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Sujet : [Fic] Au coeur de la tempête

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ThelVadam ThelVadam
MP
Niveau 10
10 avril 2018 à 23:46:01

Je me suis arrêté à "Nerevar l'altmer" :pf:

Non, sérieusement, faut vraiment que je me donne un coup de pieds au cul pour lire tout ça :honte:

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
11 avril 2018 à 14:10:56

Le 10 avril 2018 à 23:46:01 ThelVadam a écrit :
Je me suis arrêté à "Nerevar l'altmer" :pf:

Non, sérieusement, faut vraiment que je me donne un coup de pieds au cul pour lire tout ça :honte:

J'ai commencé ton RP, pas d'excuse malandrin :ok:

ThelVadam ThelVadam
MP
Niveau 10
11 avril 2018 à 17:13:35

Non, ça ne marche pas comme ça...

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
13 avril 2018 à 20:10:34

:up:, je commence à bosser sur la suite.

Message édité le 13 avril 2018 à 20:10:50 par TheEbonyWarrior
ODST-01 ODST-01
MP
Niveau 10
14 avril 2018 à 11:05:20

Annonce pas quand tu commence a ser dessus mais plutot quand t'as fini :hap:

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
15 avril 2018 à 09:02:36

Le 14 avril 2018 à 11:05:20 ODST-01 a écrit :
Annonce pas quand tu commence a ser dessus mais plutot quand t'as fini :hap:

On entretient le semblant de hype comme on peut écoute :hap:

DaLiar DaLiar
MP
Niveau 8
23 avril 2018 à 19:49:37

Je repasse et je vois que ta fic a disparu :ouch:
Bon courage pour la réécriture alors !

EsZanN EsZanN
MP
Niveau 27
24 avril 2018 à 06:21:25

Le 23 avril 2018 à 19:49:37 DaLiar a écrit :
Je repasse et je vois que ta fic a disparu :ouch:
Bon courage pour la réécriture alors !

Et toi la tienne ?! Bordel je te croyais mort ! :rire:

DaLiar DaLiar
MP
Niveau 8
24 avril 2018 à 10:31:50

Un jour... Un jour ! :rire:

ODST-01 ODST-01
MP
Niveau 10
24 avril 2018 à 23:03:08

Merde alors ! Moi qui commençait à croire que les fantômes n'existaient pas...

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
25 avril 2018 à 23:08:08

Le 23 avril 2018 à 19:49:37 DaLiar a écrit :
Je repasse et je vois que ta fic a disparu :ouch:
Bon courage pour la réécriture alors !

Elle a pas "disparu" à proprement parler, je l'ai juste mit en topic résolu pour que les gens n'y attendent pas une suite qui n'arrivera pas de sitôt :hap:

J'ai 2 chapitres en poche et un 3è en préparation, je vous envoie ca ce week-end je pense :ok:

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
29 avril 2018 à 22:52:16

Chapitre 5

Figé dans une posture défensive depuis près d'une minute, Nérévar continuait de dévisager le rougegarde d'un air affligé, sans oser prononcer le moindre mot.

Le vent ne soufflait plus, mais une étreinte glaciale s'était emparé de son être au point de nouer ses entrailles et d'assécher sa gorge.

- L'Ordre des Marcheurs, vous dites ? lâcha-t-il enfin en essuyant d'un revers de manche le sang coulant de sa pommette droite.

- Je suppose que tu as déjà entendu parler de nous, acquiesça le rougegarde d'une mine sombre. Cela m'évitera bien des explications.

- Par quel satané miracle l'un d'entre vous peut-il se trouver sur ma route en cet instant précis ?

- Les miracles n'existent pas, mais je dois admettre que notre rencontre est le fruit d'un concours de circonstances inattendues, rétorqua Shazam en constatant avec amusement que le mépris que lui vouait le mage s'accompagnait néanmoins d'un vouvoiement presque craintif.

Une quinte de toux nerveuse agita l'Altmer, qui détourna le regard en direction de la grotte afin de s'assurer que personne ne les observait. Conformément à ses attentes, la voie était libre : le rougegarde n'agissait probablement pas de façon coordonnée avec le groupe qu'il disait protéger, ce qui signifiait que son emprise sur cet échange n'était pas totale tant qu'il ignorait si le reste de sa troupe se portait bien.

Mais en cet instant, la curiosité du soldat surclassait de loin les considérations stratégiques dont aurait pu faire preuve en temps normal : la connaissance était ce pourquoi il était venu ici. La connaissance était une arme. Et si cette conversation pouvait lui permettre d'en apprendre plus sur l'un des nombreux ennemis du Domaine, il était plus que judicieux d'y participer.

- Alors les rumeurs étaient fondées... murmura l'elfe d'un air calculateur. Vous êtes plus qu'une stupide légende, après tout.

- C'est exact. Les Marcheurs n'ont rien d'une fable, contrairement à ce que vos commanditaires aux oreilles effilées veulent bien faire croire à ceux qui ont le malheur de se pencher sur la question. À vrai dire, être informé de ce secret et avoir la tête attachée aux épaules sont deux critères rarement compatibles que tu devrais te considérer chanceux de réunir.

- Une question, si vous le permettez, poursuivit l'arcaniste sans faire mine d'avoir entendu son interlocuteur. Votre opposition aux plans du Domaine, bien que futile, a sans doute déjà dû conduire à quelques rencontres peu cordiales entre les membres de nos partis respectifs. Comment nous avez-vous échappé durant tout ce temps ?

L'esquisse d'un sourire éclaira brièvement les traits de Shazam, avant que ces derniers ne replongent dans un noir d'encre impénétrable.

- Si tu souhaites tout savoir, tu es le premier partisan Thalmori sur lequel je tombe depuis un moment, et tu devrais sans mal pouvoir imaginer que converser de l'Ordre avec l'un d'entre eux est loin d'être une chose habituelle. Tu as tort de penser qu'une guerre se joue uniquement sur un champ de bataille. Le conflit qui nous oppose dure depuis de longues années sans qu'une goutte de sang n'ait été directement versée.

- Vous ne survivez donc que parce qu'ils ignorent où vous êtes, réalisa Névérar avec déplaisir.

Shazam ricana.

- Comment leur en vouloir ? Ils ignoraient tout de l'Ordre, dès le premier instant. Et malgré le fait qu'ils aient dûment rattrapé le temps perdu depuis la Grande Guerre, notre existence est plus difficile à éradiquer qu'une bande de mauvaises herbes mollement ancrées dans la terre un champ. Les côtes de Hauteroche sont plus...

Devant l'expression impénétrable de Névérar, le rougegarde suspendit soudainement sa phrase.

- Un instant..., murmura-t-il, songeur.

Les deux globes ardents ornant son visage scrutèrent l'Altmer pendant une douzaine de seconde, avant de se clore brusquement sous l'effet d'un rire sporadique.

- Tout s'explique..., reprit-il en ricanant d'un air distrait. Je comprends à présent pourquoi tu es venu seul.

Constatant que le mage ne saisissait pas où il souhaitait en venir, Shazam reprit placidement :

- Dis-moi, à qui appartenait donc la dague que tu tiens cachée sous ta robe ?

Sentant ses pupilles se dilater sous le coup de la surprise, l'Altmer mobilisa l'intégralité de sa volonté pour corriger son langage facial, et son regard récupéra la fermeté qui lui était habituelle en une infime fraction de seconde. Mais sa tentative d'hermétisme ne fit que laisser place à une profonde sensation d'amertume. Le rougegarde avait déjà compris.

