Une série Live Action One Piece, pourquoi faire ?

En 2017, à l’occasion des 20 ans du manga, le projet le plus conséquent de l’histoire de la franchise se présente : une série en live-action. Grand fan de cinéma, Eiichirō Oda avoue que l’initiative lui a souvent été proposée, mais qu’il avait jusqu’alors toujours refusé. De ses propres mots, il ne souhaite pas que l’adaptation trahisse les fans. L’auteur du manga le plus vendu de l’histoire attendait que la bonne personne vienne à sa rencontre. Visiblement, cet élu est le producteur Marty Adelstein, responsable de Teen Wolf et Prison Break. Rapidement, Netflix rentre dans la danse. La société de SVOD s’adjuge les droits de diffusion internationaux exclusifs de la série et s’ajoute à la production.

En parallèle, la plateforme annonce un budget de 100 millions pour la première saison. Depuis, l’agence de presse Reuters avait annoncé que One Piece fait partie d’une grande stratégie pour Netflix. Ils annonçaient en juillet 2022 que One Piece, Avatar : le dernier maître de l'air et The Three-Body Problem seraient les 3 projets ayant pour but de “traverser le temps” et de porter la plateforme durant de nombreuses années. Ainsi, celle qui se démarquera parmi ces dernières deviendra le phare de Netflix, comme peut l’être actuellement Stranger Things.

Des raisons de ne pas y croire ?

Quand Netflix rentre dans le processus de création de la série, quelques soupçons apparaissent. À ce moment-là, elle rejoint la Shūeisha, éditeur du manga original, et Tomorrow Studio, responsables des séries Snowpiercer et Cowboy Bebop. Pour ce qui est des deux autres structures, elles ont déjà collaboré, mais pas pour le meilleur… En effet, ils étaient à l’origine de l’adaptation en prises de vues réelles de l’anime culte Cowboy Bebop en série. Échec critique conséquent, l’œuvre pointe à 46% sur Rotten Tomatoes et 47% sur Metacritic.

Secoué par cette douche froide, Netflix annule la saison 2 du show moins d’un mois après la diffusion de la première saison. Alors qu’elle concentrait beaucoup d’espoir, la série est un échec commercial cuisant. En trois semaines, seulement 6 millions d’heures de la série live Cowboy Bebop ont été visionnées dans le monde. À titre de comparaison, la première partie de la saison 4 de Stranger Things a vu ses épisodes être visionnés plus de 280 millions de fois en un week-end, un record.

À l'Ouest, rien de nouveau ?

Faut-il entrer en guerre contre tout projet d’adaptation occidentale d’un titre venant de l’archipel nippon ? La solution serait extrême, surtout que des réalisations à gros budget de ces dernières, comme Alita Battle Angel et Edge of Tomorrow, ont réussi leurs paris. D’autant plus, le budget de la série One Piece est l’un des plus gros de l’histoire. Avec 10 millions alloués par épisode, la somme est plus importante que pour la première saison de Game of Thrones. Alors certes, cela reste loin des 30 millions que Netflix alloue à chaque épisode de Stranger Things. Néanmoins, cela permet de se rendre compte que la plateforme est prête à investir sur ses séries phares.

Pour en faire une adaptation culte, Netflix a donc fait en sorte d’intégrer des créatifs impliqués dans le projet. Ainsi, les principales têtes pensantes de la série sont passionnées par l’univers d’Eiichirō Oda. Plus marquant encore, l’auteur lui-même est venu prendre des nouvelles du projet en Afrique du Sud, lieu de tournage de la série. Matt Owens, scénariste, a exprimé sa joie quand il a hérité du bébé. Il déclare que One Piece est son “histoire préférée” et qu’il souhaite “écrire une histoire qui soit fidèle et excitante, satisfaisant les fans de longue date et qui en attirera des nouveaux.”

Des premiers indices rassurants durant le tournage ?

Les seules images communiquées autour de la série sont ces décors. En effet, aucun costume ou trailer n’a pour l’instant été posté. En clair, seuls des bateaux et quelques environnements urbains ont été dévoilés. La première chose à noter, c’est que la série semble énormément miser sur des décors réels en extérieur, au détriment des images de synthèse. Les visuels du Baratie, bateau-restaurant sur lequel Sanji a grandi avec Zeff, sont très prometteuses par rapport au cachet apporté par les décors. Et s’il y a une chose que Pirates des Caraïbes nous a bien appris, c’est que les récits de pirate sur des véritables bateaux, ça a quand même un peu plus de charisme.

Cette direction artistique pourrait permettre à la post-production de se consacrer plus en profondeur aux effets spéciaux numériques liés aux scènes qui en ont le plus besoin. À titre d’exemple, les deux scènes iconiques liées au monstre marin vivant à côté de l'île natale de Luffy ainsi que les pouvoirs de fruits du démon pourraient profiter d'effets spéciaux dignes de ce nom. D'autant plus que les FX rendant les personnages élastiques à l'écran ont rarement été très convaincants. On se rapelle des films Les 4 Fantastiques parus dans les années 2000, le rendu visuel du corp élastique de Mr. Fantastic avait été largement critiqué. Actuellement en post-production, l'équipe de l'adaptation live devra trouver les bons ingrédients (numériques) pour satisfaire les fans.

Embouteillage scénaristique : trop de chapitres pour pas assez d’épisodes ?

Enfin, le scénario de cette première saison adaptera l’arc East-Blue du manga original. Ainsi, la série devra retranscrire les 100 premiers chapitres de l’œuvre en une saison. Dans ces derniers, on retrouve 7 sous-arc : Romance Dawn, la rencontre avec Zoro, le face à face avec Baggy le clown, la rencontre avec Ussop, le Baratie, Arlong Park et Loguetown. Vraisemblablement, l’histoire de Gaimon et ses étranges animaux ne devrait pas voir le jour à l’écran. À l’inverse, le média One Piece Netflix Fan a révélé que des scènes au tournage étaient dédiées à l’adaptation de la mini-aventure entre Kobby et Hermep.

Pas convaincu ? Eh bien, les hommes mentent, mais pas les chiffres comme on dit. En clair, avec des épisodes d’une heure en moyenne, la série pourrait dédier environ 1,5 épisode à chaque histoire. Si 7 sous-arcs en 10 heures semblent être un rythme (trop ?) important, la longueur des histoires respectives rassure. Niveau contenance, ces dernières vont de 2 chapitres pour Romance Dawn à 26 pour l’histoire de Sanji et du Baratie. Ainsi, l’histoire du cuisinier au sourcil torsadé pourrait être narrée en 2 heures et demie, ce qui équivaut à un film du MCU. Dans l’adaptation animée, East Blue a eu le droit à environ 15 heures pour s'épanouir. Cependant, les amateurs de l’anime One Piece le savent, la production de Toei animation a souvent tendance à étirer artificiellement l’histoire pour éviter de rattraper le manga, toujours en parution.