Lara étant présumée morte à la fin de Tomb Raider IV, on pouvait penser que ce cinquième opus marquerait un tournant décisif dans la saga. En fait, c'est tout le contraire car hormis la construction du jeu découpé en quatre histoires distinctes, Tomb Raider V n'est rien d'autre qu'un gigantesque patchwork de tout ce qui a fait la série jusqu'alors. Pourtant, bien que nous n'ayons droit à aucune nouveauté digne de ce nom, l'idée de raconter des anciennes aventures de Lara est une excellente idée.
Ainsi, cela permet de nous faire visiter le monde (une fois de plus) mais surtout de profiter d'ambiances très différentes l'une de l'autre. Ensuite, à l'instar d'une série comme Twilight Zone, chaque chapitre nous est présenté par une personne extérieure à l'action, le majordome Winston en l'occurrence, qui se charge de nous conter les faits avant que l'aventure ne débute réellement. Ces scènes sont autant de prétextes pour nous offrir de magnifiques séquences en CG où interviennent d'autres proches de Lara. Enfin, n'oublions pas le fil rouge de l'histoire qui n'est autre que la recherche désespérée de miss Croft par son vieux mentor et ami Werner Von Croy. A ce titre, on saluera le sadisme du dernier plan qui nous fait comprendre à quel point le vieil homme est rongé jusqu'à l'os par la soif de pouvoir.
Plus encore que les autres épisodes, Tomb Raider V se veut ouvertement cinématographique, du moins dans ses atmosphères qui empruntent au cinéma de Tim Burton, John Carpenter, John Mc Tiernan, etc. De fait, d'une visite sur une île mystérieuse, fief de pendus ayant la langue bien... Pendue, on plongera dans des eaux troubles pour visiter un sous-marin hanté par des fantômes. On aura aussi l'occasion de passer par Rome (qui porte les stigmates du passage de la belle depuis Tomb Raider II) pour s'envoler vers un gigantesque building high-tech où se trouve une relique très puissante. Néanmoins, si ce maelström d'ambiances apporte un vrai plus, le reste n'a pas autant de chance. Graphiquement, le jeu n'a pas bougé d'un pouce depuis Tomb Raider IV et on retrouve les armes du précédent volet auquel Tomb Raider V reprend également la sobriété de l'inventaire. Question gameplay, pas grand-chose de neuf si ce n'est la possibilité de marcher sur des cordes à l'image du prince de Perse. C'est bien maigre vous en conviendrez. Pour terminer cette visite, mentionnons également le retour des différents types de munitions et du viseur qui peut se greffer à plusieurs armes. Au rayon des véhicules et des armes, c'est un peu la débandade puisque hormis l'arrivée d'un scaphandre (pour explorer les fonds marins) et d'un lance-grappin (afin de franchir des précipices), c'est un peu peau de chagrin.
Dire que Tomb Raider V marque la fin d'une époque est loin d'être un euphémisme. Si Tomb Raider IV avait réussi à s'émanciper du reste des autres volets par le biais d'un scénario travaillé, les bonnes idées manquent cruellement dans ce dernier segment PSone. Certes, les fans y prendront du plaisir mais l'absence de volonté d'aller de l'avant est tellement flagrante qu'on éprouve des sentiments contradictoires, comme si le jeu lui-même nous dictait de passer à autre chose tout en ouvrant les portes de l'ère 128 bits à notre Mata Hari de pixels. La construction du jeu est originale et très astucieuse mais on regrette que les développeurs n'aient pas profité de cette hétérogénéité scénaristique pour lui adjoindre quelques nouvelles idées de gameplay. De là à penser que Core Design était plus affairé sur Tomb Raider : L'Ange Des Ténèbres que sur Les Traces De Lara Croft, il n'y a qu'un pas...