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News jeu The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
Profil de Guillaume Leviach aka « Antistar » ,  Jeuxvideo.com
Guillaume Leviach aka « Antistar » - Journaliste
Passionné depuis 1992 et la découverte de Super Mario avec qui il a grandi, Antistar a toujours eu une affection particulière pour les licences de Nintendo, avec Zelda en tête de liste, mais aussi Donkey Kong, Metroid, Pokémon ou Kirby. Si vous avez besoin d’un spécialiste de ce constructeur historique, c’est lui que vous devez consulter !

C'est il y a exactement 20 ans que sortait le premier jeu noté 20/20 dans nos colonnes, l'exceptionnel The Legend of Zelda : The Wind Waker. Décrié à sa sortie pour sa direction artistique qui a bien mieux vieilli que beaucoup de ses contemporains, au point d'être remasterisé en HD en 2013, il demeure un jeu culte pour de nombreux fans, voire le meilleur Zelda pour certains ! Retour sur un classique de Nintendo toujours espéré par les fans de la licence sur Nintendo Switch…

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
35 395 vues

Lorsque l'on pense aux jeux cultes de notre enfance ou de notre adolescence, la meilleure manière d'estimer leur capacité à traverser les âges est de définir s'ils ont "bien vieilli" ou pas. Hélas, force est de constater que dès que cela touche aux premières générations de consoles proposant des graphismes en 3D, le verdict penche souvent du mauvais côté : ça a souvent (très) mal vieilli. Dans le cas de The Legend of Zelda : The Wind Waker cependant, c'est clairement l'inverse : grâce au choix aussi audacieux que clivant du cel-shading, le premier Zelda sorti sur Game Cube il y a 20 ans au Japon est peut-être le jeu de sa génération ayant le moins subi les affres du temps. Retour sur un jeu mythique qui n'a pas fait l'unanimité à sa sortie, mais qui semble toujours un peu plus culte auprès des joueurs au fil des années qui passent.

Une histoire de point de vue

Cet article est un billet d’opinion, il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de JV. La preuve, il part du principe que le 20/20 attribué au jeu par Romendil en 2003 se défend plus que largement, et que cette note a aussi bien vieilli que le jeu qu'elle évaluait.

Sommaire

  • Une guerre des consoles à son paroxysme
  • Vers un nouveau départ
  • La quête d'une identité visuelle marquante
  • En cel-shading et contre tous
  • Pourquoi ne juger que les graphismes ?
  • Un tour de force presque sans lendemain
  • Le symbole parfait d'une génération
The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch

Une guerre des consoles à son paroxysme

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
La Nintendo 64 fut le premier échec de Nintendo sur le marché des consoles de salon, qu'il dominait.

Alors qu'un millénaire se referme, Nintendo semble plus que jamais à la croisée des chemins. Après avoir régné en maître sur le milieu des consoles de salon pendant près de quinze ans (grossièrement, de 1983 à 1997), la société que l'on commence à surnommer "Big N" connaît une fin de siècle délicate avec une Nintendo 64 aux ventes décevantes, incapable de lutter face à la puissance marketing de Sony. En face de l'ancien fabricant de cartes à jouer, un autre constructeur japonais résolument plus moderne a tout explosé sur son chemin avec une PlayStation aux allures de révolution dans l'histoire du jeu vidéo, déjà au XXIè siècle avant l'heure avec ses jeux au format CD, là où Nintendo commettait l'erreur de persister avec le support cartouche. Le constructeur avait perdu la guerre des consoles au terme d'une décennie qu'il pensait écraser avec le succès initial de la Super Nintendo associé à celui de la Game Boy

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
Avec la Game Cube, Nintendo se lance à l'assaut de la PlayStation 2, malgré un design un peu "jouet".

