Aujourd'hui, quand on pense aux adaptations vidéoludiques à l'écran, c'est d'abord vers Netflix que l'on se tourne. Le service SVOD est-il l'Eldorado du jeu vidéo ?
Fondé en 1997 par deux amis, Reed Hastings et Marc Randolph, Netflix n’était à l’époque qu’un service de location de DVD par correspondance ; une anecdote qui sent bon les vidéo clubs de l’époque. C’est en 2007 que l’entreprise s’élance vraiment sur le terrain encore vague du streaming sur internet aux USA et s’apprête bientôt à sortir sa première série maison, House of Cards, produite entre autres par David Fincher. Quinze ans plus tard, c’est un service notamment biberonné par des dizaines d’adaptations de jeux vidéo qui impose sa domination sur le marché SVOD.
Arcane, Edgerunners, The Witcher… Les adaptations triomphantes
Chaque année c'est la même histoire, Netflix sort le grand jeu en produisant une flopée d’adaptations de jeux vidéo populaires comme s’il s’accrochait consciencieusement à un filon bien trouvé. Après Arcane, série tirée de l’univers League of Legends qui a glané quatre récompenses aux Emmy Awards, c’est Cyberpunk : Edgerunners qui brille ces derniers mois. La série fait un tel un tabac qu’il relance même la popularité du jeu de CD Projekt. L'adaptation réalisée par le studio Trigger (Darling in the FranXX, Kill La Kill) fait office d'excellente introduction à l’univers en présentant peu à peu les éléments clés de Night City et est considérée par de nombreux fans comme "la meilleure publicité que l'on peut faire au jeu". Edgerunners cumule 14,8 millions d'heures regardées lors des six jours qui ont suivi son lancement ; d’excellents résultats, toutefois loins d'être suffisants pour détrôner Arcane qui comptabilisait 34,1 millions d'heures durant la même période.
Le 25 décembre prochain, les abonnés du service pourront aussi à nouveau plonger dans l'univers de The Witcher, non pas avec la saison 3, attendue pour 2023, mais avec Blood Origin. Le spin-off se tient 1200 ans avant les événements de la série de base et s’intéressera aux péripéties du premier sorceleur ainsi qu'à la Conjonction des Sphères. C’est probablement grâce aux périples du sorceleur que Netflix a pu se forger une solide réputation dans l’adaptation JV, ou même grâce à la série Castlevania, héritière d’excellentes critiques. Aujourd'hui pensez à n’importe quel grand triple A du jeu vidéo et vous lui trouverez un actualité affiliée à Netflix, si ce n’est avec une autre plateforme SVOD. Ubisoft a d'ailleurs récemment confirmé un partenariat avec la plateforme de Reed Hastings afin de développer un jeu Assassin's Creed exclusif au catalogue en parallèle d'une adaptation en série live-action actuellement en préparation.
Alors bien sûr, les adaptations de jeux vidéo n’ont pas connu que de grands succès sur Netflix. La série Resident Evil par exemple est annulée après une seule petite saison. Les faibles scores d'audience ont entraîné l'abandon du programme qui démarrait pourtant avec 72,7 millions d'heures de visionnages la première semaine avant de chuter lentement face au mastodonte Stranger Things. La réception du public comme des critiques est loin de l’aider avec 55% de score critique et 27% de score d'audience sur RottenTomatoes. En règle générale, les adaptations de la saga Capcom ont rarement su capter l'attention. De toute manière, l’échec est un grain dans le sable dans le terrain fertile des univers vidéoludiques que Netflix cultive en s'appliquant. Horizon, BioShock, Tomb Raider… eux aussi auront bientôt droit à leur propre production sur la plateforme en pouvant compter dans leurs rangs sur de grandes pointures du milieu capables de leur assurer une belle réussite. Et à l’instant même où nous écrivons ces lignes, une adaptation en série du jeu The Medium vient d’être annoncée. Si la plateforme de décision n’est pas vraiment précisée, le doute est peu permis quand on sait qu’elle est prise en charge par le producteur exécutif de la série The Witcher.
De l'adaptation, oui, mais du vrai jeu, un peu moins...
À la publication de ses résultats du premier trimestre 2022, Netflix indiquait un chiffre en baisse de 200 000 abonnés pour la toute première fois de son histoire. Une perte de vitesse qui s’explique néanmoins par des circonstances atténuantes incluant un retour à la vie normale après des mois de confinement et un conflit à l’internationale : “Suite aux sanctions internationales contre la Russie, Netflix a perdu plus de 700 000 abonnés payants russes. Sans cet impact, le service aurait gagné 500 000 abonnés supplémentaires au global”, indique un porte-parole. Toutefois le service sait qu’il va devoir maintenir le cap pour accroître son attractivité et rassurer les investisseurs d'un secteur désormais très bien exploité par d’autres entreprises comme Disney+, Amazon Prime et MyCanal. La stratégie actuelle est de miser pleinement sur le marché du jeu vidéo au-delà de la simple adaptation. Un plan d’action déjà mis en marche par le rachat il y a quelques mois du talentueux studio Night School Studio à l’origine de la licence Oxenfree et par celui de Next Games pour la distribution de jeux mobiles.
Aujourd’hui, Netflix a même sa propre rubrique jeux vidéo accessible sur sa plateforme. Elle propose 24 jeux, certains très bons, et prévoit de passer à 50 d'ici la fin de l'année. Mais le bilan est pour l’heure franchement mauvais : d’après un nouveau rapport de CNBC, seuls 1,7 million d'abonnés interagiraient de manière quotidienne avec les jeux du service, ce qui représenterait moins de 1 % des 221 millions d'abonnés Netflix. Le géant ne baisse pas les bras pour autant et a récemment annoncé la création d’un studio de développement interne basé à Helsinki en Finlande. Il ne possède pas encore de dénomination particulière mais compte déjà sur un responsable expert du secteur : Marko Lastikka, l’ancien directeur général de Zynga Helsinki. Pour Netflix, ce n’est encore que le début :
Nous n'en sommes qu'au début, et nous avons encore beaucoup de travail à faire pour offrir une expérience de jeu exceptionnelle sur Netflix. La création d'un jeu peut prendre des années, je suis donc fier de voir comment nous construisons régulièrement les fondations de nos studios de jeux au cours de notre première année, et j'ai hâte de partager ce que nous produirons dans les années à venir. — Amir Rahimi, vice-président des studios de jeux Netflix
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