Le studio Telltale compte de nombreux fans adeptes de leurs point'n click comiques auxquels il est difficile de résister, quand bien même on ne serait pas à la base un grand amateur de jeux d'aventure. Apprendre que c'est à eux qu'a été confiée l'adaptation de Retour Vers le Futur a donc de quoi ravir plus d'un joueur. Comme toutes leurs autres productions (Sam & Max, Tales of Monkey Island), Back to the Future : The Game sera livré en 5 épisodes et présente une aventure se déroulant quelques mois après le troisième film. L'histoire débute ainsi en 1986 dans cette bonne ville de Hill Valley en compagnie d'un Marty s'efforçant de préserver les trésors du labo du Doc en passe d'être vendus suite à sa disparition. Et tout à coup, voilà que la DeLorean fait une étonnante (et maladroite il faut le dire) réapparition dans la vie de ce pauvre McFly qui va devoir remonter le temps jusque dans les années 30 pour sauver la mise à Doc en mauvaise posture.

Afin d'éviter de ruiner l'expérience, on ne dira rien du scénario mais les ficelles des trois films sont en tout cas exploitées comme on pouvait s'y attendre. Une fois de plus Marty croisera le chemin de Tannen, de sa propre famille (Arthur, le grand-père) et de celle des Strickland ici représentée par Edna, journaliste de la gazette locale. Mais le personnage qui attirera le plus l'attention est évidemment le jeune Emmet Brown, un doc coincé et que son père contraint à suivre la voie des études de droit et non celle de la science. La jeunesse du Doc, voilà qui a de quoi séduire le fan des films. Traits d'humour, références nombreuses aux films, parfois à la limite du fan service pur et dur, la trame de It's About Time est bien ficelée. Elle est de surcroît servie par une réalisation soignée, de loin ce que Telltale a fait de meilleur jusqu'à présent. Notons de plus que la bande-son est d'excellente facture, notamment grâce à la participation de l'acteur Christopher Lloyd venu reprendre son rôle. Dommage toutefois que les personnages secondaires soient relativement fades et plats, ce qui est passablement surprenant de la part d'un studio qui a un véritable talent pour le développement de ses personnages habituellement. Mais bon, d'une façon générale, on ne trouvera pas grand-chose à redire à l'ambiance de ce premier épisode.

Ce qui nous laisse en revanche un tantinet plus perplexe, c'est le gameplay. Les jeux Telltales sont rarement très durs, mais ici, le studio a clairement fait le choix d'une production simplissime. Le fait est que la licence Retour Vers le Futur est destinée à attirer un large public et pas seulement les amateurs de casse-tête tordus. Mais pour ce premier volet, on se demande si le studio n'est pas allé un peu loin. L'exploration est très limitée, ce qui n'aide pas à trouver de grand charme au Hill Valley des années 30, les puzzles sont finalement bien peu nombreux et simples à résoudre et la progression est aussi linéaire que solidement encadrée. Par ailleurs, un système d'indices, que l'on peut heureusement ignorer, vient encore mâcher un travail qui n'avait rien de très éreintant. Cette sensation de jouer sur un rail risque de frustrer les habitués même occasionnels du point'n click. Et d'autres détails agaçants sont encore à signaler. Comme le manque de liberté de mouvements qui nous oblige à aller d'un lieu à un autre en empruntant les trottoirs parce qu'un mur invisible nous empêche de traverser la rue. Là encore, on y voit une façon de s'assurer que les joueurs ne ratent aucun élément en allant marcher trop loin. Et pourtant, des éléments avec lesquels interagir, il n'y en pas des tonnes. Ceux qui ont l'habitude de cliquer sur tout et rien pour voir ce qu'il se passe en seront pour leurs frais.

Ceci dit, on ne va non plus perdre espoir. D'une part on prend un véritable plaisir à replonger dans Retour Vers le Futur grâce à une ambiance et une histoire vraiment soignées et d'autre part, il reste encore 4 épisodes à Telltale pour corser un peu les choses. A l'image du premier Tales of Monkey Island, It's about Time compte pas mal de lieux impossibles à visiter et qui seront certainement accessibles par la suite. Le hic, c'est que cela confirme ce que laisse comprendre la fin du jeu (et ne lisez pas si vous ne tenez pas à le savoir) : on retournera en 1931 dans le second épisode.