En enterrant un peu plus vite que prévu la N64 au profit d'une Game Cube supposée remettre la firme dans la course à la puissance, on attendait alors de Nintendo qu'il frappe fort dès le début des années 2000, surtout que le nouveau rival Sony n'attend pas et dégainera sa PlayStation 2 sans attendre la concurrence, désormais également constituée de Microsoft qui s'est lancé sur le marché des consoles avec la Xbox. Ceci sans oublier l'ennemi historique de Nintendo, un SEGA en perte totale de vitesse qui lancera ses dernières forces dans la bataille avec sa Dreamcast. Dans cette guerre totale des consoles, la fameuse "firme de Kyōto" (comme on aime l'appeler pour éviter les répétitions) jouait très gros : si la Game Cube était un second échec consécutif, une restructuration de la division consoles de la marque allait devoir être envisagée. Mais comment Nintendo pouvait-il échouer avec les promesses d'une première console à lecteur optique, qui plus est porté par ses licences les plus fortes comme Mario ou Zelda, avec des jeux qui n'auraient jamais été aussi beaux et réalistes ?

Vers un nouveau départ

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
En août 2000, Nintendo présente son projet de future console avec de splendides démos techniques.

En octobre dernier, j'étais revenu sur l'histoire du développement de Super Mario Sunshine, que je considérais comme un des titres les plus injustement sous-estimés de tous les temps, et y évoquais les premiers développements de jeux Game Cube, notamment le fameux projet "Super Mario 128". Une partie de cette démo technique, qui ne sera assumée comme telle qu'à la sortie de Super Mario Galaxy pas loin de 10 ans plus tard, sera exploitée dans un épisode de The Legend of Zelda. Mais pas celui qu'on pense : si Nintendo EAD a bien dévoilé une démo d'un combat impressionnant de réalisme entre Link et Ganondorf lors du Space World d'août 2000, celle-ci n'avait clairement pour but que de témoigner des ambitions du développeur. En vérité, cette démo n'était pas toute fraîche, son développement ayant débuté… avant même de finir celui, très tumultueux, de The Legend of Zelda : Majora's Mask, second opus sorti sur N64. Un titre dont la conception fut dirigée par un certain Eiji Aonuma, "simple" designer de donjons sur The Legend of Zelda : Ocarina of Time promu ensuite réalisateur, et qui rempilera pour deux autres volets de la saga à ce poste.

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
La démo du futur Zelda, présentée au Space World en 2000, était particulièrement impressionnante.

Le projet de Nintendo est très ambitieux, et tous ses hommes clés sont impliqués dans ce nouveau Zelda qui n'a pas encore de nom : Shigeru Miyamoto et son éternel bras droit Takeshi Tezuka assureront la production du titre, tandis que M. Aonuma sera assisté par Yoshiaki Koizumi. Une équipe de choc, tout simplement, M. Koizumi étant l'auteur du scénario culte de The Legend of Zelda : Link's Awakening, et futur co-réalisateur de Super Mario Sunshine. Le premier concept vise à s'inspirer de ce qui fit le succès d'Ocarina of Time, mais bien sûr en le transposant sur une machine plus puissante, avec un résultat graphique à la hauteur des promesses du futur hardware maison. Baptisé sans trop de surprise "The Legend of Zelda 128", ce concept extrêmement séduisant donne très envie aux fans de Nintendo de passer au plus vite à la nouvelle génération. Je vous propose ci-dessous de vous faire votre propre avis, mais il faut bien l'avouer, alors qu'on était encore sur N64, ça envoyait du bois :

La quête d'une identité visuelle marquante

Toutefois, le développeur va procéder à un volte-face pour le moins inattendu. Dans une interview accordée à IGN en 2013, Eiji Aonuma expliquera qu'il détestait ce trailer et le trouvait trop éloigné de l'idée qu'il se faisait de Zelda. Futur producteur de la série, il estimait que son but n'était que de tester les capacités de celle qu'on appelait encore "Dolphin", mais que concevoir un jeu aussi réaliste risquait d'avoir une incidence sur la maniabilité, rendue de fait bien plus complexe. Or, on le sait, le credo de Nintendo a toujours été de penser gameplay avant technique pure, et un autre constat radical sera fait par les équipes autour du projet : au début des années 2000, de plus en plus de jeux se ressemblent en recherchant le réalisme à tout prix, et le but de ce Zelda est de se démarquer, de disposer d'une identité visuelle propre. C'est en se rendant compte à quel point la démo technique n'avait rien de vraiment original, et ressemblait trop à un Ocarina of Time plus abouti techniquement, que le directeur du projet la rejeta purement et simplement.

