"Minecraft est immortel", c'est à peu près ce que Mojang souhaite dire au monde entier avec cette seconde adaptation console pour l'ovni Web qui a conquis la planète. Après tout, avec plus de 55 millions de copies vendues, toutes plates-formes confondue, on peut comprendre l'enthousiasme chez Sony et Microsoft au sujet de cette mise à jour "new-gen" du titre. Les heureux possesseurs de PlayStation 4 et Xbox One peuvent donc taquiner du pixel sans pour autant se sentir insultants vis-à-vis du GPU de leur console car Minecraft, en dépit de son aspect graphique un peu daté, reste une expérience à tester absolument.
Si vous connaissez déjà Minecraft et que vous désirez seulement savoir ce qu'il vaut sur PlayStation 4, vous n'aurez sans doute que faire des longs développements qui vont suivre. Dans ce cas, dirigez-vous illico vers la conclusion. Cet article s'adresse surtout à vous autres, qui n'avez pas encore eu l'occasion de vous adonner à ce qui est sans doute l'expérience la plus enrichissante de ces dernières années, fondée sur la découverte, la création et le partage. Ce jeu de type bac à sable adopte une représentation subjective et des graphismes en pixel art pour mieux vous plonger dans un univers immense constitué de milliards de cubes. Votre première tâche est d'y survivre en exploitant les ressources environnantes. Vous aurez ensuite l'occasion d'y ériger le plus simplement du monde les constructions les plus folles.
Explorer, découvrir, mourir...
Bien que les cartes soient toujours générées aléatoirement, elles sont ici toujours limitées, mais moins que lors du précédent portage. On annonce ainsi des mondes 36 fois plus grands que sur la version PlayStation 3, soit des étendues suffisamment vastes pour combler vos désirs d'exploration, de construction et d'expansion. Afin de réduire le temps de calcul initial, le relief se dessine dynamiquement au fur et à mesure de votre progression, sachant que l'algorithme procédural parvient à créer des paysages crédibles de vallées, de forêts, de cours d'eau, de montagnes, de déserts, de rifts volcaniques, de glaciers, etc. Largué au beau milieu de ce monde à partir d'un point de spawn, vous n'êtes pas tout à fait seul. Durant la journée, ce sont des moutons, des vaches, des poules et des cochons qui vous tiennent compagnie. Mais dès que le soleil décline et que la nuit tombe, des monstres terrifiants investissent les lieux. La première fois que cela vous arrivera, vous risquez fort d'y passer avant d'avoir vu l'aube suivante, où la lumière du jour finit par brûler les squelettes et les zombies, par repousser les creepers et par calmer les araignées. Vous comprendrez alors l'unique objectif de Minecraft : survivre.
Votre salut réside dans la possibilité de tirer profit des ressources environnantes : les arbres fournissent du bois, les roches renferment du minerai, les cochons grassouillets peuvent être réduits en côtelettes, etc. Vous pouvez interagir avec la quasi-totalité des cubes qui vous entourent. Pour commencer, pourquoi ne pas creuser un trou dans la terre à flanc de colline, afin de vous construire un abri de fortune à la manière d'un Hobbit ? Pour ce faire, c'est très simple : outre les contrôles typiques de la plupart des jeux en vue subjective, Minecraft ne vous autorise que deux actions de base. Ce sont les fameux dig & drop (creuser et poser), que vous allez répéter fréquemment durant votre aventure pour récolter les ressources alentour et les utiliser ensuite sur l'environnement. Si vous souhaitez par exemple couper du bois, il vous suffit de maintenir enfoncée la gâchette droite face à une section d'arbre. Une fois le rondin tombé au sol, vous pouvez le ramasser (il rejoint votre inventaire), puis le poser où vous voulez grâce à la gâchette gauche. C'est de cette façon que vous bâtissez toutes vos constructions.
Fabriquer, transformer, utiliser...
Mais pour pouvoir exploiter au mieux votre environnement et ériger des bâtiments un tant soit peu sophistiqués (avec portes, fenêtres...), il vous faut travailler vos matières premières. Accessible depuis votre inventaire ou depuis votre atelier (quand vous aurez construit ce dernier), une fenêtre de craft permet de façonner des objets et des outils. Le bois, pour rester sur notre exemple, peut être transformé en planches, qu'il est possible de découper à leur tour en bâtonnets afin de fabriquer torches, échelles, barrières, etc. L'artisanat se fonde sur un système de patrons quelque peu déroutant, mais simplifié et bien plus facile à appréhender que sur PC. Subdivisée en différentes catégories (structures / outils / nourriture / mécanismes / transport / décorations), l'interface de craft de cette version PlayStation 4 vous indique tout ce qu'il est possible de créer et vous permet d'assembler automatiquement un objet pour peu que votre inventaire contienne les composants requis. Très assisté, le système ne laisse donc guère de place à la découverte et à l'expérimentation, ce qui est un peu dommage. On aurait éventuellement apprécié pouvoir désactiver ces aides de jeu intégrées.
