Après Machinarium, paru en 2009 sur PC, et ayant ensuite éclos progressivement sur d'autres supports, le studio indépendant Amanita Design nous revient avec une nouvelle pépite supposée, nommée Botanicula. Changement de décor et de personnages, puisque notre petit robot laisse place à un groupe de cinq créatures tout aussi attachantes, ancrées dans un monde végétal en danger.
Si Machinarium n'était pas son premier bébé, c'est pourtant le titre qui aura permis au studio de marquer les esprits du plus grand nombre, puisqu'il proposait une aventure en point and click particulièrement originale, et surtout bourrée d'inventivité. Les premières images de Botanicula ont également tout de suite titillé l'imagination des joueurs intéressés, qui peuvent donc dès maintenant découvrir l'univers cette fois-ci végétal créé par Amanita Design. Et autant dire que dès la cinématique d'introduction, ceux-ci se trouvent totalement happés dans ce monde mis en danger par d'horribles araignées noires, suçant la sève d'un arbre servant de maison à de nombreuses petites créatures. On y contrôle très rapidement un groupe de cinq petits personnages très mignons, qui ne sont pas vraiment distincts. En effet, lors de l'exploration des nombreux tableaux composant l'aventure, le joueur devra simplement cliquer sur les flèches indiquant une sortie pour aller à un autre endroit. Nos petites créatures s'empressent alors de s'y diriger d'un seul homme, sans que l'on puisse choisir qui se déplace, et où. Cette entité n'aura d'ailleurs de cesse de se mouvoir rapidement d'un endroit à l'autre, l'environnement paraissant vaste et varié.
Cet univers est porté par des graphismes flattant la rétine du joueur, grâce à des couleurs habilement choisies, mais aussi et surtout grâce à des animations rendant l'ensemble plein de vie. Généralement, lorsque votre petit troupeau arrive dans un nouveau tableau, il s'installe à un point précis et reste immobile, c'est maintenant à vous d'agir en cliquant sur certaines zones vous semblant plus intéressantes que les autres. Certaines de ces interactions servent évidemment à résoudre quelques énigmes de manière à progresser dans l'aventure, mais d'autres n'ont d'autre but que de vous faire profiter d'une petite séquence amusante, comme celle d'un petit insecte se cachant derrière une feuille avant d'en être délogé par vos clics intempestifs, ou celle d'un gros bourdon se cognant malencontreusement contre une branche. Il faudra parfois insister pour assister au plus gros du spectacle, en cliquant plusieurs fois de suite sur l'insecte, la feuille ou tout autre élément du décor impliqué dans la scène. C'est notamment ce genre d'interactions qui fait tout l'intérêt de Botanicula, en lui insufflant une âme et en le rendant vivant. Pour autant, votre aventure ne prendra pas simplement la forme d'une longe contemplation passive, loin de là. Car vos personnages auront quelques travaux à accomplir, s'ils veulent sauver leur joli monde, en récupérant la dernière graine de leur arbre désormais en danger de mort. Et, malgré l'ambiance résolument végétale du titre, ne vous inquiétez pas, vous verrez du pays, et plongerez avec délectation d'une ambiance à l'autre.
