y avait rien de tel qu'une bande-son bien flippante. Nos amis planchent donc le sujet et nous offrent de quoi frissonner un bon coup. La bande-son de Doom se dote en bruits étranges de tout genre. Frappements sourds, gémissements, rires etc. Entre ceux qui ne font qu'être des sons d'ambiances et ceux qui annoncent une menace bien réelle, on découvre avec le soft les joies de la parano. Sans pour autant oublier d'être noyé sous une horde de monstres toujours plus nombreux et féroces.
En sus de sa campagne solo, Doom instaure également le multijoueur qui après avoir squatté les réseaux d'entreprises (milieu privilégié à l'époque pour disposer du matériel nécessaire au jeu en LAN) ne tardera pas à envahir les maisons. Doom n'est certes pas le premier jeu online, mais c'est par lui que la pratique s'est réellement développée. A côté les précédents ayant recours aux réseaux ASCII ou même les RPG en interface graphique sont quantités négligeables. C'est l'ère du Deathmatch naissant, les prémices du jeu en réseau qui gagnera dans d'autres jeux ses lettres de noblesse (qui a dit Quake ?).
Mais il y eut un autre apport de Doom au monde du jeu vidéo sur PC. Avec son mode multijoueur, Doom s'est attiré la convoitise des premiers modders. Très vite on voit fleurir des cartes réalisées par des passionnés, aidés par Id Software qui mettra toutes les ressources nécessaires à leur disposition (encore, une fois, on les a pris pour des fous à ce moment là). Cartes mulitjoueurs ou conversions totales du jeu à différentes sauces (de Star Wars au Simpsons). Sans nul doute, Doom est un phare dans l'histoire du jeu sur PC.
Dinowan