Pandora's Tower / 2012
Il est très difficile de parler de Pandora's Tower sans avoir un gros pincement au coeur. Peu de jeux auront autant réussi à marquer les (rares) joueurs qui s'y sont essayés. Difficile d'expliquer concrètement à autrui ce que ce titre peut provoquer puisque l'on parle ici de ressenti et d'émotion. Pandora's Tower n'est pas un titre à mettre entre toutes les mains, son histoire et son ambiance générale étant particulièrement sombres, parfois malsaines. D'ailleurs, Pandora's Tower est une histoire sombre pour deux raisons.
La première, c'est bien évidemment son scénario et, surtout, le cadre général de l'aventure. On y retrouve Aeron et Elena, deux tourtereaux poursuivis par l'armée d'Elyria. Aidés par une marchande du nom de Mavda, ils se réfugient dans un observatoire près de la Brèche, un lieu désolé. Pourquoi fuir ? Parce qu'Elena est affligée d'une terrible malédiction. Ce que son doux minois ne laisse pas transparaître, c'est qu'elle se transforme peu à peu en un monstre difforme et visqueux, dont même Aeron a peur. Pour la sauver, Aeron doit lui ramener de la chair de maître, en battant de viles créatures dans les treize tours de la Brèche.
Voici un scénario plutôt original qui vous impose direct une contrainte de temps. Pendant que vous arpentez les tours, vous savez pertinemment qu'Elena est en train d'entamer sa transformation. Vous devez donc veiller à lui ramener de la chair avant qu'il ne soit trop tard. Plus vous attendez, plus Elena sera difforme à votre retour, vous laissant parfois devant des scènes d'horreur. Imaginez-vous rentrer à l'observatoire et ne trouver que d'horribles traces visqueuses au sol vous menant jusqu'à la cave, puis y trouver une Elena méconnaissable, des tentacules lui sortant du corps, vous implorant de ne pas la regarder... Glaçant. Les scènes où elle se nourrit de chair de bête ont aussi le chic pour être plutôt dégoûtantes. Rapidement, on en arrive à craindre Elena, pourtant si douce lorsque la malédiction n'est pas trop développée.
Mais derrière cela, Pandora's Tower offre aussi un gameplay très complet qui prend forme grâce à la chaîne d'Aeron (chaîne d'Okanos), qui lui permet d'à peu près tout faire. On peut s'en servir comme grappin pour passer de larges précipices ou encore attaquer des ennemis comme avec un fouet. Le principe est plutôt original puisqu'il faut attraper les ennemis avec la chaîne puis tirer (avec la Wiimote) pour leur arracher le coeur, tout en continuant d'esquiver les autres ennemis. Avant cela, il est aussi possible de les affaiblir en attrapant leurs jambes pour les faire tomber, ou leurs bras pour les empêcher de vous attaquer. Aeron peut aussi utiliser d'autres armes comme une faux par exemple. Mais ce sont les combats contre les boss qui offrent le plus de challenge et de moments épiques : non seulement il faut attaquer leurs points faibles au bon moment dans des passages qui font parfois penser à Shadow of the Colossus, mais, de plus, la malédiction d'Elena continue de la ronger pendant ces combats, rajoutant un stress certain.
Mais au-delà du gameplay, ce qui fait de Pandora's Tower un must-have, c'est la poésie et la tristesse qui se dégagent du titre du studio Ganbarion (One Piece). Chaque retour à l'observatoire est l'occasion de découvrir une nouvelle scène entre Aeron et Elena où cette dernière partage ses doutes et ses craintes. Outre la solitude qui touche nos deux tourtereaux et Mavda, coupés du monde, le leitmotiv du boss final aura aussi de quoi vous émouvoir. Soit dit en passant, le combat final est tellement magnifique qu'il vaut le détour à lui tout seul.
Bref, s'il ne fait aucun doute que Pandora's Tower est un titre à posséder, on peut se demander pourquoi il fut un échec ? C'est justement en devant faire ce constat que l'on se rend compte que Pandora's Tower est une histoire pour une autre raison que son scénario. Effectivement, les circonstances de sa sortie ne lui ont laissé aucune chance de réussite ! Premièrement, Pandora's Tower est arrivé en toute fin de vie de la Wii (avril 2012 en Europe), une console qui aura attendu trop longtemps des jeux de cette trempe. Deuxièmement, son univers ténébreux et sa façon d'aborder des concepts comme l'amour inconditionnel ne cadrent pas vraiment avec l'image que beaucoup de joueurs se font de Nintendo. Enfin, il est sorti dans un total anonymat, Nintendo n'ayant malheureusement pas appuyé le jeu d'une réelle campagne marketing. Pour être exact, il n'a été annoncé que 5 mois avant sa sortie japonaise et resta totalement mystérieux jusqu'à son premier trailer, seulement 1 mois avant sa sortie ! Il aura d'ailleurs fallu une pétition pour le voir débarquer aux Etats-Unis, deux ans plus tard, en avril 2013, alors que la Wii vivait largement ses dernières heures. Quand un titre a tant à offrir, c'est un comble.
Notez une bonne nouvelle pour les possesseurs de Wii U : Pandora's Tower est prévu sur l'eShop prochainement. Peut-être l'occasion de lui donner une seconde chance... On vous laisse avec le premier des cinq Gaming Live qu'on avait réalisés à l'occasion de sa sortie.
Gaming Live de Pandora's Tower : Découverte du gameplay