Devenu une référence ces de son milieu ces dernières années, le manga Demon Slayer a d’abord essuyé un refus de la part des éditeurs. L’auteur Koyoharu Gotoge a dû faire plusieurs changements… qui ont mené au succès que l’on connaît aujourd’hui.
Demon Slayer était trop sombre
Il en faut parfois peu pour transformer un refus en un carton planétaire. C’est par exemple ce qu’il s’est passé pour le manga Demon Slayer de Koyoharu Gotoge. La mangaka attire d’abord l’attention des éditeurs avec plusieurs ‘’one-shot’’ (une œuvre très courte, souvent composée maximum de quatre chapitres). C’est souvent le moyen traditionnel pour les mangakas de voir leurs créations être sérialisées (Wanted avant One Piece, My Hero avant My Hero Academia ou encore L’école d’exorcisme de Tokyo avant Jujutsu Kaisen). Pour Gotoge, c’est Ka Gari Gari qui est utilisé pour produire Kistatsu no Yaiba : une œuvre qui comprend des concepts tels que les démons et des bretteurs. Quelque chose de bien connu par les Japonais, sauf que ça ne passe pas pour une publication en série. C’est son éditeur, Tatsuhiko Katayama, qui explique pourquoi en interview avec la Shueisha (maison d’édition du Shonen Jump, magazine très prisé au Japon dans lequel sont pré-publiés les nouveaux chapitres de manga) :
En raison de son ton sérieux, de l'absence d'humour et de la noirceur de l'histoire, il n'a pas été retenu pour la publication en série. J'ai pensé qu'il ne serait pas possible de le faire passer si le personnage principal n'était pas remplacé, et j'ai donc demandé à Gotoge-sensei s'il n'y avait pas un personnage plus brillant et plus normal dans le monde qu'il avait créé.
C’est donc de cette manière que Tanjiro Kamado voit le jour, inspiré notamment par Kenshin pour la cicatrice, mais surtout Demon Slayer.
Un changement de nom et un carton
En effet, des changements sont aussi apportés au niveau du nom. D’abord intitulé Kisetsu no Yaiba, le terme Kisatsu est alors écrit avec le kanji satsu 殺 qui signifie tuer. C’est Kimetsu qui est alors privilégié avec les caractères 鬼滅 (le second signifiant périr). Concernant Yaiba, le terme fait référence à des épées spécifiques :
Quant à "Yaiba", nous l'avons choisi, non pas parce qu'il pourrait s'agir de n'importe quelle épée, mais parce qu'il a une connotation particulièrement forte d'épée japonaise.
À la lumière de ces justifications, Demon Slayer a donc été conceptualisé pour toucher de manière forte le public japonais. Ce n’est pas peu dire de déclarer qu’il a réussi. En 2020, l’œuvre s’écoule à plus de 80 millions d’exemplaires. Un chiffre extraordinaire puisqu’à titre de comparaison, c’est autour de 30 millions d’unités que s’est écoulé Jujutsu Kaisen en 2021 et 2022. Enfin, c’est aussi l’adaptation en film de son arc narratif du Train de l’Infini. Elle s’est adjugée la première place au box-office local en surpassant Le Voyage de Chiro.