Aimez le chocolat à fond, sans complexe ni fausse honte, car rappelez-vous: «sans un grain de folie, il n’est point d’homme raisonnable».
C´est une ennuyeuse maladie que de conserver sa santé par un trop grand régime.
C´est une grande folie que de vouloir être sage tout seul.
C´est une grande habileté que de savoir cacher son habileté.
Ce n´est pas assez d´avoir de grandes qualités, il en faut avoir l´économie.
Ce n´est pas un grand malheur d´obliger des ingrats, mais c´en est un insupportable d´être obligé à un malhonnête homme.
Ce qui fait que si peu de personnes sont agréables dans la conversation, c´est que chacun songe plus à ce qu´il veut dire qu´à ce que les autres disent.
Ce qui nous empêche souvent de nous abandonner à un seul vice est que nous en avons plusieurs.
Ce qui nous fait croire si facilement que les autres ont des défauts, c´est la facilité que l´on a de croire ce qu´on souhaite.
Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable, c´est qu´elle blesse la nôtre.
Ceux qui ont eu de grandes passions se trouvent toute leur vie heureux, et malheureux, d´en être guéris.
Ceux qui s´appliquent trop aux petites choses deviennent ordinairement incapables des grandes.
Chacun dit du bien de son coeur et personne n´en ose dire de son esprit.
Comment prétendons-nous qu´un autre puisse garder notre secret, si nous ne pouvons le garder nous-mêmes.
C’est une espèce de bonheur, de connaître jusqu’à quel point on doit être malheureux.
Dans l´amitié comme dans l´amour on est souvent plus heureux par les choses qu´on ignore que par celles que l´on sait.
Dans les premières passions les femmes aiment l´amant, et dans les autres elles aiment l´amour.
Dans toutes les existences, on note une date où bifurque la destinée, soit vers une catastrophe, soit vers le succès.
De toutes les passions violentes, celle qui sied le moins mal aux femmes, c´est l´amour.
En amour, celui qui est guéri le premier est toujours le mieux guéri.
En vieillissant on devient plus fou et plus sage.
Il arrive quelquefois des accidents dans la vie d´où il faut être un peu fou pour se bien tirer.
Il en est du véritable amour comme de l´apparition des esprits; tout le monde en parle, mais peu de gens en ont vu.
Il est difficile de définir l´amour. Dans l´âme c´est une passion de régner, dans les esprits c´est une sympathie, et dans le corps ce n´est qu´une envie cachée et délicate de posséder ce que l´on aime après beaucoup de mystères.
Il est impossible d´aimer une seconde fois ce qu´on a véritablement cessé d´aimer.
Il est plus aisé d´être sage pour les autres que de l´être pour soi-même.
Il est plus aisé de connaître l´homme en général que de connaître un homme en particulier.
Il est plus difficile de dissimuler les sentiments que l´on a que de feindre ceux que l´on n´a pas.
Il est plus facile de paraître digne des emplois qu´on n´a pas que de ceux que l´on exerce.
Il est plus honteux de se défier de ses amis que d´en être trompé.
Il est quelquefois agréable à un mari d´avoir une femme jalouse; il entend toujours parler de ce qu´il aime.
Il faut de plus grandes vertus pour soutenir la bonne fortune que la mauvaise.
Il faut gouverner la fortune comme la santé: en jouir quand elle est bonne, prendre patience quand elle est mauvaise.
Il faut tenir à une résolution parce qu´elle est bonne, et non parce qu´on l´a prise.
Il faut écouter ceux qui parlent, si on veut en être écouté.
Il n´appartient qu´aux grands hommes d´avoir de grands défauts.
Il n´est jamais plus difficile de bien parler que quand on a honte de se taire.
Il n´est pas si dangereux de faire du mal à la plupart des hommes que de leur faire trop de bien.
Il n´y a guère d´homme assez habile pour connaître tout le mal qu´il fait.
Il n´y a guère de gens qui ne soient honteux de s´être aimés, quand ils ne s´aiment plus.
Il n´y a point de gens qui aient plus souvent tort que ceux qui ne peuvent souffrir d´en avoir.
Il n´y a qu´une sorte d´amour, mais il y a mille différentes copies.
