Nos yeux sont peut-être rivés vers l’ E3 2019 et le flot d’annonces que nous osons espérer, mais il ne faut jamais oublier de jeter un œil dans le rétroviseur pour voir si les belles promesses du passé ont été tenues. Nintendo a-t-il joué la carte de la vérité ou distribué une poudre de rêve lors de l’édition 2018 ? Faisons le bilan !
A chaque E3, le Nintendo Spotlight utilise le style initié par les Nintendo Direct : un flot d’infos axé sur les jeux, et parfois quelques features, avec un rythme effréné et un minimum de blabla. Compte tenu du format, apprécié pour son efficacité et son absence de longueurs pompeuses, nous n’y retrouvons jamais de longs discours quant à la politique générale de la firme. L’édition 2018 en fut un exemple implacable : du jeu, du jeu et du jeu.
Nintendo a la cote chez Nintendo
Parmi la ribambelle de titres montrés, on peut déjà saluer de nombreux succès. Pokémon Let’s Go Pikachu/Evoli s’est écoulé à plus de 10,6 millions, impressionnant pour un spin-off, et prédicateur de ce que pourrait faire Pokémon Epée/Bouclier à la fin de cette année. Mario Tennis Aces a remonté la barre d’une série moribonde avec 2,7 millions de copies écoulées, les meilleurs chiffres de la série. Mais on reste loin de la vraie surprise, Super Mario Party qui s’est vendu à 6,5 millions d’exemplaires dans le monde ! Un retour en force pour la licence de party-game, qui s’est en plus permis d’utiliser de façon originale la Nintendo Switch, avec la possibilité d’approcher deux machines ensemble pour former des niveaux dans un mini-jeu. Bref, on ne change pas une équipe qui gagne et Nintendo reste maître dans sa propre maison.
Ce n’est d’ailleurs pas le hit planétaire Super Smash Bros Ultimate qui cassera cette règle : sorti le 7 décembre dernier, le jeu de combat de Masahiro Sakurai s’est écoulé à 14 millions d’exemplaires, faisant exploser les ventes de Nintendo Switch en passant, pile pour les fêtes de Noël ! En réunissant tous les personnages de la série et en apportant un gameplay qui a su tirer le meilleur des précédents opus, Ultimate s’est révélé comme un des must-have de 2018, devenant aussi l’un des jeux de combats les plus vendus de tous les temps, en seulement quelques mois, sur une console qui n’avait pas encore passé la barre des 30 millions d’acheteurs au moment de la sortie du jeu. Bref, une vraie promesse tenue, en somme.
Les indés et éditeurs tiers définitivement installés
Du côté des jeux indépendants, personne n’avait douté de leur potentiel succès. Dès 2017, la Nintendo Switch s’était présentée comme une aubaine pour les petites productions, de nombreux jeux ayant réalisé en quelques semaines des ventes supérieures à celles des autres plates-formes réunies, comme ce fut le cas pour Shovel Knight. Quand Nintendo montrait un Overcooked 2 pendant l’édition 2018, il savait déjà que le public était friand de ce genre de jeu, au gameplay accessible et fun. Hollow Knight était disponible à la fin du Spotlight, mais mis à part un message pour remercier le support des indépendants, Nintendo ne s’est pas étalé, préférant sans doute laisser ça aux Nindies Showcase, leur format digital dédié au sujet.
Toutefois, les éditeurs tiers, eux, n’étaient pas mis de côté. Nintendo avait beaucoup à prouver, le public ayant peur de voir la ludothèque se restreindre aux jeux de la firme comme pour la Wii U. Fortnite, disponible le jour même, était bon coup marketing compte tenu du succès record du jeu. Les mois qui suivirent ont vu le Battle Royale marcher du tonnerre sur la Switch. Avec des jeux comme Dragon Ball FighterZ, Dark Souls Remastered ou encore Wolfenstein II : The New Colossus, la machine a pu montrer qu’elle pouvait aussi être le support de titres que l’on voit plutôt chez la concurrence dans l’imaginaire collectif. Alors certes, la console n’accueillera jamais un Cyberpunk 2077, mais elle a su prouver sur ses douze derniers mois qu’elle ne se contentera pas de jeux développés ou édités par Big N.
N’oublions pas des jeux comme Monster Hunter Generations Ultimate et surtout le surprenant Octopath Traveler. Ce dernier a été salué par la critique pour sa direction artistique exceptionnelle, prouvant que la machine pouvait aussi accueillir des exclusivités produites par des tiers (Square Enix), même si le jeu verra le jour sur PC le 7 juin prochain, 11 mois après sa sortie Nintendo Switch.
Trop tôt ?
Il est parfois difficile de comprendre la politique de Nintendo quant au timing de leurs annonces. Il y a deux ans, lors de l’E3 2017, la firme de Kyoto faisait Metroid Prime 4 et Pokémon Epée/Bouclier, alors au tout début de leur production, dans l’unique but de rassurer des joueurs quant à l’arrivée future de jeu sur la machine. Un passage obligé qui n’était clairement pas un choix : Nintendo a pris l’habitude d’annoncer les jeux moins d’un an avant leur sortie, y compris des mastodontes comme Super Mario Odyssey ou Super Smash Bros. Ultimate.
Depuis, les choses ont changé : seuls deux jeux édités par Nintendo montrés lors de l’E3 2018 n’ont pas encore vu le jour : Daemon X Machina et Fire Emblem : Three Houses, tous les deux prévus pour cet été. Cela dit, il faut ajouter quelques jeux tiers, comme Killer Queen Black pour cet été, PixArk qui sort demain mais qui avait été annoncé pour l’automne 2019, et surtout Ninjala, le « Splatoon-Killer » de Gung-Ho, dont on a plus de nouvelles alors qu’il était prévu pour ce printemps. Pas de quoi en jeter sa Nintendo Switch par la fenêtre cela dit...
Fire Emblem : Three Houses (Nintendo Direct)
Des déceptions ?
Outre le nombre de jeux et leur disponibilité, on peut aussi applaudir leur qualité : peu de titres sortis sur Nintendo Switch se sont avérés très décevants. Elle est peut-être là, l’aubaine de ne pas avoir des AAA comme Anthem ou Fallout76. Mis à part l’absence du Just Dance Controller App faisant de Just Dance 2019 sur Switch une version un peu inférieure, et l’absence de crossplay avec la version mobile pour Arena of Valor, Nintendo semble avoir renoué avec son Seal of Quality. En surface en tout cas, car si tout n'est pas abordé pendant le salon, il faut faire un sacré tri sur le Nintendo Shop pour trouver les bonnes perles parmi les trouzaines de titres qui sortent chaque semaine.
La vraie déception de la Nintendo Switch, à vrai dire, concerne ses fonctions online, complètement éludée lors de l’E3 2018 à quelques mois de sa mise en route. Super Smash Bros Ultimate en a fait les frais et le futur ne semble pas vraiment plus rose à ce sujet, mais peut-on parler d’une promesse non tenue alors que le sujet n’a pas été abordé ?
En appuyant son Nintendo Spotlight sur les valeurs sûres, la firme nippone n’avait pas pris énormément de risques. Des jeux de qualité, des indés omniprésents, un soutien des éditeurs tiers de plus en plus régulier et une bonne ponctualité, l’E3 2018 de Nintendo n’était pas un leurre, ce qui aura sans doute fini de rassurer les joueurs. La confiance des gamers étant maintenant acquise, il ne leur reste plus qu’à ne pas décevoir avec cette nouvelle édition. Rendez-vous au Nintendo Spotlight 2019, le mardi 11 juin à 18h, afin d’avoir notre réponse.