J'ai vu ce trailer et je me suis dit « Non, ce n'est pas Zelda, ce n'est pas Zelda du tout. » J'ai immédiatement ressenti que ce n'était pas comme ça que j'imaginais Zelda, que ce n'était pas le Zelda que je voulais faire. Ce clip vidéo ne contenait aucune grosse surprise, il n'y avait pas de quelconque révélation que ce soit. C'était juste comme la suite du précédent épisode (Ocarina of Time, NDLA). Ça ne m'intéressait pas du tout.

— Eiji Aonuma, extrait d'une interview à IGN, octobre 2013

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
La vision de Link selon Yoshiki Haruhana donna les premières grandes lignes de The Wind Waker.

Ainsi, la "team Zelda" prendra une orientation radicale, comme jamais elle ne s'en était permis à ce point en quinze ans d'existence. Yoshiki Haruhana, concepteur graphique ayant débuté sur Kirby's Dream Course et notamment designé des niveaux de Super Mario 64, va alors révolutionner la saga à lui tout seul. Il soumet quelques esquisses d'un Link très caricatural, beaucoup plus "cartoon", qui interpelle immédiatement sa hiérarchie. Le design manager Satoru Takizawa, directeur de conception du design des personnages et des ennemis des deux épisodes N64, est séduit et livre à son tour sa vision d'un Moblin, ennemi de longue date de la série, dans un style graphique très proche. C'est en se rendant compte qu'il y a matière à proposer une esthétique proche du dessin animé que tout le monde se met d'accord sur la technique à utiliser : le cel-shading. Appelé "ombrage de celluloïd" en français, il s'agit (pour citer la définition de Wikipedia) d'un "modèle d'éclairage non photoréaliste utilisé en synthèse d'image", et c'est cette technologie basée sur des textures très particulières qui confère à des graphismes en 3D leur aspect "cartoon".

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
Sorti en 2000, Jet Set Radio est considéré comme le titre ayant popularisé le cel-shading.

Bien que ce style visuel ne soit pas 100% inédit dans le jeu vidéo – il fut notamment utilisé dans Jet Set Radio voire Fear Effectle cel-shading demeurait assez novateur en son genre, car pour ainsi dire jamais exploité avant le début des années 2000, bien que certain(e)s en attribuent la paternité à l'exceptionnel Super Mario World 2 : Yoshi's Island, chef-d'œuvre crépusculaire de la SNES aux tons crayonnés, façon livre pour enfants aux teintes pastel. Mais surtout, et même si d'autres titres ont exploité cette technologie durant la sixième générations de consoles, c'est en révélant aux yeux du monde The Legend of Zelda: The Wind Waker que Nintendo rendra le cel-shading encore plus célèbre… mais pas spécialement populaire pour autant. Si l'objectif du constructeur était de donner davantage de personnalité à Link et aux autres personnages, en les rendant bien plus expressifs, il courait le risque de se détourner des fans qui n'attendaient qu'une seule chose : la consécration des promesses de la légendaire bande-annonce "réaliste" de l'été 2000.

En cel-shading et contre tous

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
Shigeru Miyamoto (ici avec Satoru Iwata et une Game Cube) goûtait peu au style de The Wind Waker.

