Présentation du Steam Deck

Si vous suivez ne serait-ce qu'un peu l’actualité du jeu vidéo, vous avez forcément entendu parlé du Steam Deck. Créé par Valve, la compagnie derrière Steam, Half Life et le casque de réalité virtuelle Index, le Steam Deck est tout simplement une console portable de nouvelle génération. A l’intérieur, elle intègre des composants issus du PC, avec un processeur et une carte graphique de chez AMD. Son but est simple : pouvoir faire tourner une bonne partie du catalogue Steam, que ce soit des petits jeux indés ou des AAA très récents. Si vous rêvez de jouer à Doom Eternal, God of War ou Resident Evil Village dans le métro, cette machine est faite pour vous.

Valve nous a envoyé une version du Steam Deck, que nous avons eu le temps de tester en profondeur. Pour rappel, il n’est disponible que sur le site officiel, à des prix allant de 419 à 679 € en fonction de la capacité de stockage. Si vous en voulez un, il faut en revanche être un peu patient car Valve n’a pas une capacité de production énorme. Une réservation aujourd’hui devrait vous permettre d’en récupérer un exemplaire durant le second trimestre 2022.

Design et prise en main : la console portable la plus grosse du monde

Il faut le reconnaître : le Steam Deck est énorme. Bien plus volumineuse qu’une Switch, la machine de Valve est sans aucun doute la plus grande console portable jamais sortie. Heureusement, Valve fournit une housse de transport très bien faite et qui permet de protéger efficacement le produit. La première bonne surprise lorsque l’on prend en main le Steam Deck pour la première fois, c’est sa légèreté. Avec son format XXL, on aurait en effet pu craindre un poids élevé et une difficulté à l’utiliser pendant une longue session de jeu. Mais avec son poids de moins de 700 grammes, on profite d’un produit léger et, il faut le dire, très agréable à prendre en main malgré sa taille.

Le Steam Deck propose ainsi tout ce qu’on attend d’une console portable moderne, et même un peu plus. On trouve ainsi deux sticks cliquables de bonne qualité, deux gâchettes analogiques, des boutons qui rappellent ceux d’une Xbox… mais également deux surfaces tactiles de chaque côté. Un peu comme sur le regretté Steam Controller, aussi chez Valve, ces deux touchpad sont dotés de retour haptique et peuvent simuler toutes sortes de fonctionnalités, à commencer par une souris. C’est une solution idéale pour jouer à des jeux typés “PC”, comme ceux de stratégie, de gestion ou des 4X. Mais Valve ne s’arrête pas là et intègre aussi quatre boutons à l’arrière, semblable à ce qu'on peut voir sur une manette Xbox Elite. Ces derniers peuvent aussi être entièrement customisés, mais ne se montrent pas toujours très réactifs.

Côté connectique, on trouve une prise jack sur le dessus, un port USB-C qui sert à la fois à la recharge, à la connexion à un écran ou à un casque et un port pour une carte microSD. Il va permettre d’étendre à moindre frais la capacité de stockage du Steam Deck, puisque vous allez pouvoir installer vos jeux dessus. La bonne nouvelle, c’est que les temps de chargements sont à peine plus long sur la carte SD que sur le SSD. Le Steam Deck est en tout cas bien construit et semble solide, malgré la domination du plastique. Et surtout, l’ergonomie une fois dans un jeu est excellente, et ça c’est le plus important.

Interface : Steam OS offre une grande liberté

Côté interface et navigation, si vous êtes habitués à Steam sur PC, vous ne serez pas dépaysé. Le Steam Deck tourne ainsi sur Steam OS 3.0, basé sur Linux et reprend les grandes lignes de l’interface PC en mode “Big Picture”. La navigation est très agréable et assez intuitive, même si l’on fait parfois quelques allers retours dans les menus pour arriver à trouver ce que l’on cherche. Mais surtout, Steam OS est bourré d’options et offre énormément de réglages. Vous pouvez par exemple customiser entièrement la maniabilité en fonction du jeu, ou bien télécharger des profils préexistants. Un principe que l’on connaît déjà sur PC, mais qui est ici très pratique car il permet de profiter d’une prise en main pensée pour chaque jeu. Et rien ne vous empêche de modifier totalement les contrôles et les affectations des touches. Vous pouvez également activer le gyroscope, bien pratique pour viser plus précisément dans un FPS, et régler précisément sa sensibilité.

Le menu “Quick Access” qui va apparaître en surimpression dans un jeu, est très appréciable, il va notamment vous permettre de faire plusieurs réglages à la volée. Vous pouvez bien entendu régler la luminosité de l’écran et le volume, mais également activer ou désactiver les vibrations et même régler plusieurs paramètres de performances. Par exemple limiter le nombre d’images par seconde, réduire la consommation du processeur (qui est souvent moins sollicité que la carte graphique) ou encore fixer la fréquence de fonctionnement du GPU. Des réglages certes assez pointus, mais qui peuvent être utiles si vous souhaitez économiser un peu de batterie.

