Sonic est de retour comme vous ne l’avez jamais encore vu. Fini les aventures linéaires, et place à un monde ouvert avec Sonic Frontiers. Mais est-ce vraiment une bonne idée ? Verdict à 200km/h.
Sommaire
- Histoire
- Graphismes
- Gameplay
- Scénario
- Contenu
- Conclusion
Histoire
Sonic Frontiers, c’est une histoire de science-fiction avec dans le rôle principal Sonic. A ses côtés se tiennent Tails, Knuckles et Amy, tous membres de la Sonic Family, qui se retrouvent aspirés par un portail interdimensionnel. Notre héros est même projeté dans une dimension numérique. Comment, me direz-vous ? La faute revient au Docteur Ivo Robotnik, grand vilain de la saga, aussi connu sous le nom de Eggman. Ce savant fou active sciemment une intelligence artificielle ancestrale technologiquement très avancée, et se fait enfermer dans une dimension parallèle. De retour sur Kronos Island après s’être échappé d’un étrange espace numérique, Sonic se retrouve seul, sans ses amis qui ont mystérieusement disparu. L’île est même occupée par des légions de robots aux ordres de cette IA.
Graphismes
Pour la première fois de sa longue histoire, la saga Sonic se lance sur les vastes territoires du monde ouvert. Les studios ont donc fait un choix qui ne plaira pas à tout le monde pour ce qui est des graphismes. Il faut dire que la direction artistique de Sonic Frontiers ne sait pas vraiment sur quel pied danser. On retrouve pêle mêle des personnages très cartoon, des environnements "réalistes" et pour finir des ennemis ainsi que des éléments de plateforme techno-futuristes. Résultat ? La DA ressemble bien plus à une addition de styles graphiques plutôt qu’à une symbiose. Cela rend le tout visuellement confus pour ne pas dire dissonant. Pour la faire courte, les différents styles peinent à fusionner les uns avec les autres.
Et on ne parle que de la partie en monde ouvert… car OUI Sonic Frontiers possède aussi des niveaux linéaires. Et là pour le coup, c’est du solide car un seul et unique style est utilisé, celui des jeux Sonic de dernières générations. On pense forcément à Sonic Generations sorti en novembre 2011. Quid de la technique ? Sonic Frontiers souffle ici le chaud et le froid. L’expérience de jeu est fluide, ce qui est un bon point car Sonic s’apprécie avec un framerate solide sous peine de rapidement déchanter. Par contre, le hérisson bleu pâtit de son ouverture au monde. Frontiers fait état d’un clipping très prononcé même sur PS5. Pour faire simple, c’est l’apparition ou la disparition non désirée d’éléments visuels dans le champ de vision du joueur. Pour le reste, le jeu de SEGA assure l’essentiel sans faire d’étincelles.
Gameplay
Rentrons désormais dans le vif du sujet. Un jeu vidéo se juge certes sur ses visuels, mais aussi sur son gameplay. Même dans ce domaine, Frontiers ne convainc jamais pleinement. Pourtant, la Sonic Team parvient à faire de son jeu un platformer en monde ouvert, ce qui n’était pas gagné, mais qui s’avère vraiment plaisant manette en main. La mascotte de SEGA fonce, saute, et parcourt les différentes îles à une vitesse supersonique. L’ADN de la saga, à savoir la vitesse et la plateforme, est donc préservé. Mais, car il y a un mais, la caméra est encore trop souvent mise en difficulté, notamment lors de certaines phases de plateforme qui exigent de la précision. Avec une caméra qui perd parfois le nord, c’est difficile d’être vraiment précis. La frustration pointe alors le bout de son museau.
Ce défaut de caméra se retrouve aussi dans les combats, surtout face à des ennemis toisant les cieux. Cela impacte un peu le plaisir de combattre dans la peau de Sonic, même si dans les faits, bondir et enchaîner les combos dévastateurs restent vraiment grisant. C’est avec un plaisir non dissimulé que Sonic affronte un bestiaire varié et bien plus retors qu’on pourrait le penser. Les mini boss et leurs patterns spécifiques sont à l’image du jeu et du système de combat qui est à la fois accessible, nerveux et technique.
Et que dire des duels face à des boss titanesques si ce n’est "épique". La Sonic Team ne lésine ni sur les effets pyrotechniques ni sur l'epicness pour rendre ses instants ludiques mémorables avec en star un Super Sonic des grands soirs. Malheureusement, la caméra peine là aussi à suivre l’action lors de ces séquences ouvertement inspirées d’Evangelion et de Dragon Ball Z pour ne citer qu’eux. Enfin, ces combats de boss présentent une petite particularité. Ici Sonic perd uniquement lorsque ses anneaux tombent à zéro car sa transformation les consomme automatiquement. Un conseil, récupérer des anneaux avant le boss sous peine de vous retrouver avec un compte à rebours défavorable.
