Après avoir enchanté les possesseurs de consoles, Might & Magic : Clash of Heroes débarque sur PC. Disponible pour une quinzaine d'euros, cet excellent puzzle-RPG intègre directement les incontournables du jeu en téléchargement.
Si vous ne connaissiez pas le concept de puzzle-RPG initié par le fameux Puzzle Quest, sachez qu'il ne recouvre rien de bien compliqué : il s'agit d'un jeu de rôle - avec tout ce que cela implique en matière de progression des personnages (statistiques, compétences, équipement) - dont les combats se résolvent à la manière d'un puzzle-game. Clash of Heroes propose toutefois cinq types de héros (elfe, chevalier, magicien, nécromancien et démon), disposant de capacités propres et d'unités spécifiques, et se montre en cela un digne rejeton de la saga Might & Magic dans laquelle il s'inscrit. Ces différents héros pourront être incarnés dans le cadre de cinq campagnes scénarisées qu'il vous faudra débloquer les unes après les autres. Chacune offrant 6 à 8 heures de jeu, il vous faudra au minimum une trentaine d'heures pour boucler le titre, sans compter le mode libre et le mode multijoueur, sur lesquels nous reviendrons à la fin de cet article.
La trame scénaristique de Clash of Heroes reprend certains éléments de background propres à l'univers de Might & Magic. Dans le monde d'Ashan, où les peuples cohabitent en paix, les éclipses de Lune sont l'occasion pour les démons de sortir des ténèbres et de semer le chaos. C'est pour lutter contre ce fléau que la Griffe d'Astreinte a été créée : elle permet de plier les démons à sa volonté. Le prologue, qui fait office de tutorial, s'ouvre sur une attaque de démons, venus massacrer le groupe d'alliés qui a la garde de cet artefact. Cinq jeunes héros assistent à la mort de leurs parents : Anwen l'elfe des bois, Nadia la magicienne et Godric le chevalier, accompagné de sa soeur Fiona, fascinée par le mysticisme, et de son jeune frère Aidan, amer et jaloux. L'histoire est certes vue et revue, mais la scénarisation très travaillée et riche en événements compense cet état de fait. D'autant qu'une réalisation irréprochable vient en appui : visuellement superbe, le jeu affiche des décors fins, mignons et colorés, ainsi qu'un character design typiquement asiatique. Similaire à la version sortie sur consoles HD, cette mouture PC bénéficie donc également de créatures relookées dans un style plus cartoon et d'animations retravaillées. Même l'accompagnement sonore profite de cet effort d'amélioration, qui prouve que Capybara n'a pas pris ce portage à la légère. Le revers de la médaille, c'est qu'il vous faut désormais souffrir de fréquents temps de chargement (avant et après un combat, entre chaque zone de jeu), plus gênants que sur DS où ils étaient relativement transparents. Il faut aussi savoir que cette adaptation PC ne vous permet toujours pas de vous déplacer librement sur la carte : vous êtes soumis à des points de passage précis auxquels vous ne pouvez déroger, mais ça n'est pas vraiment gênant dans la mesure où le jeu propose d'autres façons de faire valoir son libre arbitre.
Comme le veut la tradition, les affrontements permettent à votre héros et à ses unités de gagner de l'expérience. Lorsqu'un combat s'engage, vous êtes propulsé sur un champ de bataille qui dépend du lieu de l'affrontement. En bas, vos unités (archers, squelettes, vampires, archanges, dragons... on retrouve le bestiaire typique de Might & Magic) ; en haut, celles de votre adversaire. Leur organisation est chaotique ; il va vous falloir rassembler les unités identiques, sachant que seules celles situées en queue de colonne peuvent être déplacées. Vous pouvez les agencer par colonnes de trois pour former une ligne d'attaque, ou bien horizontalement pour former un mur, ou encore selon des associations plus complexes (cf. les unités d'élite et légendaires, qui seront évoquées plus loin). Attention : le jeu se déroulant au tour par tour, votre adversaire et vous ne disposez que d'un nombre limité de mouvements. En effectuant certains coups particuliers (en supprimant par exemple une unité intercalée pour créer une ligne d'attaque), vous gagnez des mouvements supplémentaires. Les lignes d'attaque créées mettent un certain nombre de tours à s'activer, qui est fonction des unités avec lesquelles elles sont formées. Sachez que vous pouvez augmenter la puissance de vos lignes d'attaque en les liant ou en les fusionnant. Simple à la base, le gameplay devient suffisamment complexe pour parvenir à s'accommoder de la part d'aléatoire qui tient à la configuration du champ de bataille en début de combat. A terme, chaque ligne d'attaque est propulsée sur l'écran du haut. Selon sa puissance et l'opposition qu'elle rencontre (murs, unités ennemies), elle s'affaiblit plus ou moins et parvient à toucher ou non la ligne de fond de l'adversaire. Si le défenseur est touché, il perd une quantité de points de vie correspondant à la puissance restante de l'attaque.
