Hélas, pauvres joueurs français, vous êtes bien à plaindre ! Car c'est encore entre vos doigts que file ce trésor qu'est Trauma Team, et aucune date de sortie ne semble poindre à l'horizon. Mais si vous avez en votre possession une Wii américaine et que vous possédez un bon niveau d'anglais, sachez que vous seriez bien mal avisé de passer à coté du successeur des Trauma Center. Le jeu vise en effet à satisfaire le plus de joueurs possible, en proposant de nombreux niveaux de difficulté ainsi qu'un scénario plus terre à terre qu'auparavant, ce qui n'aura pas empêché les développeurs d'introduire le surnaturel et le comique à une intrigue autrement plus glauque. Nos docteurs ne seront pas en reste non plus, car ces derniers devront relever bizarreries et imprévus afin de sauver leurs patients, en plus de devoir composer avec un quotidien tout sauf ordinaire. Vous devrez ainsi incarner tour à tour les six médecins de l'hôpital Resurgam, chacun performant dans son champ de travail bien spécifique, et les aider à enrayer le mystérieux mal qui afflige leurs patients.

Notre premier protagoniste porte le matricule CR-S01 et fut condamné à une peine d'emprisonnement de 250 ans pour un crime dont il ne se rappelle même pas. Mais c'est aussi un chirurgien hors pair qui devra performer son art sur des cas extrêmes afin de voir sa sentence diminuer. Son rôle consistera donc à exécuter ce qui faisait la base de la série jusqu'à maintenant : la chirurgie. Vous devrez alors vous assurer qu'il coupe, retire, injecte, excise, panse et suture avec dextérité. Pour ce faire, le nunchuk sert toujours à choisir votre instrument ; incliner le stick vers la gauche saisira le scalpel alors que vers le coin supérieur droit, ce seront les fioles de médicaments qui seront disponibles. Le pointeur vous permettra de cibler un objet alors que vous l'extrairez en pressant simultanément les boutons A et B. Cette prise en main sera la même pour tous les types d'opérations et vous permettra de ne perdre qu'un minimum de temps entre les différentes étapes. Si, par exemple, vous utilisez l'antibiotique, une seule pression vers la gauche et vous vous retrouverez avec un scalpel à la seconde même où le gel aura été appliqué. Le seul défaut que l'on peut reprocher à cette approche, c'est qu'en cas de stress, quelques millimètres suffiront pour que le glissement de votre pouce ne vous fasse empoigner un laser plutôt qu'un radar, faisant ainsi perdre de précieux points de santé à votre patient. Mais outre ce problème mineur, la chirurgie possède une maniabilité impeccable qui s'adapte à toute situation.

Indépendante, impulsive et exubérante, Maria Torres ne semble, à première vue, pas avoir toutes les qualités requises afin d'exercer le métier de secouriste. Ses pairs sont pourtant forcés d'admettre qu'elle y excelle, bien qu'ils n'aient jamais travaillé directement avec elle, car Maria est une débrouillarde solitaire. Un problème dans son métier, et la visite récurrente du fantôme d'une fillette n'arrange pas les choses. Alors qu'elle se rend sur les lieux d'accidents, vous devrez l'aider à soigner des brûlures, réaligner des membres et transfuser du sang. Si les techniques semblent similaires à celles performées en chirurgie, c'est qu'ici votre meilleur atout ne sera pas la précision mais la rapidité. En effet, vous n'aurez pas un mais jusqu'à cinq patients que vous devrez traiter en même temps. Alors que vous tenterez de garder un estropié en vie, vous devrez aussi surveiller ses comparses, dont la santé diminuera à vue d'œil, en sachant qu'après un certain nombre de patients perdus, la mission est échouée. Mais alors que vous jonglez ainsi entre les vies, un patient peut vous révéler qu'il a aperçu un autre blessé, duquel vous devrez vous occuper ensuite. Ce mode de jeu se révèle vite extrêmement stressant mais sachez que si vous vous mettez à paniquer, le résultat le plus probable sera la perte de patients. La moindre petite erreur peut entraîner un véritable drame, et ces erreurs se font légion lorsque vous perdez votre sang-froid. Il est d'ailleurs plutôt pénible de voir un patient entrer en arrêt cardiaque parce que vous n'avez pas posé une gaze directement sur sa plaie. Le secourisme reste cependant un des aspects les plus intéressants de Trauma Team et vous fera vivre bien des sensations fortes.