Il n´y a que les personnes qui ont de la fermeté qui puissent avoir une véritable douceur.
Il ne faut pas s´offenser que les autres nous cachent la vérité, puisque nous nous la cachons si souvent à nous-mêmes.
Il ne sert à rien d´être jeune sans être belle, ni belle sans être jeune.
Il suffit quelquefois d´être grossier pour n´être pas trompé par un habile homme.
Il vaut mieux employer notre esprit à supporter les infortunes qui nous arrivent qu´à prévoir celles qui nous peuvent arriver.
Il y a dans la jalousie plus d´amour-propre que d´amour.
Il y a de bons mariages, mais il n´y en a point de délicieux.
Il y a des gens niais qui se connaissent et qui emploient habilement leur niaiserie.
Il y a des personnes à qui les défauts siéent bien, et d´autres qui sont disgraciées avec leurs bonnes qualités.
Il y a des reproches qui louent et des louanges qui médisent.
Il y a du mérite sans élévation, mais il n´y a point d´élévation sans quelque mérite.
Il y a peu d´honnêtes femmes qui ne soient lasses de leur métier.
Il y a peu de femmes dont le mérite dure plus que la beauté.
L´absence diminue les médiocres passions et augmente les grandes, comme le vent éteint les bougies et allume le feu.
L´amour de la justice n´est pour la plupart des hommes que la crainte de souffrir l´injustice.
L´amour, aussi bien que le feu, ne peut subsister sans un mouvement continuel, et il cesse de vivre dès qu´il cesse d´espérer ou de craindre.
L´amour-propre est le plus grand de tous les flatteurs.
L´enfer des femmes, c´est la vieillesse.
L´envie de parler de nous, et de faire voir nos défauts du côté que nous voulons bien les montrer, fait une grande partie de notre sincérité.
L´esprit est toujours la dupe du coeur.
L´esprit nous sert quelquefois à faire hardiment des sottises.
L´espérance, toute trompeuse qu´elle est, sert au moins à nous mener à la fin de la vie par un chemin agréable.
L´extrême plaisir que nous prenons à parler de nous-mêmes nous doit faire craindre de n´en donner guère à ceux qui nous écoutent.
L´homme le plus simple qui a de la passion persuade mieux que le plus éloquent qui n´en a point.
L´honnêteté des femmes est souvent l´amour de leur réputation et de leur repos.
L´humilité n´est souvent qu´une feinte soumission, dont on se sert pour soumettre les autres.
L´hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu.
L´intérêt parle toutes sortes de langues, et joue toutes sortes de personnages, même celui de désintéressé.
L´orgueil ne veut pas devoir, et l´amour-propre ne veut pas payer.
La clémence des princes n´est souvent qu´une politique pour gagner l´affection des peuples.
La constance en amour est une inconstance perpétuelle.
La faiblesse est plus opposée à la vertu que le vice.
La flatterie est une fausse monnaie qui n´a de cours que par notre vanité.
La jalousie est le plus grand de tous les maux, et celui qui fait le moins de pitié aux personnes qui le causent.
La jalousie naît toujours avec l´amour, mais ne meurt pas toujours avec lui.
La jeunesse est une ivresse continuelle: c´est la fièvre de la santé; c´est la folie de la raison.
La parfaite valeur c´est de faire sans témoin ce qu´on serais capable de faire devant tout le monde.
La petitesse de l´esprit fait l´opiniâtreté; et nous ne croyons pas aisément ce qui est au-delà de ce que nous voyons.
La philosophie triomphe aisément des maux passés et des maux à venir, mais les maux présents triomphent d´elle.
La plupart des hommes ont, comme les plantes, des propriétés cachées que le hasard fait découvrir.
La plupart des honnêtes femmes sont des trésors cachés qui ne sont en sûreté que parce qu´on ne les recherche pas.
La plus subtile de toutes les finesses est de savoir bien feindre de tomber dans les pièges que l´on nous tend, et on n´est jamais si aisément trompé que quand on songe à tromper les autres.
La pompe des enterrements funèbres intéresse plus la vanité des vivants que la mémoire des morts.
