Les personnes qui ont vécu dans les années 1990/2000 savent que la société fondée par Bill Gates souffrait d’une réputation moribonde. Alors que nos Bleus préparaient leur victoire en 1998, la ministre de la Justice américaine, Janet Reno, posait une plainte contre Microsoft qui aurait abusé de sa position dominante et violé la loi antitrust. La compagnie affichait également une hostilité envers les logiciels open source, qualifiés de “cancers” par Steve Ballmer, PDG de Microsoft en 2001. Voilà pourquoi il était difficile pour les équipes de Xbox de mettre en avant le nom de Microsoft sur la console.
Cette news fait partie d’une série d’articles qui paraîtront prochainement traitant du reportage “Power On : The Story of Xbox” réalisé par Andrew Stephan. Au cours de la lecture, vous trouverez des liens qui mèneront vers des timecodes de la vidéo.
De rebelle à rebut
Avant 1995, les employés de Microsoft étaient perçus comme des hackers rebelles, des électrons libres qui n’avaient rien à voir avec des géants comme IBM. Tout a changé quand Windows 95 est apparu. “Microsoft a fait quelque chose que tout le monde voulait” assure Alison Stroll, une ancienne de Microsoft Game Studios, dans le reportage Power On. “C’est l’entreprise la plus rentable de l’histoire de l’humanité” renchérit Seamus Blackley, le papa de la Xbox. “Je ne pense pas que ce soit déjà arrivé dans le passé à moins de comparer ça aux espagnols débarquant dans le nouveau monde pour littéralement creuser une montagne d’argent” ajoute-t-il. De leur côté, les journalistes comparent Windows à “un distributeur géant de billets”. À cause de sa nouvelle position dominante, Microsoft devient le géant à abattre, “le méchant de l’histoire”. “Notre réputation n’était pas géniale” confirme Albert Penello, ex-responsable marketing de la marque.
Micro quoi ?
De leur côté, Sony et Nintendo ont convaincu des millions de fans par le passé. “La PlayStation 2 était le prochain gros événement, et tout allait être écrasé sur son passage” avertit N’gai Croals, ancien rédacteur en chef de Newsweek. Il faut reconnaître que le succès de la première PlayStation était insolent, et que la console évoque désormais de grandes choses aux joueurs. Au moment de choisir le nom définitif de la machine, les équipes marketing avaient le choix entre Xbox et Microsoft Xbox. Elles ont préféré retirer le “Microsoft” à cause du problème d’image de la compagnie. “Peux-tu imaginer aller voir Bill Gates et lui dire que le plus gros obstacle pour le lancement de ce nouveau produit, c’est le nom de son entreprise ?” lance Albert Penello.
La firme de Redmond a également dû insister auprès des éditeurs tiers et des développeurs pour les convaincre du sérieux du projet. Quant à Nintendo, la marque parle tellement aux joueurs passionnés que le géant américain pense à la racheter. Après tout, le groupe compte dans ses rangs Shigeru Miyamoto, “le Spielberg du jeu vidéo”. Mais les dirigeants de Nintendo rompent le dialogue avec le géant américain. Microsoft mettra des années à essayer de paraître “branché” auprès des jeunes.
Le reportage Power On : The Story of the Xbox est disponible dans son intégralité par ici.