Lorsque nous écrivons sur la disparition de l’E3, plusieurs raisons sont évoquées. Parmi elles, nous retrouvons la multiplication du format “Direct”, la crise du Covid-19 mais aussi les coups de Geoff Keighley pour devenir l’unique alternative à l’événement.
Ce n’est qu’un au revoir
C’est au mois de mai 1995 que l'Electronic Entertainment Expo – E3 pour les intimes – a lancé sa première édition au Convention Center de Los Angeles. Malgré quelques déménagements (à Atlanta en 1997 et 1998) et un changement de format drastique (en 2007 et 2008), l’E3 a su plier sans rompre. Aujourd’hui cependant, après l’annulation de l’édition 2023, le pronostic vital est engagé. Il y a plusieurs raisons qui ont mené aux divers problèmes rencontrés par l’ESA. Pour schématiser, nous pourrions dire que les membres de l’ESA privilégient leurs propres intérêts. Par le passé, Nintendo, Sony et Electronic Arts ont décidé de ne plus faire partie de l’événement. Le salon est trop cher pour les participants, tandis que ces derniers se plaignent d’un retour sur investissement de moins en moins perceptible.
Quand Nintendo ouvre la voie des “directs”, la boîte de Pandore est ouverte. Le format – peu coûteux – de ces émissions permet de délivrer une information maîtrisée par la société, dont le contenu ne peut être brouillé par aucune bafouille ni événement imprévu. Les éditeurs s’intéressent de plus en plus à cette manière de procéder quand la crise du Covid-19 pousse l’ESA à annuler l’édition 2020. La disparition du salon en physique a prouvé aux principaux géants du secteur qu’il était possible d’éviter de dépenser plusieurs millions de dollars sans que cela ne bouleverse leurs projections.
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Le malheur des uns…
De son côté, Geoff Keighley a su mener sa barque. Cet ancien animateur de Spike TV devient le visage des awards de fin d'année pour la célèbre chaîne. Il anime également des émissions E3 en accord avec l’ESA (jusqu’en 2019). En 2014, il décide de fonder sa propre cérémonie de remise de prix, les Game Awards, format hybride d’annonces de jeux et de récompenses des acteurs du secteur. Le succès est au rendez-vous dès la première diffusion. En 2020, il attaque le secteur des événements estivaux en proposant son Summer Game Fest, un show totalement en ligne pensé pour combler l’absence de l’E3. Une initiative qui coupe l’herbe sous le pied de l’ESA. Publiquement, le producteur se jette des fleurs : il a réussi à ringardiser ce bon vieux salon qui se déroulait entre les murs du Convention Center.
S'exprimant dans un podcast de VGC, Geoff Keighley refuse d’être vu comme le “tueur de l’E3”. “L'E3 a fait partie de ma vie depuis que j'ai 15 ans. Depuis le premier E3 en 1995, je suis allé à toutes les éditions. (...) Cela m'a brisé le cœur de voir que tout commençait à s'effondrer” déclare-t-il. Il ajoute : “je pense qu'il y a eu un problème de pertinence, puis un problème de participation au cours des dernières années. Je pense que l'E3 s'est en quelque sorte tué lui-même”. Le producteur conclut : “je comprends pourquoi les gens disent que le Summer Game Fest a tué l'E3, mais je pense que j'ai créé le Summer Game Fest parce que j'ai vu les roues de l'E3 tomber”. Pour rappel, la conférence du Summer Game Fest se déroulera le 8 juin 2023 à 21 heures.