La prudence et l´amour ne sont pas faits l´un pour l´autre: à mesure que l´amour croît, la prudence diminue.
La reconnaissance de la plupart des hommes n´est qu´une secrète envie de recevoir de plus grands bienfaits.
La renommée des grands hommes devrait toujours se mesurer aux moyens dont ils ont usé pour l´acquérir.
La sincérité est une ouverture de coeur. On la trouve en fort peu de gens, et celle que l´on voit d´ordinaire n´est qu´une fine dissimulation pour attirer la confiance des autres.
La vengeance procède toujours de la faiblesse de l´âme, qui n´est pas capable de supporter les injures.
La vertu n´irait pas si loin si la vanité ne lui tenait compagnie.
La violence qu´on se fait pour demeurer fidèle à ce qu´on aime ne vaut guère mieux qu´une infidélité.
La véritable éloquence consiste à dire tout ce qu´il faut et à ne dire que ce qu´il faut.
La vérité ne fait pas tant de bien dans le monde que ses apparences y font de mal.
Le bon goût vient plus du jugement que de l´esprit.
Le bonheur tue et le chagrin laisse vivre.
Le doute est le pire de tous les maux, car il les suppose tous.
Le désir de paraître habile empêche souvent de le devenir.
Le mal que nous faisons ne nous attire pas tant de persécution et de haine que nos bonnes qualités.
Le plaisir de l´amour est d´aimer, et l´on est plus heureux par la passion que l´on a que par celle que l´on donne.
Le plus dangereux ridicule des vieilles personnes qui ont été aimables, c´est d´oublier qu´elles ne le sont plus.
Le plus grand effort de l´amitié n´est pas de montrer nos défauts à un ami, c´est de lui faire voir les siens.
Le plus grand miracle de l´amour, c´est de guérir de la coquetterie.
Le refus des louanges est un désir d´être loué deux fois.
Le remède de la jalousie est la certitude de ce qu´on craint, parce qu´elle cause la fin de la vie ou la fin de l´amour.
Le repentir est le dernier profit que l´homme tire de sa faute.
Le travail du corps délivre des peines de l´esprit et c´est ce qui rend les pauvres heureux.
Le vrai moyen d´être trompé, c´est de se croire plus fin que les autres.
Les amants ne voient les défauts de leurs maîtresses que lorsque leur enchantement est fini.
Les biens et les maux qui nous arrivent ne nous touchent pas selon leur grandeur, mais selon notre sensibilité.
Les défauts de l´esprit augmentent en vieillissant, comme ceux du visage.
Les esprits médiocres condamnent d´ordinaire tout ce qui passe leur portée.
Les gens heureux ne se corrigent guère: ils croient toujours avoir raison quand la fortune soutient leur mauvaise conduite.
Les hommes ne vivraient pas longtemps en société s´ils n´étaient les dupes les uns des autres.
Les occasions nous font connaître aux autres, et encore plus à nous-mêmes.
Les personnes faibles ne peuvent être sincères.
Les querelles ne dureraient pas longtemps, si le tort n´était que d´un côté.
Les vertus se perdent dans l´intérêt, comme les fleuves se perdent dans la mer.
Les vices entrent dans la composition des vertus, comme les poisons entrent dans la composition des remèdes.
Les vieillards aiment à donner de bons préceptes pour se consoler de n´être plus en état de donner de mauvais exemples.
Les vieux fous sont plus fous que les jeunes.
Lorsque notre haine est trop vive, elle nous met au-dessous de ceux que nous haïssons.
L’amour-propre est l’amour de soi-même et de toutes choses pour soi.
Nos vertus ne sont le plus souvent que des vices déguisés.
Notre repentir n´est par tant un regret du mal que nous avons fait, qu´une crainte de celui qui nous en peut arriver.
Nous aimons mieux voir ceux à qui nous faisons du bien que ceux qui nous en font.
Nous aimons toujours ceux qui nous admirent, et nous n´aimons pas toujours ceux que nous admirons.
Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs qui les produisent.
Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d´autrui.
Nous gagnerions plus de nous laisser voir tels que nous sommes, que d´essayer de paraître ce que nous ne sommes pas.
