Avant même de se lancer à corps perdu dans le premier Tomb Raider, les influences des développeurs sautent aux yeux dès les premières minutes. Bien que le bébé d'Eidos soit une étape clé dans la démocratisation de l'action/aventure sur consoles, on se rend compte qu'il n'a pas inventé grand-chose. Sans grande surprise, on peut citer le père du jeu de plates-formes : Prince Of Persia. Il va sans dire que le soft de Jordan Mechner (datant tout de même de 1989) a été déterminant dans le devenir d'un genre qui s'est rapidement établi comme un passage obligé pour qui recherche l'exotisme. D'ailleurs, il n'est pas étonnant que PoP soit revenu sur le devant de la scène depuis quelques années, sachant que son cocktail de cabrioles et de péripéties fantasmagoriques ne pouvait que plaire à un large public, surtout si la réalisation technique suivait le train en marche. De PoP, Tomb Raider reprend donc le mélange plates-formes/action, déjà au centre de Fade To Black (sorti en juin 1996 sur PSone) qui se voulait bien moins ambitieux et plaisant que son illustre grand-frère, Flashback. De ce fait, on retrouve les sauts au-dessus d'immenses précipices, les corniches à longer, les pièges à éviter, les passages millimétrés, etc. L'ambiance orientale cède sa place à quelque chose de plus éclectique mais dans l'absolu, le principe reste le même.

La seconde influence provient d'outre-Atlantique, plus précisément du côté de chez Lucas Films. Dire que Tomb Raider marche sur les plates-bandes d'Indiana Jones est un véritable euphémisme tant Toby Gard (le papa de lady Croft) revendique ouvertement la parenté. A ce sujet, on remarque un petit clin d'oeil aux films de Spielberg dans le premier épisode (plus précisément dans la maison de Lara lors de la séance d'entraînement) par la présence de l'Arche d'Alliance, relique sacrée ardemment recherchée par Indy dans Les Aventuriers de l'Arche perdue. Mais au-delà de cet hommage, les points communs entre les deux personnages sont nombreux. Autant l'un que l'autre parcourt le monde à la recherche de vestiges, ils ne se font pas prier pour recourir à la force pour arriver à leurs fins et bien qu'on puisse les prendre pour de vulgaires "barbares", leur principale motivation reste l'amour de l'art qui n'est nullement incompatible avec un goût immodéré pour l'effort physique. Une autre particularité commune à Tomb Raider et aux Indiana Jones a trait aux lieux visités et aux trésors recherchés. Dans un cas comme dans l'autre, la difficulté des missions est proportionnelle aux voyages effectués. Bien que Tomb Raider soit plus éclectique dans ses pérégrinations (ceci étant surtout vrai à partir du troisième épisode), la formule est identique. Dans les deux cas, on arpente les rues de Venise, Lara a un penchant pour les jungles luxuriantes, Indy pour les caveaux remplis de momies et les deux aventuriers peuvent compter sur des connaissances de longue date habitant chaque endroit visité. Ensuite, outre le côté "carte postale" de l'ensemble, on retiendra surtout que Lara, comme Indiana, n'a de cesse de rechercher des objets mythologiques recelant un immense pouvoir magique. Bien entendu, on pourra aussi citer en terme d'influences le bien nommé James Bond à qui Lara emprunte un cynisme doublé d'une grande assurance. Bref, en l'état, le professeur Jones peut sans peine réclamer la garde de Lara les week-ends et pendant les vacances scolaires.

Passées ces références, que savons-nous vraiment sur Lara Croft ? Tout d'abord qu'elle est la fille d'un millionnaire anglais du nom de Henshingly Croft. Elle a grandi dans un milieu aristocratique et malgré le fait qu'elle n'ait jamais manqué de rien, elle a très vite pris goût à l'archéologie, science à laquelle elle vouera une passion sans bornes. A 21 ans, elle termine ses études et entend bien profiter de sa fortune. Malheureusement, le rêve se brise quelques temps plus tard, suite à un grave accident d'avion dans les montagnes himalayennes (événement narré dans Tomb Raider Legend). Seule survivante du crash, elle devra alors affronter la dure réalité de cette contrée reculée, tanière de bien des dangers. Après avoir bravé le froid glacial, la solitude et sa peine, Lara atteint au bout de deux semaines d'errance le petit village de Tokakeriby. Exténuée et traumatisée par cette douloureuse expérience, elle n'en trouve pas moins la force de se relever tout en se rendant compte que l'univers dans lequel elle a évolué jusqu'ici ne lui convient plus. Désormais, ce que la jeune femme désire se situe davantage au sommet d'une falaise ou au fin fond d'un volcan que dans les verts pâturages de la campagne anglaise. Ainsi, à partir de cet instant, elle va consacrer ses huit prochaines années à parcourir le monde en quête de sensations fortes. Ce long pèlerinage sera aussi le moyen d'en apprendre un peu plus sur les civilisations antiques du monde entier. Reniée puis déshéritée par ses parents, Lara se met alors à écrire le récit de ses nombreux voyages pour financer les suivants. Ses ouvrages lui vaudront alors célébrité et richesse.

Note : Une petite anecdote (qu'on peut notamment entendre dans les bonus DVD du premier film de Tomb Raider), veut qu'au tout départ Lara Croft devait s'appeler Laura Cruise. Eidos optera finalement pour quelque chose de plus British afin de faire du gringue aux Etats-Unis où tout ce qui avait rapport avec l'aristocratie anglaise était très prisé à l'époque.