Avant toute chose, gardez à l'esprit que, comme ArmA II, Operation Arrowhead est une simulation. Cela signifie que dans la plupart des cas, une balle suffit à tuer ou mourir, et qu'il vous faudra parfois terminer la mission en rampant sur plusieurs kilomètres. Si ArmA II nous avait envoyés dans un pays d'Europe de l'est, ex-membre de l'Union Soviétique, Operation Arrowhead nous déploiera au Takistan, pays fictif du Moyen-Orient, ressemblant fortement à l'Afghanistan. Le colonel Aziz règne d'une poigne de fer sur ce petit pays de la mer Verte, riche en pétrole. Pour renverser ce régime militaire, les pays de l'OTAN envoient la Task Force Knight dont vous faites partie. L'US Army, mais également les forces spéciales allemandes et tchèques, ainsi que des troupes de l'ONU seront donc les principaux protagonistes occidentaux, là où ArmA II nous plaçait du côté des US Marines. Du coup, contrairement au précédent opus, vous ne dirigerez pas un seul et même avatar tout au long de la (courte) campagne, mais différents acteurs dont un pilote d'Apache, un commando Delta ou un chef de char, qui vous permettront de sillonner les 100 km² de la carte. Bohemia signe ainsi son envie de retour aux sources, et sa volonté de nous faire vivre le conflit depuis plusieurs angles, tout comme l'avait fait Operation Flashpoint en 2001.

Malheureusement, malgré cette preuve de bonne volonté, la campagne s'avère trop courte (entre 4 et 6 heures) pour réellement nous permettre de s'attacher aux personnages. De plus, même si les missions s'avèrent assez intéressantes à jouer pour la plupart d'entre elles, elles ne donnent pas vraiment l'impression de participer à un conflit majeur. Enfin, là où ArmA II nous proposait une grande latitude sur les différentes façons d'aborder nos objectifs et la possibilité de fins multiples, la liberté d'action est plus restreinte dans ce jeu. Heureusement, les quelques missions uniques disponibles allongeront un peu la durée de vie du solo. Même si la plupart d'entre elles sont assez courtes, elles ont à la fois le mérite d'exister, et celui de nous permettre de faire joujou avec les nouveautés du titre. En exemple, citons cette mission où le joueur devra utiliser un drone AH-6X pour marquer les cibles au laser, de façon à ce que l'hélicoptère Apache en stand-by envoie les Hellfire sur les objectifs. Ce sentiment de pouvoir frapper de loin sans que l'ennemi ne se doute de notre présence est totalement jouissif. Vous pourrez bien sûr apprendre à vous familiariser avec toutes les techniques, équipements et autres joyeusetés via le camp d'entraînement qui vous initiera à toutes ces nouveautés.

A propos des ces nouveautés justement, quelles sont-elles et apportent-elles réellement un plus au jeu ? Avant de répondre, sachez que l'on peut les classer dans 2 catégories : d'une part celles qui touchent aux nouvelles unités (comme le MRLS - un système de lance-roquettes multiple) et d'autre part, celles qui modifient l'expérience de jeu. Pour ce qui est des nouvelles unités, Operation Arrowhead vous propose une bonne cinquantaine de nouveaux véhicules, et le double d'unités d'infanterie, ce qui n'est pas une sinécure lorsque vous devrez vous déplacer à travers le Takistan. Du blindé léger Bradley à l'emblématique hélicoptère Huey en passant par le quad ou le bus, vous pourrez vadrouiller à travers la carte à l'aide du moyen que vous voulez.

Pour les nouveautés appartenant à la seconde catégorie, il vous faut savoir qu'elles sont nombreuses et qu'il n'est pas question ici de toutes les présenter. Citons tout de même la vision thermique sur certaines armes, qui vous permettra non seulement de détecter les cibles humaines ou les véhicules, mais également de situer le moteur dudit véhicule (pratique pour le neutraliser d'une balle bien placée), les différentes couches de chaleur étant simulées. Une autre nouveauté intéressante (mais existant déjà sous VBS2, la version militaire du jeu) est le laser des fusils d'assaut. Cessant dans cet opus d'être autre chose qu'un élément décoratif, le pointeur laser est non seulement utile pour viser rapidement avec l'arme à la hanche, mais également pour coordonner les assauts en mode multijoueur. Revers de la médaille : si vos ennemis sont aussi équipés de JVN, adieu la discrétion... Ces nouveautés apportent-elles réellement une plus-value ? La réponse est tout simplement oui, tant elles sont suffisamment nombreuses et innovantes, ajoutant une vraie profondeur au gameplay et au jeu, sans pour autant le dénaturer.