Nous n´avouons de petits défauts que pour persuader que nous n´en avons pas de grands.
Nous ne désirerions guère de choses avec ardeur, si nous connaissions parfaitement ce que nous désirons.
Nous ne louons d´ordinaire de bon coeur que ceux que nous admirons.
Nous ne trouvons guère de gens de bon sens, que ceux qui sont de notre avis.
Nous pardonnons aisément à nos amis les défauts qui ne nous regardent pas.
Nous pardonnons souvent à ceux qui nous ennuient, mais nous ne pouvons pardonner à ceux que nous ennuyons.
Nous plaisons plus souvent dans le commerce de la vie par nos défauts que par nos bonnes qualités.
Nous promettons selon nos espérances, et nous tenons selon nos craintes.
On a bien de la peine à rompre quand on ne s´aime plus.
On a divers sujets de mépriser la vie, mais on n´a jamais raison de mépriser la mort.
On aime à deviner les autres, mais l´on n´aime pas à être deviné.
On croit quelquefois haïr la flatterie, mais on ne hait que la manière de flatter.
On doit se consoler de ses fautes quand on a la force de les avouer.
On est quelquefois aussi différent de soi-même que des autres.
On est quelquefois un sot avec de l´esprit, mais on ne l´est jamais avec du jugement.
On fait souvent du bien pour pouvoir impunément faire du mal.
On n´est jamais si malheureux qu´on croit, ni si heureux qu´on avait espéré.
On ne doit pas juger d´un homme par ses grandes qualités, mais par l´usage qu´il en sait faire.
On ne méprise pas tous ceux qui ont des vices, mais on méprise tous ceux qui n´ont aucune vertu.
On ne peut répondre de son courage quand on n´a jamais été dans le péril.
On ne trouve guère d´ingrats tant qu´on est en état de faire du bien.
On passe souvent de l´amour à l´ambition, mais on ne revient guère de l´ambition à l´amour.
On peut être plus fin qu´un autre, mais non pas plus fin que tous les autres.
On se console souvent d´être malheureux par un certain plaisir qu´on trouve à le paraître.
Peu de gens sont assez sage pour préférer la critique qui leur est utile à la louange qui les trahit.
Plus on aime une maîtresse, et plus on est prêt de la haïr.
Pour juger le monde, il faut le voir de loin et l´avoir beaucoup vu de près.
Quand on ne trouve pas son repos en soi-même, il est inutile de le chercher ailleurs.
Quelque rare que soit le véritable amour, il l´est encore moins que la véritable amitié.
Quoique les hommes se flattent de leurs grandes actions, elles ne sont pas souvent les effets d´un grand dessein, mais des effets du hasard.
Rien n´est plus désagréable qu´un homme se cite lui-même à tout propos.
S´il y a des hommes dont le ridicule n´ait jamais paru, c´est qu´on ne l´a pas bien cherché.
Si nous n´avions point d´orgueil, nous ne nous plaindrions pas de celui des autres.
Si nous n´avions point de défauts, nous ne prendrions pas tant de plaisir à en remarquer dans les autres.
Si nous résistons à nos passions, c´est plus par leur faiblesse que par notre force.
Si on juge de l´amour par la plupart de ses effets, il ressemble plus à la haine qu´à l´amitié.
Tous ceux qui connaissent leur esprit ne connaissent pas leur coeur.
Tout le monde se plaint de sa mémoire, et personne ne se plaint de son jugement.
Toutes les passions nous font faire des fautes, mais l´amour nous en fait faire de plus ridicules.
Un homme d´esprit serait souvent bien embarrassé sans la compagnie des sots.
Un homme peut être amoureux comme un fou, mais non pas comme un sot.
Une honnête femme est un trésor caché; celui qui l´a trouvé fait fort bien de ne s´en pas vanter.
C´est trop contre un mari d´être coquette et dévote: une femme devrait opter.
C´est un métier que de faire un livre, comme de faire une pendule.
C´est une grande difformité dans la nature qu´un vieillard amoureux.
C´est une grande misère que de n´avoir pas assez d´esprit pour bien parler, ni assez de jugement pour se taire.
Ceux qui emploient mal leur temps sont les premiers à se plaindre de sa brièveté.
