Ah Kinect ! Tes excellents jeux de danse ! Ton adorable simulateur de lionceaux et autres bêtes à poils ! Ton flamboyant Child of Eden, shooter psychédélique qui continue de nous hanter même une fois la console éteinte ! Tu ne manques pas de qualités mais au fond, qu'as-tu déjà fait pour nous autres, amateurs de baston pure et de tripaille ? Fighters Uncaged ? Ahahah, laisse-nous rire ! Lolilol même ! Comment ? Tu aurais un survival-horror de folie en stock ? Rhoh, mais c'est que tu nous intéresses là !
Il est vrai que jusqu'à présent, les titres résolument matures fonctionnant avec Kinect peuvent se compter sur les doigts d'une main de lépreux. Après le titanesque naufrage de Fighters Uncaged, présenté comme le premier soft hardcore compatible avec le dispositif de détection de mouvements de Microsoft, nous attendions encore une preuve qu'un jeu du genre puisse effectivement fonctionner. Aussi, lorsque Sega a annoncé vouloir lâcher un titre d'action horrifique en vue à la première personne compatible avec l'accessoire magique sur le marché, autant vous dire que nous avons accueilli la nouvelle avec autant de curiosité que de méfiance. Or le produit en question, répondant au sinistre nom de Rise of Nightmares, est maintenant disponible dans le commerce. Après moult efforts, nous sommes finalement parvenus à arracher notre popotin rebondi de notre canapé moelleux, le coeur gonflé d'espoir, afin de nous plonger dans l'aventure en gesticulant et en suant comme des vaches. Tester de jeux vidéo, c'est quand même devenu vachement plus violent ces dernières années.
Quoi qu'il en soit, après une intro pas propre qui pause le dégore (haha), Rise of Nightmares nous invite à partager la peau de Josh, un alcoolo sur le retour parti en voyage en Europe de l'Est avec sa femme pour tenter de sauver son mariage. Mais alors que le train traverse une contrée sauvage, tout part en sucette. D'étranges bestioles débarquent, commencent à éviscérer les passagers et s'amusent à enlever la dulcinée du héros. Le cheval de l'enfer (re haha) va ensuite dérailler et laisser une poignée de survivants choqués et perdus dans un environnement hostile, à proximité d'une sorte de château dont le propriétaire n'est autre qu'un savant fou amateur de steaks tatares. Au fond, ce pitch de départ ne va finalement constituer qu'un prétexte pour vous envoyer dérouiller du zombie et être le témoin d'une tripotée d'actes de barbarie et de meurtres ultra violents. Les développeurs se sont clairement inspirés de films tels que SAW, The Hostel ou de jeux comme House of the Dead et Silent Hill (et de ses infirmières !) pour concevoir un univers digne d'une série B, voire d'une série Z. Une chose est sûre cependant, le titre n'est pas à mettre entre toutes les mimines tant il se complaît dans le gore et le cradingue, au point de sombrer régulièrement dans le ridicule le plus absolu.
Mais le truc justement, c'est qu'un jeu du genre se doit d'immerger le joueur dans son univers pour fonctionner pleinement. Or, Kinect agit justement comme un véritable repoussoir et semble se faire un devoir de nous rappeler en permanence qu'on est en fait en train de s'exciter devant sa télé. Rise of Nightmares prend en effet le parti audacieux de laisser le joueur gérer ses propres déplacements. Car s'il est possible d'opter pour un déplacement automatique en levant le bras droit (ce qui soit-dit en passant, constitue quand même un aveu d'impuissance), certaines séquences devront impérativement être contrôlées de bout en bout, notamment lorsqu'il faudra éviter des pièges. Or, quand on sait que la latence est assez conséquente et la détection des mouvements n'est pas très précise, eh bien tout commence franchement à ressembler à une gigantesque foire au pâté. Imaginez un peu le truc : pour avancer, il faut faire un pas en avant, pour se tourner, il s'agit de pivoter les épaules et pour frapper de taille et d'estoc, vous devrez bien évidemment battre l'air de vos membres musclés. Considérant les soucis de détection et de décalage évoqués plus haut, on se retrouve donc très souvent à buter contre les murs, à se jeter par erreur sous une lame tournoyante, à frapper dans le vide ou à se tourner au pif face à un placard alors qu'on voulait s'orienter vers un monstre un peu éloigné. En gros, on a plus souvent l'impression de manipuler une grosse brouette rouillée, sans roue, sans poignées et remplie de fumier qu'un être humain.
