La vie de pirate en multijoueur

Skull and Bones est un bien étrange projet qui, malgré les années, ne s’est que très peu dévoilé auprès du grand public. Certes, on avait pu y jouer en 2018 mais depuis petit Skull and Bones a bien changé. Le soft a pris une autre direction (dans tous les sens du terme) et on avait presque aucune idée d’où il allait nous emmener, si ce n’est sur un bateau, au temps des pirates, pour des batailles navales en multijoueur. Grâce à cet Ubisoft Forward, on sait enfin à quoi s’en tenir.

Skull and Bones va vous plonger dans la peau d’un homme seul et sans sou, un paria qui, en plus de mener une bien triste existence, échoue sur une île. Encore plus fauché qu’auparavant, il n’a plus vraiment le choix : seule la piraterie pourra lui permettre de survivre et même de vivre une vie meilleure. Les équipes de Skull and Bones avaient une idée bien particulière en tête : montrer comment on devient un pirate.

Je suis arrivée sur le projet avec une question toute simple qui est “d’où viennent les pirates ? Comment on devenait pirate à la fin du 17e siècle ?". Parce que les pirates dans les jeux vidéo et les films sont souvent représentés avec déjà le perroquet sur l’épaule, le cache-œil et le crochet. {...} Ce dont on s’est rendu compte c’est que beaucoup de pirates, avant de devenir des pirates légendaires comme Charles Vane, Henry Every ou Thomas Tew, et bien c’étaient des hommes et des femmes ordinaires, souvent même des jeunes laissés pour compte. Ils n’ont pas eu d’autres choix pour survivre et faire valoir leur identité que d’opter pour une vie de piraterie et de criminalité.

Elisabeth Pellen, Directrice Créative du jeu

De paria à maître des mers, voilà l’ascension que vous propose d’accomplir Skull and Bones, comme une grande partie des pirates d’antan. Et pour ce faire, il vous suffit de monter votre niveau d’Infamie. Cette sorte de réputation de pirate sera votre boussole tout au long de l’aventure. C’est pour la faire monter que vous allez remplir des contrats, attaquer des navires marchands ou encore partir chercher des trésors aux quatre coins de l’Océan Indien. Et c’est en l’augmentant que vous pourrez avoir accès à de meilleurs contrats, de meilleurs navires et de meilleures armes afin d’obtenir encore plus de récompenses et d’Infamie et construire une véritable flotte avec des bateaux de classes différentes et complémentaires. Un cercle vertueux qui se répète à l’infini mais qui compte sur la prise de risques pour ne pas se montrer trop redondant. Néanmoins, notez que vous avez tout intérêt à ne pas prendre des risques inconsidérés puisqu’une fois votre navire détruit vous perdez une partie de vos ressources. À la manière d’un Diablo 2, vous pourrez retourner sur le lieu de votre mort pour les récupérer mais vous prenez ainsi le risque qu’un autre joueur vous passe devant et récupère votre précieux loot.

Et oui, car si Skulls and Bones peut se jouer entièrement en solo, il est avant tout pensé pour une expérience multijoueur. Ainsi, vous pouvez partager des contrats avec vos amis, participer à des événements à durée limitée ou simplement voguer ensemble sur l’océan indien pour terroriser les marchands. Puisque le jeu est prévu pour fonctionner ainsi, il sera plus facile de terrasser les navires ou forts ennemis si vous êtes accompagnés et vos récompenses n’en seront que plus grandes. De quoi vivre des combats aussi tactiques qu’épiques !

Et puisque l’on parle des combats, cela nous permet de rebondir sur un point essentiel : le gameplay. Skulls and Bones est resté sur son idée initiale de batailles navales. Les combats, qu’ils soient contre des navires ou des forts à terre, se déroulent sur votre bateau. Vous le contrôlez et pouvez lancer différents types d’attaques, des boulets de canon au feu grégeois, en passant par les tirs de mortier et l’abordage de navires mal en point. Néanmoins, tout ceci reste encore un peu confus et semble, en plus, rimer avec une bonne tonne d’informations à l’écran, ce qui va déplaire à certains. On attend donc d’en voir plus et, surtout, de pouvoir s’y s’essayer.

