Metal Gear Solid… Certainement l’une des plus grandes séries vidéoludiques jamais créées. Très populaire, cette saga, considérée comme la pionnière du genre « infiltration », a toutefois un inconvénient : elle n’est pas très « accessible ». Comprenez par là qu’il est assez difficile pour les plus jeunes joueurs de s’essayer aux 4 épisodes principaux qui s’étalent sur 3 générations de consoles. Heureusement, Konami a remédié à ce problème, notamment via une version téléchargeable du 1er opus, ce qui nous intéresse ici. Reste à savoir si ce titre, véritable claque à sa sortie en 1999, a bien résisté à l’épreuve du temps.
Avant de commencer, petite précision. Bien que son titre ne l’indique pas, Metal Gear Solid est la suite directe de Metal Gear et Metal Gear 2 : Solid Snake, sortis respectivement en 1987 et 1990 sur MSX2. Bien que cela ne soit pas nécessaire à la compréhension de l’histoire de cet épisode, avoir fait ces 2 titres peut tout de même être intéressant. Déjà, parce qu’ils sont très réussis, mais surtout pour bien comprendre les quelques références qui y sont faites, ainsi que la relation entre Snake et l’un des personnages clés du jeu. Pour ceux que ça intéresse, les 2 jeux sont disponibles dans les bonus de MGS3 HD.
Une histoire passionnante
Nous sommes en 2005. Le complexe militaire de Shadow Moses, au large de l’Alaska, a été pris d’assaut par des terroristes dirigés par le commando Fox Hound. Cette ancienne unité d’élite de l’armée américaine menace de tirer une tête nucléaire sur les Etats-Unis si le gouvernement ne lui remet pas ce qu’elle veut, à savoir la dépouille de Big Boss, ancien chef de Fox Hound, et 1 milliard de dollars. Pour ne pas arranger les choses, les terroristes retiennent en otages le chef de la DARPA et le président d’une grande multinationale militaire, ce qui exclut toute possibilité de bombardement du site. Pour sortir de cette crise, les services secrets américains n’ont pas d’autre choix que de faire une nouvelle fois appel à Solid Snake. Ce dernier est chargé de s’introduire dans la base, de sécuriser les otages et de neutraliser les terroristes avant qu’ils ne puissent mettre leurs menaces à exécution. Si le synopsis de départ est somme toute assez classique, il cache en réalité un scénario beaucoup plus profond et complexe qu’il n’y paraît. Ici, point de manichéisme et de patriotisme, puisqu’au contraire, on s’attache aux membres de Fox Hound de par leur histoire touchante, tandis que la politique des Américains est régulièrement critiquée. Ce n’est d’ailleurs pas le seul sujet de réflexion puisque de nombreuses discutions tournant autour de sujets actuels, comme la guerre ou les armes nucléaires, sont de la partie. Très intéressant même si cela a tendance à compliquer une histoire déjà bien fournie à la base. Très bien ficelée et riche en rebondissements, elle se vante également de mettre en scène des séquences très émouvantes ainsi que des personnages charismatiques. Tous les ingrédients sont là pour nous offrir un scénario d’exception qui tient littéralement en haleine du début à la fin du jeu.
La discrétion avant tout
Si MGS est considéré comme le père des jeux d’infiltration, ce n’est pas pour rien. En effet, une approche frontale se soldera la plupart du temps par un game over, car les gardes ne font pas de cadeaux et votre jauge de vie descend à vitesse grand V, mais aussi parce que la maniabilité n’est pas très adaptée pour les fusillades (nous en reparlerons). Du coup, il vaut mieux faire profil bas et essayer de contourner ses adversaires. Pour cela, Snake dispose d’un panel de mouvements plutôt riche. Il peut ainsi se plaquer contre les murs, taper contre ces derniers pour faire diversion, ramper pour se cacher sous des camions ou dans des conduits d’aération… Tous ces mouvements vous seront bien utiles pour échapper à des gardes qui peuvent détecter votre présence rien qu’au bruit de vos pas sur une surface métallique ou en voyant des traces dans la neige. De plus, les gardes ne seront pas les seuls à vous causer des ennuis. Il faudra également composer avec des caméras, des mines et autres rayons infrarouges. Rester discret n’est donc pas une promenade de santé mais procure énormément de plaisir quand on y parvient. De plus, Snake peut compter sur tout un tas de précieux jouets pour l’aider dans sa mission. Le plus important est le radar, qui permet de repérer les positions des gardes et des caméras, ainsi que leur champ de vision. Très pratique. On dispose également de lunettes thermiques pour repérer les lasers, de cartes magnétiques pour ouvrir les portes ou encore d’un masque à gaz pour pouvoir rester plus longtemps dans les salles où l’air est irrespirable. Un équipement bien fourni auquel il faut rajouter les nombreuses armes, bien utiles pour se tirer d’un mauvais pas, mais surtout pour survivre aux scènes d’action du titre.