Les problèmes de caméra mentionnés ci-dessus se ressentent beaucoup moins dans la dimension numérique. Il s’agit d’une série de niveaux 2D-3D linéaires qui rappellent forcément ceux des précédentes aventures de Sonic. Ils sont au nombre de 30 et offrent un pur instant de gameplay 100% maîtrisé où un Sonic en pleine possession de ses moyens virevolte pour le plus grand plaisir des puristes. En terminant le mode Histoire, vous débloquerez le mode Arcade qui regroupe tous ces niveaux. Certains pourraient même y voir l’un des meilleurs jeux Sonic développés depuis une décennie… mais Frontiers c’est avant tout un monde ouvert. On va revenir sur ce point un peu plus tard.
Pour finir sur le gameplay, on ne peut décemment passer à côté de la surcouche Light-RPG qui s’avère maladroite et pourtant essentielle pour progresser dans Sonic Frontiers. OK, l’immersion en ressort sur le papier grandie, mais ici, c’est surtout un prétexte pour récolter des ressources par centaines afin de gagner en puissance, en défense, en vitesse et en capacité à porter des anneaux… ce qui s’apparente à une barre de vie. En résumé, la montée en puissance de Sonic est fastidieuse, et ce n’est pas le seul aspect de Frontiers qui souffre de cela.
Scénario
Le scénario de Sonic Frontiers s’inspire de plusieurs œuvres de science-fiction, ce qui est tout à son honneur, sans pour autant parvenir à se rendre tout aussi prenant que ses illustres modèles. En vérité, le récit est hautement prévisible. La mise en scène se contente d’une succession de cinématiques efficaces à défaut d’être exceptionnelles pour dérouler une histoire au final anecdotique. Puis l’interprétation des acteurs de doublage, notamment pour la version française, ne parvient jamais à nous emporter. Le ton enfantin présent tout au long de l’aventure dénote avec l’épique souhaité par les scénaristes. Sonic, Tails, Amy, Knuckles, Dr. Robotnik etc. récitent leurs lignes sans faire de vague, ni plus ni moins.
Contenu
Il est grand temps de parler du monde ouvert de Sonic Frontiers ou devrait-on dire des mondes semi-ouverts de Sonic Frontiers. Et oui, le jeu de SEGA se compose de cinq îles distinctes (Arès, Chaos, Kronos, Ouranos et Rhea) et non d’une unique zone. Chaque île se dote d’un biome bien à elle, entre plaine, forêt, désert et volcan. Il est agréable de se balader dans cet archipel, tout du moins les premières heures, avant de comprendre que chaque carte offre un challenge identique. SEGA copie-colle pour ainsi dire objectifs et missions d’une île à l’autre, exception faite de la quatrième. Sans surprise, un fort sentiment de répétition se fait rapidement ressentir.
Pour bien cerner le problème, voici le déroulé classique d’une île sur Sonic Frontiers. Trouver des mécanismes pour gagner des clés puis obtenir les Chaos Emerald sans oublier de récolter des jetons souvenirs essentielles pour progresser dans l’histoire ainsi que des ressources pour améliorer Sonic. On ramasse des items encore et encore ce qui pourrait être fun si et seulement si l’exploration était encouragée. Le seul moyen de révéler les segments de chaque île consiste à résoudre des énigmes ou relever des défis. Il est inutile de vagabonder au gré du vent, car le jeu ne récompense que trop peu la curiosité. La carte restera vierge de toute information sauf si vous vous pliez aux règles.
Avant de conclure, on se doit de saluer la bande originale de Sonic Frontiers qui est de qualité. Elle accompagne parfaitement l’aventure sans jamais prendre le pas sur ce qui se passe à l’écran. Entre ses mélodies planantes idéales pour explorer et ses riffs électriques qui subliment les combats de boss, les musiciens de SEGA s’en sont donnés à coeur joie, et cela se ressent. Jouer à Sonic Frontiers, c’est tendre l’oreille.
Conclusion
Sonic Frontiers tente avec une certaine audace, mais ne transforme que partiellement l’essai. Le jeu souffre de répétitivité, d’une caméra capricieuse et d’une technique perfectible, mais offre aux joueurs des combats de Titans et une vision en monde ouvert du platformer qui souffle un vent de fraîcheur sur la saga et le genre.