Nérévar ne jugea pas utile de parler; car il ne faisait aucun doute que son interlocuteur l'avait déjà percé à jour. Brusquement, l'elfe réalisa que le sentiment abject qui l'avait envahi lorsqu'il s'était retrouvé immobilisé au sol était de retour, plus puissant que jamais, et autrement plus clair. Ce goût douceâtre qui venait d'envahir sa bouche était celui de l'échec, de l'humiliation et du déshonneur le plus blessant. En une fraction de seconde, sans qu'un seul mot n'ait été échangé, le maigre avantage qu'il espérait pouvoir bâtir au fil du temps venait de s'effondrer définitivement. Pour la première fois, un homme venait de l'acculer, et ce sans même faire un pas dans sa direction.

- Je me suis trompé à ton sujet, fit le rougegarde en haussant un sourcil impressionné. Moi qui pensais m'adresser à un général, me voilà en réalité face à un simple pion cherchant désespérément à échapper à sa propre condition. Espion, soldat, peut-être même simple matelot ? Et te voilà devant moi, luttant pour accomplir ce dont tous te jugent incapable. C'en est d'une originalité presque touchante.

- Qu'Auriel vous emporte, rougegarde ! feula Nérévar en bondissant sur ses appuis.

L'elfe fit jaillir son poignard de sa longue tunique d'un ample mouvement du bras, et se mit en garde de profil. Son autre main se leva instinctivement et se positionna sous la première, prête à répondre au moindre semblant d'assaut par un déluge d'arcanes.

Le rougegarde demeura immobile, n'ayant pour autre effet que de faire monter d'un cran la tension déjà profondément ancrée dans le cœur de l'Altmer. Ne s'était-il simplement pas encore résolu à leur inévitable confrontation, ou bien espérait arracher de lui plus que ce qu'il n'avait déjà obtenu ?

Malgré lui, Nérévar avait sous-estimé son interlocuteur : cet individu était très loin d'être un simple combattant, car la perspicacité et la vivacité d'esprit dont il venait de faire preuve défiaient simplement le sens commun. Un homme ordinaire n'aurait jamais été en mesure de déterminer la cause de sa surprise, en particulier lorsque celle-ci était demeurée presque indétectable. Par le passé, même les agents de l'Empire qu'il avait eût le loisir de côtoyer s'étaient laissé abuser par la rapidité avec laquelle il était en mesure de faire taire le plus infinitésimal haussement de sourcils ou le plus indiscernable des sourires. En quelques années, ses mensonges constants à la Guilde des Mages avaient contribué à faire de son visage un terrain d'expression non verbale sur lequel il disposait d'un contrôle parfait. Aucun sortilège, aucune tentative d'extorsion ne pouvait déloger autre chose de lui que les bribes d'informations qu'il décidait volontairement de laisser paraître à la surface de son teint cuivré. L'Archimage de Cyrodiil, Ancano, le général de leur flotte, Anthar... Pas un d'entre eux n'était en mesure de démêler le vrai du faux, et en arrivant en Bordeciel, les choses n'en étaient devenues que plus faciles.

Pour la plupart inéduqués à l'art de la conversation, auquel ils préféraient celui de la Voix ou du combat, les nordiques se laissaient happer par ses mensonges et ses mimiques les plus grossières comme dans une inextricable toile d'illusions desquelles ils devenaient vite prisonniers sans même le réaliser. Dès lors que ses propres talents avaient été le seul facteur déterminant de sa réussite, Nérévar avait toujours fini par obtenir ce qu'il souhaitait, que ce soit par la force, la ruse ou la persuasion. Plus que le réceptacle de sa volonté, son corps était en cinquante ans d'existence devenu le prolongement et l'outillage de celle-ci, outillage infaillible duquel il n'avait jamais douté un seul instant.

Pourtant, le rougegarde venait de s'infiltrer dans la brèche qu'il avait malencontreusement ouvert avec une facilité désarmante. Il n'avait jamais rien vu de tel. Avant même qu'il ne puisse songer à reprendre contenance, l'homme avait percé son unique rempart, et avait entrevu tout ce qui se dissimulait au-delà de ce dernier.

Une goutte de sueur perla à la surface du front de l'Altmer en dépit du froid saisissant. Ce vampire n'était pas simplement porteur d'informations capitales; il était également bien trop intelligent pour songer à les révéler sans être certain de pouvoir se débarrasser de lui dès qu'il s'en serait lassé. Alors pourquoi faire mine de l'épargner ? Quelque chose se tramait derrière ces pupilles pénétrantes, et il n'était pas sûr de pouvoir saisir ne serait-ce qu'un fragment des d'arrière-pensées qui motivaient le yokudan à agir comme il le faisait.

- Au risque de te décevoir, je n'attaquerai pas, lança Shazam en croisant les bras. Nous savons tous deux que la violence ne répondra pas à tes interrogations.

- Les ruses des abominations de ton espèce auront causé suffisamment de mal pour que je sache m'en méfier.

- Une ruse ? Voyons, il ne s'agit que d'une invitation à l'échange.

L'hésitation déforma les traits de l'arcaniste aussi brièvement qu'un coup de tonnerre. Cette fois encore, une lueur joueuse fut vibrer les pupilles du rougegarde lorsque ce dernier s'en rendit compte, ne faisant qu'accroitre l'inconfort de l'elfe.

- Un échange ? considéra Névérar avec lenteur. Que pourrais-je bien vouloir échanger avec un être de votre acabit ? Plus exactement, que pourriez-vous souhaiter partager ?

- L'homme avec lequel tu conversais à l'instant semble voué à attendre indéfiniment ton retour, qui, comme nous le savons, n'arrivera jamais. Partant de ce principe, il te reste trois options. Étant donné que tu as probablement assassiné ton commandant de sang-froid, je gage que la première, à savoir retourner sur l'Archipel pour y être condamné à mort pour haute trahison, ne fait pas partie de tes plans immédiats. Les deux autres, impliquant chacune que tu restes ici, me semblent tout aussi peu enviables, bien que responsables d'un trépas moins immédiat. L'une consiste à te trainer jusqu'à l'Ambassade près de Solitude, et à y avouer tes fautes. Les Justiciars dont tu sembles friand du style vestimentaire te prendront peut-être en pitié, voyant en toi un frère égaré que la médiocrité humaine aurait poussé à commettre des actes inconsidérés. Ils t'enfermeront dans une cellule et t'y laisseront pourrir, ce qui me semble être une option autrement moins alléchante que la première, mais dans ce cas de figure, la nouvelle de ta mort ne quittera jamais les froides plaines de Bordeciel. Ta famille ne sera pas dépossédée de ses terres et ne sera pas publiquement déshonorée en apprenant devant tous que leur héritier prometteur s'est retourné contre les siens. Un noble sacrifice, diraient certains. Mais tu es bien trop intelligent pour ne pas avoir déjà envisagé et écarté ces deux perspectives, n'est-ce pas ?

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
29 avril 2018 à 22:52:56

- Où voulez-vous en venir ? grogna l'Altmer.

- La vérité est que ton seul espoir ne repose pas à proprement parler sur la réussite de ton plan d'origine, mais simplement sur ta tentative de le réaliser, répondit le rougegarde d'un air magnanime. Tu es venu ici dans l'objectif de dérober quelque chose enfermé à Sarthaal, ou de mourir en essayant, afin de garder bonne conscience même si tu échoues. Et, laisse-moi être très clair : puisque nous parlons du Livre du Dragon, ton échec ne fait aucun doute.

- Vous voilà bien catégorique quant à ma destinée, mortel, répliqua l'Altmer avec une moue dédaigneuse. Je suis aussi capable de quitter cet endroit que j'ai été d'y parvenir, fut-ce au prix de vos misérables vies, à toi et tes amis.