Du côté de la gestion de la bibliothèque, là encore, Valve a soigné son travail. Il faut tout d’abord préciser que, par défaut, seuls les jeux qui ont été entièrement testés sur le Steam Deck sont affichés. Ces derniers ont été validés par Valve et sont censés bien tourner et offrir une prise en main optimale. Ces jeux là sont rangés dans l’onglet “parfaits pour Steam Deck”. Mais vous pouvez installer des jeux qui n’ont pas reçu l’aval de Valve : certains sont listés comme “jouable” avec cependant quelques bugs, tandis que d’autres n’ont tout simplement pas été testés. Mais ça ne veut pas dire qu’ils ne fonctionnent pas !

On ouvre d’ailleurs une petite parenthèse pour préciser que Steam OS tourne avec un noyau sous Linux et il faut donc que les jeux Steam qui n’ont pas été convertis soit émulés comme s’ils tournaient sous Windows. Et de ce point de vue, c’est la roulette russe : certains jeux fonctionnent bien, et d’autres beaucoup moins. On y reviendra dans la partie “performances”, mais nous avons tout de même eu le plaisir de découvrir que Doom Eternal ou Dying Light 2 se lançaient sans souci et s'avéraient très jouables. Tout ça pour dire que la gestion de la bibliothèque s’avère très efficace et l’on retrouve toutes les qualités de Steam sur PC, avec toutefois plus de clarté.

Valve met par ailleurs Steam OS à jour très souvent. Rien que pendant notre période de test, nous avons eu des updates quotidiennes, dont certaines ont résolu de très gros bugs et une impression de lourdeur dans la navigation des menus, qui a aujourd’hui disparu.

Avant de passer à la suite, faisons une rapide parenthèse sur le support de Windows : oui il va être possible d’installer Windows 10 ou Windows 11 sur le Steam Deck et l’on pourra alors profiter du catalogue du Game Pass, de l’Epic Game Store ou de Battle.net. Mais tout ça n’est pas encore prêt : des pilotes sont en cours de développement chez AMD et rien n’est véritablement optimisé. De plus, l’installation de Windows va complètement effacer Steam OS, sans possibilité de revenir en arrière. Bien entendu, le côté “très ouvert” de la console va permettre aux modders de faire un peu ce qu’ils veulent. Nul doute que, d’ici quelques semaines, il sera possible d’installer à la fois Windows et Steam OS, et de choisir quel environnement on veut lancer au démarrage.

Ecran : difficile de lutter face à la Switch OLED

Parlons maintenant de l’écran du Steam Deck. Valve propose ici une dalle IPS de 7 pouces, avec un taux de rafraîchissement de 60 Hz et une définition de 1280x800 pixels. L’écran est donc au format 16:10 et… on vous avoue qu’on aurait aimé qu’il soit un peu plus grand. Le format XXL de la console et les larges bandes noires sur les côtés nous font dire Valve aurait pu mieux optimiser tout ça, afin d'augmenter de quelques pouces. La taille de l’écran est donc similaire à celui d’une Switch OLED, alors que cette dernière est beaucoup plus compacte.

Attention : on ne dit pas que l’écran est de mauvaise qualité, mais il est juste dans la moyenne et manque globalement de luminosité. Heureusement, la version 512 Go que nous avons reçue propose un traitement antireflet très efficace, qui va permettre une bonne lisibilité, même en extérieur. Le taux de contraste est correct, le rendu des couleurs manque un peu de fidélité, mais ça ne se verra presque pas à l'œil nu, surtout en jeu. Et quitte à offrir un produit haut de gamme, on n’aurait pas été contre l’utilisation d’une dalle OLED, qui offre des contrastes bien meilleurs et des couleurs bien plus vives.

Performances : de vrais AAA à emporter

La grosse attente auteur du Steam Deck, c’est bien entendu son niveau de puissance. On rappelle que la promesse de Valve est de pouvoir jouer à des jeux AAA récents dans de bonnes conditions, sans trop sacrifier sur le niveau de détails graphiques. Pour y parvenir, la compagnie a fait appel à un APU AMD et on trouve donc un processeur de génération “Zen 2” doté de 4 coeurs et une carte graphique RDNA2, soit la dernière en date. On la retrouve par exemple dans la PS5 et la Xbox Series ou encore sur les Radeon RX 6000. Le niveau de puissance n’est bien entendu pas le même ici, mais on a tout de même été bluffés. Disons le tout de suite : oui, il est possible de jouer dans d’excellentes conditions à des jeux comme Doom Eternal, Dying Light 2, Resident Evil Village ou God of War sur le Steam Deck.

