Remarqué à l'occasion de l'Independant Games Festival 2010, Rocketbirds a déjà eu l'occasion de nous étonner sur PC, mais aussi sur PS3 dans une version améliorée. Bonne nouvelle, ce jeu d'action délicieusement old-school débarque désormais sur Vita avec un mode coopératif jouable en local mais aussi en ligne, et quelques autres petits suppléments.
Disponible en échange de 7,99 euros sur le PlayStation Store des jeux Vita, Rocketbirds : Hardboiled Chicken est un portage amélioré de la version PS3 sortie fin 2011. Cette dernière introduisait déjà quelques ajouts non négligeables par rapport au jeu Web original (RocketBirds Revolution !), à commencer par son mode coopératif à deux joueurs dans lequel on incarnait deux perruches de guerre dans des environnements revisités pour proposer des énigmes axées sur l'entraide entre les joueurs. L'un des deux combattants emplumés pouvait notamment monter sur la tête de son partenaire pour atteindre des plates-formes haut perchées. Ce mode est toujours présent sur Vita, mais il devient jouable aussi bien ad hoc qu'en ligne (à condition d'avoir un ami possédant aussi le jeu), ce qui n'était pas autorisé sur PS3. La mouture Vita conserve également les phases en jetpack, pas forcément les meilleures, soit dit en passant, et rajoute un nouveau niveau de difficulté Hardboiled. Des mini-histoires permettent de faire la lumière sur le passé du héros à travers quelques cinématiques bien dans le ton du jeu. Enfin, la fonction gyroscopique de la console peut être employée pour faire pivoter l'arrière-plan afin d'élargir les angles de vue.
L'introduction de Rocketbirds : Hardboiled Chicken est de celles qui donnent tout de suite envie d'en savoir plus sur le scénario du jeu. On y découvre un poulet équipé d'un jetpack qui échoue derrière les lignes ennemies après avoir neutralisé ses poursuivants dans les airs. La musique est signée par le groupe autrichien New World Revolution et met immédiatement dans l'ambiance. Le poulet se prénomme Hardboiled Chicken, « The original Cock of War », et n'est autre que le leader d'une rébellion qui a pour objectif l'assassinat d'un dictateur pingouin nommé Putzki. Si le soft ne se prend pas au sérieux, c'est aussi pour mieux faire passer le contexte militaire de ce titre dans lequel s'affrontent violemment les résistants et les partisans d'un régime totalitaire. L'humour est mis au premier plan et le design très cartoon des protagonistes donne à Rocketbirds : Hardboiled Chicken des allures de comédie noire comme on en voit peu.
Heureusement pour nous, notre dur à cuire ne sera que rarement privé de son arsenal, ce qui confère au soft une très forte dominante action. Le poulet dispose en effet de quelques armes à feu fort sympathiques, à savoir un pistolet, un fusil à pompe, un fusil d'assaut, des grenades et un magnum. A cela s'ajoute une arme secrète redoutable, appelée « cérébugs », dont le nom est finalement assez explicite. Il s'agit en fait d'insectes empoisonnés qu'on peut lancer de la même façon que les grenades pour parasiter le cerveau de ses adversaires. Une fois atteinte, la cible devient votre marionnette et vous pouvez la contrôler à volonté pour vous glisser incognito parmi les soldats ennemis. Mais attention à ne pas trop attirer l'attention en agissant de manière inhabituelle... Car si le garde que vous contrôlez ouvre le feu, il perd sa couverture mais peut tout de même riposter afin de déblayer le terrain avant de se tirer une balle dans la tête pour laisser la place à Hardboiled Chicken.