- C'est là que tu fais erreur. Si cet ouvrage a le malheur de quitter ces ruines, personne ne sera plus en mesure de le protéger. Le Domaine lutte contre des forces dont tu n'as pas idée, et ces forces s'empareront de ton précieux butin avant même que tu ne prenne conscience de la fin aussi tragique qu'expéditive qu'elles te réservent.

- Encore les Psijiques ?

La mine du rougegarde se raffermit à l'évocation de l'ordre occulte, faisant esquisser un sourire à l'arcaniste.

- Les Psijiques, les Psijiques... Vous n'avez que ce mot là à la bouche, comme si vous les connaissiez, ou que vous essayiez de glorifier votre Ordre obscur pour le porter à leur niveau. Cessez de vous bercer d'illusions. Leur rivalité avec le Domaine suscite peut-être l'intérêt de nombreux académiciens, mais cela ne sera jamais le cas de votre pathétique secte.

- Tel n'est pas notre objectif. Rester dans l'ombre a parfois ses avantages.

- Fuir le conflit a toujours ses avantages. Mais l'honneur n'en fait pas partie.

Le rougegarde soupira silencieusement, visiblement lassé par cette conversation.

- Ceci ne nous mènera nulle part. Tu es plus borné que je ne l'imaginais, et je dois avouer que ta résistance a de quoi impressionner. Nombreux sont ceux qui auraient abandonné à ta place, mais te voilà, rigide comme un espadon et toujours aussi véhément, alors même que je viens de détailler avec précision ce qu'il adviendra si tu ne changes pas d'avis. J'imagine que continuer d'essayer de te dissuader de t'emparer du livre relèverait de l'entêtement plus que du bon sens. Mais avant de t'en aller gâcher un intellect et une existence pourtant brillants dans une folie pareille, laisse-moi au moins te raconter une petite histoire...

Contre toute attente, Shazam se retourna sans prévenir. L'éclat solaire se jeta avec avidité sur sa silhouette élancée, emportant ses contours dans une couronne de lumière irrégulière. Écartelée par les rayons de l'après-midi, son ombre se tordit monstrueusement, comme pour mieux souligner la nature se cachant derrière un comportement pourtant tout à fait humain.

Névérar baissa sa lame et se redressa, profondément dérangé par la vision étrangement fascinante d'une créature sanguinaire s'offrant ainsi à la clarté du jour.

- Nos peuples ne sont pas voué à se comprendre, commença le Compagnon. À la différence des elfes, tous les hommes sont mus par la volonté de transmettre leur savoir, afin que leurs successeurs accomplissent ce qu'ils n'ont su réaliser durant leur existence éphémère. Chez nous, ceux qui érigent les nations ou les doctrines d'un peuple vivent rarement assez longtemps pour voir le fruit de leurs efforts éclore et perdurer, et c'est précisément ce qui les pousse à guerroyer de la sorte. Paradoxalement, c'est ce désir d'accomplir quelque chose qui restera debout bien après leur mort qui les pousse vers les portes de celle-ci, et les derniers événements regrettables dont Bordeciel et Cyrodiil ont été le théâtre ne font que confirmer mes dires. Bien sûr, cela doit vous sembler bestial et incompréhensible. Pourquoi diluer une vie déjà courte et vaine dans la poursuite d'un idéal hors d'atteinte ? Mais de tels questionnements sont vains. Tout comme aucun homme ne peut saisir ce que signifie être un elfe, aucun Mer saint d'esprit ne se risquerait à écourter son existence, même par curiosité, afin de comprendre les maux qui fondent notre histoire. Nos deux espèces marchent à un rythme différent à travers les âges, et représentent chacune un aspect différent du comportement que les Dieux arboraient à la perfection avant notre création. Contemplation et mouvement sont les deux faces d'une même pièce : aussi liées soient-elles, il leur faut rester opposées pour que le monde continue de tourner normalement. Mais le Thalmor ne se contente pas d'observer. Il agit, et perturbe l'équilibre fragile que nos ancêtres s'efforçaient de respecter. Alors, en retour, les Marcheurs ont attendu, contrairement aux autres hommes. Pendant que ces derniers versaient leur sang, ils ont observé. Ils ont appris.

- Voilà une bien belle façon d'encenser leur attitude pathétique ! cracha l'Altmer avec condescendance. Ils se sont terré comme des insectes loin d'un combat qu'ils ne savaient mener. Vous avez choisi de vous cacher en Yokuda plutôt que de nous faire face. Je constate que les rumeurs étaient fondées : même revenus en Tamriel, vous voilà trop lâches pour agir.

- Cette période est révolue, l'interrompit Shazam. Cela fait vingt ans que les dirigeants du Domaine ont cessé de se mouvoir au grand jour. Désormais, le temps est venu pour nous de nous redresser, et de sortir de l'ombre néfaste qu'ils projettent sur le monde.

- Votre langue est bien pendue pour celle d'un fidèle dont la tête serait mise à prix partout où passent les Justiciars, pour peu que ceux-ci aient conscience de votre présence.

- Libre à toi de me dénoncer, si tu souhaites m'accompagner devant la cour martiale de ta chère patrie. Je me demande... De quelles couleurs les flammes d'un traître apparaîtront-elles au bûcher des hérétiques ?

La pique manqua tout juste d'ébranler l'assurance fragilisée de Névérar. Le rougegarde savait visiblement faire usage de ses mots, et comment les employer efficacement afin d'entailler son égo. Mais perdre son calme était une sottise qu'il ne commettrait pas, ou du moins pas si facilement.

- Comme je le disais, reprit le vampire, notre Ordre a su réunir un maximum d'informations à propos de la tête montante d'Aldmeri, et a assisté mieux que personne à sa prise de pouvoir fulgurante avant la Grande Guerre. Puis quelque chose arriva. En l'an 187 de l'Ère quatrième, une guerre civile sans précédent éclata en Hauteroche. Et, tandis que le monde des hommes croulait sous le traumatisme et la dévastation d'un conflit continental encore trop récent pour être oublié, les Marcheurs se sont silencieusement hissés aux premières loges du triste spectacle qui devait se jouer.

- Comment pouvez-vous être au courant de ces choses-là ? pâlit Nevérar en effectuant un pas en arrière. Personne ne devrait...

Le sourire qui se dessina sur le visage de Shazam en disait plus qu'assez concernant l'ampleur du sentiment triomphant qui venait de naitre en lui. Le rougegarde reprit, se dotant du ton assuré d'un homme certain d'avoir attisé la curiosité coupable de son interlocuteur.

- Naturellement, seul une poignée d'hommes sont conscients que de tels événements ont eût lieu, et il s'agit d'ailleurs de l'une des principales raisons poussant le Thalmor à vouloir nous éradiquer aujourd'hui. Bien employé, le savoir est plus tranchant que n'importe quelle lame, et nous avons fini par apprendre à le manier.

L'ironie de la situation frappa l'Altmer de plein fouet. D'abord le Livre, puis l'Ordre, et maintenant la guerre civile... Il lui avait fallu des années pour réunir de telles informations, au risque de perdre son rang, sa réputation, et même parfois sa propre vie. Il s'était enfoncé dans les recoins les plus sombres de la Guilde des Mages, avait eût recours aux méthodes les plus extrêmes et aux bassesses les plus blasphématoires, n'avait pas hésité à torturer, menacer ou rompre ses vœux à de multiples reprises, malgré les serments prêtés devant ses pairs et ses Dieux. Il avait simultanément mené la filature de plusieurs mages dans tout Cyrodiil et falsifié les registres de l'organisation la plus étendue du continent afin de parvenir à ses fins, et n'avait pas hésité à compromettre la couverture d'autres agents du Thalmor afin d'accélérer certains événements ou de provoquer certaines rencontres. Tout cela dans l'unique but de glaner, morceau par morceau, les lignes d'un récit obscur qu'il avait tout mit en jeu pour pouvoir reconstituer.

