Le premier tour de l’élection présidentielle se déroule le dimanche 10 avril 2022. Face aux 12 candidats en lice, les citoyens français inscrits sur les listes électorales peuvent (ou non) se rendre à leur bureau de vote et déposer (ou non) un bulletin dans l’urne afin de d'élire ensemble le prochain président de la République française. De nombreuses thématiques furent abordées au cours de la campagne, santé, éducation, économie, mais la culture peine à tirer son épingle du jeu… surtout le jeu vidéo. La rédaction de JV s’est donc entretenue par écrit avec Lionel Mazurié , un membre de Debout la France, le parti politique fondé par Nicolas Dupont-Aignan, afin de parler exclusivement de “jeu vidéo”.
En amont du premier tour de l’élection présidentielle 2022, la rédaction de JV a tenté de prendre contact avec les 12 candidats en lice ou l'un de leurs représentants via l’ensemble des canaux de communication mis à disposition de la presse (site officiel, email, formulaire de contact, Twitter, etc.). L’absence de plusieurs candidats dans nos colonnes résulte de l’impossibilité d’échanger avec eux sur la période du 04 avril 2022 au 08 avril 2022. Seuls les partis politiques ayant répondu favorablement à notre requête ont l’opportunité de s’exprimer sur JV.
Sommaire
- Quel est votre point de vue général sur le jeu vidéo ?
- Comment soutenir l'industrie française du jeu vidéo afin de l'aider à rayonner à l'international ?
- Faut-il voir le jeu vidéo comme un art et comment le promouvoir sur notre territoire ?
- Souhaitez-vous renforcer l'enseignement du jeu vidéo en France (écoles, collèges, lycées, universités, études supérieures) ? Si OUI, comment ?
- Que pensez-vous de la polémique autour du manque de diversité dans le jeu vidéo ?
- Souhaitez-vous légiférer sur la création et la pratique du jeu vidéo (addiction, monopole industriel, censure, microtransaction, etc.) ?
Lionel Mazurié est membre du Bureau National et Délégué National au Numérique pour Debout la France. Il est également enseignant vacataire de 3ème cycle en Architecture d'Entreprise.
Notre échange avec Lionel Mazurié s’est déroulé exclusivement par écrit. Nous vous proposons ci-dessous les réponses fournies via email par le Délégué National au Numérique de Nicolas Dupont-Aignan.
Quel est votre point de vue général sur le jeu vidéo ?
Dans son programme, comme le présente votre article sur l’analyse des propositions des douze candidats, Nicolas Dupont-Aignan considère la création de jeux vidéo comme un Art à part entière.
Le jeu vidéo est une activité ancrée mondialement depuis les 30 dernières années, donc sur deux ou trois générations aujourd’hui. En dehors de l’aspect ludique, c’est un moyen de communication transgénérationnel universel, multiculturel et un écosystème à double face : celui de l’addiction, mais aussi celui de la socialisation pour des personnes handicapées ou isolées, mais aussi en suractivité professionnelle ou difficultés familiales un espace de liberté, de cohésion, de respiration.
La langue française, grâce à l’Afrique sera, à l’orée de 2050, la deuxième langue parlée au monde donc, que ce soient les réseaux sociaux, les plateformes de streaming ou ici le jeu, la France se doit d’avoir un rôle culturel ludique à développer et à installer devant ce challenge motivant.
Nous assimilons vraiment ce secteur du jeu vidéo comme secteur à porter en toute indépendance des modèles économiques de e-commerce ou des réseaux sociaux comme ceux amenés par les métavers. Ainsi, notre candidat souhaite, entre autres, que les auteurs aient une juste rémunération grâce à un mécanisme de licence globale, plus équitable et transparent.
Outre les actions contre l’illectronisme des plus jeunes en particulier, nous avons une ambition de haut débit sur l’ensemble de notre territoire y compris ultra-marin. Il n’y aura pas de pleine croissance de le secteur du jeu vidéo s’il existe encore des freins d’accès non traités.
Le sujet de la cybercriminalité n’est pas forcément loin comme celui du cyberharcèlement ou de la cyber-pédophilie : il faut légiférer sur l’accès à ces plateformes ou à la détection de comportement hors normes dans les espaces de jeu. Mais attention, espace protégé ne veut pas dire espace "surveillé". Nous sommes pour un moratoire pour toute forme de traçabilité de ces interactions numériques et d’identification systématique et obligatoire sur ces espaces de liberté même digitaux soient-ils. - Lionel Mazurié (Debout la France)
Comment soutenir l'industrie française du jeu vidéo afin de l'aider à rayonner à l'international ?
Cette industrie pèse presque 6 milliards en France aujourd’hui. C’est un monument patrimonial acquis et en croissance si nous complétons nos succès de création par les équipements liés et l’augmentation des compétences pour avoir plus de talents (design, matériels et moteurs) sur ce secteur. Nous nous devons d’être attractifs (fiscalité, capitalisation, salaires, promotion sociale) pour retenir nos champions (entreprises, développeurs, auteurs) durablement en France.
Avant tout, il faut un enseignement général primaire, secondaire adapté et des filières spécialisées dans le design ou la programmation.
Nous avons déjà de beaux établissements pour le design et le développement. La France étant encore une nation d’excellence mathématiques, certes pour une minorité ou une élite, il faut des ponts pour créer, industrialiser et produire des composants algorithmiques de haut niveau mondial. Nous devrions, en dehors du logiciel, recréer une filière de hardware (cartes vidéo et son, processeurs dédiés jusqu’aux consoles idéalement et des équipements pour la réalité virtuelle et l’expérience-joueur). Il faut des ponts entre laboratoires et industrie pour produire de nouveau pleinement "français".
