"-Léon Rittchie Head, vous êtes condamné à sept ans d'emprisonnement et 400 000 euros d'amende."
Ces mots résonnèrent dans ma tête, quoiqu'ils furent justifiés. Je suis Léon Head, mon chef d'accusation ? escroquerie. En effet, j'ai escroqué un nombre assez important de personnes dans le seul but de m'enrichir. Je me souviens encore de mon arrestation, j'étais avec quelques subordonnés lorsque la police est venue m'interpeller ainsi que mes hommes. Au cours de cette longue procédure, j'ai réussi à les faire passer pour des personnes totalement innocentes dans l'escroquerie, ce qui était le cas pour la plupart. Je n'ai pas cherché à me faire innocenter, c'était impossible, mais j'ai, ou du moins mon avocat, cherché à faire diminuer ma peine. Il y a eu notamment l'évocation du fait que je n'engageais que des personnes connues pour des faits de violence mais qu'il n'y a jamais eu de violence de la part de ces personnes après qu'elles soient entrées sous mon autorité. En effet, comme je le dis toujours : "La force brute est l'arme des faibles, l'intelligence est la clé de tous les problèmes.". Un discours fort vaut mieux que des menaces, le charisme vaut mieux que la force et les mots valent mieux que les coups.
Au cours des quatre années qui précéderont ma sortie pour bonne conduite, je tins mon quartier. Jamais aucune violence n'a eu lieu tant que j'étais là. Je me souviens encore du discours que j'avais prononcé deux jours après mon arrivée :
"Je suis nouveau ici mais j'aimerais néanmoins vous dire quelques mots. Si nous sommes ici, c'est qu'il y a une raison, je connais la mienne et vous connaissez la vôtre. Il se peut que vous ayez commis des crimes graves tels que le meurtre mais tout a toujours une cause, qu'elle soit d'ordre mentale, accidentelle, passionnelle et j'en passe. Mais ce fait vous a conduit ici, loin de tout et proche de personne. Lorsque nous sommes dans nôtre cellule, nous sommes seuls face à notre pensée. Voulez-vous continuer à rester violents ? A refaire les mêmes erreurs encore et encore ? Ou voulez-vous devenir une autre personne, une personne qui apprend de ses erreurs ? Comme le disait Gaston Bachelard : "Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout se construit.". Voulez-vous construire un homme nouveau ? Ou bien voulez-vous rester tels que vous êtes, dans vos erreurs ? Je vous laisse y réfléchir."
Durant toute la durée de mon discours, personne n'avait dit le moindre mot, tout le monde s'était tourné vers moi. Le charisme prime sur la force. Et puis il y avait cette femme aussi, son nom était Annabella Friedrich, elle avait été condamnée pour homicide involontaire. Elle ne parlait qu'allemand lorsque je suis arrivé mais, car j'estime que les mots sont la base de la pensée et du partage, je me suis évertué, chaque jour, à lui apprendre le français. Ce fut laborieux au départ, elle avait du mal mais je restais patient. Lorsqu'elle avait un blocage sur un mot lors d'une discussion, je lui disais ce mot en allemand avant de le lui dire en français. Au bout de trois ans, elle parlait couramment le français et nous parlions de tout et de rien, de nos enfances, de nos passions et de tout ce qui faisait de nous des êtres humains : Notre culture, nos souvenirs, nos passions, nos amis, notre langue et ainsi de suite. Je me souviens de cette phrase qu'elle m'eut un jour dit : "L'être humain est comme un bloc de marbre." En effet, l'Homme naît brut, puis se façonne par la vie, avant d'être brisé par la mort. Je me souviens de chaque trait de son visage, des traits fins, presque artistiques, de ses yeux bleus comme l'océan et de sa chevelure sombre comme l'obscurité des nuits sans lune.
Et puis il y avait le directeur de la prison. Cet homme était ferme mais gentil. Lorsque nous nous croisions, il se pouvait que nous parlions plusieurs heures de football, car nous en étions de grands fans, de tactique, de l'actualité, des résultats et de cette ferveur inhérente aux stades sportifs. Cet homme était comme moi, nous aimions la tactique plus que l'improvisation, nous aimions maîtriser cette science inexacte qu'est le football. Malheureusement, il fut muté trois mois avant ma libération. Il me semble qu'il est du côté de Nantes maintenant.
Tout de suite après ma sortie, je pris le poste d'entraîneur dans une petite équipe amateur que je réussis à faire remporter deux trophées régionaux. Mais je voulais aller dans une autre sphère, la sphère du football professionnel et pour cela, j'entrepris les études pour obtenir le diplôme d'entraîneur professionnel.
