Au début des années 2010, les clones de GTA IV sont légion. L’un d’entre eux va cependant se faire remarquer grâce à un parti pris géographique intéressant : il place son action à Hong Kong. Développé par United Front Games et édité par Square-Enix, Sleeping Dogs fait partie des jeux importants de la génération “PS3/360” et se découvre encore aujourd’hui avec beaucoup de plaisir. L’occasion est d’autant plus belle qu’une trilogie de “polars HK” ressort cette semaine au cinéma en version restaurée, inspiration évidente et assumée de Sleeping Dogs : Infernal Affairs.
Sommaire
- Quand le cinéma asiatique inspire le GTA-Like
- Deux suites à découvrir pour creuser l’univers
Dans Sleeping Dogs sorti en 2012 sur PC, PS3 et Xbox 360, nous incarnons Wei Shen, jeune flic infiltrée dans une triade de Hong Kong. Combats à mains nues, parkour et règlements de compte sont au programme, tout au long d’un scénario qui puisent ses inspirations dans le cinéma d’action HK des années 90 et 2000. Les développeurs l’ont précisé plusieurs fois en interview: ils ont pris leurs idées dans une production foisonnante, aussi bien chez John Woo, Ringo Lam, que Johnnie To. Le premier est sans doute le plus connu, réalisateur aux États-Unis de Volte Face, mais aussi de The Killer, le Syndicat du Crime ou A Toute Épreuve. Ringo Lam va quant à lui tourner avec Jean-Claude Vandamme dans les années 90 (Risque Maximum, Replicant), mais sa filmographie est surtout notable en Chine, via des films comme City on Fire ou Le Temple du Lotus Rouge. Johnnie To, enfin, a réalisé l’excellent The Mission avec Anthony Wong, que l’on retrouve dans la trilogie Infernal Affairs qui nous intéresse tout particulièrement ici.
Quand le cinéma asiatique inspire le GTA-Like
Infernal Affairs, en particulier le premier film, est ainsi la plus grosse inspiration de Sleeping Dogs. Le pitch a en effet plusieurs points communs, même si le film de Andrew Law et Alan Mak va encore plus loin. On suit Chan Wing Yan, un policier infiltré chargé de faire tomber Sam, le parrain local. Infiltré depuis plusieurs années, il est bord du gouffre, épuisé par des années de “planque”. De l’autre côté de la barrière, Lau King Ming est un gangster infiltré dans la police, donnant de précieux renseignements à Sam. L’atmosphère se tend d’un seul coup lorsque les deux camps comprennent qu’une taupe est présente chez eux. Commence alors une course contre la montre où chacun doit faire le nécessaire pour démasquer l’autre.
Film resserré (1h30) et allant à l’essentiel, Infernal Affairs est remarquable sur plusieurs points : sa maîtrise du suspense est exceptionnelle, aidée par une réalisation nerveuse (mais qui n’évite pas quelques effets aujourd’hui un peu daté) et un duo d’acteur absolument superbe. Tony Leung (que l’on a récemment vu dans Shang-Chi) est très touchant en flic abimé par des années d’infiltration, perdant petit à petit son identité. En face, Andy Law fait preuve d’un charisme froid remarquable, tout en sachant se montrer sensible et humain à plusieurs reprises. Ce n’est pas “le méchant contre le gentil”, c’est beaucoup plus subtil que cela. Les deux acteurs principaux sont par ailleurs entourés par de seconds rôles marquants, notamment le duo Eric Tsang/Anthony Wong, respectivement le chef mafieux et le chef de police. Deux gueules de cinéma HK si marquantes qu'elles seront les stars d’Infernal Affairs II.
Deux suites à découvrir pour creuser l’univers
Regarder Infernal Affairs 1 et 2 à la suite est en tout cas une expérience intéressante, tant les deux films sont à la fois complémentaires et très différents. Infernal Affairs II est ainsi une “préquelle” et raconte les débuts des infiltrés dans les années 90, mais se concentre surtout sur la relation très ambiguë entre Sam (qui n’est pas encore le Parrain de son clan) et le jeune commissaire Wong Chi Shing. Le duo d’acteur bouffe l’écran et l’intrigue prend énormément d’ampleur par rapport au premier film. Infernal Affairs I est un polar tendu et ultra efficace, là où sa suite est une fresque mafieuse plus complexe, mais tout aussi passionnante. On sent que les réalisateurs ont voulu réaliser leur “Parrain 2” ou leur “Affranchis”. Nous ne sommes pas au même niveau de virtuosité, mais la mise en scène lorgne clairement du côté des maîtres du genre aux États-Unis.
Infernal Affairs III est sans doute l’épisode le plus dispensable, mais n’est pas dénué d’intérêt, car il va creuser les arcs narratifs de Yan et Ming, proposant à la fois une suite directe au premier film et des flashbacks se situant entre le 1 et le 2. La narration est donc plus lourde, mais on retrouve avec plaisir Tony Leung et Andy Law (absents du second film) et bien entendu Eric Tsang et Anthony Wong.
La trilogie Infernal Affairs est, quoi qu’il en soit, une pierre angulaire du polar made in Hong Kong. Si vous êtes friands de ce type d’intrigue et d’ambiance ou que vous avez des souvenirs émus de Sleeping Dogs, l’occasion de découvrir ces 3 films sur grand écran dans une version restaurée en 4K est à ne pas louper. Et une fois que vous aurez tout vu, vous pouvez terminer en apothéose avec Les Infiltrés de Martin Scorsese, remake d’excellente facture d’Infernal Affairs 1 et qui emprunte quelques éléments scénaristiques du 2.