Vous trouvez que l'hiver n'a pas été assez humide comme ça ? Alors mouillez-vous et mettez-vous à Puddle, un jeu d'adresse sur le Playstation Store qui devrait vous donner des sueurs froides.
Puddle, c'est la belle histoire de six étudiants de l'ENJMIN (l'Ecole Nationale du Jeu et des Médias Interactifs Numériques, située à Angoulême) qui, dans le cadre d'un projet de première année, ont décidé de créer un jeu basé sur la physique, consistant à guider un liquide d'un bout à l'autre du niveau. Conçu en 2009, le titre a été présenté à l'Independent Games Festival 2010, où il a figuré parmi les 10 finalistes du Student Showcase. Cette distinction a attiré l'attention du studio français Neko Entertainment, qui a proposé à ses géniteurs de les aider à terminer et à finaliser ce qui n'était alors qu'un jeu-concept d'une dizaine de minutes mis à disposition gratuitement sur PC. Disponible sur les plates-formes de téléchargement de la Xbox 360 et de la PS3, Puddle est aujourd'hui un titre complet qui mérite votre intérêt.
Aider une entité passive et impuissante à traverser des niveaux truffés de pièges : voilà un concept bien connu et souvent exploité (le meilleur représentant étant sans doute Lemmings). Mais il est ici amené de façon originale, puisque l'entité en question n'est autre qu'une petite flaque de liquide sur laquelle vous n'avez guère de prise, si ce n'est la possibilité d'incliner l'écran vers la droite ou vers la gauche à la manière de LocoRoco. Le moteur physique – épatant – fait le reste, permettant à votre fluide d'accélérer, de "décoller" et parfois même d'interagir avec les éléments du décor, en faisant par exemple pression sur un bouton destiné à activer un mécanisme. Bien entendu, de nombreux obstacles viennent vous compliquer la tâche : brûleurs à gaz, plantes carnivores, rayons lasers, reflux gastriques... Voilà autant de pièges typiques des environnements réalistes que vous traversez (des canalisations, une pépinière, un laboratoire, un corps humain...), susceptibles d'absorber, d'éparpiller ou de désintégrer votre liquide, dont il vous faut sauver une quantité minimale.
Afin de nuancer et de renouveler constamment un gameplay qui, sans cela, serait sans doute un peu répétitif, les concepteurs ont eu l'idée de proposer différents types de fluides, dotés de propriétés spécifiques. S'il n'y a rien de plus à craindre de l'eau ou du café qu'ils ne s'évaporent, la nitroglycérine doit en revanche être manipulée avec la plus grande précaution, sous peine d'exploser ! Parfois, le liquide est contenu dans un récipient qu'il convient alors de faire glisser prudemment, sans le casser. Vous devrez également composer avec des situations où la gravité est inversée, ce qui conduit le fluide à être attiré vers le haut ! L'une des grandes forces de Puddle, c'est de ne (presque) jamais vous proposer deux fois les mêmes situations, afin de préserver le plaisir de la découverte tout au long de la progression. De ce fait, le jeu adopte une dimension die & retry non négligeable : très linéaires et bien plus axés sur l'adresse que sur la réflexion, les niveaux doivent généralement être tentés un certain nombre de fois avant d'être réussis.
Cet aspect est encore plus prépondérant pour qui souhaite boucler le jeu à 100 % en prenant soin de récupérer toutes les médailles d'or. Puddle devient alors assez hardcore. A l'affichage de l'écran de score, le temps effectué est en effet pondéré par la quantité de fluide ramenée, une idée diabolique qui vous oblige à veiller simultanément sur ces deux paramètres et à doser votre prise de risques. Dommage que les différents paliers d'accès à chaque médaille ne soient pas clairement indiqués. Doté de 48 niveaux répartis sur 8 environnements différents, Puddle représente en tout cas un challenge qui n'a plus grand-chose à voir avec sa version PC. Pour ne rien gâcher, sa réalisation vous met tout de suite dans l'ambiance, rendu en ombre et lumière et musique lounge à l'appui. Par contre, aussi stylés soient les écrans de loading, on aurait préféré ne pas avoir à les contempler à chaque échec. Trop longs et trop fréquents pour un die & retry, ils constituent le vrai hic de Puddle, même si on finit par s'en accommoder tant ce titre indépendant en vaut la peine.
- Graphismes16/20
Le design très travaillé de Puddle rappelle certes d'autres productions du même genre (on pense à World of Goo). Mais il dégage sa propre personnalité, qu'il parvient à décliner de belle manière à travers huit environnements différents, aussi agréables à regarder les uns que les autres.
- Jouabilité17/20
Un gameplay simple, basé sur l'inclinaison de l'écran (au moyen des gâchettes, du Sixaxis ou du PS Move), mais sublimé par un moteur physique remarquable qui simule de façon admirable le comportement des liquides les plus variés : voilà comment on pourrait résumer Puddle, qui se paie le luxe d'offrir un joli challenge.
- Durée de vie15/20
Avec 48 niveaux répartis sur 8 environnements de jeu, un tableau bonus à débloquer, la possibilité de viser l'obtention de toutes les médailles d'or et un mode Laboratoire permettant de personnaliser le menu principal, Puddle offre un contenu plus que décent.
- Bande son16/20
Puddle propose une musique lounge du plus bel effet, aux sonorités éthérées qui participent à l'atmosphère zen et désamorcent la tension ambiante ! Les bruitages sont sans doute moins remarquables mais ils restent très réussis.
- Scénario/
Puddle offre tout ce qu'on aime trouver dans un jeu indépendant : un concept original, un gameplay simple mais riche, une réalisation inspirée et un challenge à la hauteur. Seule la prépondérance de ses temps de chargement, inadaptée en regard de sa dimension die & retry, jette une ombre au tableau, mais ne parvient pas à obscurcir suffisamment ce dernier pour nous empêcher de vous conseiller cet achat.