Et pourtant, cet homme venait de lui faire part de toutes ces informations, sans la moindre gêne ni prudence, comme s'il ne s'agissait que d'un ramassis d'anecdotes tout justes bonnes à être racontées le soir au coin d'un feu.

Il ne faisait désormais plus l'ombre d'un doute que cet homme en savait plus, beaucoup plus que ce qu'il avait daigné révéler jusqu'à maintenant.

- Sur une autre note, poursuivit le rougegarde d'un air impressionné, je suis agréablement surpris de découvrir que tu avais également connaissance de tout ceci. Je vais devoir réviser mon jugement : tes compétences dépassent de loin celles que j'aurais été en mesure d'attendre d'un simple exécuteur. Aurais-je affaire à un officier ?

- Peu importe qui je suis, le détourna l'elfe, dévoré par une curiosité pathologique. Allez-vous vous interrompre en si bon chemin alors que vous commenciez tout juste à devenir digne d'intérêt ?

- Non, bien sûr que non, sourit Shazam en devinant au ton de sa réponse qu'il avait raffermit son emprise sur son maigre auditoire. Que disais-je ? Ah, oui... Au début de l'été 187, les marchand et les paysans de toute la Glénumbrie se sont révoltés face à la cour de Daguefilante. Écrasés par les taxes et les promesses vides de sens de leur roi, des dizaines de milliers d'hommes ont pris les armes du jour au lendemain, et ont assiégé les villes de la région avec une coordination presque parfaite. En quelques jours, les cités de Refuge, Camlorn et Haltevoie sont tombées, voyant parfois même les seigneurs locaux se rallier à la cause du peuple contre la capitale. Nul ne saurait dire si ceux-ci ont cédé sous la menace, ou s'ils ont simplement jugé que l'instant se prêtait à un éventuel coup d'État duquel ils espéraient pouvoir tirer une quelconque prétention à la couronne, mais toujours est-il que le pays s'est brusquement retrouvé scindé en deux. Les rebelles, forts de leur nouvelle alliance et du soutien des masses populaires, ont envoyés leurs armées se heurter à celles du roi, bien conscient que Martelfell et Bordeciel, encore affaiblies, risquaient autant de le soutenir que de basculer du côté ennemi s'il les informait de la situation. Ainsi, les frontières terrestres et maritimes ont fermé, prétextant un retour fulgurant de la peste. Sans qu'aucune autre contrée ne soit mise au courant de la véritable teneur du problème, les batailles ont fait rage, plus sanglantes que jamais auparavant. Les villes sont tombées, se sont retournées les unes contre les autres, et se sont entre-déchirées sous le coup de luttes intestines pour le pouvoir ducal ou seigneurial. Pour la première fois de l'histoire brétonne, autant de poignards furent plantés dans le dos des nobles que dans celui de leurs soldats ou de leur peuple. Prit d'une frénésie incontrôlable avec l'arrivée de l'hiver menaçant de couper les ravitaillements de Daguefilante, les courtisans ont pressé leur monarque d'agir, et ce dernier céda rapidement face à la menace de se retrouver privé de ses uniques alliés politiques. C'est ainsi qu'il laissa le Domaine franchir ses frontières, dans le plus grand des secrets.

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
29 avril 2018 à 22:53:42

L'elfe fut pris d'un ricanement amusé.

- Pensez-vous sincèrement que rien n'ait jamais fuité ?

- Les rares hommes à avoir proclamé un tel complot ont été accueillis comme des fous, dans le meilleur des cas. Je ne suis pas sot au point de croire que le Conseil des Anciens se prélasse au sommet de la tour d'Or Blanc sans savoir exactement de quoi il retourne. Quoi qu'il en soit, aucun homme digne d'être pris au sérieux n'a encore fait mention de cette petite histoire, et aucun ne le fera prochainement, à moins de vouloir finir hissé au sommet d'une pique aux couleurs du Domaine. Votre nation a le mérite de savoir se montrer claire et persuasive dans les messages qu'elle transmet à l'Empire, fût-ce par le biais de mises en garde ouvertement menaçantes, et les individus qui règnent sur nous ne sont pas réputés pour leur témérité vis-à-vis de celles-ci.

- Vous voilà bien froid à l'égard d'hommes dont vous n'avez jamais eût à défendre les intérêts, se délecta Névérar avec un sourire cruel. Il me tarde de vous voir connaître le même sort que ces aristocrates véreux. Bientôt, vous et vos confrères ploierez tous le cou sous nos lames en regrettant le trou à rat insulaire que vous avez eût la bêtise de quitter.

- Le Domaine pourrait nous assiéger, et peut-être même raser définitivement notre Ordre de la surface du monde, acquiesça tranquillement Shazam. Mais les Maormers seraient bien mécontents d'apprendre que leurs voisins frontaliers ont violé le contrat qui maintenait une paix fragile entre eux, ne penses-tu pas ?

Passablement agacé par la sagacité du Compagnon, l'Altmer serra convulsivement les poings, faisant jaillir une pluie d'étincelles qui vinrent s'écraser au sol dans un nuage de vapeur. Comme toujours, le rougegarde avait raison. Quelque chose n'allait pas. Le discours du vampire semblait trop lisse et spontané pour être réel, comme si chacune des interventions de l'elfe avait été anticipée avant même qu'il ne songe à la formuler.

- Je comprends ta colère, sourit le Marcheur sans cesser de contempler les paisibles ondulations de la mer. Mais il faut comprendre que dès que le Thalmor entamera son prochain mouvement d'envergure, ses ennemis frapperont de toutes parts avant qu'il ne devienne inarrêtable. C'est ainsi que nous et vos supérieurs maintenons un statu quo depuis presque aussi longtemps que Martelfell, simplement parce que le Domaine a commis l'erreur de laisser en vie les premiers colons partis se réfugier sur la terre de mes ancêtres. Mais à la différence des Couronnes et Aïeux se remettant lentement de la guerre, nos rangs ne sont pas encombrés d'espions à la solde de vos dirigeants. Depuis des années, le Thalmor se montre inattentif, pensant que personne n'est en mesure d'exploiter ses failles parce que l'Empire des hommes est à bout de souffle. La vérité est que les Mede ont parfaitement joué leur rôle en nous permettant d'échapper à la vigilance du Domaine. Impatients d'accomplir leurs sombres manœuvres en Hauteroche, les dignitaires haut-elfes en ont oublié que d'autres hommes arpentaient les côtes à l'Ouest de la Baie d'Illiaque. Lors du conflit bréton, les Marcheurs ont compris avant quiconque que la guerre civile n'était qu'un stratagème qu'ils avaient déclenché, d'une manière ou d'une autre, afin d'instaurer quelque chose que seul un chaos d'ampleur nationale pouvait couvrir. Et, alors que les magiciens du Domaine accostaient sur les côtes de l'île de Bafierra afin de gravir la Tour Direnni, les Marcheurs ont entamé leur œuvre. En seulement quelques heures, ils ont surgit de l'ombre, réuni de jeunes gens au quatre coins du pays, et les ont pressé dans les cales de navires clandestins, avant de les envoyer droit vers Yokuda, là où personne ne songerait à les chercher. C'est ainsi, il y a seize ans de cela, que je suis devenu l'un des leurs.