Cette mouture PlayStation 4 se montre donc plus accessible que celle d'origine, ne serait-ce qu'au niveau de la prise en main, facilitée par un tutorial bien pensé qui vous explique les bases du jeu, et par des infobulles qui s'affichent pour vous décrire chaque nouvel élément. Minecraft reste néanmoins un titre qui fait constamment appel à votre ingéniosité. Les premières nuits, vous tremblerez en entendant les monstres fureter et gratter autour de votre petit abri vulnérable. Puis vous en viendrez à inventer mille et une méthodes pour protéger le plus efficacement possible votre repaire et survivre dans cet environnement hostile. Une fois suffisamment aguerri et équipé, vous pourrez vous lancer dans l'exploration du vaste monde, à commencer par ces cavernes naturelles où des monstres s'y tapissent même dans la journée (puisqu'il y fait sombre), mais qui regorgent de minerais indispensables à la fabrication d'objets avancés. A défaut d'y trouver un filon intéressant, vous tomberez peut-être, à l'occasion d'un coup de pioche, sur un donjon oublié, renfermant un trésor protégé par un générateur de monstres, ou sur un village de PNJ renfermant de précieux items.
Minecraft reste donc le jeu exigeant et relativement imprévisible que l'on connaît. Un instant d'inattention suffit au joueur le plus prudent pour passer l'arme à gauche. Le cas échéant, vous retournez à votre point de spawn en ayant préalablement laissé tomber le contenu de votre inventaire, qu'il vous faudra venir récupérer. Au moins pourrez-vous fabriquer une carte pour vous orienter plus facilement ou bien construire un lit pour y établir votre point de réapparition. Cette version PlayStation 4 est de toute façon amenée à évoluer au rythme des mises à jour : même si vous ne bénéficierez pas de mods communautaires (ce qui est fort dommage vu la puissance des machines), les développeurs ont déjà intégré de nouveaux contenus, skins et packs de textures. Côté résolution, le titre passe au 1080p avec une fluidité constante, des musiques supplémentaires, et du cross-save (pas encore activé au moment du test). Le pavé tactile de la console sert ici de simple bouton de paramétrage serveur.
Une richesse de gameplay à partager à plusieurs !
Aussi riche soit le solo dans Minecraft, le concept trouve bien entendu son aboutissement dans sa dimension multijoueur, qui reste ici sur sa configuration disponible sur PlayStation 3 et Xbox 360. Lorsque vous générez une nouvelle partie, vous avez la possibilité de l'ouvrir à d'autres joueurs, que ce soit en local ou en ligne. Le jeu en ligne vous permet d'inviter jusqu'à 7 amis de votre liste de contacts, qui peuvent rejoindre la partie à chaque fois que vous la lancez. Quant au jeu en local, il accueille jusqu'à quatre participants en écran splitté, ce qui permet de passer du bon temps entre amis, même si cette fonction rend l'interface un peu envahissante. Ces différentes possibilités de multijoueur sont l'occasion de partager l'expérience à plusieurs, en coopérant pour survivre, pour mener des expéditions et pour ériger des constructions plus spectaculaires les unes que les autres. Bref, à moins d'être hermétique au concept (que vous pouvez de toute façon essayer en téléchargeant la démo), il serait dommage de passer à côté de ce second portage plutôt réussi de Minecraft.
Points forts
- Bigrement complet et immersif
- Un titre qui n'aura comme limites que votre créativité et votre instinct de survie
- Un portage 1080p fluide et très agréable
- Le multijoueur en split screen, plus confortable que jamais
- Les skins et packs de textures
- Plus accessible et user-friendly que la version PC, notamment grâce au crafting simplifié
- Nouvelles musiques
- Mise à niveau à petit prix si l'on possède la version PlayStation 3
Points faibles
- Toujours pas d'améliorations graphiques par rapport à la version de base (pas d'implémentation de mods)
- Des serveurs toujours aussi limités : 8 joueurs et hôte de partie nécessaire
- Le crafting simplifié enlève la magie de la découverte des patrons de craft
Minecraft débarque sur consoles de nouvelle génération, dans une version récente et mise à jour. Les ajouts sont tout de même assez faibles sur ce portage, si l'on oublie le confort technique induit par la résolution 1080p et la fluidité renforcée de cette mouture. On aurait par exemple espéré l'implémentation des mods amateurs les plus fiables et les plus prisés afin de rendre la plastique du titre plus généreuse. Après tout, les nouvelles machines devraient en être capables, non ? Même constat pour le multijoueur, qui n'accueille « que » 8 personnes, alors que les serveurs PC permettent d'accueillir des dizaines de joueurs. Toutefois, le titre conserve son charme d'antan, et les néophytes seront heureux de découvrir ce monument du jeu vidéo moderne, bien au chaud dans leur canapé, à travers le solo, le online, et le très sympathique split screen à 4 joueurs. On appréciera également la possibilité de « mettre à niveau » son jeu pour moins de 5 € si l'on possède déjà une version PlayStation 3.