Commençons par le début.

La série des Assassin’s Creed nous permet de suivre l’histoire de l’antique rivalité entre l’ordre des Templiers et la confrérie des Assassins qui se battent depuis des siècles pour l’obtention des objets d’Eden, des artéfacts permettant, entre autres, le contrôle du monde ou sa libération. Pour suivre cette histoire, les jeux nous font jouer aussi bien dans le présent que dans le passé, et pour faire le lien entre ces deux époques, le personnage utilise l’Animus ou l’Hélix, des machines permettant d’accéder à la mémoire génétique de ses lointains ancêtres et de revivre leurs souvenirs. De ce fait, on observe d'une part la lutte entre Templiers et Assassins telle qu’elle se déploie dans le présent, avec deux camps utilisant les machines pour espérer trouver les objets d’Eden à l’aide des souvenirs du passé, et d'autre part cette même lutte telle qu'elle a pris place à différents époques, de l'Égypte Antique aux Croisades en passant par la Révolution Française ou l’âge d’or de la piraterie et la Renaissance Italienne, etc. Le passé nous permet de découvrir comment les objets sacrés ont été trouvés, comment ils ont été utilisés, comment ils ont été cachés et comment ils ont influé sur le déroulement de l’Histoire.

Voilà, ça, c’était dans les grandes lignes (et encore ça fait beaucoup de lignes). Pour rentrer dans le détail, la première moitié des jeux Assassin’s Creed (de Assassin’s Creed 1 jusqu’à Assassin’s Creed III) nous fait suivre Desmond Miles, un ancien assassin devenu barman. Il essaye de fuir ses origines quand il est capturé par Abstergo, une multinationale de technologie scientifique. Il travaillera pour eux jusqu’à découvrir que la société est secrètement dirigée par les Templiers. Il ralliera alors la cause de la confrérie des Assassins pour trouver les objets d’Eden. De Assassin’s Creed IV jusqu’à Assassin’s Creed Syndicate, nous suivons le parcours d’un inconnu (ou une inconnue, son genre n’est pas spécifié) qui travaillera tantôt pour Abstergo et l’ordre des Templiers, tantôt pour les Assassins. Enfin les trois derniers jeux de la série nous font suivre Layla, une ancienne employée d’Abstergo qui essaye de dénicher les objets d’Eden pour la confrérie des Assassins. En douze (bientôt treize) jeux canons (24 si on compte les jeux dérivés), Ubisoft nous a construit une histoire très riche, où le Temps et l’Histoire se rencontrent métaphoriquement et poétiquement. Le présent utilise le passé pour se construire un futur, tandis que le passé vit son présent pour voir son futur. Le présent est confronté à des souvenirs du passé et le passé à des visions du futur, les deux périodes s’influençant sans cesse. Sans oublier que le concept d’Animus et d’Hélix est une mise en abyme évidente et ingénieuse du jeu vidéo. On joue à un jeu dans un jeu et le travail de recherche dans le passé n’est finalement pas si différent de celui d’un développeur de jeux. Si vous voulez plus de détails, retrouvez notre épisode de JV Lore en début d’article.

C’est là que ça se complique.

Ubisoft nous a offert un univers très dense, avec des personnages très attachants (notamment Ezio et Desmond). Il est tout à fait grisant de parcourir les différentes époques, de voir comment le studio a réécrit l’Histoire pour mettre en scène des personnages historiques dans le conflit entre Assassins et Templiers. Chaque jeu est extrêmement bien documenté et inclut des vidéos, des archives textuelles, des images, de l'audio, etc. Cependant un point dans le lore d’Assassin’s Creed pose problème : l’histoire des Précurseurs et l’ancienne civilisation. Pour la faire courte, les Précurseurs ont créé l’humanité et les objets d’Eden et sont à l’origine des mystères de l’Atlantide et de tout ce qui entoure la religion dans notre monde. Ce sont des êtres divins qui se sont éteints après une rébellion des humains menée par Adam et Eve. Cette histoire est entourée de mystère et révèle l’origine même de l’univers. Cette réécriture du récit biblique nous est révélée petit à petit au fil des jeux de la licence. Et c’est là que le bât blesse, car cela rend l’univers d’Assassin’s Creed complètement hermétique : à moins d’être féru d’Assassin’s Creed, de jouer à la saga toute entière depuis le départ, il est impossible pour un joueur occasionnel de comprendre l’univers ou d’y entrer autrement qu’en commençant par le début, et même les fins connaisseurs ont parfois du mal à suivre tant les éléments apportés dans chaque jeux sont nombreux. Cela pose un problème évident étant donné que les douze jeux de la saga ont été développés pour des consoles différentes et que l'acquisition de l'ensemble représente aujourd’hui un coût non négligeable...

• Si vous voulez plus de détails, retrouvez notre épisode de JV Lore en début d’article.