Entre deux FPS, Crytek (Crysis) a eu l'envie soudaine de se lancer dans le beat'em all historique. Le studio habitué aux gros moteurs 3D qui déboîtent est donc venu fournir à la Xbox One une première vitrine technologique efficace mais qui a sans doute encore des choses à prouver sur le plan ludique.
L'Empire Romain était peut-être un parangon de civilisation et de finesse, il s'est bâti sur le sang et les conquêtes. C'est cet aspect de son histoire que Ryse choisit de vous faire explorer en vous faisant incarner un officier romain à la lame agile. Dans Ryse, matraquer les boutons ne servira pas à grand-chose car ici, tout est histoire de rythme. L'idée est en fait de savoir alterner ses mouvements et d'agir en fonction des actes de ses adversaires avec comme objectif leur affaiblissement puis leur exécution. En enchaînant attaques ou coups de bouclier dans la tronche, on parviendra progressivement à user et sonner se ennemis, à les mettre dans un état qui nous permettra de réaliser des mises à mort particulièrement stylées qui s'effectuent comme des simili QTE.
X dans ta face, Y dans ton pif
Simili parce que dans la pratique, on ne peut pas échouer dans l’enchaînement des frappes, seulement atteindre son objectif avec plus ou moins de réussite. Tout étant question de timing et d'une certaine façon de chorégraphie. La petite nuance qui fait tout le charme bestial du jeu étant que plus on adopte un timing précis, plus le rendu à l'écran change, faisant ressentir un surplus de puissance au joueur. En outre, contrairement à des QTE classiques, les exécutions sont adaptatives et dépendent de la situation dans laquelle on se trouve, du nombre d'ennemis, de leur position etc. En somme, il s'agit d'un outil de mise en scène puissant et sanglant qui pourra à terme donner vie à une centaine de finish moves.
Ave Gamerus
Par ailleurs, le héros de Ryse n'étant pas qu'un simple troufion, on aura de temps à autre l'occasion de donner quelques ordres et de mener un assaut. Comme on peut le voir dans la toute première séquence de gameplay diffusée durant la conférence E3 de Microsoft. Ainsi, on pourra se retrouver pris sous les tirs d'un groupe d'archers avec la possibilité d'ordonner la mise en place d'une formation défensive que l'on pourra contrôler de façon à progresser à l'abri des flèches. Là encore, le rendu à l'écran est très esthétique mais l'action elle-même est terriblement automatisée.
Dance Dance Roma
Car pour l'heure, c'est un peu le problème que pose Ryse. Une chose est certaine à son sujet, il a une sacrée allure. Les animations sont impressionnantes, le rendu à l'écran tient de la cinématique, les effets sonores sont bluffants, bref, Crytek se prépare encore à livrer une belle vitrine technologique. Mais c'est l'aspect ludique qui est pour l'heure un peu en retrait. Bourré d'automatismes, Ryse pourrait vite tourner à l'expérience esthétique voire carrément cinématographique mais qui semble se jouer un peu sans l'aide du joueur. Quelques paroles de Crytek permettent cependant de se rassurer ou de croire à l'avenir, comme l'éventualité de voir les touches contextuelles « frappe épée, frappe bouclier » (et donc l'effet QTE à gogo) disparaître et surtout l'arrivée de combos supplémentaires. Mais tout ça, on en jugera à la prochaine apparition du jeu, qui laissera d'ailleurs peut-être également filtrer son mode multijoueur au sujet duquel le seul mot que l'on veut bien lâcher est Colisée...
Comme beaucoup de vitrines techniques, Ryse en met plein les yeux (même si sa prestation à la conférence était un peu en retrait) mais propose un gameplay qui laisse un peu perplexe. Très fun sur le papier, l'idée de faire reposer l'ensemble du système de combat sur des exécutions basées sur le timing, presque à la façon d'un jeu de rythme, doit encore faire ses preuves. On compte sur Crytek pour revenir à la charge avec une nouvelle démo faisant montre d'une profondeur de gameplay plus évidente que ce que l'on a vu ici. On a envie d'y croire.