l’APU AMD fait ici des merveilles et va permettre d’afficher entre 30 et 60 images par secondes sur la plupart des jeux, avec un niveau de détails tout à fait honorable. Vous n’aurez en effet pas besoin de caler les réglages graphiques sur “bas” pour avoir un niveau de fluidité acceptable, loin de là. Resident Evil 2 remake, par exemple, tourne au moins à 40 images/seconde avec le rendu graphique au maximum. Doom Eternal va afficher 60 FPS stable au niveau détails “élevé”. Et pour peu que votre jeu prenne en charge la technologie d’upscale d’AMD - FSR - vous allez gagner encore plus en fluidité. C’est le cas avec God of War, Dying Light 2 ou Resident Evil Village.

Les jeux en 3D un peu plus anciens vont également tourner comme un charme à 60 images par seconde, tout en consommant moins de batterie. On a ainsi pu relancer avec plaisir le Tomb Raider de 2013 ou l’excellentissime Portal 2. Et, bien entendu, les jeux typés “indés” et en 2D se lanceront sans aucune difficulté. C’est d’ailleurs sur cette catégorie que l’autonomie du Steam Deck sera la meilleure. Mais ça, nous y reviendrons juste après. Bref, en matière de puissance, le Steam Deck tient largement ses promesses. Avant de l’utiliser, nous étions sceptiques quant aux véritables capacités de la console de Valve, mais le fait est que, oui, vous pouvez jouer à des jeux récents et gourmands. Bon par contre, malgré tous les efforts de Valve, il y a encore beaucoup de jeux non compatibles. On le disait juste avant, mais le fait que Steam OS soit basé sur Linux entraîne fatalement des soucis d’incompatibilité. Par exemple, nous n’avons pas réussi à lancer Cyberpunk 2077, Alien Isolation ou Darksiders III. Il faudra peut-être attendre un véritable travail de conversion et la certification de Valve.

En matière de prise en main, tous les jeux en 3D à la troisième ou première personne restent ultra jouables. Mais c’est aussi le cas de titres plus typés “PC”, comme Endless Space ou Shadow Tactics, où vous allez pouvoir utiliser le touchpad en tant que souris. D’autres jeux sont un peu plus complexes à prendre en main. Humankind, par exemple, n’est pas encore optimisé pour le Steam Deck et a donc une maniabilité bien plus hasardeuse, en plus de textes difficiles à lire.

Autonomie : n’espérez pas de miracle

Bon, comme vous l’avez vu, le Steam Deck est ultra puissant, presque autant qu’un PC portable destiné au jeu vidéo. La contrepartie, vous vous en doutez sûrement, c’est que l’autonomie n’est pas tout à fait au rendez-vous. On s’y attendait, mais le constat est tout même un peu amer : sans effectuer de réglage pour l’économie d'énergie, une partie d’un gros jeu du style God of War ou Doom Eternal ne durera pas plus d’1h30. Vous pouvez grimper à 2 heures en limitant le nombre de FPS ou en réduisant la consommation du processeur, mais il sera difficile d’aller au-delà sur ce type de jeux récents. Sur des jeux en 3D un peu plus anciens, comme Tomb Raider ou Portal, le constat est un peu meilleur et vous pourrez espérer entre 3 et 4 heures d’utilisation. On se rapproche donc un peu de la Switch.

Pour avoir la meilleure autonomie possible, il faut donc vous tourner vers des jeux en 2D, comme Dead Cells ou Hollow Knight. Moins gourmand en ressources, ils vont permettre au Steam Deck de tenir un peu plus de 6 heures, ce qui est franchement acceptable. Mais si c’est pour jouer uniquement à des jeux de ce style, autant prendre une Nintendo Switch… Alors forcément, l’autonomie du Steam Deck sur un AAA récent semble vraiment juste, mais ce n’est pas vraiment une mauvaise surprise. Avec un circuit graphique de dernière génération et un processeur presque aussi récent, il fallait s’attendre à un niveau de consommation élevé.

Alors oui, l’autonomie du Steam Deck n’est pas très bonne, le format est encombrant et l’écran aurait pu être un peu plus impressionnant… De vrais défauts, certes, mais qui ont du mal à effacer notre amour pour cette console portable d’un nouveau genre, qui contient tout l’ADN de Valve et, plus généralement, du monde PC. Jouer à God of War, à Doom Eternal ou à Dying Light 2 un peu partout et quand on veut… et bien ça a quelque chose de magique. Il y a certes une belle marge de progression pour la suite (une meilleure autonomie et un plus grand écran, svp !), mais la première console portable de Valve est à la fois une vraie curiosité et un bijou technologique. Bref, un vrai coup de coeur.