"Et le multijoueur ?" demanderez-vous. Quid de cette partie qui constitue l'un des plus gros centres d'intérêt de cette simulation ? Rassurez-vous, il n'est pas en reste. Là où un des plus gros jeux du moment permet de faire s'affronter au maximum 64 joueurs sur des cartes de 4 km², les développeurs tchèques vous permettent de vous affronter à une centaine sur des cartes pouvant aller jusqu'à plusieurs dizaines de km². Différents modes de jeu sont présents, allant du Deathmatch au fameux mode Warfare (dans lequel vous devez construire votre base avant d'aller conquérir l'île), en passant par des missions de coopération, entre joueurs ou contre l'IA. Il y en a donc pour tous les goûts. Mais les deux modes les plus intéressants restent néanmoins le Team versus Team et les missions en coopération. Quoi de plus jouissif que d'arriver sur zone en A-10 pour une mission CAS (appui aérien rapproché) et de détruire au 30mm toute une colonne de chars ? Ou de larguer une GBU-12 sur le bâtiment que son coéquipier vient de marquer au laser, et dans lequel l'équipe adverse s'est réfugiée en entendant notre avion ? Bref, la multitude de modes de jeu, les différents types de missions et le nombre impressionnant d'armes et véhicules permettent à Operation Arrowhead de déployer tout son potentiel. Attention cependant : pour pouvoir profiter pleinement de l'expérience de jeu, il est vivement recommandé de vous inscrire dans un des nombreux clans existants, ou pourquoi pas, de créer le vôtre. Cette partie multijoueur est non seulement très bien conçue, mais apporte une durée de vie quasiment infinie au titre, tant le nombre de scénarios et de possibilités est important.

Evidemment, on ne pouvait pas parler du multijoueur, et faire l'impasse sur la communauté du monde ArmA II, un énorme point fort pour de multiples raisons. D'abord, puisqu'elle est très impliquée dans la création autour du jeu, ensuite puisqu'elle est très mature et écoutée par les développeurs du jeu. Grâce à elle, de nombreux add-on et autres mods de grande qualité sortent très régulièrement (des maps, des véhicules, des scripts etc.), mais également une pléthore de missions et campagnes, jouables en solo ou en multi. Bien que la qualité de ces missions puisse être variable, elles ont non seulement le mérite d'exister, mais également de participer à l'incroyable longévité du titre. Egalement, l'éditeur de missions, très simple d'utilisation, est vraiment un excellent outil à utiliser sans vergogne. Il n'a pas d'autre limite que celle de votre imagination. Des joueurs particulièrement zélés ont même été recrutés par le studio après avoir fait leurs preuves avec lui, c'est dire ! Enfin, les développeurs tchèques écoutent et prennent en compte les RETEX faits par les utilisateurs, et il n'est pas rare de voir une idée que l'on a exprimée sur leur forum être mise en application lors d'un patch. A titre d'exemple, il est désormais possible de faire atterrir les hélicoptères sur les toits des bâtiments, et ce de façon non scriptée. Même s'il reste encore des efforts à faire au niveau de l'IA ou quelques bugs à éliminer, les patchs fournis d'office avec le jeu (et ceux que vous pouvez télécharger par la suite) améliorent grandement l'expérience vécue. Il est loin le temps où les sauvegardes refusaient de se lancer et où un script ne s'exécutait pas, réduisant à néant notre effort et nous forçant à tout recommencer...

Cela dit, tout n'est pas encore parfait. En dépit des corrections déjà faites par Bohemia Interactive, il reste encore plusieurs points sur lesquels on peut se lamenter. Pour commencer, l'IA alterne entre le très correct et le passablement catastrophique suivant les situations. Il n'est pas rare de voir un véhicule roulant en colonne soudainement s'écarter de la route, et faire un tête-à-queue, faisant s'arrêter tout le convoi pendant 2 minutes. Et que dire lorsqu'un char s'arrête pour ne pas écraser un lapin, alors qu'il nous roule allègrement dessus si nous avons le malheur de lui passer devant lorsqu'il avance ? Même si le travail de correction est assuré via la sortie de plusieurs patchs, plusieurs bugs comme la non-exécution d'un script une fois sur trois entachent quelque peu le tableau. Enfin, même si le jeu a quelque peu été optimisé, il reste encore très gourmand et demande une configuration de brute épaisse pour le faire tourner de façon optimale. Notez également que dans la map urbaine de Zargabad, il vous faudra diminuer vos options graphiques (notamment la distance de vue), sans quoi vous risquez une vive chute de fps. Bien que tous ces petits désagréments soient encore présents, suffisent-ils à eux seuls à gâcher ce jeu et le plaisir que l'on peut y trouver ?

Bien que plus court que son aîné, et doté d'une campagne moins intéressante, Arrowhead lui est cependant au moins égal voire légèrement supérieur. Notons tout d'abord que le jeu arrive moins buggé que ne l'était ArmA II à sa sortie. De plus, même si la campagne solo est plus courte, elle est aussi moins brouillonne, et ne nous demandera pas de chercher une personne sur les 100 km² de la carte. Enfin, toutes les petites nouveautés apportées par Operation Arrowhead enrichissent l'expérience de jeu, lui apportant de véritables innovations et un confort de jeu plus poussé que celui d'ArmA II. Pour conclure, Operation Arrowhead est un must-have, à posséder absolument dans votre bibliothèque vidéoludique, pour peu que vous aimiez les jeux hardcore, les simulations, ou que vous regrettiez l'époque de Rogue Spear et d'Operation Flashpoint.