Dans son programme, Nicolas Dupont-Aignan veut créer une grande médiathèque universelle où le jeu vidéo a sa place comme support d’excellence et ce, promu par un grand ministère de la culture actif sur toutes les richesses de notre patrimoine matériel et donc, ici, immatériel. Nous nous devons, français, d’être différenciant de l’omniprésence de la culture anglo-saxonne et asiatique dans le jeu vidéo.
Nicolas Dupont-Aignan souhaite que la France soit un acteur actif, indépendant sur la filière de bout en bout de l’informatique quantique qui pourra allouer sa puissance au calcul pour des avancées majeures pour la résolution, le calcul et la puissance de modélisation d’environnements immersifs et d’interactions hautement dynamiques et sensorielles dans des environnements d’interactions sociales (métavers) ou des jeux de nouvelles générations. - Lionel Mazurié (Debout la France)
Faut-il voir le jeu vidéo comme un art et comment le promouvoir sur notre territoire ?
En début d’interview, nous rappelions l’assimilation à un Art de ce secteur du jeu vidéo et des productions numériques en général par Nicolas Dupont-Aignan. Les NFT et œuvres inclus in-situ dans les jeux, les métavers, font que les productions deviennent de plus en plus riches, incluant des parties prenantes de plus en plus larges et variées (historiens, sociologues, linguistes, …). On peut avoir un label artistique et une reconnaissance de ces œuvres accrues.
Au niveau des communes (des cas récents visités avec les Micro-Folies dans la commune de Villeneuve-Saint-Georges) et des départements, de nos régions, il y a une émulation avec les jeunes et le patrimoine, l’histoire locale, le tissu social et urbain à "gamifier" comme vecteur acquis de communication et d’apprentissage avec les parents et enseignants.
Nicolas Dupont-Aignan veut allouer 1% du budget de la nation à la culture et le jeu en est un secteur clé. - Lionel Mazurié (Debout la France)
Souhaitez-vous renforcer l'enseignement du jeu vidéo en France (écoles, collèges, lycées, universités, études supérieures) ? Si OUI, comment ?
En effet, même si nous sommes pour une sanctuarisation "à la californienne" au primaire (pas de tablettes de façon systématique à l’école, de tableaux connectés, sachant que les enfants pratiquent le numérique, chez eux, en grande majorité), nous focaliserons les premiers apprentissages sur l’écrit, la langue, le calcul, le dessin, les activités à la main, de tête. C’est au collège, où là l’enseignement pourrait être adapté (design 3D, introduction plus systématique de l’algorithmie, art digital) et où toute une génération pourrait acquérir des connaissances avancées complétant l’expérience "à la maison". Le lycée ferait des jeunes français des initiés de haute valeur mondiale avec une discipline de développement et de modélisation (3D, motorisation dynamique) dans le tronc commun d’enseignement général (appliqué au logiciel , au matériel, robotique, cobotique ou drones).L’enseignement supérieur sera soutenu dans l’accroissement des spécialités gravitant autour du jeu vidéo (algorithmie, développement logiciel et matériel, design et Art). - Lionel Mazurié (Debout la France)
Que pensez-vous de la polémique autour du manque de diversité dans le jeu vidéo ?
Reflet de la société, nous sommes pour une totale liberté et spontanéité dans l’activité du jeu et non une incitation à la mise en place de quotas imposés ou du moins incités. En revanche, il serait intéressant d’avoir un label ressemblant à celui des "nutri-score" pour mesurer et communiquer sur des critères de diversité, d’influence de groupes ou de courants politico-religieux, de bonne adaptation au handicap. Il faut promouvoir par des startups dédiées des solutions cognitives adaptées aux différents handicaps, solutions à rayonnement mondial sur ce domaine pas assez traité entre autres par les GAFAM.
Pour les plus anciens, le jeu vidéo et l’activité numérique plus généralement, avec l’arrivée de l’IA et de la cobotique/robotique dédiée, ont un rôle plus prégnant à jouer dans l’accompagnement pour les aidants et les personnes dépendantes ou souffrantes (Alzheimer en particulier). Le jeu accompagné ou sous IA permettrait des avancées thérapeutiques et un mieux vivre. - Lionel Mazurié (Debout la France)
Souhaitez-vous légiférer sur la création et la pratique du jeu vidéo (addiction, monopole industriel, censure, microtransaction, etc.) ?
Notre programme rappelle que nous voulons revoir les rôles de l’ARCOM : abrogation nette de la loi Hadopi et clarification des actions de régulation voire de censure du CSA.
En prévention, il faudrait au collège et lycée, par réhabilitation de la médecine scolaire, adresser une sensibilisation à la dépendance et à l’addiction, au sommeil insuffisant ... Nous sommes contre toute forme de censure, par action humaine ou d’IA, sur les contenus écrits et comportements. Nous souhaiterions légiférer sur l’emploi des cryptomonnaies sachant que nous ne sommes pas pour la disparition de l’argent fiduciaire.
En revanche, afin que l’utilisateur ou l’acheteur soit bien au courant, il faut expressément que les présences de propagandes ou d’élément de groupes orientés (woke, cancel culture, gender, sectes, prosélyte religieux, certaines ONG politiques ) soient indiqués clairement sur les boutiques et sur les boîtes de jeux.
Contre, à date, une Identité Numérique Européenne, nous ne voudrions pas que la France et l’UE légifèrent pour une surveillance orwellienne de ces espaces libres, d’expression, de réalisations personnelles, de socialisation, d’imagination que sont les jeux.
Notre slogan est “Choisir La Liberté” hautement applicable dans ce secteur d’activité, d’industrie, de culture et d’Art qu’est le jeu vidéo. - Lionel Mazurié (Debout la France)