Avant de revenir en détails sur ce qui fait la richesse de Final Fantasy Tactics : The War of the Lions, intéressons-nous dès maintenant aux spécificités de cette version iPhone. Calqué sur l'opus PSP, ce portage troque son maniement classique contre un gameplay tactile qui n'a hélas pas beaucoup d'avantages dans le cas présent. Si la gestion des angles de vue se révèle à peu près intuitive, le déplacement manuel des unités sur les cases du terrain gagne en revanche en lourdeur. Et il n'est pas certain que tous les joueurs sauront se montrer suffisamment patients pour prendre le temps de s'y habituer. Par ailleurs, si les temps de chargement ont été réduits, le déroulement des batailles se révèle encore plus mou que sur PSP, ce qui se traduit notamment par des ralentissements permanents au point de ternir véritablement le rythme du jeu. Heureusement, une mise à jour est d'ores et déjà annoncée pour permettre de passer en accéléré les tours des autres unités, ce qui devrait alléger considérablement le rythme des parties ! Pour le reste, le soft s'avère similaire à ce que nous avions pu voir sur PSP, si ce n'est la disparition pure et simple des possibilités multijoueurs...

Final Fantasy Tactics : The War of the Lions est un jeu qui doit beaucoup à son univers, Ivalice, superbement illustré dans Vagrant Story et Final Fantasy XII. Mais si ce monde a simplement servi de cour de récréation dans Final Fantasy Tactics Advance, il fut bien avant cela le théâtre d'affrontements sanglants, de trahisons, de désillusions mais aussi d'espoir dans la mouture originelle. C'est d'ailleurs un véritable régal que de se replonger dans cette histoire de clans et d'amitié brisée, des années après l'avoir parcourue sur PSone. De plus, la superbe des personnages et leur charisme sont encore plus accentués aujourd'hui par l'intégration de nouvelles cinématiques, dans un style crayonné des plus artistiques. Enfin, la construction du jeu est savamment pensée puisque après la toute première bataille, vous effectuerez un retour en arrière le temps de quelques missions où vous apprendrez pourquoi votre ami d'enfance, Delita, a subitement décidé de se retourner contre tout ce que vous croyez juste, vous, Ramza Beoulves.

Ainsi donc, en plus de posséder un scénario extrêmement mature, Final Fantasy Tactics profite d'un système de jeu comptant parmi les plus passionnants et ouverts du petit monde du Tactical RPG. Pour autant, FFT permet une customisation savoureuse de ses troupes, cet aspect devenant de plus en plus passionnant à mesure qu'on avance. Ceci s'explique par le fait qu'au fur et à mesure de votre progression, vous pourrez recruter de nouveaux compagnons de route en vous rendant dans une guilde. Moyennant finances, vous pourrez alors accueillir un ou une aventurière dont vous aurez ensuite à choisir l'orientation. Je veux bien sûr ici parler des fameux jobs, au coeur de Final Fantasy V. Final Fantasy Tactics reprend donc cette fabuleuse idée synonyme de combattants pluridisciplinaires. De plus, la façon de procéder est d'une simplicité enfantine et offre de très longs moments de bonheur dans des menus et sous-menus. A ce sujet, Square Enix aurait quand même pu améliorer la navigation vu qu'on doit souvent passer par trois ou quatre menus pour équiper ses personnages, changer de jobs, obtenir de nouvelles techniques, etc. Mais le plus intéressant vient du fait que vous pourrez changer de métier une fois acquises plusieurs habiletés d'une classe. Par exemple, en ayant suffisamment appris dans les jobs Black Mage et White Mage, celui de Summoner (permettant de faire appel aux invocations comme Ifrit, Shiva...) vous ouvrira ses portes.

Sachant qu'il est également possible de cumuler les aptitudes des jobs (en choisissant une spécialisation en plus de celle du métier qui est actuellement le nôtre) et de profiter de quelques améliorations elles aussi issues desdits jobs (pour être plus rapide, plus résistant, contrer automatiquement...), imaginez la durée de vie absolument phénoménale du soft si vous décidez d'avoir des personnages complets dans toutes les disciplines. Cependant, n'oubliez pas que certains métiers (danseuse, barde) sont uniquement accessibles aux femmes. Au final, sachant que votre équipe peut contenir un grand nombre de guerriers (dont des Chocobos qui peuvent s'accoupler et pondre si vous leur laissez le temps) et que War of the Lions dispose de deux jobs supplémentaires (chevalier noir et chevalier Onion), vous n'êtes pas près de quitter Ivalice. Bref, le système de jeu est une vraie merveille mais on aurait aimé que tous les autres aspects du titre soient aussi peaufinés, ce qui n'est pas vraiment le cas. Tout d'abord, on peut regretter que l'aventure soit si linéaire, même si cet aspect est contrebalancé par de multiples cinématiques (à l'inverse de FFTA) nous narrant un scénario diabolique. Malheureusement, les arrivées dans les villages se présentent toujours de la même façon, synonymes d'écrans fixes liés aux quelques endroits à visiter que sont la guilde, le tailleur (pour acheter de l'équipement ou des objets) ou la taverne pour être au courant des derniers potins. Une fois sorti des villages, vous devrez avancer sur une map composée de différents points. En vous y rendant, vous ferez avancer l'histoire ou aurez la chance d'assister à un combat aléatoire, ces batailles tenant compte du temps qui passe.

En parlant de combats, arrêtons-nous un instant sur ces derniers. En premier lieu, on pourra grincer des dents en constatant que Square Enix n'a résolu aucun des soucis de la version d'origine. En résultent des éléments de décor (en 3D isométrique) qui masquent la surface de combat, ceci nous obligeant constamment à incliner la surface ou zoomer et dézoomer afin de bien appréhender les reliefs du terrain. Ensuite, il est un peu énervant de devoir ouvrir un menu pour avoir accès à la liste d'initiatives afin de savoir qui va jouer au prochain tour. Malheureusement, il est souvent obligatoire de devoir passer par là pour élaborer des stratégies, surtout lorsqu'il s'agit de canaliser des attaques ou des sorts sur deux ou trois tours. On constate aussi, tout comme dans FFTA, que les pourcentages de réussite sont souvent imprécis, une attaque ayant 75% de chances de toucher l'adversaire étant fréquemment synonyme d'échec. En dehors de ça, les affrontements sont jouissifs à plus d'un égard et si on constate aussi quelques problèmes d'IA (avec des NPC s'entêtant parfois dans des choix incompréhensibles malgré la possibilité de modifier leur comportement), l'aspect stratégique reste omniprésent. Quoique imparfait, Final Fantasy Tactics : The War Of The Lions reste un jeu à découvrir au moins une fois dans sa vie, même si, à choisir, on vous en recommandera plutôt l'achat sur PSP pour les raisons évoquées dans le premier paragraphe.