Si dans nos contrées occidentales, on ne jure que par le saint E3, le TGS mange tout de même à la table des rois. L'événement nippon a toujours été un moment incontournable de la vie vidéoludique, mais dans un monde où les salons de ce genre sont en déclin, est-ce encore le cas ?
Sommaire
- Mais qui était au Tokyo Game Show ?
- L'occasion de resserrer les liens avec le Japon
- Le TGS, jamais autant apprécié ?
Mais qui était au Tokyo Game Show ?
En ce moment, c'est le Tokyo Game Show. Mais peut-être que cette information vous a échappé. Premièrement car le TGS, s’adressant principalement aux publics japonais et asiatique, a toujours été un événement un peu à part et éloigné du prisme occidental. Et puis il faut dire que ces derniers jours ont été particulièrement chargés en événements en tout genre. Entre l’Ubisoft Forward, le D23 , le Call of Duty Next, le Nintendo Direct ou encore le State of Play, il y avait de quoi se perdre et oublier le lancement du TGS.
D’ailleurs, on pourrait se dire que le fait que ces grands noms aient choisi cette période pour mettre en place leurs propres conférences est symptomatique d'un déclin de l'importance du TGS. Un évènement qui serait devenu alors dispensable pour les éditeurs et développeurs, préférant faire cavalier seul. Voir le nippon Sony, qui avait l’habitude de présenter ses consoles lors du salon, faire chambre à part pour cette édition, ça a de quoi intriguer il est vrai.
Mais ce penchant pour mettre en place ses propres semble plutôt s’inscrire dans une tendance plus globale consistant à communiquer par ses propres moyens sans se soucier des contraintes imposées par les gros salons. La pandémie de Covid-19 a en effet prouvé aux éditeurs de tout bord qu’ils pouvaient prendre les choses en main. Et revenir à l’ancien modèle et calendrier établi semble être compliqué pour certains, notamment Sony.
Le seul géant qui affirme sa volonté d’inscrire clairement sa communication dans les différents rendez-vous de l’année (Summer Games Fest, TGS…), c’est au final Microsoft. C'est simple, il est le simple constructeur à avoir fait sa conférence en plein coeur de et dédié au TGS. Un bien beau paradoxe quand on sait que, des trois constructeurs actuels, il est le seul à ne pas venir du Japon. Mais s’il était important pour Microsoft de clamer haut et fort ses liens avec le TGS, ce n’est pas pour rien !
Je pense que ce serait bien si nous trouvions un studio asiatique, en particulier un studio japonais, à ajouter (au Xbox Game studios). J'ai aimé l’époque où nous avions une capacité à produire des jeux first-party au Japon. Nous avons une petite équipe là-bas, mais je pense que nous pouvons faire plus. Cela dit, à travers nos voyages au Japon, j’ai aimé le retour de Phantasy Star sur notre scène avec Sega - j’ai trouvé ça fantastique. Miyazaki-San, avant avec Dark Souls et maintenant avec Elden Ring sur notre scène... les créateurs japonais sont de plus en plus présents.
Phil Spencer à GameIndustry.biz
L'occasion de resserrer les liens avec le Japon
Cela fait un petit moment que Microsoft souhaite resserrer les liens avec le Japon. Si la Xbox One a pris presque un an avant d’arriver sur les terres nippones, les Xbox Series y sont arrivées à la même date que tout le monde (sauf les Chinois). De plus, Phil Spencer met régulièrement l’emphase sur les différents partenariats qui se sont déployés entre la firme et des acteurs asiatiques importants, tels que Kojima. Malgré un passé tumultueux, Microsoft drague ouvertement le marché japonais qui répond peu à peu à l’appel.
Au vue de la conférence Xbox/TGS que nous avons eu, la stratégie semble se montrer particulièrement payante. Si pendant longtemps, l’écosystème Microsoft ne s’adressait pas vraiment aux joueurs de jeux japonais, son offre est clairement en train de s’ouvrir à ce nouveau public, et avec une proposition plus qu’alléchante qui plus est, à savoir son fameux Xbox Game Pass. Après la série Yakuza, ce sont Ni no Kuni, Persona, le prochain jeu de Team Ninja (Nioh), BlazBlue, Guilty Gear, Danganronpa, Eiyuden Chronicle ou encore Fuga qui rejoignent le catalogue. La plupart des licences évoquées n’étaient jamais sorties sur des consoles Xbox. Autant dire que Microsoft, aidé par sa présence au TGS, continue de se rapprocher du Japon de manière significative, tout en élargissant un peu plus son public.
Et il y a du monde à aller chercher du côté des jeux japonais. Si certains diront que l’âge d’or des titres nippons est révolu depuis longtemps, ces derniers semblent bien avoir le vent en poupe. Des licences iconiques telles que Final Fantasy, Yakuza, Persona ou même des jeux tels que Live a Live se sont offerts une seconde jeunesse avec une refonte plus ou moins importante leur permettant de s’ouvrir à un bien plus large public. Autant dire que les joueurs sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les annonces japonaises dans l’attente de la suite de Final Fantasy VII Remake ou du retour d’ Ichiban Kasuga. Et le TGS est l’endroit parfait pour cela.
Le TGS, jamais autant apprécié ?
Cette année, les chiffres risquent de baisser à cause des restrictions d’entrée sur le territoire japonais et autres restrictions faisant suite à la pandémie de Covid-19. Mais si on regarde les années précédentes, on observe une montée significative du nombre de visiteurs et d’exposants. En 2019, 262 076 personnes se sont déplacées pour arpenter les couloirs du salon nippon, soit 100 000 de plus que 15 ans auparavant. Si les raisons de cette montée ne sont pas définies, on se doute que l'attrait grandissant pour les jeux japonais y est pour quelque chose.
Il faut dire que le TGS a de quoi intéresser et nous l’a prouvé cette année. Si l’événement n’est pas fini, il nous a fourni de nombreuses annonces importantes comme l’arrivée de Deathloop (ancienne exclusivité console PlayStation) sur Xbox et le Game Pass, du gameplay pour Crisis Core : Final Fantasy VII Reunion, la sortie de Like a Dragon 8 (Yakuza) ou une date pour One Piece Odyssey (et tout cela alors que l'événement n'est pas encore fini). Des annonces qui valent celles de la gamescom et donnent au TGS une importance toute particulière. L’événement japonais ne semble pas près de perdre son aura, bien au contraire.
Même Sony qui a décidé de faire bande à part, comme nous vous le disions plus haut, a tout de même donné à sa présentation un lien avec le TGS. Célébrant officiellement le lancement imminent du salon, la présentation était clairement axée jeux japonais. Outre God of War : Ragnarok, Hogwarts Legacy : l'Héritage de Poudlard et quelques autres, le State of Play s’est clairement centré sur les productions de studios nippons tels que Bandai Namco ou Team Ninja. Autant dire que même les plus gros qui veulent se la jouer solo ont encore intérêt à se caler sur le TGS, qui reste aujourd’hui, et peut-être même plus qu’il y a quelques années, un moment incontournable de l’agenda vidéoludique.