Tout au long du jeu, des objectifs vous sont donnés, et vous permettent d'avoir un but bien défini. La toute première énigme se décompose par exemple ainsi : votre route est barrée par une grosse créature, et cinq plumes sont symbolisées (en blanc) autour d'elle. Vous comprenez vite qu'il s'agira de récupérer ces cinq plumes dans l'environnement, de manière à ce que l'insecte puisse décoller, et vous laisse passer. Votre inventaire, en haut de l'écran, possède d'ailleurs une sorte de «compteur » de plumes. Votre quintet devra donc trouver ces objets en se baladant et en interagissant avec les décors de manière censée. Plus tard, il s'agira par exemple de récupérer des clés, ou encore des petits personnages. En effet, vous pourrez parfois communiquer avec quelques autres créatures, qui vous exposeront leurs problèmes ou leurs préoccupations grâce à quelques bulles imagées, et généralement limpides. Par ce biais, vous en apprendrez parfois davantage sur le monde de Botanicula, et sa création. Les énigmes que vous rencontrerez vous demanderont donc toujours d'explorer les environnements et d'interagir avec les éléments présents dans le décor. Rassurez-vous, les créateurs de chez Amanita Design n'ont pas non plus placé d'improbables casse-tête dans le jeu, comme ce qui avait été de mise dans Machinarium, et qui avait refroidi quelques joueurs. A quelques occasions, votre groupe se divisera temporairement, et vous devrez alors choisir quel personnage vous semble approprié pour s'occuper de la tâche en cours. Pas d'inquiétude, si vous vous trompez, vous aurez simplement droit à une séquence charmante de plus, avant de pouvoir effectuer un choix différent. Vous aurez ainsi sans doute beaucoup de plaisir à observer quatre de vos créatures positionnées sur la cinquième, qui est en train de flotter sur une étendue d'eau, dans l'une de ces phases. Au final, la difficulté présente dans Machinarium est ici revue à la baisse, et votre avancée dans l'histoire n'est que trop rarement freinée. Cette progression assez constante est finalement plaisante, mais certains joueurs auraient sans doute apprécié de pouvoir mettre encore davantage leurs neurones à contribution.
Par contre, les développeurs ont bien évidemment continué sur leur lancée en mêlant encore une fois intimement musique et gameplay. En effet, la bande-son ne sert pas uniquement à accompagner la progression du joueur en se faisant oublier de temps en temps. Elle fait également partie intégrante des mécanismes de jeu. Ainsi, lorsqu'on passe la souris, sans cliquer, sur les éléments du décor, de nombreux sons se font entendre, entre bruissements, chuintements, bruits d'insectes, murmures... certains sons peuvent d'ailleurs être « récupérés » dans l'inventaire. Certains personnages disposent également d'une « voix », pas toujours vraiment compréhensible, mais pourtant étrangement familière. Enfin, certains tableaux jouent encore davantage avec la musique, en l'incluant directement dans l'énigme qu'ils proposent. On assistera par exemple à la représentation d'un tout petit orchestre, en pouvant agir sur les nombreux instruments que nos deux musiciens détiennent, ce qui influera évidemment sur la musique entendue. Ce petit passage, peut-être anecdotique, est pourtant à l'image de l'intégralité du jeu, qui se déguste rapidement, mais avec délectation. La fin arrive hélas un peu trop vite, mais le plaisir procuré par cette pépite vous laissera un souvenir durable, et une furieuse envie de découvrir encore un nouvel univers créé par ces génies de chez Amanita Design.
- Graphismes17/20
Artistiquement, Botanicula risque bien de vous émerveiller, chaque tableau fourmillant de vie étant un vrai régal. Le design des créatures présentes dans les décors et de vos personnages est également brillant.
- Jouabilité17/20
Si la difficulté a été légèrement revue à la baisse sur ce titre, le level design n'en reste pas moins ingénieux, et les tribulations de votre petite troupe se révèlent passionnantes de bout en bout. Les énigmes proposées consistent souvent à récupérer des objets en explorant les décors, et en interagissant avec cet univers ressemblant bel et bien à un véritable microcosme où tout est lié.
- Durée de vie12/20
Il vous faudra entre 4 et 6 heures pour terminer l'aventure, qui, logiquement, ne dispose pas vraiment d'une rejouabilité impressionnante. Néanmoins, l'aventure semble complète, malgré une fin un peu abrupte. Le système d'indices de Machinarium est cette fois-ci absent.
- Bande son18/20
L'ambiance sonore, fruit du travail du groupe tchèque DVA, est une petite merveille. Outre les musiques accompagnant notre progression, chaque tableau est truffé de bruitages sonores que vous pourrez déclencher grâce à quelques passages de souris bien sentis. L'univers n'en est que plus vivant et tangible.
- Scénario14/20
Un univers végétal menacé par des araignées maléfiques, et un groupe de petits personnages prêt à tout pour le sauver... la recette est classique, mais donne lieu à une épopée fantastique, maîtrisée de bout en bout.
Amanita Design réitère son exploit en nous proposant Botanicula, qui troque l'univers mécanique de Machinarium pour du tout végétal fourmillant de vie. Les joueurs ne pourront pas résister au charme ravageur de ce titre, où règnent encore une fois en maître la beauté et la créativité.