Dans un premier temps, ce parti pris divisa même en interne. M. Miyamoto lui-même, tout comme M. Tezuka, n'était que modérément emballé par le choix du cel-shading, notamment sur les proportions démesurées des yeux des protagonistes. Soucieux néanmoins de défendre sa paroisse, le papa de Mario et de Link défendra les décisions artistiques prises par Nintendo à de nombreuses reprises. Il expliquera notamment que ce style graphique permettait de faciliter des illustrations plus percutantes et représentatives sur les boîtes de jeu. Cependant, à en croire M. Aonuma, il est fort probable que M. Miyamoto ait essentiellement encouragé le projet du fait de la grande qualité du jeu sur tous les autres plans (design global des niveaux et des différentes régions, bande originale, scénario, et surtout le gameplay bien entendu) tout en désapprouvant sa direction artistique, controversée même chez le créateur de la série. Ceci peut-être également parce que le développement était déjà très avancé lorsque M. Aonuma et ses équipes le présentèrent volontairement tardivement au créateur de la licence…

Jusqu’à la fin du développement, M. Miyamoto a eu du mal à abandonner le style artistique réaliste de Link. À un moment donné, il a dû faire une présentation contre son gré. C’est alors qu’il m’a glissé : « Tu sais, il n’est pas trop tard pour changer de cap et faire un Zelda réaliste. »

– Eiji Aonuma, extrait d'entretien tiré du magazine japonais Nintendo Dream

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
Il n'est pas à exclure que la direction artistique de The Wind Waker ait été "imposée" à Miyamoto par Aonuma.

Mais alors, pourquoi s'embêter à justifier un choix artistique fort s'il dénature potentiellement le style que l'on s'est efforcé de préserver pendant une quinzaine d'années ? C'est simple : M. Miyamoto est monté au créneau pour défendre The Wind Waker et les équipes œuvrant sur le projet, face à une réception plus que mitigée des joueurs. En effet, lors de l'édition 2001 du Space World, un an après les promesses techniques folles de l'édition précédente de cet événement annuel organisé par Nintendo, le constructeur dévoile enfin au grand jour le futur épisode de la licence The Legend of Zelda… et c'est la douche froide. Les joueurs, mais aussi les journalistes, attendaient tout simplement un nouveau Zelda techniquement comparable, par exemple, à un Final Fantasy X, mais pas à un dessin animé interactif. Les réactions sont négatives et même s'il n'existe pas encore d'autres formes de réseaux sociaux que les forums de discussion (*), un sondage publié sur le site de Nintendo recueillit seulement 8,27% d'opinions favorables. Imaginez un peu le ratio likes/dislikes qu'aurait reçu cette bande-annonce si elle avait été publiée sur YouTube… et on n'ose même pas penser à quel point cela aurait mis Twitter en feu.

(*) Je suis sérieusement dépité de ne pas être parvenu à retrouver ma propre réaction de l'été 2001 sur ceux de jeuxvideo.com, à l'époque où je postais beaucoup de messages sur les forums de jeux Nintendo ainsi que sur celui dédié à la Game Cube, que j'espérais inclure dans cet article !

En 2002, beaucoup de joueurs espéraient voir sur Game Cube un Zelda à la hauteur d'un Final Fantasy X techniquement.

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Pourquoi ne juger que les graphismes ?

La réception globalement négative de la nouvelle direction artistique de The Legend of Zelda n'a cependant pas ébranlé une société qui en avait vu d'autres, et en a profité pour rappeler quel était sa première intention : privilégier le plaisir et le confort de jeu au détriment de la claque technique, choix draconien qu'une œuvre comme The Wind Waker illustre à la perfection. Après tout, même si Nintendo avait clairement pour intention de rester dans la course à la puissance avec la Game Cube, une console clairement sous-estimée face à une PS2 à qui elle n'avait en vérité pas grand-chose à envier, sa philosophie était déjà connue à l'époque de la Game Boy, ce que je vous expliquais dans un article dédié à la ''success story'' de la petite portable. Ainsi, M. Miyamoto défendit le jeu en demandant explicitement à quiconque s'y intéressait de ne pas s'arrêter aux graphismes, mais d'attendre d'avoir le jeu en mains pour en apprécier pleinement l'expérience, et le juger sur tous ses aspects. Les résultats lui donneront globalement raison.

