Sony a beau être leader de la vente de consoles et de jeux, la firme a encore des progrès à faire du côté du Netflix vidéoludique, domaine dans lequel excelle le Xbox Game Pass. Car au-delà d’un nombre plus important d’abonnés chez Microsoft, une récente étude rapporte que le contenu même du PlayStation Now ne parviendrait pas à retenir les joueurs. On vous dit ce qu’il en est vraiment.
“Le manque de jeux divertissants (enjoyable en anglais, ndlr) est la raison la plus courante pour laquelle les utilisateurs abandonnent (...) le PS Now” lâche sans crier gare Ampere Analysis, dans une étude publiée récemment. Selon le cabinet, sur 8400 personnes interrogées, 25% des abonnés américains et japonais ont ainsi délaissé l’offre de Sony fin 2020 (21% pour la France). Une offre qui compte aux dernières nouvelles 2,2 millions de convaincus, d’après des chiffres d’avril dernier. Ces joueurs déçus reprocheraient aussi un rapport qualité prix trop faible, et seraient poussé à partir en voyant leurs amis s'amuser sur d'autres services.
Pourtant, avec 800 jeux PS2, PS3 et PS4 accessibles via streaming et/ou téléchargement selon le support, on ne peut pas vraiment dire que le PlayStation Now manque de matière. Surtout depuis que le service a opéré sa plus grande mutation, fin 2019, en passant sous la barre des dix euros par mois (s’alignant ainsi avec les 9,99 du Game Pass) avec en prime l’annonce d’une “sélection de hits” mensuelle, à l’instar d’Uncharted 4 et de God of War dans un premier temps. Pour ce mois d’avril, c’est Marvel’s Avengers qui s'invite.
Date butoir
Le “problème”, c’est que ces très gros jeux, capables de faire rayonner le PS Now à l'image du catalogue Bethesda pour le Game Pass, ne sont là que pour une durée limitée. Les super-héros Marvel quitteront par exemple l’offre de Sony le 5 juillet prochain. Après cette date, le titre ne sera plus disponible via le service, même en ayant été préalablement téléchargé. Pour en profiter de nouveau, il faudra se l'acheter sur le PlayStation Store, ou bien attendre son retour dans le PS Now.
A chaque nouvelle vague d’ajout, les gros jeux à durée limitée sont accompagnés d’autres titres "mineurs" (ou assez anciens), qui resteront quant à eux théoriquement pour de bon sur la plateforme. Cette fois, c’est le jeu de survie The Long Dark qui s’y est collé. Mais les gros jeux ne sont pas tous les mois du même calibre. Pour mars dernier par exemple, les hits en question furent Call of Duty : Black Ops III et WWE 2K Battlegrounds. Et les friandises offertes en à-côtés sont souvent déjà passées par la case PS Plus (acquis définitivement par les joueurs toujours abonnés), à quoi viennent maintenant s’ajouter les offres du Play at Home pour la période du confinement, et celles du PlayStation Plus Collection pour les possesseurs de PS5.
Chronique - Les 3 faiblesses du PlayStation Now (Daily)
Tous les fronts
“L'absence de jeux divertissants peut être un problème crucial pour tout service d'abonnement” soulève ainsi Ampere Analysis. Et il est vrai que, malgré son offre pléthorique, Sony peine à attirer l’oeil sur le PlayStation Now, surtout en marge de ses autres offres, notamment le PS Plus, bien plus populaire (47 millions d’abonnés aux dernières nouvelles). Alors qu’en face, Microsoft propose ses exclusivités day one dans le Game Pass, en plus d’inviter des perles de créativité dès le jour de leur sortie, comme les récents Narita Boy et Genesis Noir, ainsi que d’accueillir des titres d’autres éditeurs, à l’instar du catalogue d’Electronic Arts.
En septembre dernier, Jim Ryan, à la tête de Sony Interactive Entertainment, évoquait justement cette profusion de contenu sur un seul et même abonnement, face aux journalistes du média GamesIndustry, expliquant que l’approche de Xbox est loin de correspondre à la vision de PlayStation :
Pour nous, avoir un catalogue de jeux n'est pas quelque chose qui définit une plateforme (...) nous n'allons pas nous engager à intégrer de nouveaux titres dans un modèle d'abonnement. Ces jeux coûtent (...) plus de 100 millions de dollars à développer. Nous ne voyons tout simplement pas cela comme durable - Jim Ryan, PDG de Sony Interactive Entertainment (GamesIndustry)
Un avis que ne partage pas Microsoft, dont les dépenses pour alimenter le Game Pass restent encore inconnues. Pour l’heure, la société est encore dans une phase d’acquisition d’abonnés, avec pour objectif de convertir “3 milliards de joueurs” avec son offre, comme le rappelle un récent article d'Eurogamer. Il y aurait désormais 18 millions d’abonnés au Game Pass, soit bien plus que sur le PS Now. Mais de toute évidence, Sony n’a pas pour ambition de rattraper son concurrent. En tout cas pas pour l'instant.