Oubliez le valeureux soldat qui se bat pour sa nation, son honneur ou sa liberté. Le mercenaire est bien plus terre à terre, c'est l'appât du gain qui le motive. Il nous donne de la guerre une vision moins romantique qu'à l'accoutumée. Ici, il n'y a plus de gentils ou de méchants, il y a seulement des clients qui payent plus ou moins. Bref, préparez-vous à plonger la tête la première dans les embrouilles les plus nauséabondes qui ont émaillé le conflit opposant l'ISA et les Helghasts. Ne faites pas la fine bouche, vous pourrez peut-être y faire fortune.
Ce n'est pas la première fois que la licence Killzone se retrouve sur portable, mais l'épisode PSP s'éloignait quand même considérablement de la recette originale. Avec Killzone Mercenary sur Vita, on se rapproche bien plus des opus sortis sur consoles de salon : non seulement il s'agit d'un FPS, mais il s'impose aussi comme une véritable démonstration technique de ce que la machine peut nous offrir. On se souvient en effet que les deux volets PS3 nous en avaient mis plein les yeux et cet épisode Vita prend le relais sans broncher. Effets lumineux travaillés, distance d'affichage optimale, décors somptueux, volutes de fumée réalistes... il n'y a pas de doute, on tient bien là l'un des plus beaux jeux de la Vita. Mais on ne va pas se contenter du plaisir des yeux, Killzone Mercenary a bien plus à nous offrir.
Il sentait bon le sable chaud, mon mercenaire
Commençons par préciser que ce Killzone Mercenary n'est pas une suite. Il s'agit plutôt de suivre les pérégrinations d'un mercenaire répondant au doux nom d'Arran Danne. De la libération de Vekta à l'assaut sur Helghan, vous aurez droit à un nouvel éclairage sur des événements que vous connaissez peut-être déjà. Si les premières missions vous mettent plutôt logiquement du côté des forces de l'ISA, vous ne tarderez pas à vous rendre compte qu'on vous demande surtout de faire les basses besognes qui ne peuvent pas être confiées à l'armée. On savait déjà que les représentants de l'ISA étaient loin d'être des enfants de chœur, on découvre désormais que leurs commandants peuvent être de véritables salopards. Il sera ainsi question d'arme bactériologique et de probable génocide. Autant dire que vous n'aurez pas trop de remords quand il s'agira de vendre vos services aux Helghasts. On remarque au passage que c'est la première fois dans l'histoire de la série que vous êtes amené à dégommer joyeusement des combattants Vectans... Bref, on s'attendait à un spin-off au scénario plutôt fade et qui ne fasse pas de vagues, on se retrouve finalement avec une histoire prenante et tout sauf manichéenne.
Des missions à faire et à refaire
La force de l'aventure est de vous tenir en haleine avec une mise en scène spectaculaire alors qu'elle est pourtant scindée en 9 missions successives. Le tout n'est pas très long, pour notre part il nous a fallu environ 4h30 pour voir le bout de la campagne. C'est court, mais il faut reconnaître que le titre propose aussi une très bonne rejouabilité. Pour commencer, 6 éléments de renseignement se cachent dans chaque mission et viennent approfondir le background du titre. Il s'agit généralement de hacker des terminaux ou d'interroger un peu brutalement des officiers ennemis. Les phases de hack s'apparentent à un mini-jeu en temps limité tandis qu'il vous faudra prendre vos ennemis par surprise ou les blesser pour mener vos interrogatoires. Dans les deux cas, il s'agit de bien fouiller les environnements pour obtenir ces secrets. Mais ce n'est pas tout, il est aussi possible de refaire les missions dans d'autres niveaux de difficulté, et surtout en suivant une liste de conditions bien précises pour débloquer les versions Précision, Infiltration et Démolition d'une même mission. Que vous comptiez passer discrètement dans le dos de vos ennemis ou au contraire tout démolir sur votre passage, il vous faudra forcément faire vos emplettes avec vos petites économies. En effet, quoi de plus naturel qu'un marchand d'armes soit le meilleur allié d'un mercenaire tel que vous ? Vous avez de la chance, votre revendeur habituel dispose de caches d'armes un peu partout et propose même quelques promotions. Dans tous les cas, il vous faudra multiplier les contrats si vous espérez débloquer l'ensemble de l'arsenal.
