SUMMUM
Episode Spécial : Prière pour aller au Paradis.
(Thème : http://www.youtube.com/watch?v=gkcfxnT0GSY )
Le vent frais et doux agitait faiblement les épis de blés. Le Soleil s'étalait sur la partie intégrante du village en haute montagne. Les habitants étaient tellement heureux d'accueillir à nouveau l'Eté qu'ils riaient, dansaient sur la place de la cité. Des musiciens jouaient avec magnificence des beaux instruments comme la flûte, la harpe, la luth ou encore la vielle. Un bel homme blond aux yeux clairs s'amusait avec ses voisins, il aimait être en contact avec ce petit monde là. Le fait d'être entouré par une nature verdoyante et des gens aimants lui suffisaient amplement, il n'avait besoin de rien d'autre. Tandis que les hommes préparaient le bûcher pour fêter la nuit l'arrivée de l'Eté, les femmes décoraient l'entrée de leur foyer avec de belles guirlandes de fleurs. Les enfants s'agitaient dans tout les sens avec leurs jouet de bois. Phileas les regardait courir. Peut-être qu'Aeneas aurait joué avec eux, à ce moment précis ? Phileas lui aurait dit, par exemple, de ne pas aller trop loin, de ne pas s'approcher trop près de la rivière. De se montrer prudent lorsqu'il jouerait dans les champs de blés. De faire attention aux animaux du coin, et de ne pas se montrer trop brusque avec eux. D'être fidèle à ses petits compagnons. Voilà ce qu'aurait dit Phileas si son fils était vivant. Alors qu'il songeait à lui, une autre pensée lui vint à l'esprit. Sa femme n'était pas là parmi ce beau monde. << Elle est encore seule...>> soupira t'-il. Il demanda à un vieux villageois si elle n'était pas partie à l'église. Le vieil homme ne l'a pas vu bouger de la maison. Phileas se dirigea sans ne plus tarder vers la maison, et aperçut son épouse immobile, les yeux rivés vers la fenêtre où le Soleil lui éclairait son visage mélancolique. Elle ne parlait pas, ses yeux fatigués étaient embués de larmes. Il s'approcha derrière elle, et la prit entre ses bras.
- Andrea, je sais combien c'est dur... Mais s'il te plaît, viens te joindre à nous. Le Soleil est éclatant de beauté et le vent est pur comme de la neige.
- A quoi bon... Je n'arrive plus à voir la beauté du Soleil. La mort m'a prit ce que j'avais de plus cher au monde. Notre enfant, Phileas... Celui qu'on aurait du voir grandir... Il serait devenu un homme. Je serais si fière de lui... Il aurait quitté le foyer familial avec tant de fougue, que lorsqu'il reviendrait, mon coeur se serait mis à battre la chamade et je l'aurais prit dans mes bras, comme une mère le ferait avec son fils revenu victorieux de la guerre...
Ses mots dits, Andrea sanglota et s'effondra à genoux au sol, les mains sur le visage. Phileas s'agenouilla et lui embrassa le front.
- Ma douce... Aeneas est parti rejoindre les Cieux depuis des années déjà. Je sais ô combien cela n'est pas évident pour nous, mais il faut vivre avec cette douleur à présent. Vivre. Il faut tout simplement vivre.
- Je fais le nécessaire pour, Phileas. Sache aussi que nous ne pouvons plus avoir d'enfants, et que cela me ronge de plus en plus. Aeneas était donc le seul à pouvoir combler notre vie. Mais il est parti, injustement.
- Je le sais, Andrea. Donne moi ta main, et allons profiter de la lumière bienveillante du Soleil.
Andrea fit un signe négatif avec sa tête. Elle lui fit comprendre qu'elle le rejoindrait plus tard. Phileas la regarda une dernière fois, puis lui dit.
- Promets-moi de me rejoindre dans quelques minutes, d'accord ?
- Je viendrais, promis... fit-elle, avec un sourire triste.
Vêtue d'une longue robe blanche et d'une rose du même ton dans ses cheveux, elle quitta le domicile pour retrouver l'église, entourée par l'ambiance joyeuse du village et des musiques respirant le bonheur. La femme aux cheveux châtains et aux yeux noisettes marchait le plus discrètement possible vers l'édifice où elle désirait prier. Elle pénétra religieusement dans la maison du Seigneur, et récupéra un cierge qu'elle tenait doucement entre ses mains. Elle s'approcha d'une statue et la contempla. Puis elle s'adressa directement au Ciel, les yeux pointés sur le vitrail de l'édifice religieux.
- Seigneur, je t'en prie, dans ta bienveillance universelle, donne moi un signe... Dis moi si tu as bien accueilli mon fils aux Portes du Paradis... Je veux l'entendre ou le voir à nouveau, j'ai besoin d'un signe, rien de plus qu'un signe... Pour me confirmer qu'il est bien en sécurité avec toi, là-haut... Je t'en prie, Seigneur...
Elle avait attendue quelques secondes, puis quelques minutes... Rien. Pas le moindre signe de la part du Tout-Puissant. Quand une petite lueur blanche vint à briller sur l'un des vitraux. Les yeux d'Andrea étaient chargés d'émotion.
- Je sais qu'il ne reviendra plus à nos côtés, et que je dois vivre avec ma peine... Mais le plus important est qu'il soit en sécurité avec toi, Seigneur. Je te serais éternellement dévouée.
Elle souffla sur la bougie et la posa là où elle était. Elle poussa délicatement la porte de l'église et partit vers la place du village. Elle n'avait pas le coeur à la fête et aux convivialités, la solitude et la tristesse occupait tout son être, pourtant si indulgent et doux. Des villageois qui passaient par là lui disaient "Bonjour", elle leur répondit faiblement. "La Dame Angélique" était son surnom dans la cité. Phileas la voyait arriver. Il esquissa un grand sourire et attendait que sa femme arrive plus près. Et c'est à ce moment précis qu'Andrea réalisa que Phileas serait toujours à ses côtés, quoi qu'il arrive. Elle vut dans ses yeux toute la sincérité et tout l'amour que Phileas lui portait. Cela l'avait touchée et elle en versa quelques larmes.
- Sèche tes larmes, lui murmura t'-il gentiment.
Elle se joigna à lui, et s'installa sur un banc en pierre. Phileas lui avait cueilli un bouquet de fleurs champêtres. Elle lui souria tendrement et posa sa tête contre son épaule.