- Vous n'avez donc jamais perdu la mémoire... acquiesça l'elfe. Ce qui explique pourquoi vous êtes en mesure de décrire si précisément ce qui s'est produit. Fascinant.

- Que Diagna m'emporte si je prétends savoir comment vous avez réussi à faire ce que vous avez fait, concéda le rougegarde. Si j'en crois ce qui nous a été enseigné, les combats auraient cessé en une seule journée, et les villes se seraient hissées de leurs propres décombres comme si tous ces mois de conflits déchirants n'avaient jamais eût lieu. La vie aurait repris son cours en un claquement de doigts, sans que personne ne garde le moindre souvenir des horreurs, et la famille royale serait allée jusqu'à croire ses propres mensonges, imputant sans hésitation les milliers de morts de la guerre à une simple épidémie. Comme si le temps s'était écoulé à l'envers, l'espace de quelques heures... Par chance, nous étions suffisamment loin des côtes lorsque ceci est arrivé, et nous nous sommes retrouvé hors du périmètre d'action de votre sortilège.

- Oh, mais vous savez exactement ce que mes pairs ont tenté d'accomplir là-bas, ricana Névérar. Et vous savez qu'ils ont échoué.

Shazam haussa un sourcil moqueur.

- Échoué ? La tour vous permet de contrôler toute une nation depuis plus d'une décennie, et continuera de le faire jusqu’à ce que vous en décidiez autrement. Et lorsque tel sera le cas, le désordre se répètera à l'identique, laissant le Domaine retenter sa chance autant de fois qu'il le faudra. Tu sais cela aussi bien que moi : cet "échec" n'est qu'une promesse de sursis. Et les vôtres ont plus qu'assez de temps devant eux pour préparer chaque tentative bien mieux que la précédente jusqu'à l'accomplissement de leur idéal.

Un éclat de rire sinistre souleva la poitrine de l'Altmer.

- Vous êtes extraordinaire, rougegarde ! clama ce dernier en levant les bras. Je n'aurais jamais songé un seul instant que cette journée se déroulerait de la sorte. J'imagine que vous allez désormais tenter de me rallier à vous, ou de m'abattre si vous échouez. Deux options aussi aberrantes l'une que l'autre. Néanmoins, je tiens à m'excuser de vous avoir sous-estimé. Vous n'êtes pas un ver, mais bien un scorpion au venin terriblement toxique. Et comme avec toute créature venimeuse, il me faut rester d'une prudence absolue.

L'elfe s'immobilisa, inspira profondément, et reprit d'un air sombre :

- Maintenant, rougegarde, retournez-vous.

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
29 avril 2018 à 22:53:57

Shazam n'eût pas besoin d'entendre le crépitement de la foudre se formant autour des paumes du mage pour se rendre compte de la menace qui planait sur sa vie. Instantanément, ses poils se dressèrent, ses adducteurs se bandèrent, ses yeux se plissèrent, et son cœur accéléra brusquement, berçant sa cage thoracique d'un battement presque mélodieux. Un rictus peiné déforma ses lèvres, encore sèches du long discours qu'il venait de proférer.

- Je me demandais quand tu te déciderais enfin à agir, souffla-t-il en se retournant très lentement vers son vis-à-vis.

Névérar n'avait plus rien du mage distant et précautionneux qu'il paraissait être quelques instants plus tôt. Toute trace d'incertitude avait déserté ses traits désormais victorieux, illuminés sans interruption par la série d'éclats bleutés vibrant puissamment autour de ses avant-bras.

D'un simple coup d'œil, le Compagnon comprit que l'Altmer se préparait sans aucune hésitation possible à semer la mort. Sous l'intensité du sortilège, sa cape de Justiciar ondulait avec une violence telle qu'elle semblait prête à se déchirer de ses attaches, laissant les lignes dorées qui la parcouraient capter par intermittence l'éclat du soleil se reflétant également dans ses pupilles frémissantes.

Dressée au-dessus de lui à cause de la quantité surnaturelle d'électricité statique concentrée au creux de ses paumes, la masse blonde de sa chevelure ondulait avec une lenteur majestueuse, semblable à la promesse d'un trépas aussi froid et immaculé que les étendues qui les entouraient.

- Navré de mettre fin à nos interactions d'une façon aussi abrupte, jeta Névérar en sentant une force trop longtemps dissimulée affluer en lui. Mais vous en savez bien trop pour quitter cet endroit en vie.

- C'est un trait que nous semblons ne partager qu'à moitié. Nos deux existences suffisent à mettre en danger ceux qui nous entourent, mais c'est une décision délibérée de ta part que de semer davantage de chaos autour de toi plutôt que de calmer les choses.

- Alors qu'attendez-vous pour m'arrêter, rougegarde ?

- Je suis un observateur, pas un combattant. Mon rôle n'est pas de t'affronter, mais de te dissuader de faire quelque chose de stupide.

- Est-ce une mauvaise blague ? s'exclama Névérar en esquissant un sourire de mauvaise augure. Vous m'avez plaqué au sol comme si je ne pesais rien il y a quelques minutes ! Croyez-vous que la lueur qui brille dans votre regard est dénuée de sens ? Votre être tout entier vous hurle de me broyer la nuque et de vous abreuver longuement de mon essence !

- Et pourtant, je suis différent, le contredit Shazam. Tout comme toi, qui te dresse contre les directives du Domaine tandis que tes petits camarades se dévouent corps et âme à sa grandeur. Nous nous distinguons de nos semblables, et tu voudrais que nous nous entretuions comme eux ? Que nous commettions les mêmes erreurs ?

- Libre à vous de répandre votre bien-pensance au gré du vent ! dit l'elfe en toisant son interlocuteur avec un mépris redoublé. Allez-vous donc me laisser faire et regarder vos amis mourir tout en agonisant ?

- Je ne peux pas te laisser t'en prendre à eux, mais nous n'avons pas à nous battre ici. Je refuse de gâcher un potentiel aussi prometteur que le tien !

- Votre niaiserie pacifiste est tout bonnement écœurante. J'ose espérer que les sauvages qui vous accompagnent auront au moins le cran de dégainer face à moi au lieu de gaspiller leur salive afin de m'arrêter !

- Je ne me suis pas débarrassé de toi quand j'en avais l'occasion ! insista le Compagnon. Il aurait suffi d'une lame, d'une flèche, d'un seul fragment de métal ! Et pourtant, je t'ai épargné pour une cause plus grande ! Si tu te joins à moi, tu acquerra plus de savoir que tu n'aurais su en rêver il y a quelques jours.

- M'allier aux ennemis du Thalmor ? Vous avez perdu la raison, pauvre imbécile !

- Nous savons tous deux que le Domaine n'est qu'un prétexte pour te permettre de gravir les échelons ! Mais il existe un autre moyen. Cède à la raison et écarte-toi d'eux avant qu'il ne soit trop tard pour te racheter !

- Oh, mais il était trop tard bien avant que nous ne nous rencontrions, rougegarde. Il est vrai que, de tous les hommes qui peuplent ce misérable continent, tu es sans doute l'un des seuls à t'être montré digne de mon respect. Mais ma décision est prise depuis longtemps, et ta fétide tentative de me rallier à ta cause en étalant tes connaissances me fait autant d'effet qu'un paon pavanant son plumage dans une basse-cour. À l'avenir, je saurais me charger des individus de ta trempe avant qu'ils ne me fassent perdre mon temps !

