Depuis Drawn to Life, le jeu de plates-formes où l'on pouvait dessiner nos propres personnages sur DS, l'équipe de 5th Cell est restée fidèle à sa volonté de proposer des concepts basés sur la création en s'efforçant de faire évoluer sa série phare : Scribblenauts. Au fil des épisodes, l'idée consistant à nommer des choses pour les matérialiser à l'écran a donc continué à mûrir, mais sans pour autant renouveler le concept établi à l'origine. Voilà pourquoi Scribblenauts Unlimited s'adresse en priorité aux joueurs qui ne se seraient encore jamais adonnés aux précédents volets de la série.

Tel est pris qui croyait prendre

Afin de rompre la malédiction lancée par un sorcier sur sa sœur Lily dans le but de se venger d'une mauvaise blague qu'il lui avait faite, le malicieux Maxwell doit se résoudre à ressortir une nouvelle fois son crayon et son calepin magique. C'est le moment de faire preuve d'inspiration, car pour venir à bout des centaines d'énigmes éparpillées sur les 41 niveaux du jeu, il va falloir se montrer astucieux. Si le jeu est avant tout destiné à un jeune public, on insistera sur le fait que le joueur doit disposer d'un certain bagage en matière de vocabulaire pour espérer progresser dans Scribblenauts Unlimited. Le but du jeu consiste en effet à écrire des mots dans un calepin magique pour voir des choses réelles ou imaginaires se matérialiser à l'écran. L'aventure s'étale ainsi sur une succession de zones à thèmes dans lesquelles différents NPC nous demandent de leur donner un coup de main en échange d'éclats de Starites. Cette précieuse récompense est la clef pour déverrouiller l'accès aux zones suivantes, et il vous faudra en accumuler un bon nombre si vous voulez découvrir tous les environnements du jeu. De temps à autre, on pourra tomber sur l'un des quarante frères de Maxwell qu'il sera alors possible d'incarner en changeant tout simplement d'avatar. Le fait d'accomplir de bonnes actions constitue donc le leitmotiv du joueur qui acceptera de se lancer dans Scribblenauts Unlimited, mais encore faut-il avoir pas mal d'imagination pour tirer toute la quintessence de ce concept.

« Le talent c'est d'avoir envie »

Muni de son cahier Oxford tout neuf et de sa vision Starite qui lui permet de localiser facilement les personnes dans le besoin, Maxwell a tous les atouts en main pour s'en sortir. Si l'on peut progresser de manière assez mécanique dans le jeu en répétant plusieurs fois les mêmes mots clefs ou en se contentant de recourir aux solutions les plus évidentes, le soft révèle tout son sel lorsqu'on essaye de résoudre les énigmes de manière un peu plus subtile, sans savoir si les concepteurs ont prévu tel ou tel cas de figure qui sort de l'ordinaire. On est ainsi toujours agréablement surpris de constater que les personnages réagissent face aux situations les plus improbables, mais il arrive aussi de tomber sur des mots qui n'ont pas été envisagés par les développeurs. D'une manière générale, il existe systématiquement de nombreuses façons de venir en aide à quelqu'un, à vous de faire travailler votre imagination pour découvrir dans quelles limites le jeu autorise les solutions les plus folles. En cas de blocage, ce qui peut notamment survenir lorsqu'un NPC ne précise que très vaguement ce qu'il attend de nous, des indices de plus en plus clairs se débloquent automatiquement après quelques secondes passées à sécher. Dommage que ce système d'aide ne concerne que les énigmes les plus importantes, et pas les autres. Il arrive aussi que les choses ne se déroulent pas comme prévu et que les niveaux deviennent tellement chaotiques qu'on ne puisse plus récupérer les éclats de Starite qui y sont cachés, auquel cas il est possible de réinitialiser la zone en cours. On regrette dans ce cas-là que les messages d'aide liés aux fragments déjà obtenus n'apparaissent plus une fois le niveau relancé, mais la plupart des joueurs n'auront de toute façon que peu d'occasions de recourir à cette fonction.

