A travers les séries Condemned et F.E.A.R., le studio de développement Monolith a su démontrer un vrai savoir-faire, grâce à un style visuel empreint de déliquescence et l’instauration d’une atmosphère unique, presque malsaine. L’Ombre du Mordor ne semble pas échapper à la règle en proposant une aventure en solo à la troisième personne qui amène le joueur, en quête de vengeance, à se confronter à l’armée putride de Sauron…
Dans cette histoire se situant entre le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux et écrite par Christian Cantamessa, scénariste des Manhunt et de Red Dead Redemption, vous interprétez le Ranger Talion, fraîchement assassiné – tout comme sa famille - par les sbires de Sauron. Ramené à la vie par un puissant et mystérieux spectre, vous voilà désormais propulsé sur le chemin de la vengeance, désireux de réduire à néant l’armée orque du tyran en éliminant un à un tous ses gradés…
Sélection et localisation
Le principe de l’aventure repose donc sur le fait de devoir supprimer progressivement les deux types de gradés orques de l’armée de Sauron, à savoir les capitaines et leurs supérieurs, les généraux. Il en existe plusieurs dizaines réparties par région sur la grande carte du Mordor (sur laquelle il est d’ailleurs possible de se déplacer plus rapidement via des points de téléportation à débloquer). Les gradés orques affichent tous un style d’arme particulier et un look spécifique, presque charismatique, tant ils s’avèrent poisseux et répugnants. Un concours de laideur que les développeurs semblent avoir pris plaisir à effectuer. Pour localiser ces êtres immondes, vous devez passer par un menu spécial qui aligne le casting complet de chaque région. Par exemple, pour la région de Nurn, il y a 30 gradés orques : 24 capitaines et 5 généraux. Chaque général possède au minimum un ou deux capitaines sous ses ordres qui lui servent également de gardes du corps. Au passage, les relations entre tout ce petit monde sont clairement affichées à l’écran via une série de flèches. Libre à vous alors de cliquer sur un des puissants généraux et, après sa localisation sur le plan, d’aller l’attaquer directement… Au risque évident de vous faire trucider très rapidement puisqu'il sera entouré d’un nombre conséquent de soldats ! Il est donc nettement préférable de vous attaquer d’abord aux capitaines, moins puissants, et de collecter des renseignements sur eux afin de connaître leurs techniques particulières (spécialiste du poison ou de la hache…) ainsi que leurs points forts (armure résistante…) et faibles (sensible du feu…). Une fois votre cible choisie, rejoignez le lieu où elle se trouve sur la carte en bataillant d’autres orques au fil de votre progression si vous le désirez ou plus simplement en vous faisant discret. A ce titre, le jeu présente un petit côté Assassin’s Creed pas du tout déplaisant au niveau de l’exploration de l’environnement et de l’agilité et la furtivité des déplacements de Talion. Escalader un mur en un rien de temps, sauter agilement d’une plate-forme à l’autre ou encore se suspendre à une paroi lui est ainsi très facile…
Assassinat ou soumission
Arrivé à l’endroit où réside le capitaine orque, souvent entouré de plusieurs soldats, quelques options s’offrent à vous. Soit vous choisissez la violence en sautant à pieds joints dans le combat frontal afin de faire un maximum de victimes en même temps. Rigolo mais risqué. Soit vous optez pour la furtivité en assassinant les orques alentour les uns après les autres jusqu'à parvenir tranquillement au capitaine. Rusé mais plus lent. Vous devez ensuite affaiblir un maximum ce dernier en multipliant les attaques. Certains peuvent toutefois être tués en un seul coup bien placé (cela dépend de leurs points faibles indiqués sur leur profil). Au moment de le tuer, de nouvelles options apparaissent sous la forme de touches à presser sur l’écran. Ainsi, vous avez le choix de l’assassiner, le relâcher (pour remporter une meilleure récompense la prochaine fois que vous le rencontrez) ou le soumettre à votre volonté. En sélectionnant cette dernière option, vous usez de votre pouvoir magique pour influencer sa volonté et le forcer à rejoindre votre cause. Résultat : le capitaine orque se retrouve envoûté et prêt à se retourner contre le général dont il dépend. Une idée génialement perverse. Plus tard, lorsque vous déciderez de prendre pour cible ce même général, en arrivant sur les lieux, vous pourrez enclencher la rébellion du capitaine que vous aviez envoûté auparavant. Celui-ci se précipitera alors sur son supérieur pour tenter de le tuer. Vous pourrez vous joindre au combat et ainsi attaquer de concert avec votre allié momentané. Bien entendu, dans le cas où un général possède trois capitaines / gardes du corps et où vous réussissez à tous les soumettre auparavant, alors vous obtiendrez trois alliés sur le terrain au moment de combattre le haut gradé. Attention toutefois à ne pas mourir ou à ne pas laisser échapper le capitaine orque que vous traquez. Car ce dernier va devenir ensuite votre Némésis. C’est-à-dire qu’il héritera de davantage de puissance et de respect de ses autres coéquipiers, puisque marqué physiquement par les blessures que vous lui avez infligées. Et il pourra même être promu général, remplaçant alors un autre orque tombé sous vos coups. Ce système semble d’ailleurs pouvoir renouveler le cheptel de gradés et offrir ainsi une expérience différente à chaque joueur, selon ses choix et ses actions sur le terrain…