Il sera également possible de sortir votre grande-vue pour observer les navires environnant et connaître leur fonction, leur niveau et la valeur des biens qu’ils transportent. Des informations utiles pour savoir si cela vaut le coup de faire un petit crochet pour tenter de les dépouiller. Mais attention, n’importe quel joueur (si vous vous trouvez sur un serveur PvP) pourra s’interposer pour espérer récupérer le loot pour lequel vous vous battez.

On a développé des systèmes inspirés de la vie à bord d’un bateau à laquelle un pirate pouvait être confronté et tous les challenges auxquels il a dû faire face aussi pour devenir un pirate légendaire. Ça va de construire son propre bateau pour attaquer des proies plus grandes que lui, équiper des armes, personnaliser son bateau pour avoir un avantage en combat. Avec Skull and Bones on a cette fois-ci utilisé des données historiques pour créer des systèmes, une expérience et des sensations plutôt que pour créer une histoire linéaire que le joueur va suivre pas à pas d’une cinématique à l’autre.

Vous l’aurez compris, Skull and Bones cherche à donner une grande liberté d’action à ses joueurs. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il n’y a pas de véritable trame narrative et que vous y incarnez un personnage unique. Le héros de cette aventure, c’est vous et tout a ainsi été pensé pour rendre l’expérience joueur la plus agréable possible selon les développeurs. Mais cela, on ne pourra en avoir le cœur net qu’une fois la souris ou la manette entre les mains. En revanche, pour ce qui est de l’univers à explorer, il s’annonce d’ores et déjà fort alléchant.

Les héros du jeu sont les joueurs eux-mêmes.

Océan indien et âge d’or de la piraterie

Dites au revoir aux Caraïbes. Pour changer des habituelles représentations que vous connaissez bien, Skulls and Bones nous fait voguer sur l’Océan Indien. Et si Ubisoft a choisi cette destination, et ce depuis le tout début, ce n’est pas seulement pour se démarquer. Comme nous l’a expliqué Elisabeth Pellen, l’Océan Indien regorge d’histoires de pirates et de détails historiques qui ne demandent qu’à être exploitées :

Ce qui était intéressant avec l’Océan Indien, c’est qu’on a découvert à travers les différentes recherches historiques qu’on a faites que les Pirates dans l’Océan Indien utilisaient leurs trésors et les richesses qu’ils avaient réussi à voler sur des bateaux marchands pour créer des comptoirs illégaux sur des îles cachés dans la région. Ça, ça nous a intéressés. Comme on voulait développer un jeu en ligne destiné à durer sur la longueur, on a trouvé plein d’inspirations dans l’Océan Indien qui nous permettaient de développer des systèmes sur lesquels les joueurs allaient pouvoir capitaliser pour développer leur propre style de jeu.

Ces comptoirs, vous pouvez les découvrir à quai. Car oui, tout ne se passe pas en mer dans Skulls and Bones. Si le gameplay est clairement centré sur les phases sur votre bateau, il vous faudra tout de même mettre pied à terre pour trouver des contrats, crafter des améliorations pour vos navires ou encore sociabiliser avec les autres joueurs dans de véritables petites tanières. Dans ces zones (et les eaux proches), vous ne risquez rien, aucun danger à l’horizon. Ce double gameplay s’accompagne forcément de deux ambiances diamétralement opposées, comme nous l’a confirmé Elisabeth Pellen. Si l’une est plus joviale et apaisée, l’autre vise à nous faire ressentir les frissons inhérents à la vie de pirate.