Sur ces mots, l'elfe joignit brusquement les bras, faisant converger l'énergie générée au bout de ses doigts. Dans un grondement assourdissant, le sol se mit à trembler, bientôt couvert par le vrombissement de la foudre.

- De quel avenir parles-tu donc ? cria Shazam pour se faire entendre par-dessus le vacarme naissant. Tu mourras ici si tu essayes de dérober ce livre !

- Assez de leçons, vampire ! Ma clémence n'a que trop duré !

Plaçant une main devant ses yeux pour se protéger de la lumière aveuglante émanant de l'incantation, Shazam fit un pas vers l'Altmer.

Brusquement, il lui sembla que l'univers tout entier venait de se glisser entre lui et son adversaire pour l'empêcher de l'atteindre. Son poids parut doubler, ses vêtements se raidirent, et une chaleur étrange envahit ses poumons. Inexplicablement, se rapprocher de l'arcaniste venait de devenir une véritable épreuve, comme s'il lui avait fallu gravir une chaine de montagnes abruptes au lieu de simplement s'avancer dans sa direction.

Au prix d'un effort plus important encore que le précédent, il effectua une enjambée supplémentaire, sentant les muscles de ses jambes tressauter de douleur au contact du sol. Cette fois, son plastron se stria de lignes noirâtres, alors que les coutures de son armure cédaient les unes après les autres dans un craquement sec. Le cuir de ses bottes s'effilocha, puis se déchira, lacérant ses chevilles au passage.

Malgré tout, il serra les mâchoires, et fit un troisième pas, désormais confronté à un vent de tempête capable de faire voler ses articulations en éclats.

- Et que feras-tu lorsque les pages de l'ouvrage t'engloutiront dans les flots du temps ? gémit-il en résistant à la tentation grandissante de poser un genoux à terre.

- Je m'y abandonnerai ! jubila Névérar en se laissant aller à un rire exubérant. Je mènerai à bien la mission que mes indignes prédécesseurs ont tenté de remplir il y a seize ans ! Et je réglerai ce qui aurait dû l'être il y a déjà une éternité !

- Ne t'avise pas de jouer ainsi avec des choses qui te dépassent ! l'avertit le rougegarde, désormais parvenu à trois mètres de son opposant. Le Dragon est une créature instable !

- Le Dragon est un mensonge ! rugit l'elfe en concentrant chaque parcelle de sa volonté en direction du Marcheur pour le repousser.

- Oui ! admit Shazam, à présent contraint de s'époumoner douloureusement pour couvrir le brouhaha terrifiant qui avait envahi les plaines. Mais c'est un mensonge magnifique !

Brusquement, un gigantesque arc électrique échappa au contrôle de l'Altmer. La foudre se tordit comme un serpent dévastateur, flotta un instant au-dessus de la banquise, et balaya le sol situé entre les deux hommes. La poudreuse explosa dans un tourbillon furieux, générant un mur de vapeur qui enfla à une vitesse si fulgurante qu'il en devint presque solide. En une fraction de seconde, Shazam fut englouti par la masse brumeuse, perdant de vue son adversaire. Tressaillant en raison de la chaleur insupportable, il sentit ses cuisses céder sous son poids, mais ses genoux ne heurtèrent qu'une surface dure et granuleuse.

Sentant ses vertèbres lutter désespérément afin de ne pas se disloquer, il baissa lentement la tête.

Autour d'eux, la neige avait été soufflée par la puissance du sortilège, laissant apparaitre le squelette glacial et morcelé de la banquise déjà parcourue de profondes fissures.

Faisant preuve d'une force et d'une ténacité inhumaines, le vampire se redressa, mais ses pieds ne quittèrent pas le sol en dépit de ses tentatives. Avancer du moindre centimètre sans élan était devenu impossible.

La vapeur se dissipa.

Entre les paumes de Névérar, un orbe de foudre de la taille d'une pomme venait d'apparaître, pivotant lentement sur son axe de rotation tout en déformant les contours de l'arcaniste.

- L'errance de mon peuple touche à son terme ! proclama-t-il en direction du ciel avec un rictus accusateur. L'aube se lèvera sur un monde où seule la lumière d'Auri-el sera à même de guider ses fidèles vers la salvation ! Sur un monde libéré d'Akatosh, et de tous les faux Dieux qui hantent Nirn avec convoitise !

- Névérar, arrête ! Le monde ne survivra pas à de tels bouleversements !

- NE T'AVISE PAS DE PRONONCER MON NOM, MORTEL ! explosa l'elfe, dont les veines du front et des bras triplèrent de volume sous l'action conjuguée de la colère et de l'effort.

Une impulsion magique d'une force incommensurable jaillit de la position de l'Altmer. Des pans de glace de la taille d'un homme se décrochèrent du sol dans un fracas déchirant, fusant dans toutes les directions à une vitesse folle.

Shazam su qu'il ne pourrait reculer à temps. Lorsqu'il fut frappé de plein fouet par la vague invisible, un spasme brutal s'empara de lui. Les vaisseaux sanguins de ses yeux et de sa peau éclatèrent, alors que chacun de ses muscles se contractait involontairement, tordant son corps d'une multitude de crampes. Plongé dans un état de douleur indescriptible, le rougegarde ne fut même pas en mesure de hurler. Le paysage se mit à tanguer autour de lui alors que les couleurs se confondaient les unes après les autres dans un dégradé de noir et de gris. Le bleu du ciel s'assombrit, puis s'estompa, le rouge de ses blessures se ternit, et les bribes de conscience le retenant au monde des vivants se perdirent dans le flou bordant les contours noircis de sa vision.

Réveillée par sa souffrance, la rage sourde qu'il avait si habilement contenue jusqu'à présent refit surface, plus impitoyable que jamais.

- Puisque rencontrer la mort te tiens tant à cœur, murmura-t-il en frémissant, je suppose que tu as le droit de tenter ta chance.

Fermant les yeux, Shazam lâcha prise. La tempête d'énergie l'emporta brusquement en arrière, le faisant décoller du sol. Ses vêtements en lambeaux se gonflèrent sous le brusque afflux d'air s'infiltrant dans leurs interstices, le faisant planer sur une grande distance avant de retomber comme une masse, vingt mètres plus loin.

Il s'écrasa lourdement, sans plainte ni grognement, soulevant un véritable nuage de poudreuse autour de son point de chute. À travers le rideau de neige, sa silhouette courbée se hissa hors des décombres immaculés, bercée par une respiration lente et profonde.

Le Shazam que Névérar vit surgir du brouillard n'avait lui non plus presque plus rien en commun avec le rougegarde souriant et posé qui avait tenté de le raisonner quelques minutes auparavant.

Couverte de crevasses, sa peau ébouillantée s'était dotée d'une teinte cramoisie en raison des lésions internes ayant frappé chacun de ses membres, lui donnant l'apparence d'un démon droit sorti de l'Oblivion. Ses yeux, grand ouverts, ne luisaient plus qu'à travers un voile semi-opaque injecté de sang, mais n'en fixaient pas moins l'elfe avec la glaçante intention du meurtre.

Au bout de chacune de ses mains pendait une longue chaine d'argent dont il faisait agilement serpenter les extrémités, révélant l'alliage de musculature et de ligaments parfaitement sculptés qui composait chacun de ses doigts noueux aux ongles acérées.

Lorsqu'il desserra les lèvres pour s'adresser directement à son opposant, sa voix n'avait plus rien d'amical, ni même d'humain.

- Et bien soit, exhala-t-il dans un souffle de vapeur empourprée par le sang couvrant son visage. Puisque seul l'un d'entre nous semble destiné à vivre, dansons.