Corneille nous assujettit à ses caractères et à ses idées, Racine se conforme aux nôtres; celui-là peint les hommes comme ils devraient être, celui-ci les peint tels qu´ils sont.
Entre toutes les différentes expressions qui peuvent rendre une seule de nos pensées, il n´y en a qu´une qui soit la bonne.
Etre avec des gens qu´on aime, cela suffit; rêver, leur parler, ne leur parler point, penser à eux, penser à des choses plus indifférentes, mais auprès d´eux, tout est égal.
Il faut avoir trente ans pour songer à sa fortune; elle n´est pas faite à cinquante; l´on bâtit dans sa vieillesse, et l´on meurt quand on en est aux peintres et aux vitriers.
Il faut des fripons à la cour auprès des grands et des ministres, même les mieux intentionnés; mais l´usage en est délicat, et il faut savoir les mettre en oeuvre.
Il faut rire avant que d´être heureux, de peur de mourir sans avoir ri.
Il n´est pas absolument impossible qu´une personne qui se trouve dans une grande faveur perde un procès.
Il n´y a au monde que deux manières de s´élever, ou par sa propre industrie, ou par l’imbécillité des autres.
Il n´y a pour l´homme que trois événements: naître, vivre et mourir. Il ne se sent pas naître, il souffre à mourir et il oublie de vivre.
Il n´y a rien de plus bas, et qui convienne mieux au peuple, que de parler en des termes magnifiques de ceux mêmes dont l´on pensait très modestement avant leur élévation.
Il ne faut ni vigueur, ni jeunesse, ni santé, pour être avare.
Il s´est trouvé des filles qui avaient de la vertu, de la santé, de la ferveur et une bonne vocation, mais qui n´étaient pas assez riches pour faire dans une riche abbaye voeu de pauvreté.
Il se croit des talents et de l´esprit: il est riche.
Il y a autant de faiblesse à fuir la mode qu´à l´affecter.
Il y a bien autant de paresse que de faiblesse à se laisser gouverner.
Il y a d´étranges pères, et dont toute la vie ne semble occupée qu´à préparer à leurs enfants des raisons de se consoler de leur mort.
Il y a dans les meilleurs conseils de quoi déplaire.
Il y a dans quelques hommes une certaine médiocrité d´esprit qui contribue à les rendre sages.
Il y a des gens qui parlent un moment avant que d´avoir pensé.
Il y a quelques rencontres dans la vie où la vérité et la simplicité sont le meilleur manège du monde.
Il y a un goût dans la pure amitié où ne peuvent atteindre ceux qui sont nés médiocres.
Il y a une espèce de honte d´être heureux à la vue de certaines misères.
L´amour commence par l´amour; et l´on ne saurait passer de la plus forte amitié qu´à un amour faible.
L´amour et l´amitié s´excluent l´un l´autre.
L´amour qui naît subitement est le plus long à guérir.
L´ennui est entré dans le monde par la paresse.
L´esclave n´a qu´un maître; l´ambitieux en a autant qu´il y a de gens utiles à sa fortune.
L´esprit de la conversation consiste bien moins à en montrer beaucoup qu´à en faire trouver aux autres: celui qui sort de votre entretien content de soi et de son esprit l´est de vous parfaitement.
L´esprit de parti abaisse les plus grands hommes jusques aux petitesses du peuple.
L´honnête homme tient le milieu entre l´habile homme et l´homme de bien, quoique dans une distance inégale de ces deux extrêmes.
L´on craint la vieillesse que l´on n´est pas sûr de pouvoir atteindre.
L´on veut faire tout le bonheur, ou, si cela ne se peut ainsi, tout le malheur de ce qu´on aime.
L´on voit des hommes tomber d´une haute fortune par les mêmes défauts qui les y avaient fait monter.
La cour est comme un édifice de marbre; je veux dire qu´elle est composée d´hommes fort durs, mais fort polis.
La faveur des princes n´exclut pas le mérite, et ne le suppose pas aussi.
La gloire ou le mérite de certains hommes est de bien écrire; et de quelques autres, c´est de n´écrire point.
