Débutant de manière brutale sans qu'aucune explication ne nous soit donnée sur le sort de l'héroïne et par extension le nôtre, Blackwell se présente comme une sorte de version hallucinée d'Alice aux Pays des Merveilles. Malheureusement, si l'on navigue dans un univers immatériel, celui-ci ressemble davantage à un enfer rempli de psychotropes qu'à un terrier de lapin.
Blackwell part du postulat que moins on en dit, mieux c'est. Ainsi, ne rien connaître de notre avatar (si ce n'est qu'il s'agit d'une fille enfermée dans un asile) participe grandement à l'expérience car celà engendre le désir d'avancer tout en légitimant le gameplay. Du coup, se réveiller d'un songe pour pénétrer dans un cauchemar où nous attendent nos deux bourreaux est une entrée en matière pour le moins audacieuse. Nous apprenons tout de même les tenants et les aboutissants du jeu au détour de la scène : vous êtes une jeune demoiselle qui va devoir s'échapper de l'établissement psychiatrique où elle réside et pour ceci, vous devrez tromper la vigilance du gardien des lieux sous peine de vous prendre une nouvelle injection de drogue et ce jusqu'à ce que mort s'en suive.
Dans l'absolu, Blackwell reprend quelques éléments d'un Penumbra pour nous offrir une partie de cache-cache des plus malsaines. Votre but sera simple en apparence puisqu'il consistera à atteindre les étages supérieurs pour vous évader en passant par une fenêtre ouverte. Malheureusement, avant de profiter de la liberté, vous devrez déjouer la surveillance du maton patrouillant dans les sombres couloirs de l'asile. Pour ce faire, vous pourrez, à l'image d'une chauve-souris, repérer votre poursuivant grâce aux sons de ses pas qui produiront des sortes de vagues dans l'air. Dans ce cas, il vous faudra alors prestement trouver une cachette dans une pièce. Sous un lit, dans une armoire, sous un fauteuil, à vous de choisir. Cependant, tout ne sera pas réglé pour autant sachant qu'une fois caché, il faudra gérer votre stress à mesure que votre bourreau s'approche. Pour réguler tout ceci, appuyez sur la barre espace afin de ne pas suffoquer ni vous faire repérer.
Ainsi, avec son concept renvoyant à celui d'un Penumbra, et son pitch nous plongeant dans un établissement psychiatrique durant la période 1800 où les murs déformés succèdent aux hallucinations, Blackwell n'est pas exempt de défauts malgré un gameplay simple d'accès. Ainsi, on pourra courir, marcher à tâtons ou bien encore se pencher pour vérifier que la voie est bien libre. En effet, en fonction de votre façon de vous mouvoir, vous produirez plus ou moins de bruit et serez donc plus facilement découverte. Le hic est que le gardien a l'ouïe fine et qu'il arrive trop souvent qu'on se fasse chopper avant de pouvoir se cacher, même en marchant. De plus, la gestion de la respiration étant hasardeuse, bien que simple en apparence, on aura également vite fait de se faire capturer et d'être reconduit à notre chambre. Dès lors, il faudra se retaper tous les étages pour tenter une sortie tout en n'oubliant pas de refermer les portes histoire de masquer notre avancée. En définitive, si l'ambiance et le concept sont intéressants, les mécanismes de Blackwell pourront irriter le joueur qui n'en désirera pas moins connaître le fin mot de l'histoire. La gratuité aidant, on vous recommandera donc d'y jeter un oeil malgré son statut d'oeuvre boiteuse.
- Graphismes8/20
Exceptés le design anguleux plutôt réussi et l'ambiance suffocante propre au lieu de l'intrigue, on ne peut pas vraiment dire que Blackwell déchire la rétine, la faute à un ensemble de couloirs et de pièces se ressemblant beaucoup trop.
- Jouabilité12/20
La jouabilité demeure simpliste mais s'avère suffisante pour l'aventure qui nous attend. On notera cependant que la gestion de la respiration de la fillette est parfois approximative et nous vaut souvent d'être trouvé par le gardien de l'asile.
- Durée de vie8/20
On pestera régulièrement à cause de ce fichu gardien nous renvoyant manu milatri dans notre chambre à chaque fois qu'on se fait repérer. On devra alors se retaper tous les couloirs visités et ce jusqu'à notre porte de sortie. En somme, si le désir de savoir le fin mot de l'histoire est bel et bien présent, la lassitude l'emportera sur l'envie.
- Bande son9/20
Le doublage anglais n'est pas mauvais mais les dialogues sont peu nombreux. Les musiques pointent aux abonnés absents.
- Scénario/
Il n'y a pas d'histoire à proprement parler mais l'envie d'en connaître davantage sur la fillette que nous incarnons et le pourquoi de son internement sont bel et bien là.
Difficile d'apposer une note dans le sens où l'ambiance réussie de Blackwell ne gomme en rien plusieurs errances. De fait, si l'envie d'avancer pour connaître le dénouement de l'intrigue est présente, on se lassera rapidement de la progression redondante un brin irritante à cause de quelques mécanismes usants. Cependant, pour un jeu web gratuit, le titre de Blackpipe se montre ambitieux et saura vous retenir quelques instants à votre clavier.