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Page Dossier Avis de la rédaction (4)
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Pixelpirate
Passionné par la musique en général, je ne peux que lui accorder une importance particulière dans le cadre du jeu vidéo. Comme la plupart de mes collègues, je fais partie de ceux qui enregistraient les musiques de jeux sur leur magnétophone à cassettes, puis qui cherchaient avidement les pistes sonores sur les CD-ROM, et qui peuvent aujourd'hui encore passer des heures à les écouter en boucle grâce à la magie d'Internet et du mp3. Je suis même capable, à titre privé, de craquer pour un "mauvais" jeu doté d'une prodigieuse bande-son, ou encore de dédaigner impitoyablement un prétendu bon jeu aux compositions exécrables. Je pense néanmoins que le soin apporté à la bande-son devrait être tout aussi primordial que celui accordé au gameplay.
Je suis en effet de ceux qui considèrent que dans ses manifestations les plus abouties, le jeu vidéo est une forme d'art. Idéalement, la musique devrait être issue d'une vision artistique globale et n'être pas qu'une composante qu'on greffe au dernier moment pour illustrer son propos. Voilà pourquoi je me suis souvent montré déçu par les bandes originales issues de cette dernière décennie. La croissance des studios de développement a trop souvent conduit à mettre de la distance entre les game designers et les musiciens. Les dev diaries ont beau nous promettre que les uns et les autres ne se croisent pas une fois l'an au détour d'un couloir, les univers sonores qui en résultent sont trop souvent formatés et se bornent à accompagner l'émotion à défaut de pouvoir la susciter. Il n'y a rien de pire, pour le rédacteur que je suis, que de s'atteler au pavé technique en se demandant : « bon, comment était la musique ? ».
Voilà pourquoi, quand une petite perle vidéoludique comme Aquaria fait surface, je ne peux que verser des larmes de bonheur : Aquaria n'est pas une oeuvre composite, c'est un tout. Et le fait que Alec Holowka, le compositeur des inoubliables thèmes musicaux du jeu, en soit aussi l'un des deux programmeurs, y fait beaucoup. Je crois même qu'en matière de bande-son comme de jeu vidéo en général, le salut est désormais à chercher parmi les productions indépendantes : de vraies créations originales, porteuses de sens et vectrices d'émotions.
Extraits audio : Aquaria (PC)
Abyss
Cave
Open Waters
Je mentionnerai de façon plus prosaïque les références musicales qui ont jalonné mon parcours vidéoludique, sachant que la plupart d'entre elles auront été citées dans le dossier que vous venez de lire. Mes premiers jeux électroniques et mes premières consoles ayant eu un peu de mal à ravir mes oreilles, c'est sur 8-bits que j'ai connu mes premiers émois sonores, grâce à des jeux comme The Legend of Zelda sur NES ou Secret Command sur Master System (puis plus tard, Sonic the Hedgehog). Parallèlement, les salles d'arcade me donnaient le loisir d'apprécier les thèmes de Double Dragon ou de Golden Axe.
Mais ce sont l'Atari ST et l'Amiga, des machines avant-gardistes dans le domaine (et que certains artistes continuent d'ailleurs d'utiliser pour leurs compositions électroniques), qui me sensibilisèrent véritablement au potentiel artistique du jeu vidéo. Des compositions léchées de David Whittaker (aux samples très atmosphériques) pour Shadow of the Beast jusqu'au travail magistral de Chris Hülsbeck sur Turrican II ou Jim Power, en passant par la bande-son très « dream music » de Nicky Boom (que l'on doit à Alain Lamblin), j'étais aux anges.
Extrait audio : Shadow of the Beast (Amiga)
Extrait audio : Turrican II : The Final Fight (Amiga)
Extrait audio : Jim Power in Mutant Planet (Amiga)
Extrait audio : Nicky Boom (Amiga)
L'Atari ST et l'Amiga nous offrirent par ailleurs quelques curiosités. La musique d'introduction de Lotus Esprit Turbo Challenge reste célèbre pour ses accents rock, tandis que celle de Speedball 2 fut composée par Nation XII, un groupe anglais qui oeuvra sur plusieurs jeux des Bitmap Brothers. De leur côté, les Maniacs of Noise, connus pour leur travail sur Lemmings ou Agony, avaient déjà sévi quelques années plus tôt sur le Unreal de Art & Magic, pour lequel ils avaient composé un thème constitué de samples délicieusement rétro, preuve qu'une espèce de culture "ludo-musicale" était déjà en marche.
Le PC a mis davantage de temps à s'imposer comme une machine musicale. Je retiendrai pour ma part les somptueuses compositions techno de Crusader : No Remorse, en parfaite osmose avec l'univers futuriste du jeu. Je n'oublierai pas non plus de citer les jeux Blizzard : les thèmes musicaux épiques de Warcraft 2 (avec leurs notes de clavecin qui montaient crescendo) et ceux, plus sombres et plus mélancoliques, du gothique Diablo comptent parmi mes préférés. Mais la bande-son ultime reste pour moi celle de Fallout : la somptueuse musique de Mark Morgan contribue à l'immersion dans l'univers post-apocalyptique du jeu. Je garde aussi un attachement particulier à Kévin Schilder pour son travail sur la série des Heretic/Hexen.
Extrait audio : Crusader : No Remorse (PC)
Extrait audio : Warcraft II : Tides of Darkness (PC)
Extrait audio : Diablo (PC)
Extrait audio : Fallout (PC)
Extrait audio : Heretic (PC)
Difficile de boucler cet avis sans citer ma série de référence, j'ai nommé Thief. Bien qu'elle s'inscrive dans cette catégorie de jeux qui privilégie les sons environnementaux, elle nous a offert de remarquables thèmes d'introduction complètement en phase avec son univers techno-médiéval. Plus récemment, j'ai été emballé par les compositions de The Witcher, ou encore par la bande-son techno-pop-mystique du MMORPG asiatique Sword of the New World (attention, on adore ou on déteste !). Deux coups de coeur console pour finir : le célèbre Eyes On Me de Final Fantasy VIII, chanté par Faye Wong, et l'incontournable thème d'objection de Phoenix Wright : Ace Attorney, que j'ai été particulièrement chagriné de ne pas retrouver dans les autres opus de la série.