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
29 avril 2018 à 22:54:44

Je pense que je vais un peu modifier les chapitres suivants le temps que vous ayez lu celui-là :hap:

Bonne lecture :ok:

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
01 mai 2018 à 22:03:02

Up.

Le chapitre suivant est terminé, je le met d'ici demain :oui:

TheEbonyWarrior TheEbonyWarrior
MP
Niveau 35
02 mai 2018 à 22:24:04

Plus court que les précédents, mais c'est ma seule option d'un point de vue narratif.

Chapitre 6

- Eh bien !? Allez-vous rester adossé là toute la journée ?

La surprise fit bondir Renji du pas de la porte, ignorant jusqu'alors que l'homme était informé de sa présence. Le khajiit vérifia précipitamment l'état de propreté de son pelage, réajusta sa tunique de soie au niveau des manches, et pénétra dans la pièce en retenant son souffle.

Vignar Grisetoison était l'un des derniers hommes que l'on pouvait s'attendre à rencontrer au sein de la guilde la plus influente de la région. Reconverti en partisan zélé de l'abolition du Traité de l'Or blanc au terme de la Grande Guerre, le nordique avait rapidement vu l'influence de son clan s'étendre jusqu'au dehors des murailles de la ville, et avait profité de la révolte Sombrage afin d'asseoir son avantage politique et économique sur les Guerriers-nés, défenseurs de l'Empire et opposants de longue date de sa famille sur bien des plans. Si la lutte pour le pouvoir avait été fermement encadrée par Balgruuf et ses hommes, la ville de Blancherive n'en était pas moins devenue le centre névralgique des heurts politiques, le Jarl ayant refusé de se proclamer en faveur de l'un ou l'autre des meneurs du conflit armé. Même après la résolution de ce dernier et la capitulation des ultimes résistants l'été précédent, il avait fallu plusieurs mois avant que tous rentrent dans le rang.

Mais malgré la défaite d'Ulfric, le nordique n'avait pas fléchi, et n'avait cessé de clamer à qui voulait l'entendre que les idéaux des Sombrages n'avaient pas disparu avec leur meneur. Cette marque d'inflexibilité -imputée à son entêtement tenace par certains détracteurs- avait permis à lui et ses proches de conserver une certaine renommée auprès de la majorité des habitants. En dépit de son âge avancé, Vignar avait le bras long : les fermes tenues par sa famille nourrissaient en grande partie la ville, et même si le nordique avait souhaité délaisser les combats pour la politique de nombreuses années auparavant, sa présence chez les Compagnons de Jorrvaskr en disait long sur les accomplissements guerriers et diplomatiques dont il avait su faire preuve par le passé.

Le vieillard fixa le khajiit durant de longues secondes, poussant ce dernier à le dévisager à son tour. Criblé de rides aussi profondes que les sillons des champs qu'il avait labouré dans sa jeunesse et surmonté d'une touffe de cheveux blanchâtres et raides aux racines dévorées par les stigmates du vieillissement, son visage s'orchestrait autour des deux traits caractéristiques qui avaient permis au félin de le reconnaître dès qu'il l'avait aperçu : ses pupilles de rapace, d'un bleu cassant et glaçant comme l'hiver, et la splendide moustache ornant la partie basse de son faciès inquisiteur mieux que ne l'aurait fait n'importe quel trophée de chasse accroché au mur d'une grande-salle.

Vêtu d'une onéreuse tenue de tissu ocre dont la teinte terne laissait suggérer un port plus que régulier, le nordique se tenait tranquillement assit aux côtés d'une imposante table de chêne, mâchonnant avec régularité un morceau de viande qu'il ne semblait pas prêt de finir.

Malgré sa posture décontractée, il n'en paraissait pas moins intimidant aux yeux du khajiit, conscient que la première impression qu'il donnait de lui-même serait peut-être la dernière s'il ne se montrait pas suffisamment convaincant.

- Je me nomme Renji-ra, et je viens de Cyrodiil, fit ce dernier en gonflant la poitrine. Je souhaiterais rejoindre vos rangs et me battre aux côtés des Compagnons.

- Pourquoi ?

La réponse de Vignar avait fusé sèchement à travers la pièce, empreinte d'une intonation aussi agacée qu'il était possible de le concevoir.

Le félin renifla silencieusement, mesurant avec calme les prochains mots qui franchiraient ses lèvres. Ce n'était pas le moment de se laisser démonter par un homme de presque quatre fois son âge sous prétexte que ce dernier était issu d'une famille plus prospère que ne l'avait jamais été la sienne.

- J'ai appris à me battre lorsque j'étais jeune, commença-t-il. C'est sans doute ce que je sais faire de mieux, et j'ai vu la perspective de vous rejoindre comme une opportunité de mettre mes compétences au profit des autres.

- Je me suis mal exprimé, gromela le nordique. Pourquoi venir me casser les pieds, ici et maintenant, alors que des hordes de jeunes gens comme toi viennent chaque jour grandir la liste des héros populaires de chaque foutue ville impériale ?

- La gloire ne m'intéresse pas.

- Et alors ? La Guilde des Guerriers ne forme-t-elle pas de parfaits petits soldats serviles et dévoués a la cause générale ?

- Une chose est sûre; elle ne forme pas de Compagnons.

Agréablement surpris du répondant de la recrue, Vignar réprima un sourire. Satisfait de la réponse, il leva, et passa en revue son interlocuteur de haut en bas.

- Pelage châtain tigré brun, pas de cicatrices apparentes, queue dans un état irréprochable, taille moyenne, carrure fine... sans parler de ton accoutrement... Mon garçon, tu ressemble plus à un fils d'aubergiste tentant de se donner de grands airs qu'à un combattant digne de ce nom. Tu sais te battre, dis-tu ?

Renji hocha nerveusement la tête.

- Où sont tes armes ?

- Je n'en ait pas.

- Excuse-moi ?

- Je n'utilise pas d'arme, expliqua le khajiit. Je suis plus à l'aise ainsi.

- Et bien, c'est une habitude qu'il te faudra changer, grogna le nordique en se rasseyant. Je suis recruteur, pas propriétaire d'un magasin de curiosités. Enfin, tu as fait la route de la frontière jusqu'ici sans finir en charpie et sans t'être gelé les orteils, ce qui relève d'une forme d'exploit venant d'un étranger. Je suppose que tu peux au moins passer notre épreuve afin que nous déterminons si tu es digne de devenir l'un des nôtres...

Vignar se pencha, saisit un parchemin dissimulé dans sa botte, et le déplia sur la table, révélant une demi-douzaine de noms inscrits sur ce dernier.

- Trouve une plume et écris-moi ton nom là-dessus, demanda le Grisetoison. Pas de ratures.

Le félidé s'exécuta sans discuter, et restitua prestement la liste au nordique. Ce dernier écarta le parchemin de son visage en plissant les yeux, avant de hocher la tête.

- J'imagine que tu as de quoi te débrouiller jusqu'à la fin de la semaine ?

- J'ai loué une chambre pour trois jours à la Jument Pavoisée, acquiesça le khajiit.

- Parfait. Je t'aurais bien proposé de t'installer ici en attendant, mais nous manquons de place. Tâche de te trouver une armure d'ici-là. La profusion de jeunes recrues par les temps qui courent ne justifie pas de les laisser se vider de leur sang à la moindre occasion. Si les Neuf le permettent...

- À vrai dire...

Le Compagnon s'interrompit, observant le chat avec attention.

- J'attends, s'impatienta-t-il au bout d'un instant de flottement.