First + Je suis
Superbe intro, tu écris très bien, ça donne vraiment envie de continuer à suivre
Le 16 septembre 2015 à 21:13:47 Lorientesque a écrit :
First + Je suisSuperbe intro, tu écris très bien, ça donne vraiment envie de continuer à suivre
Merci
Je suis
Je suis également, ton introduction est superbe !!
Superbe introduction, pour le nom d'Annabella Friedich, t'es tu inspiré de la romancière allemande?
Le 17 septembre 2015 à 08:39:38 ak84 a écrit :
Superbe introduction, pour le nom d'Annabella Friedich, t'es tu inspiré de la romancière allemande?
Non, je ne la connais pas, c'est juste un personnage créé il y a longtemps
La première chose à faire fut de me renseigner sur les procédures. Ce fut rapide car dans mon ancienne activité, la recherche d'informations est un plus non négligeable. Ensuite, je dus trouver un appartement car j'avais demandé la mise aux enchères de mes biens acquis grâce à l'argent de mes escroqueries afin que la somme collectée serve à dédommager en partie les victimes. Je voulais rompre avec mon passé, je voulais devenir un homme nouveau même si je suis conscient que mon passé va finir par me rattraper un jour ou l'autre. Un simple appartement deux pièces me contenta et après quelques procédures, il fut à moi. La première fois que je suis entré dans mon appartement, j'ai eu comme un sentiment de liberté : mon passé d'escroc était derrière moi et j'allais tout faire pour ne pas replonger dans mes vices. J'avais transmis mes dernières consignes à mes hommes avant de partir pour la prison. La première, et sans doute la plus importante, était : pas de violence, ni de vengeance.
Aujourd'hui, jour des visites dans mon ancienne prison, je décide d'aller voir Annabella au parloir. En arrivant devant ce qui fut ma maison durant quatre ans, je ressens comme un sentiment de nostalgie. Finalement, même si je ne veux pas retourner là-bas, les gens qui y étaient avec moi sont comme une famille pour moi, tout mon étage était ma famille. En arrivant, je me fais fouiller par les gardes qui gardent mes clés de voiture, mes papiers et tout ce qu'ils doivent garder selon la procédure avant de me rendre au parloir. Lorsqu'elle arrive, Annabella a l'air surprise mais heureuse d'avoir de la visite. Je me rappelle qu'elle était comme moi, c'est-à-dire l'un des seuls à ne pas recevoir de visite d'un proche ou d'un ami. Je m'installe face à elle, ou plutôt face à la vitre.
"-Salut, Bella, ça va ? lui dis-je.
-Salut Léon, me répond t-elle en souriant, je vais bien et toi ?
-Ouais, je me demandais quand tu sortais.
-Hum... Dans trois semaines je crois, pourquoi ?
-Pour que tu viennes vivre chez moi, du moins le temps de te trouver un appart'.
-Je ne veux pas te déranger.
-Tu crois que je te le demanderais si ça me dérangeait ma petite Bella ?
-Non bien sûr.
-Bien. Sur quoi nous étions nous arrêtés la dernière fois ?
-Ce nous pensions des relations sociales."
Si Annabella Friedrich avait bien une qualité, c'était sa grande mémoire qui lui permettait de se souvenir de beaucoup de choses.
"-Comment vois-tu les relations sociales Léon ?
-Je les vois comme une partie d'échecs, chaque personne à un rôle défini et il faut savoir user de stratégie pour arriver à ses fins. Ou comme une partie de poker, le bluff, le jeu psychologique, tout ça. Et toi ?
-Hum... Comme un livre je dirais, nous décidons de nos relations, et nous ne pouvons les effacer. Ou peut-être comme un récital de musique, les gens sont complémentaires et avec une union, cela peut donner un magnifique concert.
-Tu as toujours aimé les arts, c'est vrai. Mais penses-tu que l'art soit le reflet de ce que nous sommes ?
-Oui et non. Nous avons forcément une part de projection personnelle dans l'art, ne serait-ce que pour le choix des couleurs, des mots ou des instruments mais d'un autre côté, notre créativité est excitée par ce qui se passe autour de nous, donc l'art n'est pas qu'une projection personnelle de nous même."
Nous continuons à nous parler ainsi jusqu'à la fin des visites. Bientôt, je ne serais plus le seul à pouvoir faire un trait sur le passé, nous serons deux. Annabella et moi, ma créativité et son rationnel.
Allons-y.
Super, je suis
Bien écrit
Je sais pas pourquoi, je sens bien qu'on va entendre parler de cette Anabella pendant un long moment... je me trompe ? Vivement la suite en tout cas
Waouh, que dire à part que c'est génial!
J'ajoute ça direct en favoris et j'attend avec impatience la suite!
Vraiment très intéressant + beau style d'écriture. Impatient de lire la suite.
