En marge des versions de salon de LEGO Marvel Super Heroes sort également en ce mois de novembre la version portable du titre, baptisée pour l'occasion « L'Univers en Péril » comme s'il était crucial de bien démarquer l'opus de son modèle de salon. Alors, adaptation nomade réussie ou portage au rabais ?
Pour ceux n'ayant pas suivi l'affaire, Marvel Super Heroes est l'itération des jeux LEGO dédiée à l'univers éponyme et remplis d’Américains en costumes moulants, TT Games ayant déjà traité l’autre mastodonte des bandes dessinées, DC Comics, dans un précédent opus. L'adaptation réunit sur consoles de salon plus de 150 personnages différents, et jouit d'un contenu gargantuesque assurant une durée de vie colossale, en plus renforcée par un open world perfectible mais bien présent. L'Univers en Péril reprend et retravaille ce même contenu, tout en le charcutant sévèrement sous plusieurs angles, ce qui nous oblige presque à faire un bilan post-opératoire.
Une réalisation qui casse pas des briques
Premièrement, jugeons les performances techniques de la bête : sur Vita, la plastique du jeu est plutôt correcte sans être d'excellente facture, un aspect qui s'avérait pourtant être un des gros points forte sur la mouture de salon, qui est à l'heure actuelle la plus belle adaptation LEGO du marché. On regrette tout de même qu’il n’y ait pas plus de cinématiques, ces dernières reprenant quelques séquences du titre original, diffusées sans trop d'explications, ce qui rend la dimension narrative du titre relativement terne et négligée, là où la mise en scène des versions de salon permettait de trancher humoristiquement avec les séquences de combat et d'exploration. Il faudra malheureusement vous en contenter pour suivre l'histoire, déjà très « prétexte » à la base, mais carrément expédiée sur cette version. La fluidité est au rendez-vous et heureusement, étant donné que cette version se veut très économe pour de la Vita, une console qui nous a habitués à mieux niveau rendu visuel.
Jouabilité revue pour un contenu light
Côté gameplay, cette version portable propose du beat'em all nerveux et réactif, permettant d'utiliser quelques 91 « personnages », ou plutôt « skins de personnages », puisque chaque costume est considéré comme une entité jouable à part entière. Mais ce qui choque surtout sur la version nomade est la difficulté du titre. En effet, il vous faudra ici faire très attention à vos coeurs sous peine de devoir recommencer le niveau en entier : pas de checkpoints ni de vies infinies dans ce bas monde ! Rassurez-vous, les niveaux sont très (trop ?) courts. Au nombre de 15 et découpés en trois chapitres logiquement couronnés d’un combat de boss, les stages sont inspirés de ceux que l’on explore sur consoles de salon et mettent en avant un level design où règnent les couloirs et les petits soucis de perspective.
Il vous faudra donc faire très attention lorsque vous arpenterez les niveaux une première fois ou une énième fois en « jeu libre » (qui permet ici de prendre un personnage « non imposé » sans possibilité d’en changer en cours de mission), à la recherche de briques ou de citoyens à sauver afin de compléter vos défis. La progression se fait en l’occurrence grâce à ces fameux défis qui débloquent des briques dorées. D’ailleurs, il vous arrivera peut-être de sillonner un niveau en récupérant tout ce que vous pouvez, et de devoir tout recommencer à cause d’une bête faute d’inattention vous ayant fait perdre 2 cœurs suite à un combo ennemi ou à cause d’une plate-forme mal anticipée. Toutefois, les cas de game over par chute de plate-forme ou par bug sont limités par le level design très dirigiste ne laissant que peu de place à l’exploration ou à la sortie de rail. Un conseil au passage : évitez de taper le manège dans le premier monde, vous risqueriez de passer au travers et de tomber dans le niveau...
On enchaîne donc les missions et les défis, pas très passionnants, en utilisant au mieux un gameplay incluant du tactile de manière assez accessoire, les actions étant réalisables à la croix et aux gâchettes. D’ailleurs, contrairement aux versions de salon qui proposent au joueur d’évoluer en coop ou en solo avec un à trois personnages, le choix est ici limité à un seul, jouable en solo uniquement. Il vous est bien évidemment possible d’actionner les pouvoirs d’un coéquipier imposé afin de débarrasser l’écran des ennemis, ou afin de réduire de gros éléments en poussière : on pense notamment aux « big figures », ces personnages, comme Hulk, capables de détruire des éléments prédéfinis du décor. Comme d’habitude, chacun a ses petites capacités : certains peuvent voler comme Iron Man ou se balader de toile en toile comme Spider Man (ce qui permet de pallier l’absence de saut).
Vous pourrez aussi, par l’intermédiaire de la boutique, acheter des personnages préalablement déverrouillés, et même vous payer de nouveaux pouvoirs supplémentaires, permettant de partir à la chasse aux briques rouges de manière optimale. On appréciera également la présence d’un mini jeu de cartes à collectionner qui ne sert ici qu’à… collectionner des cartes. Rappelons également que cette version portable ne comprend ni open world, ni mode coop, et se contentera donc de fournir un contenu tristounet (en comparaison avec son grand frère de salon), heureusement embelli par une vision du beat’em all plus adulte et plus exigeante en termes de difficulté des combats : un comble pour la version sans doute réservée au public le plus jeune.
Points forts
- 91 « personnages » jouables et leurs coups spéciaux déblocables
- La « pression » induite par le système de game over
- 45 niveaux reprenant la quasi-totalité des moments forts du titre de salon
Points faibles
- Techniquement pas au top pour de la Vita
- La difficulté parfois mal calibrée (système de mort et gestion des dégâts reçus parfois rageants, quelques soucis de perspective)
- Ni plus ni moins qu’une version amputée qui manque cruellement de finition et de cohérence
LEGO Marvel Super Heroes : L’Univers en Péril est un jeu moyen si on ose le comparer à son grand frère de salon. Toutefois, cette comparaison paraît légitime tant le titre s’affirme comme une version light, amputée de beaucoup de bonnes idées, et affublé de concepts étranges mais bienvenus. Exit l’open world et la coop, place à des couloirs, du beat’em all plutôt correct et du game over en cas d’échec ! Le résultat final est assez appréciable dans l’ensemble mais la durée de vie du titre (entre 5 et 8 heures) se retrouvera vite réduite par une rejouabilité peu évidente qui laissera de marbre plus d’un joueur.