- Je portais une armure et un arc en arrivant en ville, avoua Renji. Les gardes m'ont demandé de les leur remettre pour la durée de mon séjour.

- C'était à prévoir. Il faudrait être fou pour laisser le premier voyageur venu entrer à Blancherive armé jusqu'aux dents alors que l'hiver approche à grand pas. Lorsque les brigands de la pire espèce n'auront plus assez de vivres pour se réchauffer, c'est à Blancherive qu'ils viendront causer du trouble. Enfin, peu m'importe. Si tout va bien, tu reverras certain des nôtres dans trois jours à midi, hors des enceintes de la ville. Fait en sorte d'être à l'heure et paré pour un peu d'action.

Jubilant intérieurement, le khajiit fit demi-tour d'un pas léger, ne prêtant même pas attention à la quantité impressionnante d'herbes alchimiques, de flacons et de manuscrits bordant les parois du sous-sol.

Avant même qu'il ne parvienne au niveau des marches menant au hall, les chants festifs et les exclamations l'accueillirent avec une force inouïe. En ouvrant le lourd battant de chêne gravé, le vacarme devint si fort qu'il décida de couper court aux réjouissances avant que ses tympans de félin ne rendent définitivement l'âme. Sans un regard pour le banquet fourni disposé autour du foyer central et les guerriers s'y délectant copieusement, il se jeta au dehors.

Une bourrasque glacée le cueillit de plein fouet, détachant presque sa capuche de cuir de ses épaules. Le ciel était bien plus couvert que lorsqu'il avait pénétré dans Jorrvaskr, près d'une demi-heure plus tôt. D'un noir impénétrable, les amas nébuleux couvraient déjà les monts enneigés bordant l'horizon au Nord, et semblaient se mouvoir à une allure surnaturelle sous l'impulsion du vent polaire.

Sentant les poils de son échine se hérisser en vue de l'orage imminent, le khajiit pressa le pas, et dépassa les arches surplombant l'escalier principal du siège des Compagnons.

Malgré le froid et l'humidité naissante, la grande place grouillait d'une activité insoupçonnable. Partout, marchands, badauds et hommes du Jarl se mêlaient dans un cortège indiscernable de discussions et d'échanges discrets, sous l'ombre protectrice des feuillages du Vermidor surplombant la foule de son égide fleurissante. Alimenté par une sève presque aussi ancienne que la terre dans laquelle s'ancraient ses racines millénaires, l'arbre emblématique de la cité était plus que le simple symbole de sa prospérité. À son image, Blancherive bourgeonneait en permanence en dépit des conditions extérieures, et semblait prête à faire face à n'importe quel défi, ou à se relever de n'importe quelle catastrophe.

Bien que n'ayant mit les pieds en ville que quelques jours auparavant, Renji avait considéré de bon goût de se tenir au courant des moindres événements et détails dignes d'intérêt. Si les prochaines semaines se déroulaient comme prévu et qu'il décidait bel et bien de s'installer en ville, mieux valait ne pas perdre de temps et s'informer des us et coutumes des nordiques avant de risquer d'en faire les frais.

Les souvenirs de Cyrodiil étaient encore frais dans sa mémoire, malgré les longs mois qu'il venait de passer à errer sur les routes du continent. Plus rien ne l'attendait là-bas, mis à part des souvenirs, des cendres, et les groupes de hors-la-lois qui en avaient jailli pour prendre le contrôle de la région. Si réaliser ce qui s'était produit sur les rivages verdoyants du Niben demeurait difficile, l'accepter l'était plus encore.

En un rien de temps, Kvatch avait sombré face à la corruption et le banditisme aussi sûrement qu'elle ne l'avait fait face aux Daedras deux siècles plus tôt. Et avec la chute récente de Skingrad, tout l'Ouest bordant Val-Boisé était devenu un état sauvage, sans lois ni foyer pour l'accueillir.

Mais Bordeciel n'avait pas à subir le même sort. La guerre civile avait laissé des milliers d'hommes avec une lame au bout du bras, mais seule une partie d'entre elles avait regagné les fourreaux de l'armistice. Le conflit avait donné aux hommes des droits et des pouvoirs qu'ils ne savaient pas contrôler. Sombrages, Impériaux... Cela n'avait plus de sens, désormais, car la soif de pouvoir avait noyé les idéaux de ces hordes de déserteurs dans un faux semblant de liberté que seul le meurtre, le viol ou le pillage pouvaient entretenir.

Pour reconquérir Bordeciel, l'Empire avait prit la décision coûteuse de s'amputer d'une part de son territoire, laissant les malfrats de tout le pays s'y regrouper. Au prix des vies de son peuple, le Conseil des Anciens de la Cité impériale avait laissé un véritable État militaire émerger entre lui et Val-Boisé, jouant ainsi le rôle d'une zone tampon que le Domaine ne pouvait se risquer à traverser sans préparation. Momentanément protégé des incursions d'une nation elfique peu désireuse de traverser la mer des fantômes pour empiéter sur son territoire, l'Empire avait rétabli l'ordre en Bordeciel, et ce malgré le décès de l'empereur Titus Mede II en plein processus de reconquête.

Mais qu'était-il advenu des Sombrages sans dirigeant ni cause à défendre, ou aux légionnaires désormais sans foyer où rentrer ni famille à retrouver ? Dans le meilleur des cas, les premiers étaient retournés dans les champs ou les villes, tandis que les seconds s'étaient mis en tête de reprendre les territoires que leur dynastie avait abandonné avec l'espoir de pouvoir y vivre de nouveau.

Mais les autres, dévorés par la rage ou consumés par les dérives de la guerre, visaient plus grand et plus loin. Soutenus par une série d'unions improbables, ils voulaient faire de Bordeciel quelque chose de nouveau, où leurs désirs les plus irréalisables pouvaient devenir réalité. Et la folie qui avait prit possession de leurs cœurs étaient de celles que seule une lame acérée pouvait faire taire pour de bon.

En s'effondrant sur le matelas de paille de sa chambre, Renji se mit à contempler le plafond avec absence. Il resta ainsi durant de longues minutes, jusqu'à ce que la pluie se mette à tambouriner contre la vitre de sa mansarde et que le sommeil prenne le pas sur sa conscience.

Aujourd'hui, une opportunité d'arrêter ces hommes venait de se présenter à lui. Il ignorait encore ce qu'être un Compagnon signifiait, mais la fierté et la confiance que cet ordre guerrier inspirait à la région ne signifiait qu'une seule chose : ici, les choses pouvaient encore changer, pour le meilleur, mais aussi pour le pire.

Cependant, même s'il était certain de sa détermination à accomplir ce que le futur lui réservait, la perspective de défendre une terre des assauts de ceux qui y vivaient depuis des siècles le laissait hésitant. Sous des apparences légères et juvéniles, l'incertitude de ses motivations continuait inexorablement de croître.

Car, sans même le réaliser, le khajiit somnolant sous le toit de cette auberge avait fondé son futur sur les actes d'hommes qui le répugnaient. Paradoxalement, il n'existait que grâce à eux.

Message édité le 02 mai 2018 à 22:24:54 par TheEbonyWarrior
JALLET_ledire13 JALLET_ledire13
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Niveau 6
02 mai 2018 à 23:37:47

LES MARCHEURS BLANCS

finit de lire en silence

Message édité le 02 mai 2018 à 23:38:02 par JALLET_ledire13
JALLET_ledire13 JALLET_ledire13
MP
Niveau 6
03 mai 2018 à 01:10:57

c'est tres long a lire, je finirais pas ce soir mais c'est clairement énorme :bave:

je regrette de pas avoir commencéé plus tôt

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