Défenseur de la justice et de la liberté la nuit, Hank Freebird est aussi un héros ordinaire le jour. Il troque alors son costume bleu de Captain Eagle pour le traditionnel sarrau blanc des médecins. Cette véritable armoire à glace qu'est Hank s'occupe en effet du département orthopédique à Resurgam, et c'est à travers lui que vous percerez et replacerez les os de vos pauvres patients. Ici, nul besoin d'être pressé, vos sujets ne perdent pas de vie avec le temps, mais ils seront affectés par les erreurs que vous ferez. Le maître-mot est donc précision, sachant qu'après une dizaine d'erreurs, la partie est terminée. Les opérations ne sont pas des plus palpitantes et vos actions consisteront essentiellement à replacer, couper, percer et renforcer des os. Mais la section orthopédique reste intéressante et peut se targuer d'un gameplay précis et efficace. On ne peut malheureusement pas en dire autant de l'endoscopie, département dont s'occupe Tomoe Tachibana, princesse japonaise en exil. L'endoscopie, discipline médicale qui consiste à introduire un tube muni d'une caméra dans le corps d'un patient, est une idée intéressante sur papier mais qui se révèle décevante en pratique. Par souci de réalisme, l'endoscope se déplace en maintenant les boutons A et B tout en avançant ou reculant la Wiimote. L'effet est bien retranscrit, mais la lumière de l'endoscope est gérée par le pointeur de la manette, ce qui a pour effet qu'on progresse bien souvent dans les boyaux du patient à l'aveugle. Dans ces conditions, exciser des polypes, traiter des ulcères et aspirer du sang devient confus. Ce défaut entache sérieusement le plaisir que l'on prend à parcourir les méandres organiques de nos malades. L'endoscopie devient alors non pas déplaisante, mais tout de même agaçante, et si l'expérience n'est pas dénuée d'intérêt, on a hâte de s'attaquer aux autres disciplines de Trauma Team.

En complète rupture avec ce que les précédents opus proposaient, Trauma Team nous offre des séances de diagnostic médical par l'entremise de Gabriel Cunningham, docteur dont les problèmes sont essentiellement familiaux. Tout en se disputant régulièrement avec son programme de diagnostic parlant, nommé RONI, Cunningham devra trouver de quel mal souffrent ses patients. Vous devrez l'aider à déceler les symptômes lors d'interrogatoires et d'auscultations physiques et performer avec un stéthoscope et un électrocardiogramme. L'examen des rayons X se fera par le jeu des différences. Vous devrez alors comparer la photo de votre patient avec un témoin et trouver ce qui cloche. Il est souvent très difficile de trouver la petite différence dans ces images bondées de détails, d'autant plus qu'il n'y en a parfois pas et que vous n'avez droit qu'à cinq erreurs avant de devoir tout recommencer. Une fois tous les symptômes en main, il ne vous restera qu'à lire les fiches descriptives des maladies pour trouver à laquelle ils correspondent. Les cas des patients sont toujours très complets et diversifiés, un même patient pouvant avoir plusieurs maladies. Le doublage, excellent, parvient à nous transmettre la difficulté que doit éprouver un docteur lorsqu'il annonce son diagnostic à un patient visiblement effondré. Cela, couplé aux dialogues très comiques entre le docteur Cunningham et RONI, fait du diagnostic un des aspects les plus riches en émotions du jeu, en plus d'être captivant d'un bout à l'autre.

Naomi Kimishima, femme au passé obscur, nous offre une autre spécialité inédite : la médecine légale. A l'aide de son pouvoir, qui consiste à entendre les dernières paroles des morts, vous devrez découvrir le motif et le responsable de mystérieux assassinats. Pour cela, vous devrez chercher des indices sur les corps des victimes et sur leurs effets personnels, écouter des témoignages et investiguer les scènes de crimes. Ce dernier cas se révèle parfois problématique car vous devrez trouver des objets souvent minuscules dans des endroits fourmillants de détails. Une fois un indice découvert, il se présentera sous forme de carte, et vous pourrez le faire analyser par votre assistant ou essayez de le lier à un autre indice. Vous serez alors mis à l'épreuve par une série de questions concernant l'affaire, sachant qu'après dix erreurs, l'enquête devra être recommencée au dernier point de sauvegarde. Avec la médecine légale, le jeu prend une tournure beaucoup plus glauque que ce à quoi il nous avait habitués. Contrairement à l'aspect graphique dénué de gore des opérations chirurgicales, vous serez ici parfois confronté à des surprises plutôt macabres. Il en va de même pour les scénarios, véritables romans policiers, qui ne lésinent pas sur l'aspect malsain des individus. Que ce soit dans le visuel ou dans le scénaristique, certains seront parfois choqués, mais c'est un vrai bonheur de parcourir ces enquêtes passionnantes menant à des dénouements surprenants.

On pourrait redouter qu'avec autant de personnages principaux, la chronologie des événements soit floue. Il n'en est pourtant rien, la disposition en axe des missions prévenant ce problème. Les docteurs correspondant chacun à une colonne, les missions se déroulant simultanément sont disposées dans la même rangée, ce qui rend le tout très cohérent. On nous propose aussi le même système de coopération que dans les précédents épisodes. Indisponible pour le diagnostic et la médecine légale, ce mode se révèle toujours aussi efficace pour partager le stress opératoire avec un ami. Et en plus de nous offrir 6 ou 7 missions par médecin, un système de médailles est déblocable en terminant le jeu. Ces médailles se présentent sous formes de petits défis dans certaines missions et si elles ne présentent que peu d'intérêt, le niveau de difficulté supplémentaire devrait donner des sueurs froides aux joueurs les plus déterminés. Au final, même si certains pourront regretter que le système de mains curatrices ait disparu, il faut bien admettre que le pari d'Atlus de miser sur la diversité est largement relevé.