"Parlons d'Eskel"

Considéré comme le Tolkien polonais, Andrzej Zapkowski a écrit la saga littéraire Le Sorceleur (The Witcher en anglais). Succès critique et public, son œuvre fantastique se transpose tout aussi bien au jeu vidéo puisque The Witcher 3 est considéré par beaucoup comme l'un des jeux de la décennie. Au fil des années la franchise s'est construite une communauté de fans toujours plus experte de l'histoire et du monde de Geralt de Riv, le personnage principal de la saga. Et bien évidemment, cela ne leur échappe pas quand les adaptations prennent leurs libertés par rapport à l'œuvre originale.

C'est ce qui est arrivé avec la deuxième saison de The Witcher, disponible sur Netflix depuis le 17 décembre. Adaptée du premier roman de la saga, nommé Le Sang des Elfes, la deuxième saison sort légèrement de la trame du livre. Par exemple, c'est Eskel, l'un des collègues sorceleurs de Geralt, qui se fait tuer dans l'adaptation Netflix... alors qu'il reste bel et bien vivant dans les livres et dans le troisième jeu. Un choix qui a dû faire gronder la communauté puisque Lauren S. Hissrich, la réalisatrice de la série a jugé pertinent d'en parler sur Twitter pour justifier ce choix :

Parlons d'Eskel.

Rien plus important que la famille

Pour justifier la mort d'Eskel dans la saison 2, Lauren S. Hissrich explique qu'il faut d'abord parler de Geralt et de sa relation avec sa fille surprise qu'est Ciri. Dans le premier livre (qui sert de matériau source pour cette deuxième saison), Geralt passe son temps avec Ciri pour la comprendre, et mieux cerner ses pouvoirs afin de la protéger du mieux possible et respecter la promesse faite à sa grand-mère. Il est donc question de beaucoup de dialogues entre Geralt et Ciri, quelque que chose Lauren S. Hissrich ne pouvait pas adapter comme tel à l'écran :

Après avoir rédigé des scripts pour plusieurs épisodes, la plupart des audiences de télé ne veulent pas regarder huit épisodes de personnages en train de s'écouter, de se regarder et d'attendre. Surtout lorsque le personnage principal est synonyme de combat, de magie et d'aventure !

Un choix d'autant plus justifié que la deuxième saison est arrivée après une pause de deux ans. Il fallait donc trouver un moyen de satisfaire les attentes des téléspectateurs en termes de drama et d'action tout en illustrant le voyage initiatique de Geralt en tant que père. Dès lors, la réalisatrice décide d'utiliser comme cadre d'action Kaer Morhen : c'est la base des sorceleurs, lieu où Geralt a grandi et est censé s'y sentir le plus en sécurité. Malgré cela, tout ne se passe pas comme prévu puisqu'Eskel, l'un de ses meilleurs amis, ne se comporte pas comme d'habitude.

Une infection monstrueuse a tant pris le contrôle sur Eskel qu'il n'est plus maître de lui-même. Geralt doit sacrifier Eskel pour sauver Vesemir (qu'il considère comme un père adoptif, ndlr). Maintenant Geralt doit résoudre un nouveau mystère : qu'est-il arrivé à Eskel, et pourquoi Ciri est impliquée ?

Pour conclure, Lauren S. Hissrich conclut en expliquant que la mort d'Eskel constitue un événement majeur dans la suite de la saison en posant le dilemme suivant : jusqu'où ira Geralt pour protéger sa fille ? Qu'est-ce qui prime : être père ou être sorceleur ?

En tout état de cause, une adaptation d'une saga du calibre de The Witcher ne semble pas se faire sans concession et il faut parfois tordre le cou à l'intrigue pour satisfaire les besoins d'audience. Des sacrifices que l'on reverra peut-être dans la saison 3 de The Witcher, qui est déjà en cours de production.