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
À l'époque, la patte graphique de The Wind Waker n'était pas tout à fait celle attendue par les joueurs…

Lors de l'E3 2002, près d'un an après la révélation du "nouveau style visuel" de la franchise, la presse peut s'essayer au jeu et se montre bien moins dubitative. En marge de sa parution (le 12 décembre 2002 au Japon, le 24 mars 2003 en Amérique du Nord et le 2 mai 2003 en Europe), The Legend of Zelda : The Wind Waker est tout simplement encensé par la presse spécialisée, peu importe le territoire concerné, comme en témoigne sa moyenne de 96 sur Metacritic (excusez du peu !). Quasiment rien ne lui est reproché en-dehors de la quête des fragments de la Triforce dans la seconde moitié de l'aventure, et le nombre de donjons un peu faible. Selon M. Aonuma, l'équipe a dû en réduire la quantité initialement prévue pour sortir le jeu dans les délais, et remplacer deux donjons par cette quête qui demeure l'un des points négatifs les plus communément admis. Mais le plus important est ailleurs : personne ne semble sanctionner la patte graphique de The Wind Waker, et ce n'est pas uniquement parce que sa bande originale exceptionnelle est là pour tout pardonner, loin de là !

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
… mais le jeu finit, contre toute attente, par séduire la presse et les joueurs, et pas que pour son style !

Et pour cause : la presse est finalement conquise par cette direction artistique audacieuse, faisant du nouveau Zelda un titre unique, créant en quelque sorte un lien encore jamais vu entre jeu vidéo et film d'animation. Nintendo remplit finalement son pari : The Wind Waker émerveille celles et ceux qui y jouent. Pour la première fois de son histoire, jeuxvideo.com lui décerne même un incroyable 20/20 encore jamais attribué dans l'histoire du site, Romendil se fendant d'une lettre d'amour à un titre qu'elle défie quiconque de décevoir dans sa conclusion, osant même l'achever par : « Posséder la console de Nintendo et ne pas tenter l'expérience vous ferait perdre toute crédibilité. » Les joueurs Game Cube suivront globalement bien ce conseil puisque The Wind Waker sera le 4ème jeu le plus vendu de la console, soit le même rang que celui atteint par Ocarina of Time sur N64. Et dire que même pas 10% des joueurs interrogés étaient convaincus un an et demi plus tôt !

Un tour de force presque sans lendemain

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
Sorti sur Nintendo DS en 2007, Phantom Hourglass est la suite (assumée) de The Wind Waker.

En dépit de sa réception critique dithyrambique et d'un accueil commercial conforme aux attentes (les 4,4 millions de ventes du jeu n'ont pas trop à rougir face aux 7,6 millions d'Ocarina of Time, surtout que la Game Cube s'est encore moins vendue que la Nintendo 64), l'expérience de The Wind Waker sera sans suite sur le plan de la direction artistique, tout du moins sur consoles de salon. Jugé trop facile, voire peut-être trop enfantine et même "positive" dans son approche, après deux épisodes oscillant entre le ténébreux et le carrément glauque et angoissant, l'épopée marine de Link ne trouvera de suite que sur Nintendo DS cinq ans plus tard avec un The Legend of Zelda : Phantom Hourglass dont il sera une suite scénaristique évidente, qui en reprend l'atmosphère sur tous les plans ou presque. Pour conclure l'existence trop brève d'une Game Cube qui ne connaîtra hélas jamais le succès espéré, Nintendo procédera à une machine arrière étonnante, surtout compte tenu des propos tenus par M. Aonuma à l'encontre de la démo du Space World 2000 : le second Zelda de la machine sera plus réaliste et plus adulte.