Du coup, malgré les aides, assez nombreuses (pour ramasser des objets ou vous caler face à un danger par exemple), on passe plus de temps à se battre contre les contrôles que contre les créatures cauchemardesques qui hantent les niveaux grisâtres et peu inspirés de Rise of Nightmares. Alors certes, on s'amuse parfois pendant une ou deux minutes, lorsqu'on domine brièvement le maniement, que la séquence n'est pas compliquée ou lorsque le jeu met en avant une bonne idée, comme la nécessité de se frotter les bras pour se débarrasser d'insectes ou de sangsues, mais dans l'ensemble, on souffre plus qu'on ne s'amuse. Cela tient également aux combats, qui constituent quand même l'essentiel de Rise of Nightmares. Car malgré une grosse tripotée d'armes différentes (de la machette en passant par la tronçonneuse, les cocktails Molotov ou encore les produits explosifs) et la localisation basique des dégâts, l'imprécision générale rend les bastons trop brouillonnes et vite redondantes. Ajoutons enfin à ce sinistre tableau un bestiaire tout juste potable et des combats de boss mous, trop faciles et peu inspirés, et vous obtenez un titre qui même sans s'empêtrer dans Kinect, n'irait déjà pas péter bien haut. Dommage.
- Graphismes8/20
Ben, ce n'est pas très joli tout ça, même en étant tolérant. Au-delà de sa technique dépassée évoquant presque un jeu Xbox première du nom, le jeu nous assène des environnements peu inspirés qui peinent d'ailleurs à faire naître un sentiment d'oppression. Seul le bestiaire rattrape un tout petit peu le coup, car s'il n'est pas très varié et repompe les infirmières de Silent Hill, il nous jette parfois quelques zombies mécanisés assez réussis à la tronche.
- Jouabilité7/20
Quand au final, on passe finalement plus de temps à se battre contre les contrôles que contre les créatures qui hantent les couloirs du jeu, c'est sans doute qu'il y a quelque chose d'un petit peu plus pourri que prévu au royaume de cauchemars. Lourd, mou et lent, le héros est une horreur à manipuler. Les développeurs, conscients du problème, ont d'ailleurs multiplié les aides mais sans parvenir à rendre leur bébé agréable pour autant...
- Durée de vie8/20
Les 10 chapitres du jeu se torchent rapidement, un après-midi studieux, même s'il sera évidemment nécessaire de faire des pauses pour se reposer un peu et aérer le salon. Rise of Nightmares ne propose pas non plus de véritables modes annexes en dehors du solo, ce qui n'est pas forcément un mal. Gageons aussi que beaucoup de joueurs ne supporteront pas de mascagner devant leur caméra pendant plus de deux heures.
- Bande son12/20
Bruitages et musiques sont honnêtes, voire même occasionnellement réussis. Même combat pour les doublages (en anglais uniquement), même si les répliques des différents personnages sont aussi plates qu'un banc de limandes.
- Scénario9/20
Un ramassis de poncifs et de lieux communs horrifiques servent à former la trame scénaristique de Rise of Nightmares. La mise en scène, également quelconque, vire même régulièrement dans le ridicule le plus absolu. Les âmes tordues apprécieront par contre les gerbes d'hémoglobine constantes et les meurtres bien sadiques...
Le projet est ambitieux, déploie quelques bonnes idées et peut occasionnellement fonctionner pendant une ou deux minutes d'affilée, lorsque tout s'enchaîne à peu près correctement. Hélas, dans Rise of Nightmares, on passe surtout l'essentiel de son temps à s'empêtrer dans les commandes et à pester contre Kinect qui, plutôt que de favoriser l'immersion, nous rappelle en permanence que nous sommes bel et bien en train de gesticuler comme des glands devant notre télé. En bref, on réservera ce titre à ceux qui souhaitent à tout prix tenter de justifier la présence dans leur salon de l'accessoire de Microsoft et n'en peuvent plus d'attendre un vrai soft mature. Mais en ce qui nous concerne, la messe noire est dite...