Décrit de cette façon, Rocketbirds : Hardboiled Chicken ne semble pas avoir grand-chose en commun avec Flashback, l'un des titres les plus marquants des années 90. Pourtant, dès les premières secondes de jeu on devine que les développeurs s'en sont fortement inspirés pour mettre au point le gameplay de leur soft. On y retrouve le même style d'environnements 2D joliment détaillés, et surtout des animations très similaires, notamment à travers les différentes postures du héros qui brandit son arme et enchaîne les roulades de la même façon que Conrad dans Flashback. Les contrôles sont donc à la fois simples et intuitifs, mais ils s'avèrent aussi parfois exigeants lorsqu'il s'agit de manier les grenades ou d'envoyer les insectes vers un point bien précis de l'écran, surtout avec le pavé tactile arrière de la Vita. De plus, les munitions des armes à feu sont limitées et il faut donc régulièrement mettre la main sur des chargeurs pour atteindre le checkpoint suivant en un seul morceau.
Si la difficulté du titre n'est pas très élevée, le level design est propice à de nombreuses petites énigmes qui ont le bon goût d'ajouter un peu de réflexion à ce titre de plates-formes / action. Vous devrez par exemple récupérer différentes cartes magnétiques pour passer d'une zone à une autre, ou encore déplacer des caisses sur des élévateurs pour atteindre des endroits haut perchés. Dommage que le jeu peine à se renouveler sur ce plan-là et que les recoins sombres dans lesquels on peut se cacher ne soient pas davantage utilisés. Les 15 niveaux du jeu varient finalement plus par leur ambiance (jungle, prison, décor urbain, métro...) que par leur réalisation. Que ce soit en solo ou à deux, Rocketbirds : Hardboiled Chicken n'en reste pas moins un jeu qui plaira aux nostalgiques de titres comme Flashback, Another World, Oddworld : L'Odyssée d'Abe, ou même le premier Prince of Persia.
- Graphismes16/20
Les graphismes du jeu original réalisés en flash ont eu droit à un joli coup de polish à l'occasion de ce remake. Les personnages bénéficient d'un design et d'animations vraiment drôles, les environnements extérieurs sont splendides et les effets de lumière rendent le tout visuellement très attractif.
- Jouabilité14/20
Le gameplay rappelle énormément celui de l'excellent Flashback et mêle habilement plates-formes, action et réflexion. Dommage que les mécanismes de progression ne soient finalement pas très originaux, ou du moins déjà vus dans d'autres titres comme Oddworld : L'Odyssée d'Abe, pour ne citer que lui. Notez enfin que les phases en jetpack n'apportent pas grand-chose en termes de gameplay, et que l'utilisation du pavé tactile arrière ne rend pas plus ergonomique le lancer de grenades et de cérébugs. Le fait de pouvoir légèrement faire pivoter les arrière-plans à l'aide du gyroscope reste très anecdotique.
- Durée de vie15/20
Comptez environ 5 heures pour venir à bout des 15 niveaux du jeu en solo. C'est un peu court, mais vous pouvez aussi reprendre l'aventure à deux pour découvrir de nouvelles énigmes basées sur la coopération. Notez que le coop en ligne nécessite de disposer d'un ami possédant également le jeu.
- Bande son16/20
Ce n'est pas pour rien que Rocketbirds a été finaliste dans la catégorie sonore de l'Independant Games Festival. Outre les musiques signées par le groupe autrichien New World Revolution, le jeu bénéficie de bruitages d'ambiance vraiment immersifs.
- Scénario13/20
Les premières cutscenes dévoilées en début de partie donnent tout de suite le ton de cette comédie noire dénonçant un régime totalitaire. Le scénario ne vole jamais très haut, mais vous aurez tout de même droit à quelques cutscenes bien achalandées venant vous décrire le passé de Hardboiled Chicken.
Après un détour profitable sur PS3, Rocketbirds : Hardboiled Chicken nous revient sur Vita dans une version encore améliorée qui fait honneur à l'original. En dehors du mode coopératif online, les ajouts de cette version Vita restent mineurs, mais la recette fonctionne d'autant mieux que le jeu profite d'une ambiance graphique et sonore très attractive tout en s'appuyant sur des routines de gameplay qui ne sont pas sans rappeler des titres comme Flashback ou Oddworld : L'Odyssée d'Abe.