La puissance au creux de la main
On pouvait se montrer plutôt réticent concernant la maniabilité d'un FPS sur une console portable mais finalement la petite Vita s'en sort avec les honneurs. Les commandes de base sont tout ce qu'il y a de plus classiques mais les fonctionnalités tactiles de la machine apportent aussi un petit plus non négligeable. On réalise des attaques au corps-à-corps en passant le doigt sur l'écran, le pavé tactile permet de zoomer avec les fusils de snipe, on court en tapotant ce même pavé arrière... L'ensemble peut sembler lourd au premier abord mais on se fait très rapidement à ces différents ajustements. La vraie nouveauté de ce Killzone Mercenary tient à l'ajout du système Vanguard : celui-ci permet de déployer des équipements ou des armes hors du commun. C'est l'occasion par exemple de contrôler un drone capable d'éliminer furtivement vos ennemis, un autre qui vous suivra en renfort, de déployer un bombardement aérien ravageur, de se munir d'un lance-roquettes portable, d'une combinaison d'invisibilité ou même d'un bouclier magnétique... Bref, ces gadgets coûtent une fortune mais l'investissement qu'ils représentent vaut le coup. Encore une fois, certains d'entre eux exploitent parfaitement les possibilités tactiles de la console et nous donnent vraiment l'impression d'avoir une puissance de feu considérable au bout des doigts.
Un multi pour la route
Si le gameplay nous a démontré son efficacité en solo, il demeure toujours aussi plaisant en multi. On retrouve d'ailleurs au passage le même système de progression dans l'ensemble du jeu : on gagne toujours de l'argent qui permet d'acheter du matériel, lequel matériel sert aussi bien en solitaire qu'à plusieurs. Le fait de jouer vous fera aussi débloquer petit à petit des cartes correspondant à vos performances. Les collectionneurs peuvent même voler les cartes de leurs adversaires en multi. Il faut se contenter de 3 modes de jeu pouvant réunir au maximum 8 joueurs mais le spectacle est toujours au rendez-vous. Les 6 maps sont d'une beauté à vous couper le souffle et aucun compromis n'a été fait quand on les compare avec les environnements du solo. Histoire de dynamiser les affrontements, les modules pour votre système Vanguard tombent littéralement du ciel et viennent régulièrement attiser l'intérêt des deux camps. On passera rapidement sur les modes Mercenaire et Guérilla et qui correspondent au match à mort et au match à mort en équipes, c'est surtout le fameux Zone de guerre qui vaut le coup. Les habitués de la licence savent de quoi il en retourne, il s'agit d'alterner les objectifs tout au long de la partie, parfois on gagne en faisant des frags, parfois il faut plutôt interroger ses adversaires ou hacker les modules Vanguard. Finalement, le résultat nous donne un joli petit bazar extrêmement jouissif. Pour tout vous dire, on ne se doutait pas qu'une console portable puisse nous proposer un FPS d'une telle qualité !
Points forts
- Des graphismes époustouflants
- Une maniabilité parfaitement adaptée à la Vita
- Le fait d'explorer le côté obscur de l'ISA
- Un multijoueur explosif
- Une vraie rejouabilité des différentes missions
Points faibles
- Une campagne trop courte (entre 4 et 5 heures)
- Un boss de fin pas très excitant
Vous ne rêvez pas, la petite Vita accueille enfin le FPS qu'elle mérite. Killzone Mercenary propose à la fois un gameplay au poil, des graphismes époustouflants et un multijoueur prenant. On pourra juste lui reprocher la rapidité avec laquelle on traverse la campagne, mais, vu la qualité de l'ensemble, on prendra plaisir à refaire les missions pour débloquer la totalité de l'arsenal et pour dénicher tous les secrets du jeu.