La libéralité consiste moins à donner beaucoup qu´à donner à propos.
La même justesse d´esprit qui nous fait écrire de bonnes choses nous fait appréhender qu´elles ne le soient pas assez pour mériter d´être lues.
La philosophie, elle nous fait vivre sans une femme ou nous fait supporter celle avec qui nous vivons.
La plupart des femmes n´ont guère de principes; elles se conduisent par le coeur, et dépendent pour leurs moeurs de ceux qu´elles aiment.
La plupart des hommes emploient la meilleure partie de leur vie à rendre l´autre misérable.
La témérité des charlatans, et leurs tristes succès, qui en sont les suites, font valoir la médecine et les médecins; ci ceux-ci laissent mourir, les autres tuent.
La vie se passe tout entière à désirer...
Le commencement et le déclin de l´amour se font sentir par l´embarras où l´on est de se trouver seuls.
Le devoir des juges est de rendre la justice; leur métier est de la différer, quelques-uns savent leur devoir et font leur métier.
Le flatteur n´a pas assez bonne opinion de soi ni des autres.
Le plaisir de la critique nous ôte celui d´être vivement touchés de très belles choses.
Le plaisir le plus délicat est de faire celui d´autrui.
Le plus grand effort de la passion est de l´emporter sur l´intérêt.
Les enfants n´ont ni passé ni avenir, et, ce qui ne nous arrive guère, ils jouissent du présent.
Les femmes vont plus loin en amour que la plupart des hommes; mais les hommes l´emportent sur elles en amitié.
Les hommes commencent par l´amour, finissent par l´ambition et ne se trouvent souvent dans une assiette plus tranquille que lorsqu´ils meurent.
Les hommes et les femmes conviennent rarement sur le mérite d´une femme: leurs intérêts sont trop différents.
Les hommes rougissent moins de leurs crimes que de leurs faiblesses et de leur vanité.
Les hommes veulent être esclaves quelque part, et puiser là de quoi dominer ailleurs.
L’on n’aime bien qu’une seule fois, c’est la première.
Ne pourrait-on point découvrir l´art de se faire aimer de sa femme?
Ne songer qu´à soi et au présent, source d´erreur dans la politique.
On tire ce bien de la perfidie des femmes, qu´elle guérit de la jalousie.
Quand le peuple est en mouvement, on ne comprend pas par où le calme peut y rentrer; et quand il est paisible, on ne voit pas par où le calme peut en sortir.
S´il est ordinaire d´être vivement touché des choses rares, pourquoi le sommes-nous si peu de la vertu?
Si la noblesse est vertu, elle se perd par tout ce qui n´est pas vertueux; et si elle n´est pas vertu, c´est peu de chose.
Si la pauvreté est la mère des crimes, le défaut d´esprit en est le père.
Si une laide se fait aimer, ce ne peut être qu´éperdument.
Tout est dit, et l´on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu´il y a des hommes et qui pensent.
Tout est tentation à qui la craint.
Tout notre mal vient de ne pouvoir être seuls: de là le jeu, le luxe, la dissipation, le vin, les femmes, l´ignorance, la médisance, l´envie, l´oubli de soi-même et de Dieu.
Toute révélation d´un secret est la faute de celui qui l´a confié.
Un coupable puni est un exemple pour la canaille; un innocent condamné est l´affaire de tous les honnêtes gens.
Un homme peut tromper une femme par un feint attachement, pourvu qu´il n´en ait pas ailleurs un véritable.
Un mari n´a guère un rival qui ne soit de sa main, et comme un présent qu´il a autrefois fait à sa femme.
Un sot ni n´entre, ni ne sort, ni ne s´assied, ni ne se lève, ni ne se tait, ni n´est sur ses jambes, comme un homme d´esprit.
Une femme insensible est celle qui n´a pas encore vu celui qu´elle doit aimer.
Une femme oublie d´un homme qu´elle n´aime plus jusqu´aux faveurs qu´il a reçues d´elle.
Une grande âme est au-dessus de l´injure, de l´injustice, de la douleur, de la moquerie; et elle serait invulnérable si elle ne souffrait par la compassion.
Vouloir oublier quelqu´un, c´est y penser.