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
Plus réaliste et plus adulte, Twilight Princess incarnera le Zelda qu'espéraient les fans en 2000.

Ainsi, Nintendo EAD se remet très vite à l'ouvrage pour corriger le tir, non pas parce que The Wind Waker fut un échec (CQFD), mais parce qu'il était temps, d'une certaine façon, d'offrir à la Game Cube le Zelda qui lui avait été promis, et que les joueurs attendaient encore malgré tout. Il faudra attendre l'E3 2004 pour que ce dernier soit dévoilé, lors de ce qui reste encore un des accueils les plus incroyables d'une bande-annonce dans l'histoire du salon californien. Encore non baptisé à l'époque, bien que prévu pour 2005, il deviendra The Legend of Zelda : Twilight Princess en 2005 en marge de son report à 2006 pour coïncider avec la fin de carrière de la Game Cube et les débuts de la Wii, deux consoles sur lesquelles il sera porté simultanément. Tiens donc, un Zelda qui sort en même temps sur une console ayant bidé et en fin de vie, et sur une toute nouvelle de puissance équivalente, mais disposant d'un gimmick de jouabilité qui fera son succès… l'histoire se répétera étrangement 10 ans plus tard chez Nintendo avec une certaine Nintendo Switch et l'enterrement prématuré de la Wii U.

D'ailleurs, la Wii U, parlons-en. Cette machine au concept peut-être trop complexe, et surtout très mal nommée, se vendra encore moins bien que la Game Cube qu'elle fera presque passer pour une réussite commerciale. Mais surtout, elle accueillera aussi le fameux Zelda en cel-shading, avec le portage The Legend of Zelda : The Wind Waker HD paru en octobre 2013, et qui sera le plus beau des témoins de la production d'exception que le jeu d'origine constituait une décennie plus tôt. Certes, le lifting en haute définition lui donnera une seconde jeunesse, mais il permettra surtout de constater à quel point le style si décalé de The Wind Waker n'avait pas vieilli du tout, un sentiment que renforcera encore davantage The Legend of Zelda : Twilight Princess HD deux ans et demi plus tard. Ces deux remasters permettront de comparer la capacité des deux titres originaux à survivre aux dégâts des années, et le constat sera sans appel : l'un des deux Zelda de la Game Cube a beaucoup mieux vieilli que l'autre, et c'est évidemment celui qui semblait le plus daté et le moins impressionnant techniquement parlant. Une réflexion qui s'applique dans l'ensemble aux productions et même aux consoles de Nintendo, tout sauf une surprise…

The Wind Waker et Twilight Princess ont tous deux eu droit à un remaster HD sur Wii U, et l'un des deux a bien mieux vieilli !

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Le symbole parfait d'une génération

À sa façon, on peut non seulement avancer que The Wind Waker incarne une politique d'ensemble dont Nintendo semble se revendiquer implicitement sans jamais vraiment l'admettre officiellement. Mais avant tout, il était un des porte-étendards majeurs d'une génération où le constructeur a pris des risques comme rarement il se l'était permis jusqu'ici (pour ne pas dire jamais). Sur Game Cube, absolument toutes les franchises majeures de la firme ont en effet pris un tournant inattendu, et ce ne fut pas uniquement le cas de The Legend of Zelda ou de Super Mario, que j'ai déjà évoqués. Par exemple, Metroid est devenu un FPS avec les Metroid Prime, StarFox un jeu d'aventure avec StarFox Adventures ; Kirby est passé au jeu de course avec Kirby Air Ride, Donkey Kong au jeu de rythme avec la trilogie Donkey Konga. Quant à Mario Kart, il a pris une toute autre direction avec un Mario Kart : Double Dash !! ayant clairement défini l'ADN de la saga depuis 20 ans. À sa façon, The Wind Waker fut donc l'étonnant symbole d'un Nintendo franchement innovant et peu conservateur, des valeurs hélas rarement réexploitées tant l'échec massif de la Game Cube leur donna tort.