Arsenal basique et pouvoirs spectraux
Côté armement, vous possédez trois armes : l’épée Urfael, la dague Acharn et l’arc Azkar. Libre à vous de les utiliser à loisir, sachant qu’avec l’épée, par exemple, vous êtes capable d’enchaîner divers combos très efficaces. Tandis qu’avec la dague, les attaques au corps-à-corps mais aussi les exécutions par derrière deviennent vite naturelles. Combos en série, esquives, contres (lorsqu'une touche s’affiche au-dessus du belligérant), passages dans le dos de l’adversaire sans oublier décapitations, démembrements et autres joyeusetés gore : la plupart de ces mouvements s’avèrent très faciles à effectuer après un tout petit peu de pratique, histoire de ne pas s’emmêler les pinceaux dans le choix des touches, toutes utilisées. Il faut dire que les combats, inspirés du système à l’œuvre dans la série Batman Arkham, se révèlent extrêmement dynamiques et dégagent même une impression de surpuissance quasi orgasmique. Quel pied de découper à foison de l’orque belliqueux ! L’arc, quant à lui, a une double utilité : il offre évidemment de shooter à distance divers types de flèches très pratiques. Par exemple pour tuer sur le coup un garde ou faire exploser un feu de camp et ainsi endommager tous les soldats orques alentour. Mais il permet aussi de recourir à des pouvoirs magiques hérités du spectre qui vous a ressuscité. Si l’arc s’avère peu pratique à courte distance – car il semble impératif de viser l’ennemi pour déclencher un pouvoir – en revanche le résultat est on ne peut plus sympathique. A titre d’exemple, le pouvoir nommé « Shadow Strike » vous téléporte instantanément sur l’ennemi visé et lui assène une série de coups violents. De même, à l’aide de cet arc magique, il vous est possible de vous téléporter sur le dos d’un Caragor, monture favorite des orques, pour le diriger ensuite et écharper l’ennemi à coups de griffes ou le saigner entre les dents de la bestiole. Fun ! Bien évidemment, l’utilisation de ces attaques magiques fait diminuer une jauge spéciale qu’il est nécessaire de recharger en usant d’un objet, en soumettant un adversaire ou en recourant à des runes…
Runes et compétences
Les runes sont des symboles magiques qui sont destinées à booster vos armes ou vos compétences. Chaque fois qu’un gradé orque est battu, il laisse place à une rune. Cette dernière s’avère de meilleure qualité si vous abattez un capitaine ou un général en exploitant une de ses faiblesses (brûlé, assassiné par derrière…). Mais le top du top en la matière reste les runes rares dites « épiques », obtenues de manière un peu plus compliqué. Ainsi, quand vous décidez de relâcher un capitaine orque après l’avoir presque tué, vous le chargez automatiquement de remettre une menace de mort à son supérieur. Plus tard, quand vous rencontrez à nouveau ce capitaine, il apparaît bien mieux préparé et entouré de soldats, bref beaucoup plus difficile à battre. Si vous réussissez tout de même, alors à vous la rune épique destinée à booster une de vos trois armes de base ! Evidemment, plus vous augmentez votre puissance et plus vous obtenez de points servant à acheter de nouvelles compétences (meilleur combo téléporté…). Dommage néanmoins que les arbres de compétences (liés aux catégories Ranger, pouvoir spectral…) soient un peu trop nombreux et surtout pas très clairs. D'autant que d’autres caractéristiques de Talion, celles touchant à sa force ou à sa jauge de vie par exemple, sont aussi évolutives et ajoutent encore un petit peu à la confusion. Cela dit, avec ces nombreux éléments à débloquer, sans oublier les 150 quêtes annexes aux 20 missions principales, l’aventure devrait afficher au moins une bonne durée de vie !
Esthétique stylisée avec des dizaines de personnages malsains et un environnement diversifié parfois crapoteux. Bande-son dotée de voix glauques et de bruitages « saignants ». Gameplay piochant les idées de-ci de-là mais tout de même très efficace. Principe de jeu extrême où l’orque est clairement considéré comme de la chair à canon destinée à faire de belles brochettes à l’aide de votre épée… Pas de doute, les développeurs américains de Monolith semblent s’être donnés à fond, en radicalisant nettement leur expérience précédente dans l’univers de J.R.R. Tolkien (Gardiens de la Terre du Milieu sorti en 2012). Et c’est sans compter quelques surprises susceptibles d’être dévoilées au fil des prochains mois (présence de plusieurs personnages du Seigneur des Anneaux dont Gollum, apparition de gros boss aussi sauvages que destructeurs…). Bref, du tout bon pour l’instant !