Moins d'un an après l'incroyable Dragon Quest, Enix poursuit sur sa lancée et sort le second épisode de la trilogie de Roto. Autant dire qu'il n'a pas fallu longtemps à l'éditeur pour revoir sa copie initiale en y apportant bon nombre d'améliorations et surtout des nouveautés. Le résultat final en est juste stupéfiant.
Dire qu'un jeu vidéo est capable de procurer des émotions, c'est un constat qui paraît tout à fait normal à notre époque. Mais penser qu'un jeu NES puisse émouvoir, ça fait tout de suite beaucoup plus douter. Pourtant, Dragon Quest II débute par un prologue plutôt émouvant. Malgré une technique qui ne permet clairement pas de faire des folies, le studio Chunsoft réussit néanmoins à créer une mise en scène percutante qui fait mouche immédiatement. L'attention du joueur est complètement accaparée, il est directement propulsé dans cette nouvelle aventure dès les premières secondes de jeu. Un exploit remarquable pour l'époque, bien que l'on ne puisse pas réellement en cerner l'ampleur aujourd'hui. Et cerise sur le gâteau, la suite de l'aventure se révèle toute aussi trépidante !
Mais revenons d'abord à notre prologue. Vous apprenez que ce second opus se déroule 100 ans après le premier Dragon Quest, là où le descendant du héros Roto a vaincu le Dragon Lord. Ce même héros a ensuite fondé son propre royaume en compagnie de la princesse de Radatome qu'il a sauvée auparavant. Leur héritage s'est par la suite transmis de génération en génération mais bien sûr, la paix finit par être rompue. Le sorcier maléfique Hargon et ses sbires attaquent soudainement le château de Moonbrook et tuent le roi ainsi que sa garde. Cependant, un soldat parvient à s'échapper et à rejoindre le royaume de Laurasia. Le souverain de cette contrée est alors mis au courant de la situation et incombe à son fils la lourde tâche d'éradiquer ce nouveau mal. Bien sûr, vous incarnez ce fameux prince, lui aussi un descendant de Roto, et avant de neutraliser le sorcier, vous devrez retrouver les deux autres descendants de Roto et les rallier à votre cause.
Cela annonce que vous ne ferez pas l'aventure en solo mais à la tête d'un groupe de trois personnages ! Cette nouveauté trouve des répercussions autant au niveau du gameplay que de la quête en elle-même. Chaque personnage possède désormais des spécificités offensives, dans le sens où votre héros principal n'a plus la possibilité de lancer des magies contrairement à ses deux acolytes. Eux-mêmes possèdent d'ailleurs des sorts différents et de plusieurs types, ce qui a pour résultat d'apporter un peu de diversité durant les combats. L'équipement général est également plus vaste et plus complet, avec la possibilité d'en changer en cours de combat ou de s'en servir comme d'un sort illimité s'il le permet. Afin de correspondre à ce nouveau système, la difficulté du jeu a été revue et même restructurée pour l'occasion. Oubliez ainsi les innombrables heures de leveling nécessaires pour espérer passer une zone ou l'obligation de posséder un équipement optimal, à présent tout est parfaitement équilibré et vous garantit de longues heures d'exploration en toute quiétude. Attention, la difficulté reste tout de même bien présente, elle change simplement de forme. Par exemple et en toute logique, vous n'avez plus un, mais jusqu'à une dizaine d'ennemis durant un même affrontement. De même, l'apparition des sorts de zones apporte de la stratégie aux combats, notion complètement absente dans le premier épisode. A présent, vous pouvez également sauvegarder quasiment dans chaque ville à l'intérieur des églises, ce qui permet d'élargir la zone de jeu et d'incorporer bien plus de destinations sur votre route. Vous l'avez donc compris, cet équilibrage du gameplay ne rend pas le jeu plus simple mais juste plus cohérent.
Côté quêtes, une grande partie de l'aventure est consacrée à la recherche des descendants. Autant être sincère, le jeu ne devient réellement palpitant qu'après avoir récupéré le premier acolyte. Avant cela, votre progression semble assez décousue et prétexte à tous les allers-retours les plus inutiles au monde. La suite devient par contre beaucoup plus intéressante et les combats plus plaisants. La cadence des affrontements aléatoires est quand même parfois un peu énervante, mais cela dépend des moments. Le jeu prend ensuite la forme d'une succession d'indices à glaner auprès des villageois afin de débusquer différents objets dans les donjons environnants. Ces derniers permettent à la fin d'atteindre l'antre du sorcier Hargon. Une impression de déjà-vu n'est-ce pas ? Il est vrai que dans le fond, ce scénario reste tout aussi basique que le premier et est très ressemblant. Mais le cheminement pour y parvenir est franchement bien plus travaillé que dans l'opus précédent, même si cela se résume souvent à de longs trajets sur la mappemonde. Les donjons ne sont pas pour autant délaissés loin de là, surtout qu'ils sont un peu plus élaborés et nombreux qu'auparavant. Notez d'ailleurs qu'il n'y a plus de grottes plongées dans l'obscurité, et que les portes se déverrouillent maintenant avec des clés précises et non plus en allant acheter des tonnes de clés génériques dans la ville voisine. Côté transports, outre la possibilité de se téléporter à son dernier point de sauvegarde, vous avez en plus la possibilité de voyager en bateau. Ces traversées constituent même un élément primordial de la seconde partie du jeu. Par contre, vous n'évitez en aucun cas les affrontements en mer.