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
Il faudra attendre 14 ans, et Breath of the Wild, pour voir un autre jeu noté 20/20 sur jeuxvideo.com.

Le plus étonnant dans tout cela reste que The Wind Waker est un titre culte, et ce pas uniquement dans un cercle très franco-français marqué par le premier 20/20 de l'histoire de jeuxvideo.com, note qu'on ne reverra pas avant 14 ans et un certain The Legend of Zelda : Breath of the Wild. Représentant parfait d'une machine qui fut regardée à tort comme un jouet en comparaison de ses concurrentes, et qui semble beaucoup plus appréciée 20 ans après sa sortie qu'à son époque, il est le reflet d'une génération que les joueurs ont adulée, mais que le grand public a boudé. Et finalement, qu'attend-on de Nintendo aujourd'hui ? Il semblerait que l'héritage de la Game Cube soit encore présent dans de nombreuses têtes, bien davantage qu'on ne puisse le penser !

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch
On espère encore qu'on pourra jouer un jour de la Baguette du Vent avec les joy-con de la Switch…

Certains espèrent une adaptation en jeu vidéo du futur film Super Mario Bros., qui risquerait donc de davantage lorgner vers le platformer orienté aventure façon Super Mario Sunshine. Surtout, nombreux espèrent encore et toujours l'arlésienne Metroid Prime 4 (tiens donc), un retour de Fox McCloud (et un remake de StarFox Adventures ne déplaîrait sans doute à personne), ou encore… un portage Switch de The Legend of Zelda : The Wind Waker HD, probablement le plus attendu de tous les grands jeux Wii U à ne pas avoir encore franchi le pas. Et ce pour une bonne raison : The Legend of Zelda : The Wind Waker est intemporel, a mieux vieilli que n'importe quel autre opus 3D de la licence, et il nous aura fallu beaucoup trop d'années pour tous enfin nous en rendre compte.

The Wind Waker : ce Zelda mythique fête ses 20 ans, en attendant un portage Nintendo Switch

Plus que jamais, The Legend of Zelda : The Wind Waker est le symbole idéal des principes de Nintendo, constructeur-éditeur capable de produire des nouveautés peut-être dépassées dès leur sortie, mais finalement jamais has-been ou déplaisantes à réexpérimenter plusieurs générations après. Initialement mal reçu par des joueurs et une presse pas encore prêts pour ce qui s'apparentait à un retour en arrière sur le plan technique, le premier Zelda de la Game Cube a finalement trouvé son public. Mais surtout, chaque année qui passe donne encore un peu plus raison à Eiji Aonuma et aux designers à qui il a accordé sa confiance, presque contre la volonté de Shigeru Miyamoto, ceci encore plus depuis que son remaster HD a témoigné de son éternelle beauté. The Wind Waker fête ses 20 ans aujourd'hui : peut-être est-ce parce que 20 ans, c'est le plus beau des âges, mais reste qu'il n'a sans doute jamais paru aussi jeune.

Sommaire de notre soluce complète de The Legend of Zelda : The Wind Waker
WiiU NGC Hexa Drive Nintendo Action Aventure RPG Jouable en solo Fantastique Heroic Fantasy
Commentaires
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Niveau 11
le 15 déc. 2022 à 12:36

La meilleure licence jeu vidéo, elle nous aurait tout montré et de la plus belle des manière à chaque épisode.

Les animations et expressions faciales de cet opus sont impossible à transcrire dans une 3D réaliste, même avec les technologies les plus récentes et l'effet dessin animé japonais rend parfaitement cet épisode particulièrement attachant.

Par contre je n'aurais pas besoin de prendre une version Switch s'elle n'est pas incluse dans une collection avec Twilight, et pourquoi pas aussi OOT et MM (versions 3DS en HD)

https://www.noelshack.com/2022-50-4-1671103960-img-20221215-123155.jpg

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