Après être rentré de ma visite à la prison, je décide de m'installer à la table d'un café afin de réfléchir et d'écrire un peu. Seulement, je ne sais pas quoi écrire. Ce problème est courant chez moi alors que j'adore écrire. Mais je n'ai pas vraiment la tête à ça à vrai dire. J'ai encore du mal à me dire que j'ai rompu avec mon passé, j'ai du mal à me dire que finalement, tout ne sera plus jamais pareil. A l'époque, je me levais, me préparais et allais tenir mon activité. Je ne rentre pas dans les détails afin de ne pas être tenté de refaire ce genre de choses. Après avoir commandé un chocolat chaud, je commence à regarder autour de moi dans le but de trouver l'inspiration. Puis mon regard se pose sur une personne qui écrivait également et que je reconnais. C'était Alfredo Bellassi, un ancien de mes subordonnés. Je décide d'aller le voir, il a bien changé en quatre ans, il s'est sérieusement musclé et semble aussi plus calme que la première fois où je l'ai vu, c'est-à-dire après l'avoir vu se battre dans un bar.
"-Tu as changé Bellassi, lui dis-je pour l'interpeller, c'est bien.
-Léon ? Installe-toi ! me répondit-il visiblement surpris de me voir. Je croyais que tu avais pris sept ans.
-J'ai bel et bien pris sept ans, mais je suis sorti il y a quelques mois pour bonne conduite. Il s'est passé quoi en mon absence ?
-Sans toi, toute la bande s'est divisée donc on peut dire qu'elle est morte dès que tu as quitté le circuit. Ceci dit, j'ai encore des contacts avec la plupart d'entre eux. Sauf Wilfried et Quentin qui ont essayé de prendre le pouvoir juste après ton départ mais personne ne les a suivi car ils n'avaient ni ton charisme, ni ton intelligence.
-C'est pas plus mal comme ça. De toute façon, je ne veux plus replonger là-dedans.
-Et tu as bien raison. D'ailleurs, on voulait te remercier de ne pas avoir témoigné contre nous. On a aussi fait un pacte entre nous pour ne pas que l'un de nous ne retombe dans ce genre d'activités.
-J'étais votre chef, c'était moi qui dirigeait le tout, vous n'aviez pas à plonger avec moi.
-C'est pour ça que tout le monde t'obéissait et te respectait. Tu deviens quoi ?
-Je passe mes diplômes pour devenir entraîneur de foot. Et toi ?
-Après que tu aies été envoyé derrière les barreaux, je suis allé à la planque pour vérifier que personne n'avait rien volé et je suis tombé sur tes écrits. Je n'ai jamais été très doué là-dedans mais je me suis mis moi-aussi à écrire et j'ai aimé ça. J'espère un jour devenir écrivain.
-Sur quels écrits es-tu tombé ? Je ne me souviens pas en avoir laissé à la planque.
-La réflexion, clé et serrure à la fois
-Il n'a jamais été fini d'ailleurs.
-Si, je l'ai terminé après l'avoir recopié afin que le texte d'origine ne soit pas modifié. Tiens, tu le liras ce soir. Je dois y aller, j'ai un rendez-vous avec une maison d'édition.
-Bonne chance."
Je suis fier de lui, il a réussi à passer outre sa propension à la violence afin devenir un homme plus cultivé. J'espère qu'il deviendra quelqu'un, il le mérite amplement. Je me souviens encore de la première fois où je lui ai parlé. Il était assez énervé mais il s'est calmé au fur et à mesure de nôtre discussion. Il est par la suite devenu mon second. Un autre point positif est que sans lui, je n'ai plus aucune envie de replonger car je n'ai plus de personne de confiance. Je me promène en ville jusqu'à la tombée de la nuit avant de rentrer dans mon appartement. Je m'installe sur mon canapé et commence à lire le texte que m'a remis Alfredo. Je me souviens de la première phrase.
"La réflexion est la clé d'une serrure qu'elle ne peut ouvrir [...]"
/!\ Désolé si c'est beaucoup de scénario mais comme je n'ai pas encore le jeu, j'en profite pour poser les bases du personnage.
Le meilleur storyman de fifa est de retour
Bonne chance comme entraîneur
Le 20 septembre 2015 à 00:42:23 BlueAndBlue a écrit :
Le meilleur storyman de fifa est de retourBonne chance comme entraîneur
Merci de dire que je suis le meilleur
Et merci de me souhaiter bonne chance
J'avais relu tes anciennes story, mais cette année, j'ai la chance de la lire en direct
Perso, j'aime bien le scénario car c'est très important dans une story
Intéressant, toujours bien écrit JO.
J'attends la suite avec impatience.
C'est toujours super bien écrit et très intéressant !
Je suis!