Les améliorations touchent également la partie graphique de Dragon Quest II. Outre un rendu visuel un peu plus travaillé, on mentionnera surtout l'interface de combat mieux pensée et plus claire. Auparavant, une rencontre ennemie se déroulait sur un écran superposé à l'écran de jeu principal. Maintenant, les affrontements se déroulent sur un écran complètement à part et sur fond noir. Les informations sont également mieux agencées, même si les commandes ont été conservées. Elles diffèrent juste un peu entre les trois personnages du fait de leurs compétences propres. Par contre, en exploration, chaque action s'effectue toujours à l'aide du menu. Du moins presque toujours, car vous pouvez désormais emprunter les escaliers automatiquement, ce qui constitue déjà une grande avancée. De même, l'ouverture d'un coffre ou une recherche quelconque dans les environs est réunie en une seule et même action. Comme à l'accoutumée, on finit par s'y faire même si c'est assez contraignant lors d'achats en ville, pour ne citer que ça. Mais en fin de compte, peut-on réellement se soucier de ce genre de détails lorsque l'on voit la richesse finale de ce titre ?
- Graphismes16/20
En y prêtant une attention particulière, on remarque que beaucoup de petites choses ont été modifiées depuis l'opus précédent. Les villes et châteaux sur la mappemonde possèdent enfin une forme décente, et l'interface de combat semble un peu plus claire car mieux agencée. Il est d'autant plus appréciable que les trois personnages possèdent chacun un skin différent, leur offrant même dans une moindre mesure un semblant de personnalité propre.
- Jouabilité16/20
Le menu d'action est toujours bien présent mais a été allégé. Plus besoin par exemple de passer par lui pour emprunter un escalier ! Ce n'est pas non plus l'apothéose mais on s'approche doucement d'une ergonomie convenable. De manière générale, le fait de contrôler dorénavant trois personnages renforce l'intérêt des combats en y apportant une légère touche de stratégie. Le leveling a été réajusté de son côté et n'oblige plus le joueur à d'interminables affrontements durant des heures.
- Durée de vie16/20
Bien moins contraignante que son aînée, cette nouvelle aventure a tout pour scotcher le joueur. C'est cohérent, les combats apportent du défi sans partir dans l'infaisable et votre périple se diversifie par la présence de quelques petites quêtes annexes très plaisantes. Vous ne verrez assurément pas les heures défiler, il n'y a aucune pause et l'aventure est parfaitement homogène à tout point de vue.
- Bande son17/20
Dès le prologue, on sent bien que l'ambiance sonore a quelque chose de touchant. Et cette impression se confirme par la suite, les musiques ont beau être limitées, techniquement elles arrivent pourtant à renforcer l'immersion d'une manière assez troublante. On ira même jusqu'à dire que c'est beau.
- Scénario15/20
On s'en doute, ce second tome de la trilogie consacrée au héros Roto est toujours aussi classique. En gros, il faut encore sauver le monde d'un vilain monsieur. Du moins dans les grandes lignes, car avant d'y parvenir une bien belle aventure vous attend. Certes vous n'échapperez pas aux inconditionnels allers-retours une bonne partie du temps, mais l'histoire a suffisamment de consistance pour vous pousser à poursuivre votre périple jusqu'au but final. On note également l'apparition de quelques éléments incontournables de la série, à l'effigie de l'église prodiguant divers services ou de la loterie, prémisse des futurs casinos.
La magie de Dragon Quest, c'est de réussir à nous transporter dans une aventure fantastique et immersive avec une technique pourtant très limitée. Ce second volet possède un univers unique et dégage une magie certaine au travers de ses environnements colorés mais pas flashy pour autant. La quête en elle-même reste toujours aussi classique mais on s'y perd volontiers très vite, notamment par la présence d'un prologue de quelques minutes qui a le don de toucher et d'accaparer tout de suite l'attention du joueur.