Inutile de dire qu'il faut essayer de positionner une forte résistance face aux gros attaquants que sont les unités d'élite et légendaires. Ces dernières, qui s'activent en plaçant derrière elles deux ou quatre unités de base de même couleur, ont toutes une capacité spécifique : les cerfs sautent par-dessus les murs, les druides augmentent le temps de déclenchement des attaques, les dragons pulvérisent de l'acide, les anges soignent les unités de leur bord, les apparitions tuent instantanément le héros ennemi si elles le touchent... Gardez à l'esprit que chaque type d'adversaire a ses spécificités et qu'il faut savoir adapter sa stratégie en fonction de l'opposition. Après avoir attaqué ou été détruites, les unités quittent le champ de bataille, mais vous n'êtes jamais à court de chair à canon puisqu'il est possible d'appeler des renforts (au prix d'un mouvement). A mesure que votre héros inflige ou subit des dégâts, une jauge se remplit ; une fois pleine, elle lui permet de lancer un pouvoir spécial qui précipite bien souvent l'issue du combat. Ces capacités spéciales ont toutefois été rééquilibrées par rapport à la version d'origine, ce qui est une bonne chose (la fameuse flèche d'Anwen, par exemple, n'est plus aussi dévastatrice). Cette version PC souffre toutefois du même reproche que sur consoles HD : pensée à l'origine pour le double-écran de la DS, l'organisation verticale du champ de bataille s'adapte moins bien à un moniteur 16/9, qui écrase l'action au centre de l'écran, avec les soucis de lisibilité que cela implique. En fonction de votre acuité visuelle, il peut s'avérer difficile de lire certaines informations comme la puissance d'une unité, d'autant que les petites animations qui égaient l'écran de jeu ne favorisent pas la clarté de l'ensemble. En revanche, la maniabilité ne pose pas de problème particulier. Certains pourraient être gênés par le fait que le contrôle à la souris, qui ne fait qu'émuler le pad, ne permette pas de bouger le curseur librement pendant les combats. Mais ceux-là pourront toujours se reporter sur le clavier, qui offre également des déplacements plus aisés sur la carte.
Accessible à un large public, la formule addictive proposée par Clash of Heroes bénéficie de quelques petits plus qui renforcent sa dimension stratégique. Outre la trame principale, vous avez la possibilité d'effectuer des quêtes annexes, qui permettent d'accumuler les ressources nécessaires à l'achat des unités d'élite et légendaires (seules les unités de base sont gratuites). Vu que vous ne pouvez intégrer que deux types d'unités spéciales dans votre armée, vous devez opérer une sélection draconienne ! Le jeu regorge aussi de coffres bien gardés (comme dans Heroes of Might & Magic) renfermant des artefacts variés qui boostent les capacités d'un type d'unité ou confèrent des bonus au héros. Là encore, il faut effectuer un choix puisqu'il n'est possible d'en équiper qu'un seul à la fois. Sachez enfin que certains personnages rencontrés proposent de petits puzzles à résoudre, consistant à éliminer toute opposition en un nombre de coups donné. Outre ses cinq campagnes, Clash of Heroes offre un mode libre qui permet de prendre part à des escarmouches, hélas moins paramétrables que dans la version DS. Le mode multijoueur couple désormais la possibilité de jouer en hot seat à une option – hautement appréciable – de parties en ligne (avec progression, matchmaking et déblocage de récompenses à l'appui). Elles reprennent le principe des affrontements solos avec la possibilité de limiter le temps accordé pour chaque tour. Enfin, l'apparition d'une option de jeu en coopération (à 2 contre 2 ou à 2 contre l'IA) est plutôt anecdotique dans la mesure où elle complexifie le gameplay sans lui apporter grand-chose en retour. L'ensemble s'avère toutefois suffisamment complet, prenant et bien fignolé pour représenter l'une des meilleures acquisitions possibles en cette fin d'année.
- Graphismes17/20
Les efforts déployés par Capybara pour proposer un rendu visuel digne du support forcent le respect : les graphismes et les animations des créatures qui s'affichent lors des phases de combat ont été retravaillés en profondeur pour parvenir à un style plus cartoon, plus vivant et en osmose totale avec le character design d'inspiration asiatique.
- Jouabilité16/20
A la fois simple, stratégique et addictif, le gameplay est une pure réussite. Dommage que la jouabilité de cette version PC soit entachée de fréquents temps de chargement, injustifiés sur ce support, ainsi que d'un léger manque de lisibilité dû à l'organisation verticale du champ de bataille, qui s'adapte forcément moins bien à un moniteur wide qu'au double-écran de la DS.
- Durée de vie18/20
Might & Magic : Clash of Heroes inclut cinq campagnes scénarisées (offrant une trentaine d’heures de jeu), un mode libre pour prendre part à des escarmouches et un mode multi à pratiquer à deux ou à quatre, en duel ou en coopération, en local ou en ligne. A 15 euros, on peut dire vous en aurez pour votre argent !
- Bande son17/20
Particulièrement immersifs, les thèmes musicaux de Clash of Heroes parviennent à restituer la couleur de chaque environnement (forêt elfique, village médiéval, nécropole...). Pour ne rien gâcher, ils bénéficient d'une meilleure qualité sonore dans ce portage PC, tout comme les bruitages qui ont été retravaillés pour l'occasion.
- Scénario15/20
Clash of Heroes nous conte une banale histoire de complot, de vengeance et d’enfants déterminés à sauver le monde. Pourtant, il faut reconnaître que la narration est vraiment très réussie. Qui plus est, certains apprécieront l’humour qui se manifeste à travers les quêtes annexes ou encore les références subtiles à l’univers de Might & Magic.
Might & Magic : Clash of Heroes est une acquisition aussi indispensable sur PC qu'elle l'était sur les autres supports. Doté d’un gameplay qui concilie simplicité et profondeur stratégique, ce mix entre jeu de rôle et puzzle-game a la particularité de s’adresser à un large public sans jamais rogner sur le challenge. Ses combats passionnants, son aspect RPG convaincant et sa narration travaillée, qui s’appuie sur des personnages attachants, en font un titre brillant et particulièrement addictif. Si cette version PC souffre de chargements trop récurrents et d'une lisibilité perfectible, elle profite toutefois d'une réalisation superbe, d'un rééquilibrage bienvenu et de l'arrivée d'un mode multijoueur en ligne, le tout à un tarif presque dérisoire au vu du contenu.