Dès qu’on met un pied sur son bateau, dès qu’on largue les amarres et qu’on part vers l’océan, tout peut arriver. On se retrouve dans un univers qui est hostile et donc au niveau des visuels on essaye de créer ce climat anxiogène pour que le joueur soit toujours sur ses gardes, qu’il s’agisse d’une tempête qui arrive à l'horizon avec un gros nuage au-dessus de la mer ou de pendus quand on rentre dans une rivière et un territoire occupés par une faction hostile. {...} On a vraiment voulu créer une ambiance basée sur la tension, ce que l’on ne ressent pas toujours dans les open-world d’Ubisoft où tout est un peu plus prévisible.

Cette tension, elle est omniprésente puisque vous ne serez jamais totalement tranquille sur votre navire. À peine sortie d’un abordage triomphant, vous pouvez déjà vous faire attaquer par les autres joueurs et ne pas réussir à ramener votre précieux loot à terre. Mais la menace peut également venir de votre propre bateau puisque votre équipage peut se monter contre vous et organiser une mutinerie. En mer, impossible de souffler donc, même si vous pourrez tout de même essayer de rêvasser en admirant la nature environnante.

L'autre avantage de l’Océan Indien c'est en effet les différents paysages qu’il propose. Le jeu devrait globalement nous surprendre de par la diversité de ses biomes. Une diversité qui explique également, le choix de l’Océan Indien qui propose des paysages ne se limitant pas aux plages remplis de cocotiers. En nous emmenant sur les côtes de Madagascar, d’Afrique et d’Asie orientale au jour de son lancement, Skulls and Bones va capitaliser sur des environnements plutôt inhabituels pour ce genre de jeu.

On a travaillé sur des biomes contrastés parce que la vie de pirate à l’époque c’était la découverte de nouveaux paysages exotiques {...} On veut vraiment émerveiller le joueur à travers l’exploration qui est d’ailleurs sans limite puisqu’il n’y a pas de temps de chargement.

Vers la sortie et au-delà

Avoir des nouvelles concrètes de Skulls and Bones constitue déjà un événement. Mais Ubisoft ne s’est pas montré avare et nous a, contre toute attente, révélé la date de sortie du soft : rendez-vous le 8 novembre. Les rumeurs et autres fuites disaient donc vraies : après plus de cinq ans d’attente, le titre va bien sortir cet automne. Et le studio va même encore plus loin. Le jeu vient à peine de se montrer qu’on nous parle déjà du contenu post-lancement.

On comprend donc que l’ADN de ce Skulls and Bones repose justement sur un contenu modulable au fil des mois, à coups de mises à jour gratuites notamment. En somme, le titre a clairement été pensé pour devenir un jeu service. Cela se ressent d’ailleurs dans toutes les couches du processus de création. Ainsi, il n’y aura pas dans Skulls and Bones (ou alors très peu) cette trame historique qui a séduit de nombreux fans d’Assassin’s Creed notamment. Certes des recherches historiques ont été conduites et se ressentent dans certains détails que nous avons évoqués, mais elles ne prendront pas trop de place notamment pour faciliter la sortie de contenus réguliers en post-lancement.

On a développé un lore inspiré de l’âge d’or de la piraterie à la fin du 17e siècle et on a fictionnalisé ce contexte pour pouvoir rajouter, comme dans une série télé, du contenu en post-launch sans être prisonnier d’une timeline historique et pour se permettre d’aller vers un contenu un peu plus spectaculaire.

Mais alors que nous réserve ce fameux contenu post-lancement ? Selon Terry Han, qui est justement venu parler de ce dernier lors de l’Ubisoft Forward, il faut s’attendre aussi bien à de petits événements à thème qu'à d’autres beaucoup plus ambitieux. A priori, ils devraient être disponibles gratuitement et rapidement puisque les développeurs ont déjà bien avancé sur le sujet. On sait notamment qu’on y trouvera des contrats et autres événements liés à la fameuse Compagnie des Indes Orientales et que l’Océan s’étendra pour atteindre les détroits des pays arabes.

Pour rappel, Skulls and Bones sortira donc le 8 novembre prochain sur PC, PS5, Xbox Series et Google Stadia.