Un exemple de variété
Car MGS, c’est aussi des séquences plutôt spectaculaires et des situations très variées qui s’enchaînent sans jamais laisser la routine s’installer. Si déjà l’histoire est digne du 7ème art, cet éclectisme dans les phases de jeu en rajoute une couche et rend l’expérience encore plus cinématographique. Pas étonnant quand on sait que Kojima, le créateur du jeu, est un grand fan de cinéma. Parmi ces phases, on peut notamment citer une course-poursuite dans des escaliers menant vers le sommet d’un immeuble ou encore une scène de résistance à la torture. Cette variété se ressent également dans les boss fights, tous uniques et particulièrement bien pensés et mis en scène. Celui contre Psycho Mantis est même carrément culte, et ce ne sont certainement pas ceux qui ont déjà joué au jeu qui prétendront le contraire. Mêlant une utilisation astucieuse de la manette à des remarques pour le moins amusantes, ce combat risque fort de vous rester en mémoire pour longtemps. Une aventure très complète donc, en outre rythmée par de très beaux morceaux, notamment « Encounter », qui vous accompagnera lors de la plupart des scènes d’action. Saluons également la superbe musique de fin, « The Best is yet to Come », très émouvante et magnifiquement interprétée. Forcément, un titre aussi intense et varié ne peut pas durer éternellement. Comptez entre 12 et 15 heures de jeu en normal pour en venir à bout, ce qui est très honorable, d’autant que la difficulté est très bien gérée et que certains passages sont assez costauds. Mais MGS profite d’une rejouabilité non négligeable, déjà parce qu’il est tellement prenant que l’on a de cesse d’y revenir, mais aussi parce qu’il propose deux fins possibles. En effet, la façon dont vous réagirez face à la torture aura une influence directe sur l’issue du jeu. Au final, MGS affiche donc une durée de vie plutôt conséquente.
Personne n’est parfait
Si les lignes précédentes ont été très élogieuses, il reste néanmoins à aborder les quelques points faibles du titre. Evacuons rapidement la question des graphismes de la PS1 qui font clairement tache aujourd’hui en 2014. Si les décors s’en sortent légèrement mieux, ce sont surtout les personnages qui font peine à voir. Semblables à un assemblage de cubes, ces derniers ont également la particularité de parler sans ouvrir la bouche. Cela dit, on s’habitue vite et il ne faut surtout pas oublier que le titre était magnifique pour l’époque. Ensuite, MGS est le seul épisode de la série à être doublé en français. Même si on préférera la VO avec l’excellent David Hayter dans le rôle de Snake, il faut reconnaître que la VF ne s’en tire pas trop mal, les doubleurs étant relativement crédibles. Toutefois, on grincera quand même des dents devant certaines traductions foireuses, des mots anglais ayant été « francisés », et la doubleuse de Mei Ling, visiblement âgée de 6 ans. Mais là encore, question d’habitude. Un dernier point, concernant le gameplay cette fois-ci. Comme évoqué plus haut, si la maniabilité durant les phases d’infiltration est impeccable, elle devient beaucoup moins reluisante lorsque les choses s’emballent un peu. En effet, à l’exception de certaines armes, il est impossible de viser, ce qui rend les fusillades très laborieuses et imprécises. Il n’est ainsi pas rare de tirer à côté de là où on voulait. La caméra placée au-dessus de Snake n’arrange pas les choses puisque la visibilité n’est pas vraiment optimale. Certaines armes disposent bien d’un mode verrouillage, mais il est tellement long à s’activer qu’on a tendance à l’oublier. L’absence de visée subjective, introduite dans MGS2, manque énormément. Et pour les armes avec visée, un autre problème se pose : il est impossible de se déplacer avec. Par exemple, si vous souhaitez vous mettre à couvert alors que vous êtes équipé d’un sniper ou, au contraire, trouver un meilleur angle de tir, il faut obligatoirement se déséquiper de l’arme pour pouvoir bouger, ce qui n’est pas très ergonomique. Rien d’insurmontable, loin de là, mais c’est quand même dommage.
Mais voilà, il en faudrait plus pour se détourner de ce chef-d’œuvre, qui plus est vendu pour une poignée d’euros. Innovant, spectaculaire, prenant, émouvant, les adjectifs ne manquent pas pour encenser le premier MGS qui, malgré les quelques défauts énoncés plus haut, accuse vraiment bien le poids des années. Evidemment, ceux qui possèdent déjà ce jeu peuvent passer leur chemin, mais pour les autres, c’est là une bonne occasion de se plonger dans ce qui est certainement l’un des meilleurs jeux de tous les temps.
Points forts
- Un scénario à couper le souffle
- Un rythme d’enfer
- Des situations variées
- Des boss fights marquants
- Les phases d’infiltration très réussies
- De jolies musiques
- Bonne durée de vie
- Un tout petit prix (10 €)
- La VF correcte…
Points faibles
- … malgré quelques mauvaises surprises
- Les graphismes complètement dépassés
- Quelques lourdeurs dans le gameplay, surtout durant les fusillades
S’il est indéniable que Metal Gear Solid a vieilli, tant au niveau de la réalisation que du gameplay, force est de constater que la création d’Hideo Kojima affiche une fière allure, même 15 ans après sa sortie initiale. Fort d’un scénario époustouflant, d’un très bel enrobage cinématographique, d’une aventure variée et intense, et d’un gameplay assez jouissif, ce premier épisode d’une saga mythique s’impose comme un must-have pour tous ceux qui seraient passés à côté. Après tout, à ce prix-là, ce serait dommage de se priver d’un chef-d’œuvre simplement parce qu’il est moche, vous ne croyez pas ?