Un Scribblenauts de plus ?

Afin de nous pousser à nous livrer aux expérimentations les plus folles, Scribblenauts Unlimited a le bon goût d'inclure un éditeur d'objets très complet. Celui-ci permet non seulement de créer des choses vraiment atypiques mais aussi de modifier complètement l'apparence et le comportement des éléments déjà existants. Le partage de créations entre joueurs est d'ailleurs autorisé, et l'un des points forts du soft est de mettre en scène des situations souvent cocasses, servies par des animations qui prêtent à sourire. Une autre option bienvenue est la présence d'un sac fourre-tout dans lequel on peut stocker des objets créés par erreur plutôt que de les jeter ou des choses dont on souhaite se resservir par la suite. Malgré tout, on peut reprocher au titre son manque de clarté sur certaines énigmes, les plus jeunes risquant de ne pas comprendre comment progresser s'ils ne bénéficient pas de l'aide d'un adulte. En effet, difficile pour eux de deviner quel est l'ingrédient requis pour créer la pierre philosophale, ou de savoir qu'une orange permet d'éviter d'attraper le scorbut... Le vocabulaire requis n'est d'ailleurs pas toujours basique, y compris en ce qui concerne les adjectifs à rajouter derrière les noms pour modifier complètement le comportement de tel ou tel personnage. Concrètement, il suffit par exemple de rajouter l'adjectif « courageux » à un NPC hésitant pour le voir réaliser l'action qu'il rechignait à faire, mais toutes les combinaisons ne donnent pas toujours des résultats. Si l'idée est bonne sur le papier, elle trouve également ses limites, certains adjectifs suffisant à résoudre plusieurs problèmes différents de manière un peu trop simple, comme le fait d'endormir n'importe qui pour le neutraliser sans le tuer.

Choix et bonus de choix

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Les décors comportent aussi parfois quelques interactions, et le joueur n'a qu'à trouver quel objet donner à Maxwell pour déclencher les diverses situations prévues par les développeurs. La bonne idée est d'avoir inclus une notion de choix puisqu'on ne peut généralement pas aider un personnage sans que cela se fasse au détriment d'un autre. A vous de voir si vous préférez donner un coup de main au trappeur ou au lapin que ce dernier est en train de chasser... En arrivant sur les consoles Nintendo, Scribblenauts Unlimited s'est par ailleurs doté d'une fonction inédite permettant au joueur d'invoquer des personnages liés aux séries Mario et Zelda. Une idée plutôt sympa qui se traduit par des scènes totalement gratuites dans lesquelles on peut faire appel à des champignons, des étoiles d'invincibilité, la Triforce ou l'épée de légende pour voir Link et compagnie terrasser leurs adversaires de toujours, avec les bruitages qui vont bien en prime. On rajoutera que, si la taille de la base de données est réellement impressionnante (27.000 objets et 10.000 adjectifs utilisables), on aurait bien aimé avoir accès à l'ensemble de cette base de mots pour voir tout ce qu'il est vraiment possible de créer dans le jeu. Concernant la version Wii U, le fait de devoir constamment inscrire des mots sur l'écran tactile fait qu'on ne regarde finalement que le GamePad, et jamais l'écran de la TV. Le seul intérêt de ce dernier est qu'il autorise les parties à plusieurs, jusqu'à trois joueurs pouvant se munir de Wiimote pour contrôler n'importe quel objet créé par le joueur 1. Ce mode baptisé Acolyte reste toutefois relativement anecdotique puisque le fait de contrôler les créations ne sert finalement pas à grand chose dans le jeu. Quant à la version 3DS, si elle ne possède pas de mode multijoueur, elle dispose néanmoins d'une fonction StreetPass permettant de partager ses solutions avec d'autres joueurs. Pour le reste, les deux moutures sont totalement identiques.